Ca y est, c'est fait.  On a signé les statuts de la nouvelle association.  Il s'agit d'une association qui rassemble le pôle élevage, le pôle maraîchage, le pôle herbes médicinales, le pôle Jardin collectif et le pôle quartier durable.  Elle incarnera la personnalité juridique que réclamaient la propriétaire du champ des Cailles.  Et servira pour toute démarche qui nécessite une personnalité juridique.  Les différents pôles ne partagent en effet pas le même statut.  Par exemple, le jardin collectif est une association de fait...  Très bientôt ici une copie des statuts lesquels indiquent les buts et finalités.  Déjà voici quelques photos. Nous étions plus d'une vingtaine pour signer et parapher toutes les pages.  Nous nous y sommes mis à plusieurs sur chaque page.

Pour ma part, je trouve que nous n'étions pas prêt-e-s.  Cela a entraîné une précipitation, et des couacs.  D'aucuns me rappelleront que la perfection n'est pas de ce monde, ou que "le mieux est l'ennemi du bien".  Sans doute, suis-je extrêmement exigeante.  Envers les autres.   Aussi et surtout très exigeante avec moi-même.

Cela ne m'enlèvera pas un malaise certain vis-à-vis du processus et du déroulement des événements.  Maintenant que la constitution de l'asbl s'est tenue il y a quelques jours, je me sens mieux.  Je suis passée à autre chose (mes plantes , ce qui est plus ressourçant que de ressasser ce qui aurait dû être fait).

Bref, il est essentiel de se souvenir que les légumes et les plantes, c'est super et non négligeable car ils participent de la réappropriation de notre alimentation.  Toutefois, le processus de participation qui se déroule via les réunions et les milliers d'échanges de mails est essentiel dans la réappropriation des prises de décision, dans la création de nouveaux modes de communication et de décision dans un groupe.

Pour ma part, les statuts ont été l'occasion pour nous d'être par endroits innovant-e-s.  Pourvu que l'innovation sociale se poursuive, tout en prenant en compte les erreurs d'autres avant nous. Tâchons de travailler ensemble pour la mise en place ou le maintien d'une qualité d'écoute.  Par contre, par réaction, parce que ce mot est aujourd'hui sur toutes les lèvres, et que je le soupçonne d'être devenu un mot bateau qui participe à la langue de bois, je ne dirai pas ce fameux: il faut de la * bienveillance *.

En tout cas, moi qui avais jusqu'à présent relativement tu mes raisonnements juridiques, je me suis surprise à retrouver mes réflexes (que j'ai dans mon emploi rémunéré) de juriste très droite et très à cheval sur le respect de certaines règles. 

Un jardinier a bien résumé lorsqu'il m'a caractérisée par ma droiture et ma propension très forte pour le sens de la justice et l'équité, au risque de me mettre en difficulté lorsque le principe ne m'est pas favorable.  J'ai par exemple insisté pour que les votes aient lieu, en dépit du fait que les candidats étaient au nombre des personnes devant être élues.  En posant ainsi cette règle du vote à scrutin secret que je souhaite voir respecter systématiquement, j'ai pensé aux gens qui n'osent pas affirmer leur inimité ou leur doute quant aux capacités (personnelles ou "professionnelle") d'une personne candidate.  Certain-e-s me trouveront très formaliste.  Ce que je réfute.  Selon ma vision, j'anticipe les frustrations et conflits qui pourraient survenir du fait du non-respect des règles ou, plus subtil, du respect aléatoire, pour ne pas dire arbitraire des règles.  Allez, pour ma part, je m'en vais vaquer à mes occupations de plantes, de couture, de laine, de cuisine, etc.

Retour de crèche hier après-midi.  Petit tour au champ...

Ma princesse tend à mon homme ce qu'elle souhaite que ce dernier offre aux agneaux: un brin d'herbe.

Là, nous proposons un présent gourmand: une fleur de trèfle.  La petite a peur des animaux.  Comme son frère.  Cette peur incontrôlable des animaux m'interpelle.  Déjà lorsqu'elle habitait mon fils. Maintenant qu'elle hante ma fille, mon interrogation prend une autre dimension.

Petite révolution pour le champ...Ce samedi 26 avril, les acteurs du Chant des Cailles se réunissent pour donner vie juridique à leur mouvement: la ferme du Chant des Cailles.  Association réunissant toutes personnes désireuses de contribuer au maintien et au développement possible des activités actuellement en œuvre sur le champ, la ferme du Chant des Cailles asbl voit le jour officiellement demain!

Première visite sur le champ depuis mon retour des vacances.  Que de changements en 10 jours!

La serre des maraîchers a été montée!

Les moutons sont de retour!  En fait, ce sont de jeunes agneaux qui n'étaient jamais venus.  Les brebis restent au couvent pour la confection de fromage à partir de leur lait.

Le lendemain, je découvrirai 6 moutons en plus.

"Coucou" semble me dire cet agneau.  Ma fille et moi leur avons offert des fleurs de pissenlits dont les agneaux raffolent.

Un bâtiment en palette pour les maraîchers...

assez inesthétique à mon goût mais l'essentiel est ailleurs.

La saison a commencé...

Ca pousse!  Bon, le chou rave, ce ne sera pas pour nous.  Peu d'amateurs/trices à la maison

Oh, cela travaille ferme!

Trois jardiniers creusent pour implanter une citerne de 1000 litres afin de récolter l'eau de pluie.  Une autre récoltera celle de l'auvent qui sera placée plus tard.

Ahhh, c'est le printemps...Certain-e-s nous le rappellent.  

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Le dimanche 6 avril s'est déroulée la grande opération "patates".  Le pôle "maraîchage"  a concédé aux jardiniers du Chant des Cailles une partie de leur terrain qu'il n'utiliserait pas cette année, avec la consigne très claire de préparer la terre pour les maraîchers l'année prochaine.  Comprenez: y planter des patates.  Ce qui tombe bien car la parcelle collective que nous avions consacrée l'année dernière aux pommes-de-terre ne peut plus recevoir ce féculent (rotation de cultures oblige).  Du coup, ce nouveau territoire nous permettra de récolter des pommes-de-terre. 

Nous avons testé deux techniques.  La première, classique, consiste à creuser une petite tranchée et d'y poser les pommes-de-terre. La séance de travaux collectif commençait officiellement à 14h30 jusque 15h.  Mon homme et moi sommes arrivés en retard et avons rejoint le mouvement en cours de route.  Nous étions en nombre.  Et c'est là que celles et ceux qui en doutaient encore ont pu vivre l'adage "l'union fait la force".  Ou pour reprendre une autre image, la légende du colibri. 

En quelques minutes, la tranchée de X [edit du 25 avril: 80 ] mètres de long (je vais me renseigner sur la distance car je suis en guerre contre les chiffres, et en froid avec les quantités quelles qu'elles soient (distance, poids, etc.).

D'un côté, c'est fini...

De l'autre, on s'active encore.

Certes, il y a eu cafouillage.  Un jardinier est venu et a commencé à creuser avant tout le monde.  Celles et ceux qui ont suivi ont continué à creuser dans le prolongement de son sillon.  Malheureusement, il semble qu'il aurait fallu creuser dans le prolongement direct du terrain des maraîchers. 

Lorsqu'il fut question de creuser une deuxième tranchée, il y eu des consignes contradictoires sur son emplacement. 

Moralité: avec des bras, on peut aller loin, mais sans tête, on peut aller loin sans arriver au but. .  Bref.  Heureusement, il n'y a pas mort d'homme.

Voici une photo de la tranchée prise ce jour (le 21 avril).

Lors de ce quasi premier  travail collectif de l'année, j'ai vu de nombreuses nouvelles têtes...  De nouvelles rencontres en perspective donc  

Pour la seconde technique, à laquelle nous n'avons pas participé (donc pas de photos), les jardiniers ont simplement posé les pommes-de-terre sur le sol et recouvert d'une couche de terre ou compost (méthode expliquée dans cette vidéo).  Nous avions essayé cette façon de faire l'année dernière sur notre petite parcelle et le résultat était décevant.  Voyons ce que cela donnera sur la parcelle collective.   Pour l'instant, voici à quoi cela ressemble (photo du 21 avril): petit tas de terre en ligne (celle de droite sur la photo).

 Ce jour-là, j'étais censée préparer les bagages pour les vacances... Au lieu de cela, j'ai profité de ma journée pour prolonger la cueillette de la veille (j'en parle ici).  Avec une autre cueilleuse et Anja, nous avons refait un tour du champ et de ses alentours.

Voici mon amie cueilleuse qui hume le parfum des aubépines.  Rudi Beiser en parle pour les tisanes (fleurs et feuilles).  Les jeunes feuilles d'aubépine sont agréables au goût en salade (j'en ai mangé ce soir-là).  Cette plante est décidément à privilégier.  Je la savais bénéfique pour la biodiversité en tant que haie.  Je sais depuis le mois dernier que l'aubépine est excellente pour le cœur.  Dans son livre, Rudi Beiser évoque aussi ses propriétés contre la diarrhée. 

tentative foireuse de photo de la fleur (mais, euréka!, j'ai découvert hier le bouton pour photographier les fleurs de près).

Le fruit rouge de l'aubépine.  Ici, une baie qui date de l'année dernière.

En-dessous de l'aubépine, de la vesce, dont les jeunes pousses sont délicieuses en salade, nous apprend Meret Bisseger.  Les inflorescences encore jeunes peuvent être mangées crues. 

Et voici du saule.  L'écorce du saule blanc est très efficace en cas de migraine.

Et après la promenade de rappel des plantes sauvages, un feu se prépare...

Les femmes refont le monde.  La pluie s'invite.

Les hommes non plus ne font pas grand cas des gouttes qui tombent.

Et le feu fut!

Le froid me convaincra de rentrer.  Peu contente de la tournure des débats mis sur la table ce jour-là.  Mais cela est une autre histoire.

***

Visite du champ et de son périmètre immédiat à la découverte des plantes et fleurs comestibles.  J'avais malheureusement oublié mon appareil photo lors de la visite mais l'ai récupéré après un retour à la maison en fin d'après-midi.  Je compte faire un petit inventaire non exhaustif des plantes ainsi découvertes.

Déjà, voici les photos de l'après-visite.  Moment convivial sur le champ avec un tarot des fleurs.  Rires et papotes entre femmes.  J'avais tiré le lin. 

Pendant ce temps-là, ma fille est très affairée.

Les maraîchers ont fini leur journée de travail et prennent l'apéro avec nous.

Anja tend une tasse de la soupe du jour préparée, entre autres, avec des fleurs récoltées sur le champ (moutarde, pâquerette, orties, vesces, pissenlit, etc.)

Mon fils est en pleine période de super héros. Le voici en Zoro.  Il a obtenu de son père qu'il lui achète ce déguisement.

Je lisais hier et ce matin deux articles dans le numéro de janvier de S!lence emprunté à ma bibliothèque (j'en parlais ici).  J'y découvrais deux initiatives particulièrement positives: Le jardin des Vertueux et l'association Gaïa qui organise le Festival des Vers solidaires.

Le terme "vertueux" décrit parfaitement la dynamique qui naît grâce au champ et au Chant des Cailles.  A partir de ce terrain s'est amorcé un cercle vertueux incroyable.

"Le nom de 'Jardin des vertueux' vient de l'idée des cercles vertueux.  Le premier cercle a été réalisé pour l'achat collectif puisqu'il a permis de mettre en relations 70 structures différentes.  Le deuxième cercle vertueux est que le jardin peut être reproduit ailleurs; de nombreuses demandes arrivent pour savoir comment il s'est mis en place.

Pascal Goujon raconte notamment que, pour arriver sur le site, l'ânesse a fait le trajet depuis Abbeville, à 50 km de là,  pied.  Le passage dans les différents villages a permis de dialoguer avec de nombreux élus intéressés par cette expérience.  Pascal Goujon les a incités à mettre des terrains disponibles à disposition des candidats au maraîchage. 

Le débroussaillage a été fait avec l'aide d'un ami venu avec son cheval.  Ce fut l'occasion d'un reportage télévisé qui a fait connaître le projet, alors à son démarrage.

Le troisième cercle vertueux est celui de la vente des légumes en circuit ultracourt: cela fait réfléchir à nos habitudes d'achat pour les produits alimentaires.

Le quatrième cercle vertueux est que le jardin est un outil pour différents types de structure de réinsertion afin de 'permettre à des personnes laissées sur le quai de remonter dans le train'.

Depuis le lancement du Jardin des Vertueux, la mairie d'Amiens a ouvert 7000 m² de jardins solidaires pour les bénéficiaires des minimas sociaux.  Pascal Goujon a été sollicité pour des tâches d'encadrement."

Quant au Festival des vers,

"Les animateurs de l'association [l'association Gaïa] sont très bien acceptés dans la commune car leurs parents y vivent, voire leurs grands-parents.  Cinq d'entre eux ont acheté collectivement, en 2012, d'anciens vergers abandonnés qui dépendaient de jardins ouvriers, liés à la verrerie.  [...]

Le festival a été le lieu de lancement d'initiatives comme, cette année, l'annonce de la naissance de l'épicerie bio [...]."

Il est évident que le Chant des Cailles génère une spirale vertueuse.  La preuve?

Il s'agit d'une synergie entre plusieurs dynamiques distinctes ET liées.  Pensons à l'élevage de brebis pour le fromage.  Evoquons le maraîchage professionnel pour les légumes.  Mentionnons Anja, l'herboriste qui dispense ses nombreuses connaissances sur les herbes médicinales et la richesse de la nature via des cueillettes de plantes et fleurs sauvages comestibles.  Enfin, parlons du jardin collectif avec des jardiniers qui donnent un coup de main aux professionnels, qui participent et soutiennent les GASAP que ceux-ci développent, qui s'entraident, avec les conseils avisés des professionnels, pour produire leurs légumes ET pour tisser des liens dans la convivialité. 

Le Chant des Cailles continue d'essaimer des graines d'espoir et de joie, dans le plaisir d'être ensemble et de construire des alternatives ensemble.

Du Chant des Cailles est né Quartier durable Logis-Floréal, porté à la base par des jardiniers du Chant des Cailles, mais ouvert à des personnes qui n'en sont pas...Il s'agira notamment d'organiser des festivals, des sensibilisations, et de se réapproprier des parcelles abandonnées afin d'y planter des choux...

Du Chant des Cailles s'élabore une réflexion très soutenue sur les constructions que la SLRB et la commune ont décidé d'ériger sur le champ, au lieu d'utiliser les sommes pour rénover en priorité les maisons vides (prochainement des photos de ce que deviennent les maisons qui étaient squattées).  Sur le sujet des maisons vides:  Boisfort: Droit au logement VS patrimoine?

Le terrain sur lequel s'épanouit le champ et le Chant des Cailles appartient à la coopérative de logements sociaux Le Logis.  D'après mes renseignements, ce terrain avait été concédé au Logis par le CPAS de Bruxelles il y a plusieurs dizaines d'années, avec la contrainte dans la cession, que le terrain serve un jour pour y construire des logements sociaux.  A côté de ce champ, en pente, se trouve un autre terrain, le Petit Caille, comme on l'appelle, lequel appartient à la commune.  Nous avons donc deux propriétaires, la coopérative Le logis, soutenue par la SLRB (tutelle de la Région de Bruxelles-Capitale), et la commune (dirigée par un bourgmestre et un échevin de l'Energie, du Logement et de l'Informatique Ecolo (le bourgmestre et l'échevin) (récapitulatif très succinct dans ce document de la commune ici) qui décident d'allouer des sous dans la construction de nouveaux immeubles...qu'ils souhaitent écologiques dans un nouveau éco-quartier.  Première remarque, l'immeuble le plus écologique est d'abord l'immeuble qui n'existe pas.  Autrement dit, avant de vouloir ériger de nouveaux bâtiments, aussi écologiques soient-ils, il est plus judicieux et écologique de rénover ceux qui sont là.  La commune a entamé une concertation...Le compte-rendu officiel du premier atelier ici.

Les jardiniers du Chant des Cailles y participent...Toutefois, je reste sceptique...et repense à ce qu'écrivaient Vidal Benchimol et Stéphanie Lemoine dans Vers un nouveau mode de ville:  

"Ainsi, la concertation s'apparente souvent à un simple dispositif de communication et d'information.  On tient une réunion publique au cours de laquelle slides et films sont diffusés, on organise un vague débat, éventuellement suivi d'un apéritif, et l'on se félicite d'avoir œuvré à la démocratie locale quand on ne l'a pourtant que simulée.  Plus subtilement, certains maîtres d'ouvrage portent une attention toute particulière à l'open data, et proposent un accès libre aux données disponibles sur le projet, histoire de donner un peu de chair au fantasme contemporain de la 'ville 2.0' ". [p. 125]

Si je suis circonspecte sur cette volonté de nouvelles constructions avant la rénovation des anciennes, mon oreille n'a pu échapper à l'appel subtil lancé par la commune pour que se développe un habitat groupé sur le Petit Caille...(une photo prochainement).

Pour terminer sur la question des constructions sur le champ des Cailles, il me vient cette mise en garde lue dans la conclusion du livre Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public (bouquin que je relis par extrait, tant il est percutant et complète la lecture sur la simplicité volontaire) :

"Enfin, le troisième écueil consisterait à surestimer la force des initiatives citoyennes face à la survivance du système que l'on voudrait dépasser, au risque de les voir s'étouffer dans un environnement hostile.  D'où l'importance de leur fournir, par l'action collective et le soutien des pouvoirs publics, le terreau dans lequel elles pourront se déployer". (p. 277)

En effet, dans la situation du Chant des Cailles, c'est le politique qui soit permet à l'action collective de se déployer, soit l'étouffe, à l'image de la réaction politique appuyée par un juge (expulsions à quelques jours du scrutin communal) face aux squatteurs des maisons du Floréal qui réclamaient l'application du droit au logement... 

Et si l'action collective s'est mobilisée pour le champ, elle va au-delà via notamment Quartier Durable.  Et bien encore plus loin...  

En effet, le champ des Cailles relève de la propriété du Logis, cela implique que le site est classé.  Il nous est par exemple interdit, sous réserve d'une autorisation très ardue à obtenir de la part des Monuments et sites, de modifier le relief: mare, constructions "dur" ainsi que...les arbres fruitiers. 

Or, depuis quelques temps, mon homme souhaite cultiver davantage pour développer notre autonomie alimentaire.  Cela passe aussi par des fruits. Il a ainsi repéré un terrain à Hoeilaart.  Et de fil en aiguille, c'est un groupe, constitué majoritairement de jardiniers du Chant mais pas exclusivement, loin de là, qui se sont organisés afin de zieuter sur ce terrain agricole non constructible à la lisière de Bruxelles, situé à 30 minutes en vélo de Watermael.

C'est à cette occasion que je découvre l'ampleur du phénomène.  Peu de terrains agricoles sont à vendre car leur valeur est moindre que le foncier à bâtir.  De sorte que les propriétaires des terrains agricoles n'attendent qu'une chose: que leur bien immobilier (un terrain étant par essence non-mobile, donc immobilier) devienne un jour constructible...Ce qui entraînera une envolée de leur valeur.  Ce phénomène de spéculation foncière, ce phénomène des pouvoirs publics d'urbaniser à tout va...Terre-en-vue ainsi que la Fédération Inter-Environnement Wallonie les décrivent avec acuité.  Terre-en-vue pose ainsi la question d'entrée de jeux:

"Saviez-vous que chaque semaine, 43 fermes disparaissent en Belgique [1] ? et que 62 agriculteurs quittent la profession [2] ? Et que chaque année, 130 hectares de terres agricoles sont converties en terrains à bâtir [3] ?" [chiffres de 2012]

Tandis que la Fédération Inter-environnement Wallonie constatait en 2008,

"L’agriculture ne représente même pas 1,5% du PIB. Un hectare de terres est plus rentable, économiquement parlant, lorsqu’il est affecté à l’habitat ou à l’industrie, que lorsqu’il se contente de produire humblement céréales ou pommes de terres..."

[...]

Elle met en garde et conclut son article en ces termes:

"Sous ces diverses pressions le prix des terres agricoles a grimpé [9]. Son prix au mètre carré n’en reste pas moins dérisoire en regard de l’importance de la production dont il est l’outil. La production alimentaire en effet répond à un besoin primordial. Qu’une part de la population soit en carence à cet égard et se poseront, outre la question éthique, de gros problèmes d’ordre public. L’indicateur majeur de nos économies, le PIB, indicateur purement quantitatif, ne traduit pas cette importance qualitative : l’agriculture n’en représente que 1,4% [10]. Mais le PIB n’est jamais qu’un compteur parmi d’autres sur le tableau de bord de la petite voiture de l’État. Si ceux qui sont au volant persistent à y garder les yeux fixés, négligeant de regarder la route devant nous au travers du pare-brise, nous pourrions bien nous trouver tous au fossé…"

Désireux de pouvoir profiter d'un verger à quelques kilomètres de leur maison, près d'une vingtaine de personnes se sont regroupées pour acheter un terrain agricole.  

Puisque le but de départ est clairement de préparer une transition vers moins de dépendance alimentaire, il nous paraît primordial, à notre couple ainsi qu'au premier cercle de connaissances et amis approché-e-s à cette fin, que le terrain soit encore accessible à vélo.  

Une délégation du groupe s'est rendue à la vente aux enchères qui s'est déroulée ce mardi 1er avril.  Un voisin du terrain avait jeté son dévolu sur celui-ci, afin d'y mettre des chevaux.  Résultat, son enchère a excédé la limite que nous nous étions tous et toutes fixée. 

Nous ne récolterons pas des pommes, abricots, prunes, cerises, etc. sur ce terrain...Mais la dynamique est lancée.  Comme je le disais à une jardinière particulièrement déçue: "nous avons reculé pour mieux sauter"...En moins d'une semaine, plus de 15 personnes se sont entendues pour acheter ensemble un bien en indivision.  Nous étions organisés, mais notre concertation s'est déroulée dans la précipitation vu le peu de délai...Maintenant que nous savons que l'envie existe, organisons-nous pour qu'elle se concrétise.

Encore du collectif !

C'est une réflexion qui me traverse régulièrement avec cette histoire de terrain.  C'est chouette, le collectif, mais dieu, c'est aussi fatigant.  Il faut des palabres, des négociations, des concessions...Pas toujours facile.  Des frustrations sont inévitables...Dans mon envie de départ, je voyais plutôt un petit groupe de propriétaires, moins de dix. Nous sommes loin du compte, étions près de vingt...Et avec la nouvelle, j'imagine que ce nombre va enfler...

Et parce qu'il faut bien conclure...

Quand on voit tout ce qui a été créé à partir du Chant des Cailles, grâce aux personnes, aux énergies et aux collaborations qui en ont émergé, je me demande dans quelle mesure les autorités n'ont pas intérêt à ce que cette convivialité-là ne naisse pas, du moins, qu'elle reste circonscrite à du pur jardinage et au plaisir de jardiner...

En effet, j'ai l'impression que le groupe est traversé par le plaisir d'être et d'agir ensemble, ainsi que de se faire entendre ensemble, en tant que groupe (plus de 60 personnes).  L'énergie en œuvre me paraît particulièrement forte, si forte, que les autres, nos interlocuteurs, ne peuvent en faire fi et ne peuvent faire autrement que d'en tenir compte dans nos interpellations.

Travaux collectifs aujourd'hui sur le pôle maraîchage.  Les maraîchers testeront pendant quelques années les méthodes décrites par le jardinier-maraîcher: http://lejardiniermaraicher.com/author/jmartin/.

Ce n'est pas la foule au champ malgré cet appel généralisé.  Mon homme s'y rendra en matinée avec une amie.  Moi, je débarque après le repas de midi (15h). 

Les maraîchers et les amis venus en renfort conçoivent les planches selon les dimensions du jardinier-maraîcher. On le voit ici en arrière-plan.

Ca discute beaucoup...

Ca travaille un peu...Je m'attellerai à ce boulot entre deux discussions. 

Les enfants sont réquisitionnés pour aider

Voici la petite Louise qui, à sa mesure, remplit la brouette.  C'est vraiment dommage.  Le compost a déjà été déplacé une première fois, mais au mauvais endroit.  Il faut encore le déplacer.  Il semble qu'au bout de la journée, la moitié du tas ait migré.  Il reste encore 9h de travail pour l'autre moitié.

Et la brouette que se sont appliquées à remplir les petites filles présentes.

18h.  Fin du travail.  Trois hommes transportent des bâches avant l'apéro.

Et voici venu le moment de partager le verre de l'amitié ainsi que les délicieux choux (à la crème sans crème) d'une des jardinières.

Pendant que certain-e-s se sustentent, d'autres s'appliquent.  La spirale aromatique est fournie.

Le soleil se couche...Il est temps de rentrer.

Visite du champ dimanche dernier...Le printemps est de retour.  Les jardiniers aussi.

Deux jours après, le soleil était vraiment au rendez-vous et m'invite à travailler au champ.  Les enfants sont à la crèche et à l'école.  Je sème des fleurs sur le bout de parcelle vacant: calendula, capucine et pois de senteur.

Une fête est organisée tout prochainement.  Les bénéfices seront versés à la ferme du Chant des Cailles.  Je posterai l'affiche ici bientôt.

Sur notre petite parcelle, le vert a pointé le bout de ses feuilles de carottes.  Joie immense.  Mes premiers plants de légumes

Sur le bord de notre parcelle, du fenouil de l'année dernière en méga forme

Voici le bout de terre que je dégage.

Après avoir enterré quelques semis, cela donne cela

A l'autre extrémité poussent des fleurs spontanées.  J'ai amené mon bouquin sur les fleurs et plantes sauvages pour les tisanes.  Je tente d'identifier les fleurs sur notre parcelle.  La bleue est une véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys).

"Dans la médecine traditionnelle, elle était prescrite pour les maladies des voies respiratoires, de l'estomac, des intestins, ainsi que pour les maladies de peaux et des yeux.  Elle contient de l'aucubine aux propriétés antibiotiques.  Elle n'a plus d'utilisation en phytothérapie moderne".  p. 163 du livre de Rudi Beiser. 

Par contre, un peu plus loin, je n'ai pas réussi à identifier cette fleur.  La photo est médiocre.  Je ne sais pas comment faire des photos de tout près.

Sur une autre parcelle, je repère le calendula, cette fleur si appréciée pour son pouvoir réparateur de la peau.

Et voici une mini-serre.

A bientôt!