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Il est des mémoires qui méritent notre attention. Celui-ci a tout de suite attiré le mien en raison du sujet traité : l’éducation à domicile au Québec.
L’auteure, Christine Brabant (de la famille d’Isabelle[1] ? La question m’est venue spontanément), a consacré son travail de fin d’étude à l’analyse des motivations des familles ayant opté pour l’éducation à domicile au Québec. Quelque 169 pages expliquent de long en large sa démarche, ses entrevues, et ses conclusions.
Je n’ai pas lu ce travail. Autant l’annoncer d’emblée. Il figure dans ma liste à lire un jour.
Toutefois, - ceux qui me lisent l’auront compris, j’aime les conclusions-, je relève ceci dans ses conclusions (page 119, aussi lisible dans un article qu’elle a rédigé avec deux autres auteurs et qui résume son travail[2]) :
Comme la recherche sur l'efficacité de l'éducation à domicile n'émet que des conclusions favorables sur la réussite scolaire et sociale des enfants concernés, cette pratique met les chercheurs en éducation et les autorités scolaires au défi de la comprendre et d'apprendre de cette vision marginale de l'éducation des enfants d'âge «scolaire». C'est dans l'optique d'une ouverture à ces questionnements, d'une meilleure compréhension de cette pratique et de ces familles qu'il faudra établir un dialogue avec ce mouvement éducatif et soutenir les parents dans leur travail d'éducation s'ils en expriment le besoin.
Ce mémoire est loin d’être passé inaperçu. Il a notamment reçu le prix Desjardins d’excellence pour étudiants-chercheurs à la maîtrise 2004. Le Ministère du Québec l’a également épinglé (ici). La liste des publications de cette auteure est disponible ici ; certains sont disponibles sur internet.
[1] Isabelle Brabant est l’auteure de Une naissance heureuse. Toutes les familles ayant accouché à domicile ou en maison de naissance la connaissent. Ici un article qui en parle.
[2] Christine Brabant, Sylvie Bourdon et France Jutras, « L’école à la maison au Québec : l’expression d’un choix familial marginal », Enfances, Familles, Générations, Numéro 1, automne 2004 consacré au thème : Regards sur les parents d’aujourd’hui, disponible à l’adresse suivante : http://www.erudit.org/revue/efg/2004/v/n1/008894ar.html. On peut découvrir une version pdf ici
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Au détour de mes recherches sur l'enseignement à domicile, je découvre des articles intéressants. Celui dont je mets le lien aujourd'hui en fait partie. Je ne l'ai pas lu entièrement, mais j'ai parcouru sa conclusion, dont voici un large extrait:
6. Plus qu’un déplacement, le trajet scolaire est l’expression du rapport à la ville Le déclin de la marche et du vélo chez les enfants constitue l’expression d’un nouveau rapport à l’école primaire, laquelle est de moins en moins liée au quartier de résidence et de plus en plus choisie en fonction d’autres critères. Les parents font le choix d’une école en fonction de leurs préférences personnelles, de leur évaluation de ce qui est le mieux pour leurs enfants, la proximité étant un facteur parfois secondaire, dans la mesure où l’automobile rend facilement accessibles les établissements éloignés de la résidence. Le choix de l’école peut en ce sens être assimilé à une logique de consommation. La différenciation des écoles, conçue comme stratégie d’ajustement face aux fluctuations démographiques et aux demandes des parents, est à la fois la condition et le résultat de ce nouveau rapport à l’école.
En permettant l’arrimage des déplacements des parents et des enfants d’une même famille, l’automobile devient un outil important dans la gestion de plus en plus serrée du temps, notamment le matin. La désaffection de l’école de quartier, bien qu’encore peu importante, apparaît indissociable de l’adoption d’une logique de mobilité motorisée, pour laquelle la distance est une contrainte moins importante que pour les déplacements à pied. L’expérience urbaine est, ce faisant, de moins en moins marquée par la proximité. Dans le cas des enfants, cela signifie un contrôle accru des parents sur leur mobilité, qui s’affirme à travers l’automobile.[...]
Autrefois au coeur du quartier, l’école permettait aux enfants de rencontrer leurs voisins. Il nous faut nous interroger sur la place actuelle des écoles privées et des écoles publiques à vocation particulière compte tenu de leur impact sur la mobilité et leur contribution potentielle pour augmenter la part du transport actif. Car le choix de ces écoles vient réduire les occasions de contact avec ceux qui habitent le quartier, tandis que la motorisation du trajet scolaire fait peu à peu disparaître ce qui était, autrefois, un moment très instructif : le chemin vers l’école.
Voici des propos qui plaident pour une école de proximité, si ce principe devait encore être démontré.
Toutefois, comment assumer le choix pour une école de quartier lorsque celle-ci ne correspond d'aucune façon à ses préférences pédagogiques?
Ce matin, une maman passiflorienne me relatait la conversation dont elle fut témoin impuissant dans le train entre deux personnes dont un professeur sévissant en 3ème secondaire. Sévir? Vous comprendez l'emploi de ce terme après lecture de ce que cette maman me rapporte.
Cet enseignant expliquait à son interlocuteur comment il concevait des interrogations à ce point difficile que leur réussite relevait d'une gageure. Il lui arrivait d'en avoir honte mais, selon les termes qui m'ont été rapportés, "cela fait du bien de pouvoir se défouler/se venger". Il exposait également comment il soupçonnait certains de tricher, car les réponses étaient trop correctes, auraient mérité le maximum, or l'interrogation était rédigée pour ne pas permettre de maximum.
La maman, indignée par ces propos, l'était tellement qu'elle ne savait par où commencer...
De mon côté, comment envisager sereinement de mettre mon enfant dans une des écoles de quartier lorsque, en maternelle (2ème ou 3ème), l'institutrice demande à ses élèves de respecter le silence pour dessiner. "Car il faut se concentrer". C'est mon homme qui a été témoin, et choqué, par cette scène. Précision, les enfants ne criaient pas, ne courraient pas dans tous les sens. Simplement, certains échangaient entre eux. Alors, est-ce cela, l'école? Un lieu où se taire à tout prix?
Bon, là, je dévie. Je vous invite à découvrir ce texte que je rajoute à mes lectures futures.
Paul Lewis et Juan Torres, « Les parents et les déplacements entre la maison et l’école primaire : quelle place pour l’enfant dans la ville? », Enfances, Familles, Générations, n° 12, 2010, p. 44-64.
http://www.erudit.org/revue/efg/2010/v/n12/044392ar.pdf
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Très bref billet.
Il est temps, je le concède, de trouver une illustration pour mon profil. Je vais enfin m'atteler à cette tâche. Je découvre les photos et dessins mis à disposition sous creative commons. Il y en a de magnifiques...
Quelques heures plus tard...
Ca y est. J'ai trouvé un chouette dessin à cette adresse:
http://www.webdesignhot.com/free-vector-graphics/abstract-pencil-scribble-background-vector/
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Lire aussi mon "compte-rendu": [2011-06-01] L'objection de croissance comme nouvelle forme d'engagement
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Au détour d'une conversation avec un papa Passiflorien, j'apprends qu'il est possible d'accéder à l'université sans CESS (pour les non Belges, pour résumer grossièrement, il s'agit de l'équivalent du Bac).
Certes, ceux qui sont instruits à domicile peuvent passer le jury central. Je pensais que cette solution était la seule voie. Or, il semble que non.
A condition de réussir un examen d'admission, il est tout à fait possible d'accéder à l'université ou une Haute école sans ce fameux sésame qu'incarne le Certificat d'Enseignement Secondaire Supérieur.
Je suis preneuse de témoignages...Si vous avez opté pour cette solution, venez partager votre expérience ici.
Pour en savoir plus:
Télécharger « décret 5 août 1995 hautes écoles.pdf »
Télécharger « AGVT 29 mai 1996 examen admission universite.pdf »
- Bruxelles J: http://www.bruxelles-j.be/conditions-dacces-a-luniversite
- UCL: http://www.uclouvain.be/327480.html?idQuestion=66
- ULB : http://www.ulb.ac.be/preview1/docs/faq/inscrire.html
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Qui est concerné par le décret EAD?
En droit, quel est le raisonnement de la Cour ?
1) Qui est compétent pour légiférer en matière d’enseignement ?
2) Pourquoi la Cour n’a-t-elle pas annulé le décret EAD ?
Quelle conséquence cette conclusion emporte-t-elle sur les enfants et les parents domiciliés à Bruxelles et pratiquant l’instruction à domicile ?
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En vitesse:
Y. GOVINDAMA, "Troubles du sommeil du jeune enfant et thérapies associées", Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, janvier 2002, vol.50, pp. 103-113.
http://reseauconceptuel.umontreal.ca/rid=1227194375193_793272859_3201/troubles%20du%20sommeil.pdf(pas lu)
J'en rajouterai d'autres ici une autre fois.
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Laëtitia Bouche-Florin et al. « Dormir ici et ailleurs. Approche transculturelle du sommeil du nourrisson et de ses troubles », Spirale 2/2005 (no 34), p. 151-164.
URL : www.cairn.info/revue-spirale-2005-2-page-151.htm.
DOI : 10.3917/spi.034.0151.[disponible sur le site en version pdf]
J'épingle ceci:
Les pratiques de soins aux tout-petits sont influencés par les idées que les adultes se font de leur développement, mais également par les représentations culturelles. Marie Rose Moro désigne sous le terme de "berceau culturel" un ensemble de représentations que les parents ont de leur enfant, de sa nature, et celles-cis sont fortement influencées par la culture d'origine des parents. "Ces représentations culturelles préexistent à l'enfant, elles constituent une sorte d'image qu'il va venir habiter." (page 152)
Pour faire face à la séparation et au manque de proximité, le jeune enfant occidental se prend d'affection pour un objet particulier entre 4 et 12 mois. D.W. Winnicott* le nomme objet transitionnel: il permet de symboliser la réunion protectrice de la mère. Cet objet n'a pas lieu d'être dans les socitétés où la proximité et le co-sleeping (dormir ensemble) sont de rigueur. Pour H. Stork*, l'bjet transitioinnel est une nécessité culturelle, et non psychique, venant manser les effets de la sépartion et de l'éloignement des parents". (page 154)
Les auteures de cet article explique ensuite comment, en Occident, au Moyen-Age, c'est l'Eglise qui, dans un premier temps, a condamné la promiscuité et ce, afin d'éviter le risque de mort par étouffement. La médecine a jugé ensuite sain de suivre la consigne ecclesiastique avec comme prétexte le risque de contamination microbienne. Enfin, c'est la psychanalyse qui, au début du XXème siècle, a repris le flambeau, cette fois, avec le souci de soustraire la vue des ébats amoureux des parents à la vue des enfants ainsi que le but avoué d'éviter la fusion incestueuse entre la mère et son enfant. (page 155)
La prédominance du contact distal [à opposer à "proximal"] prend racine dans l'histoire de la France et modèle les manières d'endormir le jeune enfant. (page 155)
[c]es techniques de co-sleeping sont imprégnées de sens culturel et n'engendrent pas alors de dépendance excessive entre la mère et l'enfant, ce sont des temps partagés. (page 156)
"[U]niversellement, le sommeil est synonyme de séparation et de mort". (page 156)
Les passages sur les troubles qui peuvent naître chez les mères migrantes sont également très intéressants. Il y est question de l'acculturation:
En situation de migration, et sous l'effet de l'acculturation, les gestes maternels venus d'ailleurs peuvent perdre de leurs significations. Or, si le geste est dépourvu de sens, dans un processus d'acculturation négative, alors il peut entraîner l'émergence de troubles. (page 160)
Ainsi, «ce n'est pas le mode de coucher en lui-même qui est en cause dans le trouble mais le sens que lui attribue la culture (la mère) qui soutient l'élaboration de la séparation et de l'altérité »*. (page 160)
Enfin, un chapitre est consacré aux " terreurs nocture et étiologies venues d'ailleurs". ¤
* les références sont dans le texte original.
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