• 2 août '13 - Notre rentrée des classes...Revirement...

    Dans la série "Faites ce que je dis, pas ce que je fais..."

    Proximité.  Telle était une de nos priorités lorsque nous nous sommes établis à Watermael-Boitsfort.  Sevrage d’une utilisation quotidienne, et même hebdomadaire, de la boîte à quatre roues.  Ainsi se résumerait un autre de nos objectifs, en lien, évidemment avec le précédent.  Forts de cette contrainte de proximité, accessibilité à pied ou en vélo, nous avons souhaité inscrire notre aîné dans l’école Freinet du coin, choix n°1 puisque cette école est non-confessionnelle et relativement proche.  Nous avons également visé une autre école catholique à pédagogie « alternative », encore facilement accessible en vélo.  Un tantinet plus loin, une école communale reconnue pour son ouverture d’esprit pédagogique, figurait également dans notre liste. 

    Or, malgré notre présence assidue aux soirées d’information, au téléphone les jours d’inscription, au bout du clavier pour confirmer la demande d’inscription déjà confirmée lors des soirées d’information, rien n’y a fait.  Nous étions recalés.  Que dis-je ?  Aux yeux de ces écoles à visée si égalitaires, tellement émancipatrices et tant collaboratrices, notre enfant n’a pas trouvé grâce.   Notre plan B, pour autant que cela soit un plan, B, de surcroît, consistait à favoriser la marche à pied, la qualité de vie, et l’environnement naturellement vert et particulièrement agréable de la petite école maternelle à 2 minutes de chez nous. 

    Nous pensions regrouper d’autres parents tout autant « heureux » que nous de nous retrouver au carreau d’une école à pédagogie alternative.  Malheureusement, chacun, à commencer par nous, a privilégié ses convenances personnelles.  Nous étions même prêts à nous investir dans la co-création d’un groupe pour une instruction plus collective de l’enseignement à domicile.  Finalement, nous avons quand même tenté l’école communale, empreints du désir de proposer des modifications de l’intérieur.

    Peine perdue.  Ce que nous y avons découvert en terme pédagogique et de communication nous semble tellement à contre-pied des principes et valeurs que nous véhiculons à la maison.   Ce qui fut le plus dur fut ce mur, cette impossibilité de communication, ce dialogue de sourd-es avec le personnel de cette école.

    La décision de désinscrire notre enfant de cet établissement fut pris dès juin.  Je m'engageai à trouver une solution.  En tête, s'offraient à moi deux possibilités:

    1- bénéficier d'un désistement dans une des écoles "alternatives" de notre coin
    2 - l'instruction en famille.

    Ma préférence penchait vers la première solution, bien que je ne cesse de ressentir un malaise certain face à l'opacité des listes d'attente et des "conditions de sélection".  J'en parlais l'an dernier ici.  Je ne me sentais pas l'énergie de me lancer dans l'instruction en famille. Je nourris encore plein d'espoir de réaliser certains travaux manuels ou rédactionnels, ce qui est incompatible, chez moi, avec la compagnie de mes enfants.  

    De plus, élément non négligeable, Fiston avait très envie d'aller à l'école !!! 

    Lorsque j'ai compris que mes chances d'obtenir un désistement flirtait avec zéro, j'ai mis une croix sur la proximité.  J'ai également ravalé mes doutes et mes réticences face à la pédagogie Steiner, notamment le côté dogmatique et l'antroposophie (peut-être un autre article?).

    Aujourd'hui, jour de rentrée, j'ai ressenti un certain pincement au coeur en voyant ces enfants tenir la main de leur parent, alors qu'ils se rendaient, à pied, à leur école.  J'étais en voiture. Mon fils me parlait de sa nouvelle école derrière moi.

    En même temps, ma discussion la veille avec mon homme a ravivé notre envie de réellement tourner la page.  Fiston rentrait constamment survolté de l'école, exprimait sans cesse ses envies de "tuer", "frapper", "punir".  Il aura fallu quelques semaines des vacances d’été pour que les relents de violence que notre fiston vivait à l’école s’épuisent dans ses jeux, ses paroles et ses dessins.  La violence verbale banalisée, les gestes violents (dont certains du personnel encadrant, tels cette  « tapette » [1] sur la main pour signifier de ne plus jouer au revolver ; ou sur la tête pour punir d’avoir accidentellement cassé un jouet), les punitions (rester immobile sur une chaise ; par exemple, pour avoir couru en criant dans la cour de récréation) dont notre fils fut témoin ou victime durant l’année scolaire passée ont laissé des traces.  Personne ne nous convaincra que l’environnement où un-e enfant vit entre 6 et 8 heures par jour est nettement moins déterminant que celui qu’il-elle trouve à la maison. 

    De plus, certifier la main sur le cœur que les repas sont sains, que les fruits constituent la majorité des desserts, par exemple, alors que les fruits étaient proposés 2 fois par semaine, a fermé toute possibilité de dialogue.  J’ai toujours été particulièrement nulle en maths, mais jusqu’à preuve du contraire, 2 fruits sur 5 repas, cela ne fournit pas une majorité…De même, identifier comme sains et équilibrés des repas quotidiennement composés de viande/poisson ne me paraît pas les qualificatifs les plus appropriés…

    De mes conversations avec des amis ou connaissances dont les enfants fréquentent qui De Croly, qui Freinet, j'étais parvenue à la conclusion que seule la pédagogie Steiner incluait dans son essence même une attention à l'alimentation, ainsi qu'une attention aussi soutenue à l'art conjugué à la nature (cycle des saisons).  J'ai également l'impression que la qualité et à l'état émotionnel du personnel encadrant y revêtent une importance plus grande.   J'aurai sûrement l'occasion d'en reparler.

    Ceci dit, au-delà de la question pédagogique des apprentissages, l’aspect qui nous inquiètait plus particulièrement dans l'école "ordinaire, ayant en général bonne presse" de Fiston réside dans l’accompagnement des enfants.  Nous n’avons pas trouvé dans l’école fréquentée par mon fils une ouverture au dialogue.  Sans doute avons-nous mal cherché, mal regardé…  En tout les cas, nous n’avons pas rencontré une praticienne réflexive critique, autrement dit, une personne « qui transgresse ou conteste les interdits [demander “pourquoi”, envisager des alternatives, mettre en débat ce qui va de soi… dans les écoles]. Non par bravade, par provocation ou pour se donner de l’importance, mais parce qu’il y est porté par le cours de sa pensée, son rapport au monde, son identité »[2].   Or, s’il est bien une compétence que nous jugeons indispensable, c’est celle de faire preuve d’esprit critique par rapport à l’ordre établi, et donc, la capacité de désobéir le cas échéant.  Nous sommes particulièrement allergiques aux « on a toujours fait comme ça ». 

    Par ailleurs, nous nous sentions en décalage par rapport aux autres parents, ainsi qu'avec, vous l'aurez compris, son personnel enseignant et encadrant.  Ce décalage constant donnait lieu à des situations fatigantes; il s'agissait souvent de contredire l'institutrice ou d'indiquer à notre enfant comme nous désapprouvions ses méthodes. 

    L'attention mise sur les sorties dans les bois (quotidiennes), sur l’alimentation (bio, même biodynamique), le règlement des conflits de manière non violente, à la communication empathique, le dialogue possible avec les institutrices sont autant de raison qui nous ont convaincus de renoncer à la proximité, au risque, il est vrai, de nous enfermer dans un milieu quelque peu élitiste de bobos dits écolos mais qui usent de la voiture au quotidien (pour notre part, 15 minutes par trajet). Un tel choix paraît tellement en porte-à-faux avec nos convictions écologiques et décroissantes.  Pourtant, dans notre cas, confier notre enfant à une institution scolaire sans tension dans l’estomac vaut ce prix.

    Aujourd'hui, jour de la rentrée des classes, j'ai retrouvé mon fils calme, serein et content, et non survolté, comme dans le passé, avec des envies de « tuer » ou de « taper » ou, encore de « punir ».  Nous sommes soulagés et vraiment contents de cette première journée.

    Et chez vous, c'était comment?

    L'école en photos

    L'école se déroule dans une maison:

    2 août '13 - Notre rentrée des classes...revirement...

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    Le jardin tient lieu de cour de récréation.  Au fond, le châlet accueille les tout-petits (classe d'accueil).

    2 août '13 - Notre rentrée des classes...revirement...

    2 août '13 - Notre rentrée des classes...revirement...

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    Les 2 "classes" sont verticales, autrement dit, une classe comprend tous les âges, à notre grande satisfaction.

    Salle du rez-de-chaussée:

    2 août '13 - Notre rentrée des classes...revirement...

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    2 août '13 - Notre rentrée des classes...revirement...

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    salle à l'étage (désolée pour la photo floue, je n'en suis pas responsable )

    2 août '13 - Notre rentrée des classes...revirement...

     

     


     

    [1] Pour une critique et analyse de la terminologie de la violence ordinaire banalisée, lire « Les petites claques » de l’auteure du blog : Les questions composent : http://lesquestionscomposent.fr/ilnyapasdepetiteclaque/

    [2] Ph. Perrenoud, « Assumer une identité réflexive », Éducateur, 2/2005, pp. 30-33 cité par .J. Cornet, « Praticiens réflexifs ? Oui mais critiques »,  TRACeS, n°194, février 2010.

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 4 Septembre 2013 à 08:52

    lle a l'air magique cette école, et j'espère que ton filston y épanourira un esprit frais, ouvert et plein d'Amour.

     

    Ici la rentrée se fait en privé catholique..; la différence, chez nous, c'est 3/4 d'heure de diesel pour s'y rendre, et 400 euros par mois. C'est du Montessori façon élitiste. 

    Donc on a prit le moins pire, à priori. Mais le petit prince est fou de joie, ca c'est très bien passé hier...

    En espérant que dans quelques années, il puisse finir son primaire dans un lieu de vie collective axé sur les apprentissages autonomes...

    2
    Mercredi 4 Septembre 2013 à 21:48

    Il est bien et vous aussi, vous êtes contents de votre choix donc.  Chouette!  C'est tellement important!

    Qu'est-ce que tu veux dire "Montessori façon élitiste"?

    3/4h, c'est aller-retour ou par trajet?  et 400 euros par mois, oulala.  Nous, vu que je ne travaille pas et que c'est en fonction des revenus, cela tournera en principe dans les environs de 200 euros par mois.  En fait, on n'a pas encore tout compris sur le fonctionnement de l'école.  On apprend au compte-goutte.

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