• Un billet rapide pour râler...J'ai la bronchite...La fatigue, notamment exacerbée par celle de mon homme, j'ai trop tiré sur ma santé au lieu de prendre soin de moi...

    Heureusement, une connaissance nous a communiqué le nom d'un médecin qui connaît l'aromathérapie et la phytothérapie.  Du coup, vendredi, en me réveillant avec une barre dans la tête, j'ai été le consulter.  Et bien, me voilà soignée avec des huiles essentielles, des pastilles homéopathiques, plus le lysox (berk berk pour le lysox, mais bon, je suis trop KO pour me poser trop de questions)...  Je suis à ce régime depuis vendredi, et cela va mieux au niveau du nez bouché.  Par contre, je m'arrache les abdo chaque fois que je tousse.  C'est joyeux...

    Au programme: repos, repos et encore repos...


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  • [2012-02-17] 2 ans et 5 mois ou un petit miracle qui m'émerveilleFiston dessiné par son papa (févr. 2012) - © S.L.

    Hier, j'avais la vague à l'âme, le blues, le cafard, le bourdon, le spleen. Bref, j'ai traversé un petit moment de déprime. Puis, c'est passé.

    Le soir, en retrouvant mon petit garçon dont la volubilité ne cesse de m'étonner, je me suis rappelée mes premières impressions après sa naissance. 

    Déjà enceinte, j'avais du mal à réaliser que j'allais devenir mère.  Moi, mère?  Moi qui peinais déjà à me prendre en main (selon moi), j'allais être responsable d'une autre vie?  Quand Petit Bout est né, ce sentiment d'incompétence s'est accentué.  Comment, pourquoi me suis-je lancée dans cette aventure?  Ce petit être dépend exclusivement de mon homme et moi. 

    Pendant les premiers mois, j'ai souvent pensé que ce n'était pas possible, que je n'y arriverais pas.  Ma grande hantise était que mon bébé n'aille pas bien, souffre de quelque maladie/problème, et que, inapte, novice, profane, je ne le détecte pas.  Je le voyais s'agiter, faire des sourires, pleurer.  Je l'ai vu malade (j'en pleurais de le voir fiévreux)...Il était si fragile, si petit, si démuni, SI DEPENDANT.  Dépendant de moi, de nous, ses parents.  Je me demandais comment j'allais tenir le coup.  Je ne parvenais pas à le voir plus grand.  A l'imaginer un jour ramper, marcher, nous appeler "papa", "maman".  Je ne comprenais pas, comment moi, j'allais l'aider, l'accompagner sur cette voie-là.  Bref, j'ai traversé de grands moments de doutes.  De scepticisme.  J'ai été emportée par le vertige de tant de responsabilités.  L'angoisse m'a guettée par moment.  Tout en me disant bien, quelque part dans mon cerveau trop échauffé, qu'on arriverait puisque bébé était là.

    Et voilà que je le vois courir, m'ouvrir la porte, m'accueillir par une phrase qui explique son (ou sa pré-) occupation du moment.  Hier c'était le fait qu'il avait demandé à son père de le dessiner de nouveau.  Avant-hier, il voulait savoir si j'avais toujours mon sparadra de la veille (sans rire, son premier mot, quand il a ouvert la porte de la cuisine a été: "tu as toujours ton sparadra, maman?").  Pas de "bonjour", "coucou".  Enfin, c'est déjà mieux que le "non, pars.  Je suis occupé avec papa" dont il me gratifie parfois.  Je vous assure, c'est agréable d'être accueillie ainsi quand on rentre par un froid de canard, alors que la nuit a déjà enveloppé la ville...

    Du coup, quand je repense parfois souvent à ce que m'a répondu m'fi sur le complexe d'Oedipe...qu'il pouvait commencer à 3 ans...Je me dis que le temps a filé, filé, filé.  Que d'autres défis, d'autres questions m'attendent auxquels je ne me suis pas du tout préparée.  Je réalise encore plus comme mon bébé, si petit et frêle hier, grandit.  Lui ne s'embarrasse pas de savoir si je suis prête à le voir grandir.  Il est.  Tout simplement.  A moi, à nous, ses parents, d'être présents. 

    Et voilà que je remets le couvert.  La petite vie qui s'épanouit joyeusement en moi ne manque pas de me rappeler qu'il faudra compter avec elle, dorénavant.  Et elle fait bien, car à force d'être emportée par le quotidien, je lui consacre bien peu de temps.

    Dans quelques temps, j'imagine que ce vertige de responsabilités me gagnera de nouveau.  La vue de mon petit, de ce qui m'entoure, devrait me rassurer.  Et comme la première fois, j'espère être guidée par cette voix qui me dictera que, de toute façon, il n'y a pas à spéculer, à remâcher, qu'il n'y a pas d'alternative. Bébé est là, donc on y arrivera.

    [2012-02-17] 2 ans et 5 mois ou un petit miracle qui m'émerveilleFiston dessiné par son papa (février 2012) - © S.L.

     

     

     


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  • L'Oedipe, si ce complexe existe bel et bien (j'ai lu que certains remettaient en cause l'existence même de ce processus), commence à quel âge?

    Depuis quelques jours, mon fils aime à me demander/affirmer:

    "Tu es ma femme, maman".

    Heu, 2 ans et 5 mois, pour l'Oedipe, c'est un peu tôt quand même?! ;-)


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  • Il y a une semaine, alors que son père le langeait, mon fils joue avec ses mains et dit:

    "Parfois ma main est fatiguée, alors elle sait pas jouer avec l'autre main et l'autre main, elle est triste".

    Mon chéri était ému, et moi aussi.  Ces temps-ci (en particulier depuis le début de ma grossesse), nous le savons, nous sommes très très fatigués, et le disons souvent à notre petit bout...Apparemment, il est en triste, et sait l'exprimer...


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  • Douch est un Cambodgien comme moi

    Témoignage: Ong Thong Hoeung, écrivain cambodgien

    Mis en ligne le 04/02/2012

    Nous appartenons au même pays. Nous avons à peu près la même origine, la même langue, la même histoire, nous sommes de la même génération.
    Je regarde le film "Douch, le maître des forges de l’enfer", de Rithy Panh, un des survivants du génocide khmer rouge. C’est le fruit d’un long travail, de mars à août 2009. Douch s’y exprime librement sur ses terribles fonctions : celles de bourreau.

     

    Mon imagination s’évade quand je le vois en train de parler. Je pense aux victimes dont le visage m’interpelle. Et je pense à moi, à mes proches, au Cambodge. Je pense à plus de 1 500 tués sur les 1 700 Cambodgiens revenus comme moi de l’étranger entre 1975 et 1978. Et je me dis que ce qui est terrible, ce qui est effrayant, c’est que Douch est Cambodgien comme moi.

     

    Nous appartenons au même pays. Nous avons à peu près la même origine, la même langue, la même histoire, nous sommes de la même génération. Comme moi, il a été élevé dans la religion bouddhique et a séjourné parmi les moines dans une pagode. Il a fréquenté le même genre d’école, étudié dans les mêmes livres. Et quand il était jeune, il faisait sans doute à peu près les mêmes rêves, pour le pays, que les miens.

    Donc Douch-le-Meurtrier n’est pas un étranger. Et il est un homme normal. Ce n’est pas un homme malade, ce n’est ni un dépressif ni un psychopathe. C’est un homme cultivé, intelligent, avec une bonne mémoire. Il peut réciter les poèmes appris dans sa jeunesse. C’est aussi un homme marié, qui a des enfants. Et je souligne encore, pour ne laisser planer aucun doute, que Douch n’est pas un agent secret d’une puissance étrangère. Il est d’origine chinoise, comme tout le monde ou presque au Cambodge.

    Donc Douch est un Khmer, un Cambodgien, un vrai. Mais, en même temps, le crime montre que le visage est aussi un masque, et la langue un leurre, cachant des fantasmes et des pensées qui leur sont philosophiquement et moralement étrangers.

    Mais alors : qui sont les nôtres ? Pol Pot, Nuon Chea, Ieng Sary, Douch ? Ceux avec qui (vivants ou morts ou encore actuellement au pouvoir) nous partageons la même histoire, le même aspect physique, le même sol, le même héritage culturel, la même langue ? Ces frères de "sang" ont-ils le droit de nous faire du mal éternellement parce qu’ils sont nos "frères" de "sang" ? L’expérience tragique nous a démontré l’absurdité d’une telle théorie nationaliste.

    Non, les nôtres pour moi, ce sont ceux avec qui nous partageons les mêmes valeurs. Nous avons été prisonniers du poids de notre passé. Nos chefs ont su flatter d’une manière sublime notre rêve de l’époque angkorienne en faisant de nous des nationalistes dans l’âme, au point de reléguer à l’arrière-plan les valeurs humaines, la démocratie, la bonne gouvernance. Il ne faut être prisonnier ni de son histoire, ni de sa tradition, ni de personne, y compris de soi-même. Hier, aujourd’hui et demain sont complémentaires.

     

    Dans sa cellule proprette (on dirait une chambre d’étudiant du quartier latin), le prisonnier Douch-le-Terrible fait ses exercices physiques. Il a l’air d’être en forme. Et puis, il s’assied devant sa table de travail pour lire la Bible. Consciencieux, comme il l’a toujours été, pour essayer, cette fois, par le biais de Jésus, de faire pardonner ou faire oublier son monstrueux Karma.

    Pour Freud, c’est lors de l’enfance que tout se joue. Vraiment ? L’empreinte familiale explique beaucoup de choses. Mais pas tout ! Sinon comment expliquer le cas de Douch ? Son enfance n’est pas très différente de celle des autres. S’il a fini par devenir le bourreau de l’Angkar, c’est par un de ces enchaînements énigmatiques, propres au destin de ceux qui ressentent si violemment le drame de l’existence qu’il ne leur reste plus qu’à se jeter par désespoir dans les extrêmes Or les extrêmes, comme disait Kundera, " marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin, et la passion de l’extrémisme, en art comme en politique, est le désir déguisé de mort ".

     

    " Rithy a fait du bon boulot ", m’a dit mon épouse, à la fin du film. C’est sa première parole depuis presque une heure. Je la crois volontiers. C’est la justice qui a le dernier mot. Pas Douch ! Lui, malgré les apparences, est un homme accablé de remords. Il ne sortira pas de son Karma de sitôt. Et c’est bien ainsi.


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    Il semblerait que l'on se dirige vers un rééquilibrage au sein de notre famille...Nous voici tous ravis par cette nouvelle.  Que je suis contente de partager ici.

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  • Depuis quelques temps, en particulier depuis que son vocabulaire s'est considérablement étoffé et depuis que nous savons que la famille va s'agrandir, mon homme et moi avons gentiment expliqué qui étaient les différents membres de la famille. 

    Pour le dire clairement, nous avons, par exemple, précisé que "papy" est le "papa de papa", "mamy", la "maman de papa"; "Tata F.", "la soeur de papa".  De mon côté, "Lok ta" (signifie grand-père en khmer), "le papa de maman", "mak yeah" (bon, pas sûre de l'ortho, signifie, vous l'aurez compris: grand-mère en khmer, à prononcer "mah iyeille"), "mak ming D.", "soeur de maman". 

    Evidemment, on a introduit l'amoureux de chaque tante et de ma belle-mère (Mamy).  Et du coup, chacun se voit aussi attribuer le statut d'"amoureux" de (quand il en est un).  Ainsi, "mak yeah" est l'amoureuse de "lok ta", tandis que "lok ta" est l'amoureux de "mak yeah".  Comme "papa" est l'amoureux de maman et que "maman" est l'amoureuse de papa.  Pour l'instant, on a réussi à éluder la question de savoir pourquoi le papa de papa n'est pas l'amoureux de la maman de papa.  Bref, ce genre de joyeusetés qui nous attendent. 

    L'Empereur et moi étions en plein dans ce jeu, lorsque je venais de déposer mon père chez lui, où il retrouvait ma mère, celle-ci étant l'amoureuse de celui-là.  Tout va bien jusque-là.  Le Fils s'amuse à répéter à plus soif que l'un est l'amoureux de l'autre, et vice-versa et qu'ils se sont retrouvés chez eux.  Puis, sortie de nulle part, cette question qui m'a laissée sans voix:

    Et le papa de Lok Ta, il est où?  Et la maman de Lok Ta, elle est où?

    J'étais au volant...et franchement, je pensais disposer encore largement de temps avant d'avoir à me questionner sur la manière de parler de la mort à mon enfant...J'ai commencé par une explication du genre: " le papa et la maman de Lok Ta ont...comment dire?...disparu.  Ils ne sont plus là. Tu sais, ils étaient très très vieux" (ce qui est, en passant, un petit mensonge concernant mon grand-père paternel vu qu'il n'est pas mort de vieillesse mais décédé, peu après que le pays soit tombé aux mains des Khmers rouges, suite aux "bons soins " de l'un d'eux, intéressé par je ne sais quel objet que mon grand-père possédait).

    Bon, comme je m'embrouillais complètement dans mes explications, j'ai demandé du temps à mon fils:

    "Heu, chéri, je ne sais pas comment te répondre.  La réponse est difficle.  Je dois réfléchir.  Tu me laisses un peu de temps pour que je réfléchisse à comment te répondre?"

    Heureusement, le Bonhomme a été magnanime.  J'avoue, je ne suis pas plus avancée, trois jours après.  Toutefois, quelle leçon que celle-là!  Je sais dorénavant que toutes les questions, sur tous les sujets, peuvent débarquer sur le tapis.

    Et vous?  Qu'auriez-vous répondu?  Avez-vous été confronté à ce genre de situation?

     

     


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  • Ma dernière trace sur ce blog date de presqu’un mois.  Aujourd’hui, pour amorcer mon retour sur la toile, je me laisse séduire par un billet d’humeur quelque peu « vague à l’âme » pour partager avec vous mon état du moment.

    Les vacances, ce temps où le cerveau peut pense à d’autres questions que professionnelles, auraient pu être l’occasion rêvée pour me consacrer davantage à ce blog.  J’ai pris un choix différent.  Sans préavis.  Je me suis défendu bien souvent d’allumer mon PC les premiers jours de congé.  Au bout de quelques temps, l’envie s’est estompée, pour finalement presque disparaître.

    J’ai connu des moments d’ennui.  C’est un luxe inouï que de ressentir ce sentiment.  Louis Lourme, dans "Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible" (Patrick Le Lay), distingue l’ennui de l’oisiveté.  La première serait subie tandis que la seconde serait assumée, comme un moment de méditation ou de simple état de bien-être.  Pour ma part, je suis moins catégorique à rejeter l’ennui parmi les états « négatifs ».  Ressentir de l’ennui m’a, notamment, permis de me confronter à moi-même sans faux semblant.  J’ai ainsi dû me rendre à l’évidence que certaines activités ou choses à faire que je remettais sans cesse à plus tard n’étaient pas postposées en raison d’un manque de temps ou d’énergie mais, plus honnêtement, parce que je n'en avais pas tant envie que cela de m’y consacrer du temps et de l’énergie.  Je pense à la cuisine, à la couture, mais même à la natation, au sport, aux arts créatifs.  Quand l’ennui surgit, il aurait été facile pour moi de commencer une telle activité que « le manque de temps » m’empêche habituellement.  Or, même avec le temps, l’envie de cuisiner, de coudre, de nager, a été très limitée, si pas nulle, pendant mon congé.  J’avais envie, la majeure partie du temps, de ne rien faire.  Même si parfois, ne rien faire me faisait tourner en rond.  De dépit, j’ouvrais un livre.  Ce que je fais déjà souvent quand je n’ai pas beaucoup de temps ni d’énergie… car c’est une activité facile, assez paresseuse, à quelques égards.  Si je n’ai pas terminé tonnes de livres, j’en ai par contre parcouru beaucoup dans les grandes lignes.

    Souvent, face à mon incertitude devant la journée qui s’annonçait, devant l’énervement de ne pas savoir ce que j’avais envie de faire, j’ai retrouvé ce sentiment de liberté que, j’imagine, tous les parents doivent avoir oublié.  J’ai goûté à cet état que j’ai connu le mois avant l’accouchement de mon fiston, période pendant laquelle ma seule préoccupation consistait à me reposer dans l’attente d’accoucher.  Du matin au soir, je pouvais faire absolument ce que je voulais.  Quelle volupté !  Quel luxe que cette impression de grands vides devant soi, à remplir selon sa bonne volonté !  Mon répit absolu a duré 1 semaine et demi.  Après, ce sont les vacances en famille qui ont commencé.  Le répit était déjà d’une autre nature…

    Pendant ces moments à m’occuper, j’ai achevé la lecture de 1Q84, de Haruki Murakami (voy. ici sur wiki).   Après Kafka sur le rivage,  je m’étais juré de ne plus lire cet auteur.  Autant j’aime son style, le récit, les thèmes abordés, autant je trouve ses fins, ses dénouements, la chute baclés.  J’avais déjà un sentiment mitigé après Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil.  Il m’a fallu des années après avoir reçu le livre Kafka pour me décider à le lire.  La fin avait éveillé en moi une certaine colère, une impression de fin gâchée.  Il m’aura fallu encore quelques années, et surtout l’ennui, conjugué au fait que les livres 1 et 2 de 1Q84 traînaient dans ma bibliothèque après y avoir été déposés par mon beau-père, parti 6 mois en Thaïlande et désireux, sans doute, de nous proposer quelques ouvrages qui lui avaient plu.  J’appréhendais la fin de la saga.  Ai cru un moment que le livre 2 achevait l’histoire, pour comprendre, comme il m’avait semblé l’avoir lu quelque part (j’avais donc bien lu) qu’un livre 3 devrait sortir dans quelques mois.  Je comprends mieux, donc, que la chute du livre 2 n’en était pas vraiment une. Ouf.  Le doute est encore permis. J’achèverai la trilogie…au moins par curiosité, même si, je dois avouer que la tournure du récit ne me paraît plus des plus intéressante.

    Avant, après, pendant la lecture de 1Q84, j’ai parcouru de longs passages de Les chemins de l’éducation qui collecte articles et textes de conférence de Françoise Dolto.  J’ai beau porter un regard critique vis-à-vis de la psychanalyse, la lecture de certains extraits de Dolto m’irrite au plus haut point (l’enfant ne doit pas dormir avec ses parents, en particulier avec sa mère, au risque de se perdre en elle. Pfff), il en est d’autres où je jubile littéralement.  Illustration.

    « J’écrivais la semaine dernière que de même manière qu’il y a des manières d’exiger l’obéissance qui déterminent l’enfant à devenir désobéissant, il y a des façons d’exiger la vérité qui poussent l’enfant à devenir menteur. 

    Quand l’enfant sait parler suffisamment pour se faire comprendre et sait que telle bêtise entraînera telle réaction punitive ou grondeuse de l’adulte, il peut commencer à mentir.  Les réactions de l’adulte aux premiers mensonges en actes et en paroles des tout-petits sont très importantes. 

    Il vaut mieux prévenir que guérir.  Vers seize mois, deux ans, un enfant qui a renversé un vase ou provoqué un accident, s’il est en confiance avec l’adulte qui s’occupe de lui, l’appellera ou viendra l’entraîner en lui montrant le désastre.

    Si l’adulte commence à se fâcher très fortement et à frapper l’enfant, celui-ci associera, au bout de deux ou trois expériences de ce genre, le fait d’avouer au fait d’être puni.  Il se cachera après avoir fait une maladresse.  Plus tard, si on le gronde d’une bêtise, il dira : « Ce n’est pas moi » pour se défendre des suites désagréables.  Elles en seront peut-être pires, mais ce réflexe du mensonge établi, qui équivaut à un manque de confiance en l’adulte, sera fixé »[1].

    S’ensuit la description d’une scène (un enfant de 4 ans coupe dans les rideaux du salon) et des différentes attitudes possibles de la part de la maman. 

    « Il ne faut pas punir l’enfant pour son initiative, mais seulement pour la mauvaise application de son envie.  Ainsi, dans l’exemple du rideau coupé, il eût été très mauvais que la maman dise : « Je te défends de te servir des ciseaux.  Tu es trop petit ».  Ce n’est plus vrai.  Il a envie de s’en servir, et il a pu le faire sans se blesser, il faut donc lui enseigner de s’en servir utilement. Et cet incident doit faire naître des jeux de découpage, au lieu d’une nouvelle interdiction de se servir des ciseaux qui entraînera, tôt ou tard, une nouvelle désobéissance agressive. »

     Ce texte est suivi d’un article intitulé « Les punitions ».  L’introduction mérite d’être connue :

    « Les ‘’punitions’’ : ce terme devrait être banni du langage de l’éducation, il devrait être remplacé par celui de ‘’réparation’’ ou ‘’annulation’’ de la faute et correction de comportement ‘’.

    Dans le langage courant, il s’y mêle l’idée d’un comportement de l’éducateur que nous devons exclure de notre conception.  Je garderai le mot cependant, mais en expliquant bien ce que devrait être une ‘’punition’’ pour entrer dans le cadre de l’éducation, et ce qu’elle ne doit jamais être ». 

     Je trouve cet article tellement important que, au diable les droits d’auteur.  Je vous en proposerai une version scannée sous peu, le temps de scanner les quelques pages (l’article n’est pas long).  Elles sont très instructives.  Isabelle Filliozat (et d’autres) n’a rien inventé à ce niveau-là.  En 1946, Dolto appelait déjà à respecter la liberté intérieure de l’enfant, « dans un cadre où chacun de ceux qui l’entourent a droit aussi à son sentiment de liberté ».   Certes, tout ne me plaît pas, comme cette proposition de taper la main qui a fait la bêtise (main à séparer, en quelque sorte, du corps, de la personne de l’enfant) mais excepté ce point, j’applaudis les propos de Dolto.

    « Pensez toujours que l’enfant doit être laissé libre.  S’il a trouvé en toute connaissance de cause que le risque valait le plaisir, c’est son droit.  Ne cherchez pas à ‘’mater’’ un enfant pour des choses inutiles.  Si ce qu’il fait lui réussit et n’est pas nuisible aux autres et que vos interdictions ne l’entravent pas, c’est lui qui a raison.  Il est en âge de surmonter les risques que vous craignez pour lui.  Décidez avec lui, au lieu de punir, que l’interdiction temporaire est dorénavant levée, mais exhortez-le à la prudence et à la réflexion ». 

    La psychanalyste énumère quelques procédés néfastes et pourtant courants à proscrire absolument (dixit Dolto). Parmi ceux-ci, « dans le petit âge : le ‘’raisonnement’’ de l’enfant, la ‘’mise au coin’’. »

    Ce point est venu rencontrer une réflexion avancée par E. lors d’une entrevue de « bilan » sur les premiers mois de Petit Prince en crèche.  Elle avait ainsi précisé que les petits enfants ne réagissaient pas comme nous par la pensée.  Si je résume, et si j’ai bien compris ce qu’E. disait…Les enfants n’analysent pas une situation par la pensée.  Avant la parole, et même avant l’émotion, ils sont par le mouvement.  Cela me rappelle la vidéo de Filliozat (Parent : savoir reconnaître les caprices de son enfant !)[2].  Face à un événement, leur compréhension va d’abord passer par le mouvement avant de s’arrêter éventuellement, de se laisser envahir par une émotion, le temps de la réflexion et du verbal ne venant qu’après. 

    A ce stade, j’ai ressenti le besoin de réfléchir à une discussion que j’ai eue, ces vacances-ci, avec une maman passiflorienne, qui « reprochait » à son mari de « trop parler » à son enfant.  Cette mère considérait que l’enfant n’a pas les capacités mentales pour comprendre ce qui était dit et que le flot de paroles lui était imposé : on le forçait à gérer des informations qu’il n’était pas capable de comprendre.

    J’ai pris la défense du papa (je parcourais de temps à autre un article de Dolto et étais donc fraîchement imprégnée de ses idées) en expliquant que son attitude était sûrement due au fait qu’en France/Belgique, nous étions fort influencés par Dolto qui avait eu la bonne idée de proclamer haut et fort que l’on pouvait parler à son enfant, qu’il comprenait.

    Et c’est vrai, depuis cette réflexion de cette maman, j’ai ressenti avec encore plus d’acuité, l’importance  la prédominance/le monopole du verbal sur l’émotionnel ou le toucher.  Et cette prise de conscience a suscité, chez moi, un besoin de prendre distance et de critiquer (critiquer dans le sens de remettre en cause, de questionner, de peser le pour et le contre, de procéder à un examen, une évaluation, une analyse de) mon axiome : la parole est essentielle/primordiale avec son enfant. 

    A côté de la lecture intermittente de Dolto, j’ai, de manière tout aussi intermittente, achevé la lecture de Vivre simplement pour vivre mieux ou la simplicité volontaire en 130 conseils de Philippe Lahille[3].  Je conseille la lecture de ce livre.  Il est plaisant.  Ici, je pointerai deux éléments.

    1.  « Le livre est le loisir le plus écologique dans tous les sens du terme.  […] 

    Parlons maintenant de la lecture : c’est l’activité la plus respectueuse de votre propre rythme. »  (p. 43).

    2.  Je regrette de ne pas avoir fait usage du certificat d’exemption de cadeau pour la période de Noël.  Il est téléchargeable ici. Il est des traditions familiales auxquelles il peut sembler impoli de se soustraire…

    En outre, dernièrement, j’ai (à quelques pages par ci, par là) achevé la lecture de Santé, mensonge et propagandes.  Arrêtons d’avaler n’importe quoi, de Thierry Souccar et Isabelle Robard.  Le ton est critique et peu modéré.  Du coup, je repris dans ma bibliothèque le livre Anticancer de Servan-Schreber et le seul livre de Taty dont je dispose pour en relire des passages, à titre de piqûres de rappel.

    Avec tout ça, j’ai peu lu et peu réfléchi à ma grossesse.  Celle-ci se déroule par elle-même.  Mon petit ou ma petite (le mystère reste entier) est très présent-e.  J’ai ressenti très tôt ses premiers coups de pieds ou de mains (au 3ème mois).  Et maintenant que je suis dans le 4ème mois (ou peut-être le 5ème, je ne suis pas très bien), il ou elle me fait savoir tous les jours qu’il ou elle est bien présent-e et qu’il ou elle compte faire partie intégrante de mon quotidien. 

    Enfin, dernièrement, en raison de la tournure des événements par rapport à la crèche d’E., s’est imposée une réflexion sur l’éducation, sur la somme à investir dans un mode de garde, sur l’équité d’un échange, sur les engagements ou les charges qu’implique l’investissement dans un projet hors des sentiers battus.  J’avais déjà été amenée à réfléchir à ces questions pour le mode de garde parental à la maison (Passiflores).  Cette expérience fut riche d’enseignements.  A côté des aspects éminemment positifs, des considérations beaucoup moins gaies, nées de la confrontation à la réalité de beaux principes théoriques, ont été épinglées par certains.  Une de celles-ci fut relevée à l’unanimité : une sorte d’insécurité face à la « flexibilité » du système qui fait qu’un ajustement quasi-quotidien devait avoir lieu.  Cette flexibilité, cette place à l’inattendu crée une insécurité qui s’accompagne d’une fatigue (mentale et, pour certains, physique) à devoir trouver des réponses rapides à des imprévus…Le fait de changer les règles ou ce qui était convenu (parfois, « simplement » le parent « de garde » ou son enfant était malade) en cours de route créait cette insécurité et cette fatigue latente…Quelle joie pour nous et quel soulagement, aussi, d’intégrer un cadre qui, en principe, ne devait pas être sujet à modifications unilatérales…Et donc, quelle surprise et quelle déconvenue de se rendre compte que théorie et réalité de terrain exigent des « ajustements », ce dont je pensais être dispensée depuis l’entrée en crèche de Fiston…  Décidément, dès lors que l’on sort des cadres conventionnels, que les liens personnels se tissent, une porte doit toujours rester ouverte aux « ajustements », n'en déplaise au droit et à nos réflexes individualistes.  Bon, je me rends compte que mes propos sont sibyllins pour toute personne ignorante du contexte, j’arrêterai donc ici ma réflexion.

    Pour conclure, il me paraît inconcevable de ne pas profiter de ce premier billet de l’année pour présenter mes vœux à tout lecteur qui passerait par ici.  Cette année, l’envie m’est venue de mettre l’accent sur l’oisiveté (pour ne pas utiliser le terme de l’ennui).  J’ai conscience que ne rien faire est un luxe pour la majorité d’entre nous...Il est courant de souhaiter plein de projets, plein de réalisation d’objectifs, le plein de santé, de joie, de bonheur.  Cette année, je vous souhaite la chance de prendre conscience et de déguster des rares « temps morts » qui se présenteront à vous, comme autant d’occasion de ralentir « juste » pour être et non pour faire, agir, réagir, intervenir, s’indigner, s’engager, communiquer, etc.  Oisive année 2012!

     


    [1] Françoise Dolto, « Comment guérir du mensonge », Femmes françaises, 1er et 9 mars 1946, repris dans Les chemins de l’éducation, Gallimard, 1994, pp. 129-131.

    [2] Dans un autre article du livre, Dolto dit, comme le dit Filliozat dans la vidéo, que les « caprices » sont des messages, des signes que les parents ne comprennent pas. 

    [3] Éd. Dangles, 4ème éd. 2010.


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