•  

    Lundi 27 juin.  La mini-crèche d’E. est pleine.  Thaïs vient recueillir les souhaits d’une quinzaine de personnes présentes, essentiellement des mamans, soucieuses de réfléchir sur l’accueil des enfants de 0 à 6 ans.  Après avoir rassemblé les idées grâces à l’arbre à problèmes, rebaptisé arbres à solutions, par Thaïs (chaque groupe dessine son arbre qui détient des racines des « causes» et des branches « conséquences » d’un manque d’accueil de qualité), celle-ci expose son projet d’habitat intergénérationnel.

    Pendant plus de deux heures, une petite quinzaine de parents collabore pour échanger sur les soucis que chacun rencontre dans sa recherche d’un milieu d’accueil qui lui convienne. Les participants discutent, réalisent qu’ils ne sont pas seuls dans leur galère, veulent manifestement consacrer leur énergie pour dépasser le stade du simple constat.

    Aujourd’hui, jeudi, je repense au projet de garde alternative qui arrivera à son terme demain 1er juillet. Engagement avait été pris jusque fin juin.  Nous y sommes.  L’heure du bilan, un bilan collégial, mais aussi du bilan personnel, est arrivé.  Chaque participant le sien. 

    Une chose est certaine.  Des solidarités sont nées, des liens se sont tissés durant une période presqu’équivalente à une grossesse (de novembre 2010 à juin 2011).  Promesse est faite pour que la graine qui a germé grâce à cette initiative ne s’éteigne pas.  Or si la graine a pu germiner, c’est grâce à une idée d’E. (rencontre entre parents autonomes), grâce au soutien précieux de cette cultivatrice d’espoir le long de ces 9 mois.

    L’énergie d’E. se déploie également autour de la volonté d’une maman de créer une école Steiner.

    A ces projets, ajoutons, entre autres dont j’ignore sans doute l’existence, les ateliers (ateliers lecture, atelier poupée, atelier table de saisons, etc.) qu’a initié E. autour de sa mini-crèche.  Destinés aux parents dont le bébé fréquente sa crèche, ces soirées sont également ouvertes à d’autres parents extérieurs à ce cercle, désireux d’apprendre, et de nouer des contacts avec d’autres adultes aux préoccupations et aspirations proches.

    Créatrice de réseaux, E. l’est certainement.  Educatrice, elle s’y attelle la journée lorsqu’elle accueille ses petits.  Educatrice, elle l’est également auprès des parents qu’elle conseille, guide dans leur labyrinthe d’inquiétudes, de tracas ou d’angoisses.  Le tout dans le respect, tant des autres mais surtout d’elle-même.  Sa grande force réside certainement dans le chemin intérieur qu’elle a parcouru, et dans une réflexion personnelle qu’elle ne cesse de nourrir, la préservant ainsi de certitudes dépassées.

    Citoyenne, E. l’est donc à mille égards.  D’abord, de par la profession qu’elle exerce.  Ensuite, de par la douceur et le guide qu’elle est pour les petits bouts qui fréquentent sa crèche, ces futurs citoyens.   Citoyenne aussi car, si d’autres font le choix, certes très légitime, de limiter leur activité à l’accueil des petits, E., par les ateliers qui gravitent autour de sa mini-crèche, permet aussi aux parents de s’élever, et, parfois, de sortir de leur schéma mental hérité sans questionnement.  Citoyenne aussi, car ce faisant, elle invite et soutient d’autres adultes en désir de développer eux-mêmes un projet citoyen.  Et c’est ainsi qu’une multitude de graines prolifèrent.  Ce sont des graines d’idées, des graines d’espoir et surtout de projets concrets ou à concrétiser.

    Moi qui, à mon grand regret, suis atteinte d’un pessimisme malheureux, et ce, malgré les exhortations pour croire à un autre monde, suis prise par la volonté d’arborer un sourire et de moi-même donner de mon énergie à des projets créateurs de liens.  E., une semeuse de graines, vous disais-je. 


    votre commentaire
  • Troc de vêtements en plein air...et festif!

    samedi 2 juillet 2011 à 12h00 rue aux Choux

    (perpendiculaire à la rue Neuve, en face de l’église nd du Finistère)Les soldes approchent, la frénésie de la surconsommation aussi.
    Des alternatives sont possibles, à nous de les faire exister, ici et maintenant.

    Rassemblez les vêtements que vous ne portez plus, fourrez-les dans un sac et rejoignez-nous pour un énorme et joyeux troc de vêtements en plein air.

    Une autre manière de rafraîchir sa garde-robe, sans dépenser, sans jeter, sans stresser, sans financer un modèle économique inégalitaire,.

    L’échange, le partage - peut-être même le don - dans une ambiance festive et décontractée, d’habits en bon état et propres mais plus à la bonne taille, et pourquoi pas de livres, de dvd, de cd, de jouets et vêtements pour enfant,. L’événement est ouvert à tous et à toutes, de tout âge, de tout horizon, de toutes convictions religieuses, philosophiques et politiques, les musiciens, les clowns et les jongleurs sont les bienvenus, les enfants aussi, les jeunes parents, les pensionnés, les eurocrates, les chômeurs, les policiers, les chauffeurs de bus, les pompiers, les pharmaciens, les garagistes, les secrétaires, les juristes, les femmes de ménage, les chirurgiens, les étudiants, les journalistes, les informaticiens, les éboueurs, les jeunes cadres dynamiques, les pdg, les instituteurs, les infirmières, les boulangers, les invalides, les bûcherons, les commerçants, les indépendants, les ouvriers, les syndicalistes, les opticiens.

    Les vêtements qui ne trouveront pas d’amateur seront déposés aux “Petits Riens”.

    Vous pouvez amener à boire et à manger, nous partagerons ce qui peut l’être.

    Un autre monde est possible: il a d’ailleurs déjà commencé.

    Ne soyez pas en retard sur vos contemporains.


    votre commentaire
  • Pas de Licenciement pour Barbara!

    28 juin, 13.30 | Leuven | Les Halles, Naamsestraat 22

    Venez au rectorat pour demander le retrait du licenciement de Barbara Van Dyck.

    Le 1er juin, les autorités académiques de la KULeuven ont décidé de renvoyer la chercheuse Barbara Van Dyck, en raison de sa participation et de son soutien apporté publiquement à l’action menée à Wetteren par le Field Liberation Movement contre un essai experimental de pommes de terres génétiquement modifiées cultivées en champ ouvert. Depuis, la pétition demandant le retrait de ce licenciement a été signée par plus de 4.000 personnes, dont de nombreux universitaires provenant de diverses universités belges et étrangères. L’action de Wetteren a provoqué un très important débat : à propos des OGM, des relations entre la science et la société, de la commercialisation de la recherche universitaire, et de la liberté des chercheurs à prendre des mesures et des positions politiques. Par cette mesure, le renvoi de Barbara, la KULeuven menace d’étouffer les débats.

    Nous appelons tous les membres de la KULeuven et d’autres universités, étudiants et citoyens intéressés, à nous rejoindre pour remettre cette pétition au rectorat, donner le signal public que ce licenciement est abusif, qu’il crée un précédent inquiétant, et que nous attendons une révision de cette sanction. Cette action est également un moment pour exprimer le mécontentement qui existe parmi les chercheurs à propos de l’imbrication croissante entre la recherche académique et les intérêts industriels, à propos de la logique de marché qui s’immisce à l’université. Cette affaire dépasse le cas individuel de Barabra Van Dyck. Il en va de l’avenir de la Science, des principes de la liberté académique, et de la situation précaire dans laquelle de nombreux chercheurs se trouvent. Nous pensons que l’université doit être un lieu où la réflexion critique et la participation à la communauté jouent un rôle central et appelons tout le monde à participer et ainsi donner forme à ces préoccupations.

    Si vous le pouvez, venez en toge!

    Ce défilé des toges en colère est une conclusion de l’année académique, et également un passage vers d’autres actions prévues dès l’ouverture de la prochaine année académique.

    Rendez-vous le 28 juin à 12h00, dans la cour du Arenbergkasteel, Kasteelpark Arenberg 1 (Leuven – Heverlee).

    Pour les tardifs 13.00 heures a la porte de Namur à Leuven

    Route détaillé:
    12.30 | départ Kasteel Arenberg.
    13.00 | point de repère 1: Naamsepoort
    13.15 | point de repère 2: Coin Parkstraat/Naamsesttraat
    13.30 | point de rencontre: Naamsestraat St Michielskerk
    13.40 | manifestation devant le Rectorat (Hallen – Naamsestraat 22) – remise de la pétition
    14 -15.45 | togati sit in avec discours publics – Naamsestraat 22
    15 u | fin de l´action.
    Voir carte du parcours ici! 

    Plus d'infos, cliquez ici.


    votre commentaire
  • Pour des versions dans d'autres langues, c'est ici.

    //Version française//

    Vendredi 3 juin, nous avons appris le licenciement de Barbara Van Dyck, ceci en raison de ses déclarations de solidarité avec les militants du Mouvement de Libération des Champs (Field Liberation Movement) dans le cadre d’une action contre un champ d’essai de pommes de terre OGM à Wetteren, le dimanche 29 mai. Que l’on soit d’accord ou non avec l’objectif et la stratégie de l’action, la sanction est disproportionnée et porte atteinte à la liberté académique et la liberté d’expression. Nous appelons le monde académique à s’opposer à ce renvoi et à signer cette pétition.
     
    Contre le licenciement de la chercheuse et activiste Barbara Van Dyck!

    Vendredi, le 3 juin, nous avons appris que Barbara Van Dyck a été licenciée en raison de ses déclarations de solidarité avec les militants du Mouvement de Libération des Champs (Field Liberation Movement) dans le cadre d’une action contre un essai de pommes de terre OGM [mené dans le cadre d'un partenariat privé/public entre la UGent et BASF] à Wetteren, le dimanche 29 mai. Nous sommes choqués par cette mesure, que nous considérons comme disproportionnée et faisant fi du droit du travail, des principes de la liberté académique et de la liberté d’expression.

    Barbara Van Dyck a pris part à l’action de Wetteren durant son temps libre(un dimanche) et non pas pendant ses heures de travail. En outre, elle n’est pas renvoyée en raison d’infractions qu’elle aurait commises ce jour-là, mais en raison de la solidarité qu’elle exprime à l’égard des manifestants et le soutien public qu’elle apporte à cette action de désobéissance civile. On peut donc se demander sur quelle base les autorités académiques ont décidé ce licenciement.

    Avec cette mesure disproportionnée – une interdiction d’exercer sa profession –, les autorités universitaires violent une des valeurs fondamentales de leur propre charte, en particulier celle de la liberté académique. Nous aimerions rappeler que la liberté académique signifie non seulement avoir la possibilité de mener des recherches de façon indépendante, mais comporte également la liberté individuelle des universitaires d’adopter une « attitude critique à l’égard de certaines tendances ou articulations sociales. La liberté intellectuelle individuelle est toujours une pierre angulaire de notre identité universitaire. ». Un argument similaire peut également être trouvé dans les chartes internationales telles que la Recommandation de l’UNESCO concernant le statut du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, Para. 26: « Tout enseignant de l’enseignement supérieur à droit à la liberté de pensée, de conscience (…). Les enseignants devraient pouvoir exercer sans obstacle ni entrave les droits civils qui sont les leurs en tant que citoyens, y compris celui de contribuer au changement social par la libre expression de leur opinion sur les politiques de l’État et les orientations concernant l’enseignement supérieur. Ils ne devraient subir aucune sanction du seul fait de l’exercice de ces droits. » .

    En outre, les autorités universitaires violent un principe démocratique fondamental qui sert de base de notre société, le principe de la liberté d’expression. En renvoyant une employée en raison de sa sympathie à l’égard de l’action menée le 29 mai dernier, la KULeuven s’inscrit elle-même dans le nouveau climat de criminalisation de l’activisme et même de la simple sympathie envers le militantisme. En effet, c’est sa sympathie manifeste et sa solidarité avec les activistes du Field Libération qui lui sont reprochées, et non pas ses actes.

    Pas besoin d’approuver la cible et les tactiques de l’action pour comprendre son enjeu social: Qu’est-ce qu’une agriculture socialement juste et écologiquement durable? Quel est le rôle des OGM et comment distribuons-nous les ressources de recherche d’une manière équitable entre les différentes options? Réduire cette action à un acte de violence (contre des pommes de terre?) détourne l’attention du débat nécessaire. La présence de scientifiques des deux côtés du débat démontre que même au sein de la communauté scientifique il y a un désaccord sur la nécessité sociale et la valeur ajoutée des OGM.

    Nous appellons les autorités de l’université à maintenir leur confiance dans la réflexion critique et l’engagement social de leurs chercheurs. Nous leur demandons donc de retirer ce licenciement. Nous demandons au personnel de la KULeuven et l’ensemble de la communauté universitaire de protester contre le licenciement. Cette affaire dépasse en effet le cas individuel de Barbara Van Dyck, et touche à l’avenir de la science (et ses liens avec l’industrie), aux principes de la liberté académique et à la liberté d’expression.

    [i] Openingstoespraak Rector Oosterlinck Academiejaar 2003-2004, KUL.
    [ii] Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, UNESCO, 11/11/97.
     
    > SIGNEZ LA PETITION ICI!


    votre commentaire

  • votre commentaire
  • L'HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES

         Pour que le caractère d'un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l'idée qui la dirige est d'une générosité sans exemple, s'il est absolument certain qu'elle n'a cherché de récompense nulle part et qu'au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d'erreurs, devant un caractère inoubliable.

         Il y a environ une quarantaine d'années, je faisais une longue course à pied, sur des hauteurs absolument inconnues des touristes, dans cette très vieille région des Alpes qui pénètre en Provence.
         Cette région est délimitée au sud-est et au sud par le cours moyen de la Durance, entre Sisteron et Mirabeau; au nord par le cours supérieur de la Drôme, depuis sa source jusqu'à Die; à l'ouest par les plaines du Comtat Venaissin et les contreforts du Mont-Ventoux. Elle comprend toute la partie nord du département des Basses-Alpes, le sud de la Drôme et une petite enclave du Vaucluse.
         C'était, au moment où j'entrepris ma longue promenade dans ces déserts, des landes nues et monotones, vers 1200 à 1300 mètres d'altitude. Il n'y poussait que des lavandes sauvages.
         Je traversais ce pays dans sa plus grande largeur et, après trois jours de marche, je me trouvais dans une désolation sans exemple. Je campais à côté d'un squelette de village abandonné. Je n'avais plus d'eau depuis la veille et il me fallait en trouver. Ces maisons agglomérées, quoique en ruine, comme un vieux nid de guêpes, me firent penser qu'il avait dû y avoir là, dans le temps, une fontaine ou un puits. Il y avait bien une fontaine, mais sèche. Les cinq à six maisons, sans toiture, rongées de vent et de pluie, la petite chapelle au clocher écroulé, étaient rangées comme le sont les maisons et les chapelles dans les villages vivants, mais toute vie avait disparu.

         C'était un beau jour de juin avec grand soleil, mais sur ces terres sans abri et hautes dans le ciel, le vent soufflait avec une brutalité insupportable. Ses grondements dans les carcasses des maisons étaient ceux d'un fauve dérangé dans son repas.
         Il me fallut lever le camp. A cinq heures de marche de là, je n'avais toujours pas trouvé d'eau et rien ne pouvait me donner l'espoir d'en trouver. C'était partout la même sécheresse, les mêmes herbes ligneuses. Il me sembla apercevoir dans le lointain une petite silhouette noire, debout. Je la pris pour le tronc d'un arbre solitaire. A tout hasard, je me dirigeai vers elle. C'était un berger. Une trentaine de moutons couchés sur la terre brûlante se reposaient près de lui.
         Il me fit boire à sa gourde et, un peu plus tard, il me conduisit à sa bergerie, dans une ondulation du plateau. Il tirait son eau - excellente - d'un trou naturel, très profond, au-dessus duquel il avait installé un treuil rudimentaire.

         Cet homme parlait peu. C'est le fait des solitaires, mais on le sentait sûr de lui et confiant dans cette assurance. C'était insolite dans ce pays dépouillé de tout. Il n'habitait pas une cabane mais une vraie maison en pierre où l'on voyait très bien comment son travail personnel avait rapiécé la ruine qu'il avait trouvé là à son arrivée. Son toit était solide et étanche. Le vent qui le frappait faisait sur les tuiles le bruit de la mer sur les plages.
         Son ménage était en ordre, sa vaisselle lavée, son parquet balayé, son fusil graissé; sa soupe bouillait sur le feu. Je remarquai alors qu'il était aussi rasé de frais, que tous ses boutons étaient solidement cousus, que ses vêtements étaient reprisés avec le soin minutieux qui rend les reprises invisibles.
         Il me fit partager sa soupe et, comme après je lui offrais ma blague à tabac, il me dit qu'il ne fumait pas. Son chien, silencieux comme lui, était bienveillant sans bassesse.

         Il avait été entendu tout de suite que je passerais la nuit là; le village le plus proche était encore à plus d'une journée et demie de marche. Et, au surplus, je connaissais parfaitement le caractère des rares villages de cette région. Il y en a quatre ou cinq dispersés loin les uns des autres sur les flans de ces hauteurs, dans les taillis de chênes blancs à la toute extrémité des routes carrossables. Ils sont habités par des bûcherons qui font du charbon de bois. Ce sont des endroits où l'on vit mal. Les familles serrées les unes contre les autres dans ce climat qui est d'une rudesse excessive, aussi bien l'été que l'hiver, exaspèrent leur égoïsme en vase clos. L'ambition irraisonnée s'y démesure, dans le désir continu de s'échapper de cet endroit.
         Les hommes vont porter leur charbon à la ville avec leurs camions, puis retournent. Les plus solides qualités craquent sous cette perpétuelle douche écossaise. Les femmes mijotent des rancoeurs. Il y a concurrence sur tout, aussi bien pour la vente du charbon que pour le banc à l'église, pour les vertus qui se combattent entre elles, pour les vices qui se combattent entre eux et pour la mêlée générale des vices et des vertus, sans repos. Par là-dessus, le vent également sans repos irrite les nerfs. Il y a des épidémies de suicides et de nombreux cas de folies, presque toujours meurtrières.

         Le berger qui ne fumait pas alla chercher un petit sac et déversa sur la table un tas de glands. Il se mit à les examiner l'un après l'autre avec beaucoup d'attention, séparant les bons des mauvais. Je fumais ma pipe. Je me proposai pour l'aider. Il me dit que c'était son affaire. En effet : voyant le soin qu'il mettait à ce travail, je n'insistai pas. Ce fut toute notre conversation. Quand il eut du côté des bons un tas de glands assez gros, il les compta par paquets de dix. Ce faisant, il éliminait encore les petits fruits ou ceux qui étaient légèrement fendillés, car il les examinait de fort près. Quand il eut ainsi devant lui cent glands parfaits, il s'arrêta et nous allâmes nous coucher.
         La société de cet homme donnait la paix. Je lui demandai le lendemain la permission de me reposer tout le jour chez lui. Il le trouva tout naturel, ou, plus exactement, il me donna l'impression que rien ne pouvait le déranger. Ce repos ne m'était pas absolument obligatoire, mais j'étais intrigué et je voulais en savoir plus. Il fit sortir son troupeau et il le mena à la pâture. Avant de partir, il trempa dans un seau d'eau le petit sac où il avait mis les glands soigneusement choisis et comptés.

         Je remarquai qu'en guise de bâton, il emportait une tringle de fer grosse comme le pouce et longue d'environ un mètre cinquante. Je fis celui qui se promène en se reposant et je suivis une route parallèle à la sienne. La pâture de ses bêtes était dans un fond de combe. Il laissa le petit troupeau à la garde du chien et il monta vers l'endroit où je me tenais. J'eus peur qu'il vînt pour me reprocher mon indiscrétion mais pas du tout : c'était sa route et il m'invita à l'accompagner si je n'avais rien de mieux à faire. Il allait à deux cents mètres de là, sur la hauteur.
         Arrivé à l'endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes. Je lui demandai si la terre lui appartenait. Il me répondit que non. Savait-il à qui elle était ? Il ne savait pas. Il supposait que c'était une terre communale, ou peut-être, était-elle propriété de gens qui ne s'en souciaient pas ? Lui ne se souciait pas de connaître les propriétaires. Il planta ainsi cent glands avec un soin extrême.

         Après le repas de midi, il recommença à trier sa semence. Je mis, je crois, assez d'insistance dans mes questions puisqu'il y répondit. Depuis trois ans il plantait des arbres dans cette solitude. Il en avait planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille était sortis. Sur ces vingt mille, il comptait encore en perdre la moitié, du fait des rongeurs ou de tout ce qu'il y a d'impossible à prévoir dans les desseins de la Providence. Restaient dix mille chênes qui allaient pousser dans cet endroit où il n'y avait rien auparavant.
         C'est à ce moment là que je me souciai de l'âge de cet homme. Il avait visiblement plus de cinquante ans. Cinquante-cinq, me dit-il. Il s'appelait Elzéard Bouffier. Il avait possédé une ferme dans les plaines. Il y avait réalisé sa vie. Il avait perdu son fils unique, puis sa femme. Il s'était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement, avec ses brebis et son chien. Il avait jugé que ce pays mourait par manque d'arbres. Il ajouta que, n'ayant pas d'occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses.
         Menant moi-même à ce moment-là, malgré mon jeune âge, une vie solitaire, je savais toucher avec délicatesse aux âmes des solitaires. Cependant, je commis une faute. Mon jeune âge, précisément, me forçait à imaginer l'avenir en fonction de moi-même et d'une certaine recherche du bonheur. Je lui dis que, dans trente ans, ces dix mille chênes seraient magnifiques. Il me répondit très simplement que, si Dieu lui prêtait vie, dans trente ans, il en aurait planté tellement d'autres que ces dix mille seraient comme une goutte d'eau dans la mer.
         Il étudiait déjà, d'ailleurs, la reproduction des hêtres et il avait près de sa maison une pépinière issue des faînes. Les sujets qu'il avait protégés de ses moutons par une barrière en grillage, étaient de toute beauté. Il pensait également à des bouleaux pour les fonds où, me dit-il, une certaine humidité dormait à quelques mètres de la surface du sol.
         Nous nous séparâmes le lendemain.

         L'année d'après, il y eut la guerre de 14 dans laquelle je fus engagé pendant cinq ans. Un soldat d'infanterie ne pouvait guère y réfléchir à des arbres. A dire vrai, la chose même n'avait pas marqué en moi : je l'avais considérée comme un dada, une collection de timbres, et oubliée.
         Sorti de la guerre, je me trouvais à la tête d'une prime de démobilisation minuscule mais avec le grand désir de respirer un peu d'air pur. C'est sans idée préconçue - sauf celle-là - que je repris le chemin de ces contrées désertes.
         Le pays n'avait pas changé. Toutefois, au-delà du village mort, j'aperçus dans le lointain une sorte de brouillard gris qui recouvrait les hauteurs comme un tapis. Depuis la veille, je m'étais remis à penser à ce berger planteur d'arbres. « Dix mille chênes, me disais-je, occupent vraiment un très large espace ».
         J'avais vu mourir trop de monde pendant cinq ans pour ne pas imaginer facilement la mort d'Elzéar Bouffier, d'autant que, lorsqu'on en a vingt, on considère les hommes de cinquante comme des vieillards à qui il ne reste plus qu'à mourir. Il n'était pas mort. Il était même fort vert. Il avait changé de métier. Il ne possédait plus que quatre brebis mais, par contre, une centaine de ruches. Il s'était débarrassé des moutons qui mettaient en péril ses plantations d'arbres. Car, me dit-il (et je le constatais), il ne s'était pas du tout soucié de la guerre. Il avait imperturbablement continué à planter.
         Les chênes de 1910 avaient alors dix ans et étaient plus hauts que moi et que lui. Le spectacle était impressionnant. J'étais littéralement privé de parole et, comme lui ne parlait pas, nous passâmes tout le jour en silence à nous promener dans sa forêt. Elle avait, en trois tronçons, onze kilomètres de long et trois kilomètres dans sa plus grande largeur. Quand on se souvenait que tout était sorti des mains et de l'âme de cet homme - sans moyens techniques - on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d'autres domaines que la destruction.
         Il avait suivi son idée, et les hêtres qui m'arrivaient aux épaules, répandus à perte de vue, en témoignaient. Les chênes étaient drus et avaient dépassé l'âge où ils étaient à la merci des rongeurs; quant aux desseins de la Providence elle-même, pour détruire l'oeuvre créée, il lui faudrait avoir désormais recours aux cyclones. Il me montra d'admirables bosquets de bouleaux qui dataient de cinq ans, c'est-à-dire de 1915, de l'époque où je combattais à Verdun. Il leur avait fait occuper tous les fonds où il soupçonnait, avec juste raison, qu'il y avait de l'humidité presque à fleur de terre. Ils étaient tendres comme des adolescents et très décidés.
         La création avait l'air, d'ailleurs, de s'opérer en chaînes. Il ne s'en souciait pas; il poursuivait obstinément sa tâche, très simple. Mais en redescendant par le village, je vis couler de l'eau dans des ruisseaux qui, de mémoire d'homme, avaient toujours été à sec. C'était la plus formidable opération de réaction qu'il m'ait été donné de voir. Ces ruisseaux secs avaient jadis porté de l'eau, dans des temps très anciens. Certains de ces villages tristes dont j'ai parlé au début de mon récit s'étaient construits sur les emplacements d'anciens villages gallo-romains dont il restait encore des traces, dans lesquelles les archéologues avaient fouillé et ils avaient trouvé des hameçons à des endroits où au vingtième siècle, on était obligé d'avoir recours à des citernes pour avoir un peu d'eau.
         Le vent aussi dispersait certaines graines. En même temps que l'eau réapparut réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre.
         Mais la transformation s'opérait si lentement qu'elle entrait dans l'habitude sans provoquer d'étonnement. Les chasseurs qui montaient dans les solitudes à la poursuite des lièvres ou des sangliers avaient bien constaté le foisonnement des petits arbres mais ils l'avaient mis sur le compte des malices naturelles de la terre. C'est pourquoi personne ne touchait à l'oeuvre de cet homme. Si on l'avait soupçonné, on l'aurait contrarié. Il était insoupçonnable. Qui aurait pu imaginer, dans les villages et dans les administrations, une telle obstination dans la générosité la plus magnifique ?

         A partir de 1920, je ne suis jamais resté plus d'un an sans rendre visite à Elzéard Bouffier. Je ne l'ai jamais vu fléchir ni douter. Et pourtant, Dieu sait si Dieu même y pousse ! Je n'ai pas fait le compte de ses déboires. On imagine bien cependant que, pour une réussite semblable, il a fallu vaincre l'adversité; que, pour assurer la victoire d'une telle passion, il a fallu lutter avec le désespoir. Il avait, pendant un an, planté plus de dix mille érables. Ils moururent tous. L'an d'après, il abandonna les érables pour reprendre les hêtres qui réussirent encore mieux que les chênes.
         Pour avoir une idée à peu près exacte de ce caractère exceptionnel, il ne faut pas oublier qu'il s'exerçait dans une solitude totale; si totale que, vers la fin de sa vie, il avait perdu l'habitude de parler. Ou, peut-être, n'en voyait-il pas la nécessité ?

         En 1933, il reçut la visite d'un garde forestier éberlué. Ce fonctionnaire lui intima l'ordre de ne pas faire de feu dehors, de peur de mettre en danger la croissance de cette forêt naturelle. C'était la première fois, lui dit cet homme naïf, qu'on voyait une forêt pousser toute seule. A cette époque, il allait planter des hêtres à douze kilomètres de sa maison. Pour s'éviter le trajet d'aller-retour - car il avait alors soixante-quinze ans - il envisageait de construire une cabane de pierre sur les lieux mêmes de ses plantations. Ce qu'il fit l'année d'après.

         En 1935, une véritable délégation administrative vint examiner la « forêt naturelle ». Il y avait un grand personnage des Eaux et Forêts, un député, des techniciens. On prononça beaucoup de paroles inutiles. On décida de faire quelque chose et, heureusement, on ne fit rien, sinon la seule chose utile : mettre la forêt sous la sauvegarde de l'Etat et interdire qu'on vienne y charbonner. Car il était impossible de n'être pas subjugué par la beauté de ces jeunes arbres en pleine santé. Et elle exerça son pouvoir de séduction sur le député lui-même.
         J'avais un ami parmi les capitaines forestiers qui était de la délégation. Je lui expliquai le mystère. Un jour de la semaine d'après, nous allâmes tous les deux à la recherche d'Elzéard Bouffier. Nous le trouvâmes en plein travail, à vingt kilomètres de l'endroit où avait eu lieu l'inspection.
         Ce capitaine forestier n'était pas mon ami pour rien. Il connaissait la valeur des choses. Il sut rester silencieux. J'offris les quelques oeufs que j'avais apportés en présent. Nous partageâmes notre casse-croûte en trois et quelques heures passèrent dans la contemplation muette du paysage.
         Le côté d'où nous venions était couvert d'arbres de six à sept mètres de haut. Je me souvenais de l'aspect du pays en 1913 : le désert... Le travail paisible et régulier, l'air vif des hauteurs, la frugalité et surtout la sérénité de l'âme avaient donné à ce vieillard une santé presque solennelle. C'était un athlète de Dieu. Je me demandais combien d'hectares il allait encore couvrir d'arbres.
         Avant de partir, mon ami fit simplement une brève suggestion à propos de certaines essences auxquelles le terrain d'ici paraissait devoir convenir. Il n'insista pas. « Pour la bonne raison, me dit-il après, que ce bonhomme en sait plus que moi. » Au bout d'une heure de marche - l'idée ayant fait son chemin en lui - il ajouta : « Il en sait beaucoup plus que tout le monde. Il a trouvé un fameux moyen d'être heureux ! »
         C'est grâce à ce capitaine que, non seulement la forêt, mais le bonheur de cet homme furent protégés. Il fit nommer trois gardes-forestiers pour cette protection et il les terrorisa de telle façon qu'ils restèrent insensibles à tous les pots-de-vin que les bûcherons pouvaient proposer.

         L'oeuvre ne courut un risque grave que pendant la guerre de 1939. Les automobiles marchant alors au gazogène, on n'avait jamais assez de bois. On commença à faire des coupes dans les chênes de 1910, mais ces quartiers sont si loin de tous réseaux routiers que l'entreprise se révéla très mauvaise au point de vue financier. On l'abandonna. Le berger n'avait rien vu. Il était à trente kilomètres de là, continuant paisiblement sa besogne, ignorant la guerre de 39 comme il avait ignoré la guerre de 14.

         J'ai vu Elzéard Bouffier pour la dernière fois en juin 1945. Il avait alors quatre-vingt-sept ans. J'avais donc repris la route du désert, mais maintenant, malgré le délabrement dans lequel la guerre avait laissé le pays, il y avait un car qui faisait le service entre la vallée de la Durance et la montagne. Je mis sur le compte de ce moyen de transport relativement rapide le fait que je ne reconnaissais plus les lieux de mes dernières promenades. Il me semblait aussi que l'itinéraire me faisait passer par des endroits nouveaux. J'eus besoin d'un nom de village pour conclure que j'étais bien cependant dans cette région jadis en ruine et désolée. Le car me débarqua à Vergons.
         En 1913, ce hameau de dix à douze maisons avait trois habitants. Ils étaient sauvages, se détestaient, vivaient de chasse au piège : à peu près dans l'état physique et moral des hommes de la préhistoire. Les orties dévoraient autour d'eux les maisons abandonnées. Leur condition était sans espoir. Il ne s'agissait pour eux que d'attendre la mort : situation qui ne prédispose guère aux vertus.
         Tout était changé. L'air lui-même. Au lieu des bourrasques sèches et brutales qui m'accueillaient jadis, soufflait une brise souple chargée d'odeurs. Un bruit semblable à celui de l'eau venait des hauteurs : c'était celui du vent dans les forêts. Enfin, chose plus étonnante, j'entendis le vrai bruit de l'eau coulant dans un bassin. Je vis qu'on avait fait une fontaine, qu'elle était abondante et, ce qui me toucha le plus, on avait planté près d'elle un tilleul qui pouvait déjà avoir dans les quatre ans, déjà gras, symbole incontestable d'une résurrection.

         Par ailleurs, Vergons portait les traces d'un travail pour l'entreprise duquel l'espoir était nécessaire. L'espoir était donc revenu. On avait déblayé les ruines, abattu les pans de murs délabrés et reconstruit cinq maisons. Le hameau comptait désormais vingt-huit habitants dont quatre jeunes ménages. Les maisons neuves, crépies de frais, étaient entourées de jardins potagers où poussaient, mélangés mais alignés, les légumes et les fleurs, les choux et les rosiers, les poireaux et les gueules-de-loup, les céleris et les anémones. C'était désormais un endroit où l'on avait envie d'habiter.
         A partir de là, je fis mon chemin à pied. La guerre dont nous sortions à peine n'avait pas permis l'épanouissement complet de la vie, mais Lazare était hors du tombeau. Sur les flans abaissés de la montagne, je voyais de petits champs d'orge et de seigle en herbe; au fond des étroites vallées, quelques prairies verdissaient.
         Il n'a fallu que les huit ans qui nous séparent de cette époque pour que tout le pays resplendisse de santé et d'aisance. Sur l'emplacement des ruines que j'avais vues en 1913, s'élèvent maintenant des fermes propres, bien crépies, qui dénotent une vie heureuse et confortable. Les vieilles sources, alimentées par les pluies et les neiges que retiennent les forêts, se sont remises à couler. On en a canalisé les eaux. A côté de chaque ferme, dans des bosquets d'érables, les bassins des fontaines débordent sur des tapis de menthes fraîches. Les villages se sont reconstruits peu à peu. Une population venue des plaines où la terre se vend cher s'est fixée dans le pays, y apportant de la jeunesse, du mouvement, de l'esprit d'aventure. On rencontre dans les chemins des hommes et des femmes bien nourris, des garçons et des filles qui savent rire et ont repris goût aux fêtes campagnardes. Si on compte l'ancienne population, méconnaissable depuis qu'elle vit avec douceur et les nouveaux venus, plus de dix mille personnes doivent leur bonheur à Elzéard Bouffier.

         Quand je réfléchis qu'un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu'il a fallu de constance dans la grandeur d'âme et d'acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d'un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette oeuvre digne de Dieu.

         Elzéard Bouffier est mort paisiblement en 1947 à l'hospice de Banon.



       Cher Monsieur,   
           Navré de vous décevoir, mais Elzéard Bouffier est un personnage inventé. Le but était de faire aimer l'arbre ou plus exactement faire aimer à planter des arbres (ce qui est depuis toujours une de mes idées les plus chères). Or si j'en juge par le résultat, le but a été atteint par ce personnage imaginaire. Le texte que vous avez lu dans Trees and Life a été traduit en Danois, Finlandais, Suédois, Norvégien, Anglais, Allemand, Russe, Tchécoslovaque, Hongrois, Espagnol, Italien, Yddisch, Polonais. J'ai donné mes droits gratuitement pour toutes les reproductions. Un américain est venu me voir dernièrement pour me demander l'autorisation de faire tirer ce texte à 100 000 exemplaires pour les répandre gratuitement en Amérique (ce que j'ai bien entendu accepté). L'Université de Zagreb en fait une traduction en yougoslave. C'est un de mes textes dont je suis le plus fier. Il ne me rapporte pas un centime et c'est pourquoi il accomplit ce pour quoi il a été écrit.  
           J'aimerais vous rencontrer, s'il vous est possible, pour parler précisément de l'utilisation pratique de ce texte. Je crois qu'il est temps qu'on fasse une « politique de l'arbre » bien que le mot politique semble bien mal adapté.  
      Très cordialement       
      Jean Giono            

    source: http://www.perso.ch/arboretum/pla.htm?Submit.x=23&Submit.y=7

    Parce que je ne suis pas juriste pour rien, pour ceux  qui sont intéressés par la petite histoire juridique de ce texte, que Jean Giono voulait "de droit libre", voici un lien intéressant sur la question des droits d'auteur ici


    votre commentaire
  • Commissaire aux droits de l'Homme

    Les budgets d'austérité tendent à fragiliser les plus vulnérables, écrit le Commissaire Hammarberg

    14/06/2011

    Commissioner for Human Rights Thomas Hammarberg
    Le Commissaire aux droits de l'Homme, Thomas Hammarberg 

    Des mesures d'austérité radicales ont été prises dans plusieurs pays européens. Bien que les gouvernements aient déclaré qu’ils essaieront de limiter les effets sociaux négatifs de ces mesures, il est déjà évident qu’elles ont – et continueront d’avoir – des conséquences graves pour les groupes les plus vulnérables : les personnes en situation de grande pauvreté, les personnes handicapées, les personnes âgées et celles qui nécessitent des soins constants, déclare le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg, dans son dernier article du Carnet des droits de l'homme publié aujourd'hui.

    Il faudrait éviter de limiter les possibilités d’action des ombudsmans, des organes de promotion de l’égalité et des commissions des droits de l'homme – ainsi que des principaux groupes de la société civile – au moment où nous en avons le plus besoin. Ce sont des valeurs essentielles comme la justice et la cohésion sociale qui sont en jeu. Les personnes déjà défavorisées n’ont plus de cran à leur ceinture. Rien ne peut justifier de leur demander des sacrifices pour sortir d’une crise qui n’est pas de leur fait, conclut-il. (je souligne)

    Source: http://www.coe.int/lportal/web/coe-portal/press/newsroom?p_p_id=newsroom&_newsroom_articleId=547271&_newsroom_groupId=10226&_newsroom_tabs=newsroom-topnews&pager.offset=0

     

    Le texte intégral du communiqué de presse du Commissaire aux droits de l'homme:

     

     

    Communiqué de presse - COMMDH006(2011)

    Les budgets d'austérité tendent à fragiliser les plus vulnérables

    Strasbourg, 14/6/2011 - Des mesures d'austérité radicales ont été prises dans plusieurs pays européens. Bien que les gouvernements aient déclaré qu’ils essaieront de limiter les effets sociaux négatifs de ces mesures, il est déjà évident qu’elles ont – et continueront d’avoir – des conséquences graves pour les groupes les plus vulnérables : les personnes en situation de grande pauvreté, les personnes handicapées, les personnes âgées et celles qui nécessitent des soins constants, déclare le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg, dans son dernier article du Carnet des droits de l'homme publié aujourd'hui.

    Les mesures d’austérité se traduisent aussi par une réduction de l’aide apportée à titre préventif aux familles ayant des problèmes et aux jeunes en difficulté. Ces compressions budgétaires risquent de créer des problèmes sociaux nouveaux et plus profonds, qui pourraient coûter cher dans l’avenir.

    Des structures privées en crise

    La privatisation n’est pas la solution. Ainsi, au Royaume-Uni, les rapports montrent que de nombreuses structures d’accueil privatisées sont en crise à cause de la réduction des subventions publiques et d’investissements hasardeux basés sur des prêts. Selon une enquête du Financial Times, la qualité des prestations dans ces institutions a beaucoup diminué et atteint désormais un niveau inquiétant. Les entreprises qui dirigent ces structures réduisent les services pour rester solvables. Les premières victimes de ces mesures sont les personnes vulnérables sous leur responsabilité.

    L’un des secteurs les plus touchés par la crise est celui de l’aide aux personnes présentant des troubles de l’apprentissage. Des prestataires de services commerciaux sont actuellement menacés de faillite, ce qui aurait des répercussions pour environ 100 000 personnes, selon des recherches menées en partie pour le ministère de la Santé du Royaume-Uni.

    Une association venant en aide aux sans-abri, « Crisis », redoute que, à la suite de la réduction du budget consacré aux logements sociaux, des personnes handicapées soient expulsées de leur habitation. Selon cette association, plus de 11 000 jeunes risquent de se retrouver à la rue si les allocations de logement diminuent comme prévu.

    Le Royaume-Uni n’est pas un cas isolé et des problèmes similaires s’observent désormais dans plusieurs pays. Ce qui est positif au Royaume-Uni, c’est que ces questions ne sont pas éludées. Elles font l’objet d’un véritable débat, au cours duquel a été soulignée l’importance capitale des inspections, du contrôle et de l’évaluation.

    Le rôle fondamental des ombudsmans et des structures de défense des droits de l'homme

    Lors d’une récente visite en Irlande, j’ai appris que les coupes budgétaires concernaient aussi les organes recueillant les plaintes et d’autres structures chargées de contrôler le respect des droits de l'homme. J’ai entendu dire qu’il n’y a aucune raison d’épargner ces institutions alors que tant d’autres doivent se serrer la ceinture.

    Les structures de défense des droits de l'homme revêtent pourtant une importance particulière en période de crise. Elles aident en effet les autorités à mesurer les conséquences des politiques et décisions budgétaires proposées. Il est nécessaire de faire contrepoids à l’analyse purement économique pour que les aspects sociaux, et les droits de l'homme des personnes vulnérables, ne soient pas oubliés.

    Il faudrait donc éviter de limiter les possibilités d’action des ombudsmans, des organes de promotion de l’égalité et des commissions des droits de l'homme – ainsi que des principaux groupes de la société civile – au moment où nous en avons le plus besoin.

    Une politique d’économie à courte vue

    A plus long terme, il n’y a aucune contradiction entre, d’une part, des mesures destinées à garantir la croissance économique et la stabilité et, d’autre part, des mesures de protection des plus vulnérables. Les mesures d’austérité qui exacerbent les inégalités ne font en effet que retarder l’apparition de problèmes qui, dans certains domaines, entraîneront alors des coûts bien plus importants.

    Ce sont des valeurs essentielles comme la justice et la cohésion sociale qui sont en jeu. Les personnes déjà défavorisées n’ont plus de cran à leur ceinture. Rien ne peut justifier de leur demander des sacrifices pour sortir d’une crise qui n’est pas de leur fait.

    Contact presse au bureau du Commissaire :

    Stefano Montanari, +33 (0)6 61 14 70 37 ; stefano.montanari@coe.int
    Suivez le Commissaire sur Twitter

    Bureau du Commisssaire aux droits de l’homme
    Unité de communication
    Tel: +33 (0)3 88 41 35 38
    Fax:+33 (0)3 90 21 50 53
    www.commissioner.coe.int
    press.commissioner@coe.int

     

    source: communiqué que presse

    voy. aussi: le blog du Commissaire aux droits de l'homme 


    Commentaire: bon, il reste dans le schéma "il faut de la croissance"...Il reste encore du boulot pédagogique et de persuasion...¤


    votre commentaire
  • Thaïs SANDER est une femme créative.  Maman de 6 loulous, directrice & animatrice intergénérationnelle de l'asbl Assembl'âges, elle a le souhait de mettre sur pied un projet intergénérationnel d’habitat communautaire pour 5 à 7 seniors et d’accueil d’enfants de 0 à 6 ans.  

    Cette initiative est encore à l'état gestationnel.  Elle demande une réflexion à laquelle Thaïs souhaite associer les personnes intéressées par cette entreprise. 

    Afin de recueillir les besoins et les REVES des parents désireux d'amorcer une réflexion sur le sujet et de contribuer à la réalisation de ce projet, Thaïs propose une soirée de réflexion le 27 juin, de 20 à 22h, chez E.: chaussée de Wavre, n°1762B - 1160 Auderghem - métro Hermann-Debroux.

     

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires