• [2012-01-29] Françoise Dolto, Les chemins de l'éducation (articles et conférence)

    Dans [2012-01-12] Heureuse année 2012...!, je parle de ce livre de Françoise Dolto:


    Comme j'ai envie de mettre en exergue les sujets abordés dans mon article en question, et que je m'étais engagée à proposer certaines pages scannées de ce bouquin, j'ai décidé de consacré un article spécifique à ce livre, lequel reprend littéralement l'article déjà rédigé plus les pages scannées.

    Les chemins de l’éducationcollecte articles et textes de conférence de Françoise Dolto.  J’ai beau porter un regard critique vis-à-vis de la psychanalyse, la lecture de certains extraits de Dolto m’irrite au plus haut point (l’enfant ne doit pas dormir avec ses parents, en particulier avec sa mère, au risque de se perdre en elle. Pfff), il en est d’autres où je jubile littéralement.  Illustration.  ( Guérir du mensonge 1/2 ; Commeng guérir du mensonge 2/2)

    « J’écrivais la semaine dernière que de même manière qu’il y a des manières d’exiger l’obéissance qui déterminent l’enfant à devenir désobéissant, il y a des façons d’exiger la vérité qui poussent l’enfant à devenir menteur. 

    Quand l’enfant sait parler suffisamment pour se faire comprendre et sait que telle bêtise entraînera telle réaction punitive ou grondeuse de l’adulte, il peut commencer à mentir.  Les réactions de l’adulte aux premiers mensonges en actes et en paroles des tout-petits sont très importantes. 

    Il vaut mieux prévenir que guérir.  Vers seize mois, deux ans, un enfant qui a renversé un vase ou provoqué un accident, s’il est en confiance avec l’adulte qui s’occupe de lui, l’appellera ou viendra l’entraîner en lui montrant le désastre.

    Si l’adulte commence à se fâcher très fortement et à frapper l’enfant, celui-ci associera, au bout de deux ou trois expériences de ce genre, le fait d’avouer au fait d’être puni.  Il se cachera après avoir fait une maladresse.  Plus tard, si on le gronde d’une bêtise, il dira : « Ce n’est pas moi » pour se défendre des suites désagréables.  Elles en seront peut-être pires, mais ce réflexe du mensonge établi, qui équivaut à un manque de confiance en l’adulte, sera fixé »[1]

    S’ensuit la description d’une scène (un enfant de 4 ans coupe dans les rideaux du salon) et des différentes attitudes possibles de la part de la maman. 

    « Il ne faut pas punir l’enfant pour son initiative, mais seulement pour la mauvaise application de son envie.  Ainsi, dans l’exemple du rideau coupé, il eût été très mauvais que la maman dise : « Je te défends de te servir des ciseaux.  Tu es trop petit ».  Ce n’est plus vrai.  Il a envie de s’en servir, et il a pu le faire sans se blesser, il faut donc lui enseigner de s’en servir utilement. Et cet incident doit faire naître des jeux de découpage, au lieu d’une nouvelle interdiction de se servir des ciseaux qui entraînera, tôt ou tard, une nouvelle désobéissance agressive. »

     Ce texte est suivi d’un article intitulé « Les punitions » (Les punitions 1/4; Les punitions 2/4Les punitions 3/4; Les punitions 4/4) [Désolée pour la mise en page; eklablog ne veut pas enregistrer une image tournée]

      L’introduction mérite d’être connue :

    « Les ‘’punitions’’ : ce terme devrait être banni du langage de l’éducation, il devrait être remplacé par celui de ‘’réparation’’ ou ‘’annulation’’ de la faute et correction de comportement ‘’.

    Dans le langage courant, il s’y mêle l’idée d’un comportement de l’éducateur que nous devons exclure de notre conception.  Je garderai le mot cependant, mais en expliquant bien ce que devrait être une ‘’punition’’ pour entrer dans le cadre de l’éducation, et ce qu’elle ne doit jamais être ». 

     Je trouve cet article tellement important que, au diable les droits d’auteur.  Je vous en proposerai une version scannée sous peu, le temps de scanner les quelques pages (l’article n’est pas long).  Elles sont très instructives.  Isabelle Filliozat (et d’autres) n’a rien inventé à ce niveau-là.  En 1946, Dolto appelait déjà à respecter la liberté intérieure de l’enfant, « dans un cadre où chacun de ceux qui l’entourent a droit aussi à son sentiment de liberté ».   Certes, tout ne me plaît pas, comme cette proposition de taper la main qui a fait la bêtise (main à séparer, en quelque sorte, du corps, de la personne de l’enfant) mais excepté ce point, j’applaudis les propos de Dolto.

    « Pensez toujours que l’enfant doit être laissé libre.  S’il a trouvé en toute connaissance de cause que le risque valait le plaisir, c’est son droit.  Ne cherchez pas à ‘’mater’’ un enfant pour des choses inutiles.  Si ce qu’il fait lui réussit et n’est pas nuisible aux autres et que vos interdictions ne l’entravent pas, c’est lui qui a raison.  Il est en âge de surmonter les risques que vous craignez pour lui.  Décidez avec lui, au lieu de punir, que l’interdiction temporaire est dorénavant levée, mais exhortez-le à la prudence et à la réflexion ». 

    La psychanalyste énumère quelques procédés néfastes et pourtant courants à proscrire absolument (dixit Dolto). Parmi ceux-ci, « dans le petit âge : le ‘’raisonnement’’ de l’enfant, la ‘’mise au coin’’. »

    Ce point est venu rencontrer une réflexion avancée par Ellen lors d’une entrevue de « bilan » sur les premiers mois de Petit Prince en crèche.  Elle avait ainsi précisé que les petits enfants ne réagissaient pas comme nous par la pensée.  Si je résume, et si j’ai bien compris ce qu’Ellen disait…Les enfants n’analysent pas une situation par la pensée.  Avant la parole, et même avant l’émotion, ils sont par le mouvement.  Cela me rappelle la vidéo de Filliozat (Parent : savoir reconnaître les caprices de son enfant !)[2].  Face à un événement, leur compréhension va d’abord passer par le mouvement avant de s’arrêter éventuellement, de se laisser envahir par une émotion, le temps de la réflexion et du verbal ne venant qu’après. 

    A ce stade, j’ai ressenti le besoin de réfléchir à une discussion que j’ai eue, ces vacances-ci, avec une maman passiflorienne, qui « reprochait » à son mari de « trop parler » à son enfant.  Cette mère considérait que l’enfant n’a pas les capacités mentales pour comprendre ce qui était dit et que le flot de paroles lui était imposé : on le forçait à gérer des informations qu’il n’était pas capable de comprendre.

    J’ai pris la défense du papa (je parcourais de temps à autre un article de Dolto et étais donc fraîchement imprégnée de ses idées) en expliquant que son attitude était sûrement due au fait qu’en France/Belgique, nous étions fort influencés par Dolto qui avait eu la bonne idée de proclamer haut et fort que l’on pouvait parler à son enfant, qu’il comprenait.

    Et c’est vrai, depuis cette réflexion de cette maman, j’ai ressenti avec encore plus d’acuité, l’importance  la prédominance/le monopole du verbal sur l’émotionnel ou le toucher.  Et cette prise de conscience a suscité, chez moi, un besoin de prendre distance et de critiquer (critiquer dans le sens de remettre en cause, de questionner, de peser le pour et le contre, de procéder à un examen, une évaluation, une analyse de) mon axiome : la parole est essentielle/primordiale avec son enfant.

    Enfin, en prévision de mon article suivant sur l'obéissance, un autre article de Dolto à ce sujet: "Comment former la conscience de nos enfants?" comment former la conscience de nos enfants 1/2 ; Comment former la conscience de nos enfants 2/2


     

    [1] Françoise Dolto, « Comment guérir du mensonge », Femmes françaises, 1er et 9 mars 1946, repris dans Les chemins de l’éducation, Gallimard, 1994, pp. 129-131.

    [2] Dans un autre article du livre, Dolto dit, comme le dit Filliozat dans la vidéo, que les « caprices » sont des messages, des signes que les parents ne comprennent pas. 

    « [2012-01-27] Conférence d'André Stern, analphabète car jamais scolarisé?[2012-02-03] Daniel MARCELLI, Il est permis d'obéir. L'obéissance n'est pas une soumission [2011] »

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