• [2011-12-07] Badinter, Publicis, les pubs sexistes, Nestlé et Pampers

    Article à relier avec : [2011-09-27] Le conflit. La femme et la mère, d'Elisabeth Badinter ou l'occasion manquée pour cette femme et mère de se taire

    Je suis tombée par hasard, hier, sur cette info.  J'avoue ma candeur, ma naïveté: je ne le savais pas!

    Et vous, le saviez-vous?  Saviez-vous qu'Elisabeth BADINTER, cette philosophe, écrivaine, cette personnalité si médiatisée, était une fille de?  Cette chère Elisabeth est la fille de Marcel Bleustein-Blanchet.   Si à vous nous plus, ce nom ne dit rien, c'est que, a priori, ce genre d'infos, on en a rien à faire.  Mais qui est ce cher Marcel?  Il est le fondateur du Groupe Publicis.  Et devinez qui en a hérité? 

    Élisabeth Badinter est une femme de lettres, philosophe féministe et femme d'affaires française, née Bleustein-Blanchet, le 5mars1944 à Boulogne-Billancourt. Elle est présidente du conseil de surveillance du groupe Publicis[1], groupe dont elle détient 10% du capital. En 2011, le magazine Challenges estime qu'elle détient la 56e fortune de France, estimée à 652 millions d'euros[2].  [extrait de Wikipedia]

    Evidemment, a priori, j'en ai rien à faire de connaître le nom d'une grande société.  Cela ne relève pas de mes préoccupations. Mais, quand même, découvrir qu'Elisabeth BADINTER est actionnaire, et pas une petite (2ème selon Daniel Schneidermann), voyez-vous, du groupe Publicis, et qu'en plus de cela, elle y assume la fonction de présidente du conseil de surveillance de ce groupe*...!  Cette info, vous allez mieux le comprendre, est loin d'être anodine.

    Que fait Publicis?  De la publicité.  OK. Mais quel genre de publicités? 

    Qui figure parmi les clients de Publicis?  Entre autres, nous retrouvons: Nestlé, Pampers.  Nestlé, vous situez?, cette marque qui vend du lait pour bébé...vous voyez où je veux en venir.?..Pampers, vous situez?, cette marque qui vend des couches jetables...vous voyez où je veux en venir?

    Quant au combat féministe de Badinter, il m'apparaît sous une autre couleur (outre la découverte pour Nestlé et Pampers), puisque je refuse de rester aveugle au sexisme des publicités (apparemment, Elisabeth, elle, y reste aveugle; préférant parlant d'humour...de l'humour, je rêve!  ou de stéréotypes acceptés par les sociétés! Ecoutez Publicis, Nestlé, Pampers : Badinter (enfin) questionnée (Arrêt sur images).  Admirez aussi le journaliste de France Culture, qui considère que cette question de conflit d'intérêts est "à se débarrasser maintenant".  Emerveillez-vous devant la chère Elisabeth qui dit préférer être "attaquée" sur les arguments que sur "sa personne".  Ben, voyons, parce que les deux n'ont rien à voir?

    C'est tellement gros.  Tellement gros.  Vous ne me croyez pas,hein?  Moi, je me disais que non, ce n'était pas possible.  Cela se saurait davantage.  Chaque média qui présente, qui parle de cette femme, ne pourrait pas, par souci d'information et de respect pour le lecteur/l'auditeur/le spectateur, ne pas préciser cette casquette de Badinter...Ben, si, les média l'omettent.  Preuve: je viens tout juste de le découvrir il y a un jour (en même temps, il est vrai que je navigue très loin du milieu financier.  Et cela ne fait que depuis quelques mois que je commence tout doucement à m'y intéresser).

    Alors, quelques articles qui appuient mes dires (puisque je subodore que vous ne me croyez pas).

    Je commencerais par vous conseiller cet excellent article sur Rue89 (sur ce site, y figurent, il est vrai, des perles, comme des articles d'un niveau douteux.  L'article que je vous recommande vous vous en doutez, relève de la première catégorie): Elisabeth Badinter, actionnaire féministe d'un publicitaire sexiste (de Soline Ledésert - février 2010). 

    Ensuite, je vous invite à découvrir cet article complet de Arrêt sur images: Quand Badinter part en campagne contre l'allaitement et les couches lavables. Publicis, Nestlé et Pampers boivent du petit lait  (de Sherlock - février 2010).  Cet article met bien en exergue le lien entre Publicis (et donc Elisabeth Badinter) et ces marques.  La conclusion est nuancée. Il ne s'agit pas d'accuser Badinter d'écrire à la solde de ces firmes...mais tout de même de l'interroger sur cette casquette lorsqu'elle écrit contre l'allaitement (et donc, pour le lait en poudre), contre les couches lavables (et donc, à l'heure actuelle, vu la pauvreté du marché des couches jetables écologiques, pour les couches lavables berk berk) et lorsqu'elle prétend défendre l'émancipation de la femme (alors que les publicités de Publicis envoient une image pour le moins "écornée" de la gente féminine).

    Après ces quelques lectures, n'abandonnez pas en si bon chemin.  Je m'en voudrais que vous ratiez l'analyse fine de Daniel Schneidermann, toujours sur Arrêt sur Images, qu'il partage dans son article : Elisabeth Badinter, contre le terrorisme des couches lavables   (11/02/2010).  En voici sa conclusion:

    Cela ne la prive évidemment pas du droit de penser, et d'écrire. On peut régner sur les pages en quadrichromie des magazines, sur les affiches porno soft des abribus, et faire profession de philosopher sur l'émancipation féminine. On peut, et la constance de Badinter témoigne de la sincérité de ses convictions. Mais ce double statut a toujours généré, dans la production philosophique badinterienne, un point aveugle : la violence de l'injonction publicitaire faite aux femmes. Crème-toi matin et soir, épile-toi pour ressembler aux actrices porno, sois aussi mince que les squelettes que tu vois défiler dans les pages mode, et consomme, consomme, consomme, achète, fais chauffer le chéquier, pour être enfin parfaitement, totalement libérée. Vu de ma fenêtre de matinaute mâle, cette injonction-là, qui se déploie à chaque dos de kiosque, à chaque coin de rue, semble au moins aussi terroriste que l'injonction à rentrer à la maison, et à revenir aux couches lavables. Mais Badinter, philosophe publicitaire, ne la voit pas.

    Pour ceux qui en veulent encore, vous trouverez d'autres détails sur Acrimed, l'Observatoire des médias, dans un article de 2003 de Marie Bénilde:  Elisabeth Badinter contre le féminisme : affaires de pub ?

    Enfin, je confie le mot de la fin à cet échange de lettres entre Badinter et les Amis de la Terre, groupe local Paris: http://www.amisdelaterre.org/Elisabeth-Badinter-Publicis-l.html  Cela vous donnera une idée de l'état d'esprit et de la cohérence de cette philosophe femme d'affaires

    En bref, oui, Elisabeth Badinter énonce ses idées.  Et oui, elle invite à un débat d'idées.  Non, il ne serait pas opportun de s'attaquer à sa personne.  Mais quand une personne défend des idées, et dans le même temps, finance des actions qui contredisent celles-là même qu'elle défend, avouez que cela reste tout de même la même personne (la même âme, le même cerveau, le même corps, qui vit une seule et même vie).  Reconnaissez donc que cette même personne mérite d'être interrogée sur le fin fond de sa pensée.¤

     


     

    *  Selon Wikipédia:

    "Le conseil de surveillance est un organe non-exécutif ayant pour mission de veiller au bon fonctionnement d'une entreprise et d'en rendre compte aux actionnaires.

    En France, le conseil de surveillance est, avec le directoire, l'un des deux organes de gouvernance d'une société anonyme ayant choisi la structure « à l'allemande »".

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  • Commentaires

    1
    Lundi 12 Décembre 2011 à 15:09

    Je découvre cet article de Sophie Heine, politologue FNRS de l'ULB, dans la revue Politique.

    Nier l'effet délétère de la publicité comme le fait Elisabeth Badinter relève de l'ignorance, de l'inconscience ou de la mauvaise foi.  Dans tous les cas, c'est une honte de la part d'une phisophe qui se permet de faire la leçon à qui ne pensent pas comme elle.

    Apparence physique : les femmes sont toujours perdantes

    extrait choisis:

    "Les stéréotypes sur l’apparence qui réduisent les femmes à des objets sexuels pullulent, que ce soit à la télévision, dans les magazines, la pornographie ou la publicité. Cette image de la femme-objet sert bien entendu l’industrie de consommation en poussant les femmes à acheter moult vêtements et produits censés leur permettre d’atteindre l’apparence « idéale », combinant jeunesse et minceur le plus longtemps possible".

    "Les standards esthétiques ne sont donc pas seulement le fruit d’un système économique basé sur la consommation".

    "Les standards esthétiques prévalant de nos jours sont non seulement plus contraignants pour les femmes mais ils sont aussi, comme on l’a dit, fortement sexualisés [4]. On peut d’ailleurs se demander si la réification du corps des femmes véhiculée par la culture et les médias dominants ne constitue pas un obstacle à la lutte contre des actes beaucoup plus graves comme le harcèlement sexuel, les viols ou de la prostitution. Présenter à profusion les femmes comme des objets sexuels peut en effet rendre le viol ou l’abus de pouvoir à des fins sexuelles – des actes de gravité différente mais découlant d’une même logique – plus justifiable aux yeux de certains hommes. De même que la tolérance envers la prostitution est sans doute facilitée par l’omniprésence de l’image de la femme-objet".

    2
    GeorgeMikael
    Mardi 13 Décembre 2011 à 16:51

    Je crois que l'on ne choisi pas ses parents, ni leur héritage! Et ce n'est pas une raison pour renier sa pensée ou ses actions...

    3
    Mercredi 14 Décembre 2011 à 14:32

    Hello,

    Effectivement, on ne choisit pas ses parents.  Enfant, on ne choisit pas l'éducation qu'ils nous ont données. 

    Par contre, une fois devenu adulte, on a le choix, en tout cas, avec, si l'on ose la réflexion, on a la possibilité de prendre distance et d'être critique avec l'éducation reçue. 

    Ceci dit, ici, il ne s'agit pas de demander à E. Badinter de rejeter tout l'héritage, matériel, cette fois, de ses parents.  Mais d'user de l'héritage de ses parents en conformité avec les valeurs, qu'une fois devenue adulte, elle a décidé, en conscience de défendre (le féminisme, selon sa définition)...

    GeorgeMikael, en même temps, je ne suis pas certaine d'avoir bien compris le sens de votre commentaire.  J'espère que vous reviendrez pour le préciser.

    4
    Den Profil de Den
    Mardi 10 Avril 2012 à 09:45

    Le lien vers l'article de Sophie Heine n'est pas correct.  Voici le bon:

    http://politique.eu.org/spip.php?article2140

     

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