• Il y a quelques jours, pendant les vacances de carnaval, alors que les enfants venaient d'être déposé-es chez ma belle-mère pour quelques jours, j'ai prêté attention à un dessin que mon fils a affiché dans notre salon.  Et pour la première fois, j'ai examiné les lettres qu'il s'était efforcé d'écrire.  Et, devinez quoi?!  J'ai compris ce qu'il a voulu écrire! Jusque là, je pensais que c'était des lettres sans logique.  Je vous laisse deviner:

     

    Alors, vous aussi, vous avez déchiffré? 

    Par contre, excepté le prénom de son amie Lison sur ce dessin, je n'ai pas compris le reste:

    En parlant de son amie Lison, Fiston avait dessiné une carte de Nouvel An pour elle.  Égoïstement, nous l'avons gardée.  En fait, nous voulions la scanner avant de l'envoyer.  Puis, vous savez comment les choses vont...les jours ont défilé, la carte était toujours ici.  Du coup, j'en ai fait une photo que je partage avec vous

    Pinpon pinpon...c'est l'idée...Je ne sais pas comment il en est venu à écrire "Pinon pinon"...mystère.  Un jour, je me ferai le plaisir de mettre en ligne les magnifiques dessins qu'il exécute en moins de deux secondes.  Il est très prolifique.  Allez, en voici un dernier

    Et un portrait de famille en prime

    Voici mon fils en pleine concentration, croqué par sa tante, illustratrice.

    Enfin, dans un tout autre genre, lui en pleine création artistique à l'école

    5 mars '15 - Des dessins et écritures de Fiston

     

     


    votre commentaire
  • Il y a peu, j'ai rencontré d'autres femmes actives dans la revendication pour une naissance respectée.  J'ai cru comprendre que pour nombre de ces femmes, notre société induisait la douleur liée à l'accouchement.  A l'image de l'enfant à qui un-e adulte répète qu'il/elle va tomber et qui du coup, tombe, une femme à qui la société répète que l'accouchement fait mal a mal lors de son enfantement.  Cela a l'air logique, en fait.

    Se répand même l'idée que certaines femmes "parviennent" à un accouchement orgasmique (le mot "parvenir" n'est pas anodin de ma part, j'y reviendrai). 

    J'avoue, je suis très mal à l'aise avec ce genre d'apologie de l'accouchement sans douleur, de l'accouchement orgasmique.

    Même lors de mon accouchement idéal (celui de ma fille qui ressemble quasi en tous points à la description rédigée quelque temps auparavant de mon accouchement idéal), j'ai eu mal.  Il m'est rétorqué que c'est normal, vu que nous vivons dans une société qui dit que l'accouchement fait mal, j'ai donc intégré le message que j'aurais mal.

    Le souci avec ce genre d'argument est du même ordre que celui qui dit que l'inconscient existe et que si une personne remet en cause ce postulat, c'est parce que, inconsciemment, elle refoule.  Son inconscient l'empêche d'admettre l'existence de son inconscient...Vous me suivez?

    Si, la prochaine fois que j'accouche, je n'"atteints" pas un accouchement orgasmique, ce sera sans doute parce que je n'y crois pas et que je n'aurais pas assez lâché prise.

    Certes, je ne souhaite pas remettre en cause le témoignage de certaines femmes.  Après tout, il existe de tout dans ce monde (comme les femmes souffrant du syndrome d'excitation sexuelle).

    Ceci dit, je me demande si en grandissant dans une société où l'accouchement n'est pas associé à la douleur, les femmes seraient majoritaires à connaître des accouchement sans douleur.  J'ai lu par exemple rapidement le témoignage d'une femme ayant vécu un accouchement orgasmique.  Elle reconnaît avoir connu de la douleur ET du plaisir. 

    Je me pose des questions sur le fait de NIER la douleur.  Même dans le récit de Leboyer et de cette femme qui l'a tellement surpris avec son accouchement naturel, je n'ai pas compris que la femme n'avait PAS MAL.  Mon interprétation du récit et des images que j'ai vues sur youtube n'est pas que les femmes n'ont pas eu mal, mais qu'elles ont réussi à intégrer la douleur pour la transformer.  Ce qui est fondamentalement différent à mon sens.  Car cela implique quand même d'accepter que la douleur tout en admettant que celle-ci puisse ne pas devenir souffrance.  J'ai lu que certaines personnes distinguaient la douleur de la souffrance.  Je trouve cette distinction judicieuse. 

    A mon sens, un accouchement fait mal. Une femme qui accouche éprouve de la douleur. Mais, cette douleur peut être vécue autrement que comme de la souffrance, c'est-à-dire une douleur qui submerge et anéantit tellement que la personne s'y perd et ne retrouve jamais pied.

    Nier le fait que la douleur est une composante de l'accouchement revient à donner une injonction aux femmes qui, si elles étaient libérées dans leur corps et dans leur sexualité, devraient pouvoir atteindre un accouchement orgasmique!  L'accouchement sans douleur, voire l'accouchement orgasmique, le Graal des parturientes!  Nier la douleur de l'accouchement, c'est faire sur l'accouchement ce que l'entourage fait pour le post-partum: nier l'ambivalence que peut éprouver la femme venant d'enfanter.  Et déesse sait comme je suis favorable à la reconnaissance et au soutien de la femme face à cette ambivalence.

    Autre question qui me taraude: en quoi serait-ce honteux de reconnaître que l'accouchement fait mal?  Après tout, une migraine fait mal à la tête et les personnes dans la majorité reconnaissent leurs maux de tête.  Lors d'une angine, on reconnaît facilement avoir mal à la gorge.  Le passage d'un bébé au travers de notre corps de femme, ce n'est pas rien.  Lorsque l'on voit le processus, il n'est rien d'étonnant que la femme éprouve de la douleur, me semble-t-il.

    Ne pas savoir que cela peut faire mal peut, au contraire, accentuer la douleur en raison de l'anxiété que l'ignorance induit.  A mon humble échelle, je peux donner mon expérience de mon opération des yeux subie il y a bien 7-8 ans.  Après celle-ci, j'ai ressenti de la douleur comme si du sable irritait constamment mes yeux.  Lorsque je suis sortie du laboratoire, cela ressemblait à de simples picotements désagréables. 

    Cependant, à mesure que l'anesthésie locale se dissipait, la douleur s'intensifiait.  Tellement qu'à un moment, j'ai émis des doutes sur la "normalité" de ma douleur.  Le chirurgien ne m'avait pas parlé d'une douleur plus sourde, plus lourde que cela.  Mon homme s'est démené pour obtenir un membre du personnel soignant au bout du fil.  J'ai dormi toute l'après-midi, afin de laisser passer la tempête.  En fin de journée, quelqu'un rassura mon cher et tendre au téléphone.  C'était normal et cela allait passer. Moi, avant de m'endormir, je le suppliais de demander si c'était normal ou si nous devions d'urgence retourner à l'hôpital.  Il est évident que si j'avais été prévenue que les douleurs pouvaient devenir intensives, je me serais épargnée toute mon inquiétude quant à savoir si celles-ci traduisaient les suites logiques de mon opération ou si, au contraire, elles exprimaient un problème post-opératoire.

    De même, à force d'avoir lu des témoignages sur l'accouchement (une de mes manières de ma préparer à mon 1er accouchement), j'ai, certes, été surprise de l'ampleur des contractions, mais j'étais préparée au fait que cette ampleur pouvait arriver.  A aucun moment, je ne me suis dit que ce n'était pas "normal" d'avoir si mal.  Je savais qu'enfanter pouvait impliquer des douleurs atroces.  ET je savais aussi que la douleur est une perception et qu'il existe des méthodes propres à chaque personne pour atténuer la douleur.  L'accueillir, l'accompagner et la laisser partir, par exemple.  Bouger.  Changer de position.  Prendre un bain.  Chanter.  Etc.  A chaque femme ses techniques.   Elles sont plus efficaces pour atténuer la sensation de douleur inhérente, à mon sens, à l'accouchement, plutôt que de déployer de l'énergie pour lutter constamment lutter contre (j'ai accouché par deux fois dans cette posture, de lutte contre la douleur.  Et ça va, je suis vivante, et prête à retraverser cela une 3ème fois le temps voulu.  Amazone, même dans l'enfantement..he [1] ), ou de se poser constamment si elle est normale, ou de se demander constamment si ce ne serait pas mieux de prendre la péridurale.

    Accepter l'existence de la douleur, c'est la replacer à sa juste place.  J'aime cette image et interrogation de Stéphanie Saint-Amand [2].  Les sportifs et sportives peuvent ressentir de la douleur due à l'entraînement sportif.  Celui-ci induirait une "bonne douleur", puisqu'elle a du sens (des exploits sportifs)[1].  A l'opposé, la culture de notre société ôte tout sens à la douleur d'un accouchement.

    En résumé, je suis favorable à une société qui accepte l'idée qu'un accouchement soit douloureux; cette société reconnaîtrait que cette douleur est physiologique et acceptable ET qu'il existe des solutions parfois simples pour qu'elles restent tolérables pour toutes les femmes amenées à les éprouver.  De fait, je m'interroge sur le discours tendant à nier la douleur des accouchement.  Lorsqu'on me dit que certaines sociétés ne véhiculent pas l'idée que l'accouchement fait mal, et du coup, les femmes qui accouchent n'ont pas mal.  J'ai tendance à penser autrement (mais je ne fourvoie peut-être totalement; je ne peux prétendre avoir raison. Je n'en sais rien). 

    Peut-être que dans ces sociétés, la douleur de l'accouchement n'est pas  négativement perçue, de sorte qu'il n'est pas fait tout un foin autour de celle-ci. La femme qui y accouche ressent de la douleur, mais cette dernière est naturellement intégrée, comprise et considérée comme normale.  D'où cette idée que l'accouchement ne fait pas mal, parce que "ce mal" ne mérite pas qu'on en débatte, et surtout pas que l'on vise à l'annihiler (par la péridurale, par exemple).

     

     

    ________________________

     

    (1) Très honnêtement, je peine encore à être dans l'acceptation du sens de la douleur de l'accouchement.  Ce qui, en somme, est pleinement cohérent avec ma vision de la vie. Après de longues réflexions, j'en suis arrivée à la conclusion que la vie des hommes n'a pas de sens.  Elle n'a aucun sens. Ma vie n'a aucun sens.  Pas plus que la vôtre ou que celle de votre voisin-e, que le Président des États-Unis.  A défaut de voir un sens à la vie, puisque nous, êtres humains, sommes bien dérisoires par rapport à l'existence du monde, j'en suis arrivée à la conclusion que le seul sens qui soit acceptable est simplement que notre présence sur Terre est un accident.  Et quitte à être un accident, autant que notre existence sur Terre nous apporte du plaisir et du bonheur.

    Pour en revenir sur le sens de la douleur de l'accouchement, lors de mes deux expériences, déesse que j'ai pesté!  Que les personnes qui défendent l'idée que la nature est bien faite, qu'il convient de lui faire confiance, que le Créateur/la Créatrice, que Dame Nature, l'Univers, etc.  a bien bâti l'homme et la femme...Il n'empêche, pourquoi, si cette force qui a créé la vie est tellement douée, pourquoi a-t-elle fait que cela soit quand même douloureux d'accoucher?  Elle aurait pu aller jusqu'au bout de la physiologie et prévoir un processus plus puissant pour annihiler la douleur, non?

    éphanie Sain

     

     

    (2)Stéphanie Saint-Amand a rédigé une thèse de doctorat sur l'accouchement.  Il y est question de la douleur et des réponses médicales à celle-ci: DÉCONSTRUIRE L’ACCOUCHEMENT : ÉPISTÉMOLOGIE DE LA NAISSANCE, ENTRE EXPÉRIENCE FÉMININE, PHÉNOMÈNE BIOLOGIQUE ET PRAXIS TECHNOMÉDICALE 

     

     

     

     


    votre commentaire
  • Vraiment, si vous ne la connaissez pas encore, je vous invite de la découvrir: Isabelle Padovani!

    https://www.youtube.com/watch?v=qzNUjoyr7mc

    J'aime son humilité. 


    votre commentaire
  • Je viens de tomber sur cette info!  Le prix me paraît dans la lignée des formations de ce genre.

     

    Les Rencontres au coeur du Vivant sont des invitations à découvrir ensemble les chemins d’accès à la Joie simple. Dans ces rencontres, Isabelle partage avec humour et amour les processus concrets permettant de goûter la tendresse infinie de la Vie dans la relation à soi, à l’autre, au monde, par la mise en lumière des obstacles semblant nous empêcher de vivre un quotidien serein.

    Le contenu de ces rencontres n’est pas prédéterminé : il s’élabore en temps réel, au fil des interactions avec les participants, afin de répondre au plus près de leurs aspirations du moment.    Les ingrédients de ce « menu à la carte » unique pour chaque rencontre, sont :
    - partages de conscience
    - méditations guidées
    - exercices pratiques
    - partage des fondamentaux de la Communification
    - Onsei-Do
    - mises en situation
    - questions - réponses...
    l’essentiel se goûtant depuis le silence, au coeur du Vivant...   MODALITES PRATIQUES :
    Horaires : de 10h à 12h et de 14h à 17h

    Tarif :  150 € par week-end

    Inscriptions : inscription en ligne avec paiement par carte de crédit. Si vous n'avez pas de carte de crédit, envoyez un mail à secretariat@communification.eu et nous vous communiquerons l'IBAN du compte sur lequel vous pouvez payer par virement bancaire les arrhes ou la totalité des frais de participation, selon votre choix.   Transports en commun :

    De la gare de Bruxelles Central : train vers Charleroi Sud et descendre à Braine-l'Alleud (20 ') puis de la gare des Bus prendre le Bus Tec n° 36 vers Lasne (également une vingtaine de minutes).

    Google Map : bit.ly/LaTartine_Map

     

    ATTENTION : VEUILLEZ NOTER QUE L'INSCRIPTION SUR WEEZEVENT DEPUIS UN IPAD (OU AUTRES TABLETTES) PEUT NE PAS FONCTIONNER AU MOMENT DU PAIEMENT : si vous vous trouvez dans ce cas, merci de bien vouloir renouveler votre inscription via un ordinateur traditionnel

     

    Modalités d'ANNULATION d'une inscription :

     

    Pour annuler votre inscription, merci d'envoyer un mail à l'adresse annuler@communification.eu en indiquant :

    - la date de l'évènement pour lequel vous souhaitez annuler votre inscription
    - le motif de votre annulation
    - votre IBAN (et code BIC/SWIFT si vous êtes hors France) en vue du remboursement des arrhes selon les modalités décrites ci-après.

     

    Conditions de remboursement des arrhes :

    - annulation plus de 3 mois avant la date du stage : les arrhes et/ou le solde sont intégralement remboursés (moins les frais de gestion qui sont conservés par Weezevent)
    - annulation de 3 à 2 mois avant la date du stage : 75% des arrhes et/ou du solde sont remboursés (moins les frais de gestion qui sont conservés par Weezevent)
    - annulation de 2 à 1 mois avant la date du stage : 50% des arrhes et/ou du solde sont remboursés (moins les frais de gestion qui sont conservés par Weezevent)
    - annulation moins d'1 mois avant la date du stage : pas de remboursement
    Bien évidemment, quelle que soit la date d'annulation, les arrhes et/ou le solde sont intégralement remboursés pour motif médical ou raison grave (décès dans la famille, accident d'un proche, etc) sur production d'un justificatif.
    Les arrhes non remboursées sont reversées au "Fond Solidaire Communification", auquel peuvent faire appel les personnes n'ayant pas les moyens financiers de participer aux activités proposées par Isabelle Padovani.
    Pour en savoir plus sur le "Fonds Solidaire Communification", rendez-vous sur cette page : http://bit.ly/FondsSolidaire


    votre commentaire
  • Suite de mon "compte-rendu de Qui veut jouer avec moi? de Lawrence Cohen", voy. le 1er épisode ici.

    Le livre parait structuré.  Toutefois, à bien à y regarder, les idées se croisent et s’entrecroisent.  Cohen parle partout de la même chose en définitive : de l’intérêt et de l’importance de jouer avec les enfants.

    1. J’aime l’image des réservoirs

    Je trouve très parlantes les images sur les réservoirs, vides, pleins, à moitié vide, à moitié plein, remplis à ras-bord, les réservoirs fissurés jamais remplis (p. 82-84).

    « Remplir sans cesse le réservoir de l’enfant est le fondement des relations cœur à cœur parent/enfant.  Il ne s’agit pas de le remplir une fois pour toujours mais d’y revenir au fil d’innombrables micro-interactions sur une durée qui se compte en années. » (p. 85)

    Nombre d’enfants préfèrent les punitions ou les coups à l’indifférence.  Souvent, d’ailleurs, l’adulte comprend que l’enfant cherche à « faire son intéressant », à attirer son attention.  Il est dès lors paradoxal de ne pas accorder à un-e enfant qui en a besoin, l’attention qu’il/elle souhaite.  Peut-être qu’en obtenant enfin de l’attention, l’enfant n’éprouvera plus le besoin de faire des « bêtises » pour nous faire réagir.  

    « Malheureusement, la réaction la plus courante aux débordements de l’enfant indocile – l’ignorer –ne peut qu’accentuer sa détresse et donc ses comportements parasites motivés par l’impératif de faire le plein [de son réservoir] ».  (p. 83).

    J’avais, à l’époque, partagé ma perplexité devant le conseil d’ignorer mon fils prodigué par l’une de ses jardinières d’enfants à qui nous avions partagé notre impuissance et notre épuisement face au colère de Fiston.

    Cohen propose cette interrogation face au refus d’accorder de l’attention à un enfant qui en réclame : viendrait-il à l’esprit de priver d’eau un-e enfant qui a soif ?  de nourriture un-e enfant qui a faim ? (p. 369)

    Cela me rappelle les propos d’une amie concernant un livre.  Celui-ci disait en gros : donne le pouvoir à  la personne qui le veut, la richesse à celle qui le désire, la santé à qui la réclame, etc.  Bref, Seigneur, exauce les vœux des gens.  Je me souviens avoir été outrée par le « donne le pouvoir à la personne qui le réclame »…En voilà, un sujet de dissertation intéressant… 

    2.  Un-e enfant qui agit mal a autant, si pas plus, besoin de notre réconfort

     C’est peut-être THE enseignement qui fut comme une révélation.  Sans doute l’avais-je déjà lu quelque part.  Probablement.  Mais, ce n’est qu’avec ce livre que cette idée, répétée à maints endroits dans le bouquin, a pris sens pour moi. 

    Suite à une altercation entre deux enfants, ce sont deux êtres qui ont besoin de réconfort.  Naturellement, nous sommes enclin-e-s à réconforter celui / celle qui a eu mal, celui / celle qui est « la victime ».  Cet enfant-là, bien sûr, a besoin d’être reconnu dans sa douleur et dans son droit de ne pas être tapé-e ou agressé-e[1].  Ce que nous oublions souvent, c’est que l’autre enfant, également, a besoin de notre écoute et réconfort.  Lawrence Cohen prétend ne connaître personne qu’une punition a rendu meilleur-e.  Beau sujet de dissertation.  Avec des liens à établir avec les prisons qui criminalisent plus qu’autre chose [2].

    Bien que ce fut sans doute une découverte théorique, force m’est de constater que mon enfant incarne parfaitement ce besoin.  Et cela, je l’avais bien déjà observé.  Lorsqu’il réalise qu’il a fait mal à quelqu’un (souvent sa sœur), il ne peut s’empêcher de pleurer, comme effrayé par son geste et sa capacité à faire mal.  J’ai vite compris que mon fils « fonctionnait » ainsi ; il a autant besoin de réconfort quand il a eu mal que quand il fait mal. Évidemment, quand ma fille pleure à chaudes larmes parce qu’elle a eu mal, et que d’un autre côté, mon fils hurle à la mort parce qu’il a fait mal…forcément, vous imaginez bien vers où se penche plus naturellement mon envie de câlins…Il me faut un effort, une étape cognitive, pour aller à l’encontre de ma propension naturelle à réconforter la personne qui a mal plutôt que celle qui fait mal.  J’imagine sans peine que c’est « normal », « naturel », « instinctif ».

     3.  Pourquoi enseigner à dire « pardon » / « je suis désolé­­­­­­­­‑e » de manière automatique ?

    C’est un gros classique. Les parents aiment à inculquer à leur enfant la politesse.  Notamment le fameux « pardon » ou sa variante, « je suis désolé-e ». 

    Pour ma part, je comprends l’agacement de Lawrence Cohen (j'ai pu l'éprouver par le passé; maintenant, je comprends aussi ce qui peut amener des parents à inculquer cette règle) quant à ces « désolé-e », ces « pardons » prononcés à la va-vite[3].  Je n’ai jamais été convaincue de la pertinence d’exiger de mon enfant qu’il/elle « demande » pardon quand il/elle a fait mal.

    D’abord parce que, tout petit-e, il/elle ne comprend pas la notion de « pardon » à demander.  Ensuite, parce que je peux tout à fait concevoir qu’il/elle ne soit pas assez mature pour réellement désirer s’excuser ou demander pardon.  Enfin, parce qu’arrive un âge où l’enfant, tel que le mien, faisait mal sans remord, sans rougir, puis se contentait de demander « pardon ».  Le pardon semblait pouvoir le dédouaner du mal qu’il faisait ou allait commettre délibérément.  A l’image de ces « nombreux enfants [que Cohen a vu] répéter « je ne l’ai pas fait exprès, c’était un accident, je suis désolé » (p. 375).

    Avec Cohen, je me demande ce qui est pire : de faire mal sans s’en rendre compte, puis de demander pardon parce qu’on n’a pas pris le temps de se demander si son geste allait faire mal ;ou de faire mal en sachant qu’on va faire mal, puis de demander pardon pour excuser son geste ? Est-ce réellement moins pire de systématiquement faire mal parce qu’on n’a pas pris le temps de mesurer si son geste allait blesser quelqu’un ?  [4]

    Bien sûr que pour la personne qui a reçu un coup, le fait de savoir que ce coup n’était pas intentionnel peut avoir (ou pas) de l’importance sur le ressenti du coup. 

    Ceci dit, à force de donner des coups sans le faire exprès,  il peut être bon pour l’enfant de s’interroger sur comment éviter des donner des coups.  Demander pardon ne me paraît pas la solution.  Personnellement, je ne vois pas l’intérêt d’exiger de l’enfant qu’il présente des excuses qu’il/elle ne ressent pas.  Je ne vois pas l’authenticité dans cette communication. 

    Certes, d’autres me rétorqueront qu’il s’agit de politesse ; et que politesse ne rime pas toujours avec sincérité.  Ok.  Alors, limitons les relations de politesse aux strictes relations superficielles qui ne méritent pas de réelle mise en contact entre personnes.  Pour ma part, avec mon enfant, je préfère m’entendre et expliquer mon choix auprès de l’adulte qui accompagne l’enfant blessé que de contraindre mon enfant à faire quelque chose auquel je ne crois pas.  Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire.

    Dans le même ordre d'idée, je suis retombée dernièrement sur le "Il faut partager", billet écrit il y a 4 ans et toujours pertinent.

    4.  Le drame du biscuit brisé

     Il me semble que c’est ainsi que Catherine Dumonteil-Kremer appelle la crise de larme qui surgit pour un fait tout à fait anodin.  Ce petit fait anodin, certes, n’est pas la cause de la crise de larmes, il en est le prétexte.  Ceci induit des malentendus entre les parents et l’enfant. 

    « ‘’ Tu ne t’es pas vraiment fait mal’’ protestent-ils.  Certes, le petit réagit de manière outrée à une écorchure ou un choc anodin : mais c’est là tout l’intérêt !  Il y voit l’occasion d’exprimer des émotions refoulées, alors qu’il se sent proche de ses parents, en sécurité, grâce à un fou rire partagé ».  (p. 152)

    « Dans la même situation, d’autres parents réagissent excessivement et mettent fin au jeu.  ‘’Ça suffit !  Je t’avais bien dit que tu finirais par te faire mal !’’  Mais si l’enfant prend le prétexte d’une blessure sans gravité pour libérer ses émotions, le jeu ne présente toutefois aucun danger ; il n’y a donc pas de raison d’y renoncer.  Souvent, il suffit de marquer une pause, le temps d’écouter ce que l’enfant souhaite communiquer, avant de reprendre le jeu – d’autant plus amusant que l’enfant s’est enfin libéré du fardeau de ces douloureuses émotions » (p. 152)

     « La plupart d’entre nous dépensent une énergie mentale considérable à contenir leurs émotions et à inciter leurs enfants à en faire autant.  Le hic, c’est que les émotions ont une irrésistible tendance à s’exprimer en dépit de nos tentatives de les brider.  Il en résulte inévitablement un bras de fer, une lutte intérieure entre leur expression et leur enfouissement.  A trop les contenir, nous finissons par exploser ; ou alors à souffrir de la tension qui s’accumule en nous – et qui se traduit par du stress, de l’anxiété, de la violence ou de la dépression.  Quand les émotions se manifestent tout à coup au grand jour, on pourrait croire que le problème est qu’elles s’expriment trop, alors qu’en réalité, elles ne s’étaient pas assez exprimées ; raison pour laquelle l’explosion s’est produite. » (p. 329)

     

    5.  Les anniversaires et les exclusions

     « Si vous voulez que votre enfant soit ami avec quelqu’un, vous invitez sa famille au grand complet. »
    (p. 287).  C’est ce que nous faisons à la maison.
      happy

     Par rapport au choix des ami-e-s à inviter lors d’une fête (d’anniversaire, par exemple), Cohen estime qu’il revient aux parents de dresser la liste des invité-e-s.  En effet,

    « nombre de petits ont tendance à se montrer cruels sans le vouloir, en excluant publiquement certains de leurs camarades, sans se soucier des conséquences émotionnelles et des profondes blessures que cela peut occasionner.  La liste des invités à un goûter d’anniversaire n’est pas une occasion de donner le pouvoir à l’enfant : le moment de le guider surtout quand est un jeu l’exclusion d’un enfant d’un autre type ethnique ou d’une autre classe sociale, le bouc émissaire ou l’intouchable » (p. 287)

    Évidemment, ce genre de propos m’ont énormément touchée, moi qui ai énormément souffert d’exlusion sociale durant ma scolarité.  Je n’ai pas l’impression que mon fils (ou ma fille) ait déjà rencontré une situation d’exclusion (en tant que sujet ou en tant que témoin).  Je pense que, même sans le livre de Cohen, du fait de mon histoire personnelle, j’aurais été très attentive à ce genre de phénomène.  Je me connais une tendance à me diriger naturellement vers la personne, surtout l’enfant, la plus à l’écart, la plus en retrait ; celle que les autres ont tendance à ignorer ou rejeter.  

    La suite du compte-rendu dans un autre billet: Épisode 3: laisser l'enfant gagner  - encourager l'expression des émotions - l'humilité de l'adulte qui se trompe - le "non" qui contient



    [1] "N'oublions pas de réconforter tout autant celui qui a reçu des coups que celui qui en a donné.  Ce dernier aussi a besoin d'un peu de notre attention et pas sous la forme d'une punition" (p. 413)

    [2] Voy. http://strasbourgobservers.com/2012/09/10/eppur-e-lultima-ratio-le-murmure-galileen-de-francoise-tulkens/

     
    [3] « Rien ne m’agace plus que les excuses pas sincères pour deux sous des enfants qui veulent juste que papa et maman leur fiche la paix.  Malgré tout, je vois sans cesse des parents tomber dans le panneau de demander ce type d’excuse » (p. 412)
     
    [4] « Qu’est-ce qui est pire ?  Faire quelque chose exprès, s’en vouloir et présenter des excuses ou agir par mégarde et s’en ficher ? » (p. 375)  

    votre commentaire
  • Je viens de terminer ces 4 couronnes pour le jardin d'enfants de ma fille.  Elles sont rembourrées avec de la laine du Chant des Cailles/Bercail! 

    10 mars '15 - La lune, le soleil et les étoiles pour les anniversaires à EOS

    10 mars '15 - La lune, le soleil et les étoiles pour les anniversaires à EOS

    10 mars '15 - La lune, le soleil et les étoiles pour les anniversaires à EOS

    10 mars '15 - La lune, le soleil et les étoiles pour les anniversaires à EOS

    10 mars '15 - La lune, le soleil et les étoiles pour les anniversaires à EOS

    10 mars '15 - La lune, le soleil et les étoiles pour les anniversaires à EOS

     

     


    votre commentaire
  • Corine Sombrun est une auteure/autrice que j'aime beaucoup.  J'ai lu toute sa série sur son expérience de chamane (apprentissage et son retour à Paris).  Elle était l'invitée de Musiq3 mercredi dernier.  Vous pouvez l'écouter ici.

    J'aurais aimé l'entendre lorsqu'elle est passé à Woluwé via Tetra mais le prix m'a retenue.  Elle était à Liège la semaine dernière.  Et je l'ai manquée de la Foire du livre vendredi.  Je n'ai eu l'info qu'à 22h le jour-même. 


    votre commentaire
  • Il y a quelques jours, j'ai vu passer une info sur des photos de femmes du monde entier, censées démontrer comme les beautés sont diverses et multiples (ici sur fb). 

    Personnellement, je ne vois pas en quoi, on peut dire que ce sont des beautés différentes. Les photos que j'ai pu voir affichaient des jeunes femmes, minces, avec un petit nez, elles ont toutes des cheveux longs (pour l'une d'elles, on ne sait pas, elle porte un foulard)...

    Cela me fait penser à Jean-François AMADIEU qui dit dans Le poids des apparences. Beauté, amour et gloire (je vous le recommande, version poche sortie en 2002, chez Odile Jacob):

    "Certes, il n'existe pas de standard universel du beau. [...]
    Néanmoins, en dépit des différences nationales, des variations dans le temps et des explications qu'on en donne, tout le monde s'accorde au moins sur un point: certains standards de beauté transcendent désormais les frontières géographiques, les cultures, les milieux sociaux et les sexes. Le modèle occidental s'est en effet imposé jusqu'en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. S'imposent ses normes esthétiques, via la publicité, la télévision, le cinéma ou la presse" (p. 20)

    Haaaa, les effets de la pub! Selon l'auteur, on peut parler d'une mondialisation des apparences et des canons de beauté.

    Certaines pourraient penser qu'il est superficiel de se pencher sur ce genre de considérations.  Pourtant:

    "La définition de la beauté est en grande partie une construction sociale.  Cette construction aboutit à une opération de classement tout à fait arbitraire des individus.  Et le consensus qui existe sur la beauté et la laideur renforce, à son tour, nos normes sociales en accordant tout aux uns et en refusant le minimum aux autres, comme si des qualités ou des défauts s'attachaient réellement aux apparences.  Convaincus que "ce qui est bon est beau", selon la formule de Sappho, nous refusons presque tout aux laids." (p. 37)

    Ne dit-on pas indistinctement: bonne journée / belle journée ?

    [Héhé, depuis que j'ai lu Amadieu, il y a maintenant 10 ans, j'évite le "belle journée" pour privilégier la formule: "bonne journée"...]

    ***

    Post-scriptum sur la haine des gros-ses, quelques articles intéressants

    Etre mince ne m'a pas rendue heureuse. Les rondeurs si.

    Why people hate Tess Munster (and other fat people)

    La société déteste-t-elle les personnes obèses?

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire