• Les joies de la grossesse et du maternage

  • Olala, sorry pour mon absence...Plus le temps passe, plus il me devient difficile de revenir ici comme si de rien n'était.  Pour l'heure, je me suis connectée car je suis tombée sur une super interview.  Je tenais absolument à la partager.  Durant ces longs mois, je suis souvent tombée sur des informations dignes d'être partagées mais cette interview remporte la palme. Je ne voudrais pas qu'elle passe inaperçue et surtout, je souhaite en garder une trace quelque part.

     

     

    Pour les Françaises, voici une liste de soignant-es de la vie intime féminine féministes, du moins non sexistes, non homophobe, non transphobe, etc.:  https://gynandco.wordpress.com/

     

     

     

     


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  • Accoucher sans donner la vie

    Récit qui s’adresse surtout à
    celles qui ont vécu
    ou qui sont en train de vivre un tel événement…
    je livre des détails volontairement.

    Les enfants sont chez ma belle-mère depuis dimanche jusque mercredi.  Ce sont les vacances de Toussaint. Il est hors de question de leur apprendre la nouvelle par téléphone.  Il est hors de question de ne pas être à leur côté quand il et elle sauront.  Alors, nous faisons un truc que nous ne faisons jamais : nous mentons.  Nous mentons à ma belle-mère et nous mentons à nos enfants.  Nous disons que la consultation a été reportée. Il et elle reviennent le mercredi.  Je souhaite que nos enfants soient les 1ers à être informé-es dans la famille.

    Le soir même de ma consultation avec ma généraliste-acupunctrice, soit le lendemain de l’échographie, le facteur psychologique fait sa part.  Je commence à saigner. 

    La veille, ma sf, m’avait dit que si je saignais en continu, je devais aller à l’hôpital.  Elle m’avertit que le risque d’hémorragie augmente à l’approche de la fin du 1er trimestre.  J’y suis presque.  De son côté, ma doctoresse m’a expliqué qu’au contraire, ce serait normal de saigner en continu, comme des règles…

    Bon, voilà.  Je sais que les règles, ce ne sont pas des saignements en continu.  Ca vient par moment.  Mais quand même le sang a l’air continu.

    Je prends un bain et là, je constate qu’effectivement, le sang ne coule pas en continu mais épisodiquement.  Le sang coule régulièrement mais pas en continu.  Comme des règles en fait. 

    Le sang, m’avait prévenue ma généraliste, va d’abord venir en petite quantité, puis en grosse quantité avec des caillots de sang, puis le flot va s’atténuer.  Cela devrait durer 2-3 jours.  « Et vous ne verrez sans doute pas le bébé car il sera entouré de sang.  C’est comme des règles.  Ce sont des règles.  Avec des douleurs de règles. »

    De son côté, ma sf a plutôt comparé la fc à un mini-accouchement avec des douleurs dues à des contractions pour expulser le bébé et le placenta.

    Depuis la sortie de chez le radiologue, j’ai effectivement mal au bide.  Et à y regarder de plus près, oui, cela ressemble de plus en plus mes douleurs de règles.

    Donc, depuis lundi, j’ai par moment une douleur légère, parfois plus accentuée, au ventre.  Je ne m’inquiète pas. 

    Le sang se fait plus abondant au fur et à mesure des journées qui défilent.  J’envoie mon homme à la pharmacie acheter des serviettes (pour éviter les files en grandes surfaces) ; il revient avec des serviettes professionnelles pour l’incontinence du 3ème âge.  C’est parfait !  C’est qu’à la maison, excepté ma coupe menstruelle et des serviettes lavables, je suis démunie. A ma sœur qui m’avait demandé si j’avais des serviettes, j’avais répondu que ce n’était pas nécessaire, ma sf ayant dit qu’il ne fallait pas que cela coule en continu.  Depuis cette réponse, j’avais vu mon médecin et révisé mon opinion.

    Mercredi, nous reprenons les enfants de chez leur grand-mère paternelle mais ne leur disons rien. Elle et il passent l’après-midi chez mes parents ; ce qui vaut cette observation de Fiston : « aujourd’hui, on a été chez mes deux mamys-papys, mamy et papy de papa et mamy et papy de maman ».  Pensée pour le papy biologique qui vaque à des aventures dans un pays lointain. 

    Le soir, lorsque nous arrivons chez mes parents pour le diner, nous les invitons à monter dans une des chambres à l’étage.  Mes enfants m’interrogent : « qu’est-ce qui se passe ?  Que veux-tu nous dire ?  Cela concerne le bébé ? »  Puis mon fils déclare, d’un ton assuré : « moi, je sais ce que tu vas nous dire, maman.  Tu vas nous dire si c’est un garçon ou une fille ! »  « C’est ça, maman ?  Tu vas nous dire si c’est un garçon ou une fille ? »

    Nous / moi: les enfants, vous vous rappelez de ce que j’ai dit, que c’était mieux de garder le secret, que beaucoup de bébés partent quand ils sont tout petits dans le ventre de leur maman ?  Eh bien, on a appris que notre bébé était mort.

    Mon homme m’avait prévenu que nous serions surpris-es par les réactions de nos enfants.  Notre fille n’a manifesté aucune surprise, aucune tristesse non plus.  Elle a tout de suite détourné l’attention.  Elle a vu un transat et a demandé : « le bébé va aller là-dedans ? »

    Mon homme : « non, le bébé de maintenant ne va pas aller dans le transat mais oui, bientôt, il y aura un bébé qui ira dans ce transat ».

    Fiston a exprimé de la tristesse mais aussi de la colère et le refus de la nouvelle.

    Lui : Mais, comment vous le savez ? 

    Nous : On a vu le médecin lundi et on a fait l’échographie, tu sais, cette sorte de photo, et le médecin a vu que le bébé était mort.

    Lui : Mais comment vous avez vu le médecin ?  Il avait reporté la consultation parce qu’il était malade.

    Nous : Non, en fait, il n’avait pas reporté la consultation, on a dit ça à mamy parce qu’on ne voulait pas vous annoncer la nouvelle par téléphone.

    Lui : Non !

    Moi : Tu aurais voulu qu’on te dise la vérité par téléphone, quand tu étais chez mamy ?

    Lui : Non !  Je veux que le bébé ne soit pas mort.

    Nous : Ce n’est pas possible mais on va réessayer.

    Lui : alors, vous réessayez ce soir, maintenant !  Je veux qu’il y ait un nouveau bébé maintenant !

    Moi : Ce n’est pas possible chéri, il faut d’abord que ce bébé sorte. Il n’est pas encore sorti.

    Ce fut un moment difficile.  Avec une petite fille insouciante, qui se sentait peu concernée et un grand garçon inquiet et fâché et triste et en même temps, pas très sûr de ce qu’il devait ressentir (devait dans le sens de ce qui lui semblait approprié; la tristesse lui semblait l'émotion la plus appropriée et donc, il l'a exprimée; mais était-ce parce qu'il la ressentais réellement?) et de ce qu’il ressentait vraiment.

    Quant à ma fille, je fus surprise de sa désinvolture car ce fut elle qui semblait la plus marquée et la plus fière de la naissance du futur bébé.  J'ai même douté de sa compréhension. Mais le lendemain, elle a constaté à table qu'il y avait 4 assiettes car a-t-elle dit: "on est quatre maintenant; comme avant".  Elle faisait référence aux dernières semaines où elle et son frère considéraient que la famille comptait 5 membres.  Je n'ai pas entendu ma fille directement car j'étais au lit à ce moment-là.  Ce sont des propos rapportés par mon homme.

    A vrai dire, jeudi, je le passe majoritairement dans mon canapé, les yeux hagards, à regarder dans le vide, le cerveau éteint.  Vendredi, je comprends pourquoi mon médecin m’a conseillé de beaucoup marcher.  En fait, la position debout permet une meilleure évacuation.  Du moins, dans mon cas, j’ai l’impression que les saignements stagnent quand je suis assise, et surtout couchée. Je renoue donc avec une activité délaissée depuis des années : le repassage.  J’avais ce projet depuis des mois, de me remettre au repassage, ma fc m’a amenée à concrétiser ce projet.  Je sonne aussi à une copine dont je sais qu’elle a fait une fc.  Elle me donne sa version de la fc.  Lui parler me rassure, elle m’invite vraiment à tout faire pour éviter l’hôpital.  Cet échange avec une femme ayant vécu la même chose que moi me réconforte. J’ose enfin lire un témoignage d’une fc (récit de Panda VG)

    Vendredi soir, nous sommes tous les 4 à la maison, ma fille écroulée de fatigue au lit, et nous 3 au salon.  Je suis en train de dessiner assise sur le pupitre à côté de mon garçon.  C’est un moment calme, serein et joyeux.  Mon fils est content que je lui consacre enfin du temps, que je sois à ses côtés tout simplement.  Depuis la nouvelle de la perte de notre bébé, il me réclame souvent et manifeste très puissamment son attachement à mon égard.  Je dessine. Il dessine.  A un moment, je sens un caillot de sang important.  Je suis curieuse mais le moment est magique, je veux en profiter au maximum et être à côté de mon garçon.  Mon homme est dans le canapé à lire tranquillement…

    Puis, nous entamons à 3 une partie du jeu Hôtel (version allemande trouvée en brocante achetée à 3 sous).  Les garçons adorent.  Fiston apprend à calculer mine de rien, et se familiarise avec les centaines et les milliers.  En jouant.  Je me prête au jeu.  Mon fils ratatine son père puis à mon tour d’être complètement spoliée par fiston.  Celui-ci jubile de bonheur.  De nous avoir tous les 2 rien que pour lui.  Que nous jouions avec lui.  Et qu’il soit le grand vainqueur. Il est heureux !  Il irradie de bonheur  Et c’est tellement gai de le voir ainsi.

    C’est après ce moment festif que je découvre le petit être et son enveloppe.  Je le distingue très clairement.  Il est blanc.  Le reste est rouge.  Ce n’est pas du sang.  Je suis émue.  Je suis toute déboussolée. Il est là !  Il est donc là, ce petit être que je désirais tant et qui a décidé de s’éteindre avant de me rencontrer, avant de nous rencontrer.  Je ne sais pas quoi faire de lui.  Il est là, dans le petit papier sur la machine à laver. Je demande à mon homme s’il est possible de l’enterrer dans le jardin.  « Oui, bien sûr ». Un peu plus tard, quand les enfants sont enfin au lit et que nous sommes nous-mêmes couché-es, nous discutons.  Le lendemain, j’ai une mini-formation « qui [me] fera du bien pour [me] changer les idées ».  Mon chéri sera seul avec les 2 zigotos. Il ira aux Pépinières de Boitsfort à quelques mètres de la maison, choisira un myrtillier et nous le planterons sur le petit bébé. 

    Le lendemain, soit le samedi  7 novembre, les enfants s’appliquent et dessinent des hommages pour notre bébé.  Je me rends à ma mini-formation.  Et quand je rentre, mon homme me tend 3 feuilles de notre lilas pour envelopper ce petit être. 

    Ce petit bébé repose dans 3 petites feuilles de lilas de notre jardin ficelées avec de la laine des moutons du Chant des Cailles.  Il est accompagné de compost fait maison par mon grand chéri.  Le bébé nourrit un myrtillier que ce dernier a choisi et est orné par une croix construite par mon grand et des dessins de celui-ci, ainsi qu'une lettre que ce dernier adresse à son petit frère ou sa petite sœur.  Le myrtillier a été arrosé par ma fille. Un vrai travail familial.  

    22 novembre '15 - Journal d'un désir d'enfant 8 - Accoucher sans donner la vie

     

    Ce bébé était désiré de longue date; en cela, peu importe les termes médicaux qui aiment objectiver les choses (embryon, foetus, oeuf blanc, etc.), ce bébé était notre bébé et il fut choyé jusqu'au bout.

     

    La petite cérémonie s'est faite dans la légèreté qui caractérise si bien ma fille et dans la solennité propre à notre fils.  Le petit voisin, qui appelait les enfants s'est vu répondre en chœur par les enfants, criant du coup pour tout le voisinage: "on est occupé.  On n'a pas le temps. On enterre le bébé".  Pour la discrétion et le recueillement, les enfants ne sont pas ce qu'il y a de plus fiables.  En revanche, pour nous rappeler que la vie est là, qu'elle demande notre présence au quotidien et que les joies ne demandent qu'à être cueillies, on peut compter sur nos enfants.

    22 novembre '15 - Journal d'un désir d'enfant 8 - Accoucher sans donner la vie

    22 novembre '15 - Journal d'un désir d'enfant 8 - Accoucher sans donner la vie

    22 novembre '15 - Journal d'un désir d'enfant 8 - Accoucher sans donner la vie

     Lettre de fiston au son frère ou sa soeur (orthographe phonétique de son cru):
    [d'abord l'alphabet] Cher bébé, j'espère que tu t'amuses bien avec le bébé de Maira
     

    La vie a ensuite repris son cours.  Je suis retournée au travail, les enfants à l’école ; et mon homme a ensuite repris également le chemin du travail après un congé maladie suite à un traitement à la cortisone et aux antibiotiques.

     

    M., et Josiane Laurent disent que nous pouvons réessayer quand nous le désirons.  Ma généraliste a conseillé d’attendre un cycle, le radiologue qui a fait l’échographie disait 2 mois…La médecine est loin d’être une science exacte, n’est-ce pas ?  Chaque personne, chaque couple, chaque famille sa sensibilité…

    22 novembre '15 - Journal d'un désir d'enfant 8 - Accoucher sans donner la vie

    dessin spontané de fiston du 20 novembre 2015


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  • 12 novembre 2015 -Porter la vie qui n’en est pas ou plus une

    Depuis la fin de mes nausées, les doutes m’assaillent.  Les idées morbides qui m’ont minée durant mes nausées se muent en pensée de fausses couches.  Tant de femmes ont traversé cette épreuve, pourquoi y échapperais-je ?

    Je doute de plus en plus de ce bébé.  Lors d’une consultation, la date de terme se précise : le 25 mai. Mes tripes et mon cœur se serrent.  Oui, j’ai voulu un accouchement comme celui que j’avais eu avec ma fille, mais non, je ne veux pas de remake.  Le 25 mai, c’est quasiment la date d’anniversaire de ma fille.  D’ailleurs, quand j’annoncerai cette date à la famille, mon fils rétorquera tout de suite : « cela ne va pas ; c’est presque la même date d’anniversaire que A.  Comment on va négocier ? ».
     
    Cette question de notre fils nous a fait rire…

    A quoi on s’attarde, hein ?

    N’empêche, cela n’allait pas, c’était trop…trop pareil.

    Puis, alors que la doctoresse me soumettait à une séance d’acupuncture, alors que je versais des larmes d’impuissance face à mes nausées qui m’avaient complètement envahie, j’ai prié pour que ces nausées cessent mais, précisai-je « pas ma grossesse.  Et oui, je souhaite un enfant en bonne santé. Pas de handicap.  Nous ne pourrions pas, nous ne saurions pas faire face, nous sommes tellement épuisé-es.  Un enfant en bonne santé, svp».

    Et pendant que je restais étendue sur la table, je m’inquiétais de 2 aiguilles d’acupuncture qui me faisaient mal, celle qui était juste sous ma poitrine m’inquiétait le plus…Et j’avais mal au ventre…Et si cela faisait mal à mon bébé…Et si cela provoquait une fausse couche ?

    Et depuis cette séance d’acupuncture, je pensais et craignais la fausse couche…

    Je me souviens de cette conversation le soir même avec une copine, elle-même enceinte, à qui je confiais mes idées morbides, et ma peur de la fausse couche.  « Tout le monde redoute la fausse couche » me répondit-elle ; ce qui ne me rassura qu’à moitié. 

    D’autant plus que les nausées se sont presque arrêtées du jour au lendemain…dès le lendemain de la séance d'acupuncture, je m'étais sentie mieux.

    Lundi, j’écrivais à la généraliste pour dire que les quelques moments de mini-nausées me rassuraient…j’avais peur de la fausse couche.

    Tout allait mieux.  On voyait enfin le bout du tunnel : moi, je retournais au travail, les enfants à l’école. Il ne restait que mon homme…

    Puis, vint le 2 novembre, jour de l’échographie.

    La veille, j’exprime mes peurs à un ami en visite à la maison.  Je lui confie avoir eu des idées morbides et avoir peur de cette échographie, alors que je n’ai jamais eu peur d’aucune échographie…

    Je me souviens de mon anxiété qui accroissait à mesure que le rv approchait.

    Puis, cette question de l’échographiste, les yeux rivés sur l’écran:  « Tiens, vous êtes à combien de semaines, dites-vous ? »

    -        11 SA je crois.  mais je n’avais pas noté les dates de mon cycle, donc, c’est sur base d’une présomption.

    -        D’après le papier ici, c’est 12 SA.  Mais ce n’est possible.  C’est moins que cela vu la taille du bébé…

    [silence]

    -        Mais, je ne perçois pas de cœur.  Je vais devoir faire une échographie par en-dessous. »

    Et là, le stress est total.  Je serre la main de mon chéri…la vie est ralentie.

    Et le verdict tombe : « non, je ne perçois pas de battement cardiaque.  Je suis désolé. » « Le bébé a cessé d’évoluer vers 8 semaines »

    La nouvelle tombe. Un monde s’effondre.  Un projet, des espoirs, un avenir sont anéantis en une seule phrase.

     ***

    La réalité devient irréelle.  C’est tout.  C’est comme ça ?  J’avais un bébé dans mon ventre. On fait une photo. Puis, la vérité tombe, je n’aurai pas de bébé ?

    Ce fut un choc terrible.  Mon homme demanda plusieurs fois si c’était certain.

    La consultation est rapidement expédiée.  Le médecin aura fait preuve de compassion, certes mais que la salle me semble froide, sans fenêtre, sans bureau, si petite, que la consultation qui n’a plus de raison de durer est alors vite expédiée, nous sommes congédié-es et prié-es d’attendre dans la salle d’attente, une femme enceinte sort des toilettes avec un ventre joliment rond.  Cela semble si inapproprié de pleurer. La secrétaire nous demande de payer…la réalité semble irréelle.

    Nous sommes abasourdi-es.  Sous le choc.  Dans la voiture, les larmes montent.  Chez l’une comme chez l’autre…

    « On a été heureux.  Ce bébé nous a rendus heureux.  Je me souviens comme j’ai été heureux quand tu m’as annoncé que tu étais enceinte !   »

    De retour à la maison, j’appelle M., notre sf (Aline ayant cessé ses activités de sf). Je semble calme et peu atteinte mais au moment de laisser un message sur le répondeur de M., j’éclate en sanglot, comme si le fait de prononcer les mots rendait la réalité réelle...  Nous décidons de nous promener dans les bois.  Juste avant de partir, M.  me rappelle et m’explique ce qui va se passer.  J’explique que j’irai sans doute travailler le lendemain.  M. est interloquée.  « Mais pourquoi ? »

    Ce bébé est resté dans mon ventre durant 3 semaines sans le moindre signe.  Certes, la semaine précédente, j’avais eu quelques pertes de sang, mais elles étaient dues à des irritations superficielles dans le vagin….  J’apprends que souvent, l’annonce de la nouvelle provoque un facteur psychologique qui déclenche le processus d’expulsion du bébé.  Dès mon retour à la maison, je sens que j’ai mal au ventre…M. me conseille de ne pas aller travailler afin de ne pas « faire comme si de rien était ».  Maintenant, il faut que le bébé sorte.  A nous de décider de ce que l’on veut.  Mon homme a peur, il a peur de ne pas savoir quoi faire le moment venu, il préférerait que je sois prise en charge par l’hôpital (ça, c’est son souhait spontané).  Moi, je ne veux pas aller à l’hôpital.  « Je n’ai pas accouché à l’hôpital, je ne vais pas y aller pour une fausse couche (fc) non plus » me dis-je.

    M. semble de ne trop savoir comment cela se passe comme si elle n’avait jamais été confrontée à une fc : combien de temps puis-je laisser faire mon corps ?      « Je ne sais pas, je dois vérifier. Si tu continues à saigner, si tu saignes non stop, tu vas à l’hôpital.  Ne te mets pas en danger, Den.  Si tu te sens patraque, tu vas à l’hôpital, et ce n’est pas toi qui conduis. Tu vas avoir des petites contractions.  C’est un mini-accouchement, Den.  Ménage-toi.  »

    Le lendemain, mon homme a rv chez la généraliste-acupunctrice.  Nous nous y rendons à 2.  Et nous racontons l’échographie de la veille.  A son tour, elle explique ce qui devrait se passer.  Elle semble surprise.  C’est que ma sf ne m’a pas rencontrée.  Elle m’a laissée en plan en fait (juste des explications au téléphone).  Je n’ai pas de gynécologue.  Elle réalise que c’est donc d’elle que j’attends des explications.

    Or, ses explications contredisent celles de M.  Cette dernière a lu qu’au Pays-Bas et au Royaume-Uni, on laisse de 1 à 2 semaines après la nouvelle de la fc pour que la maman puisse faire sortir le bébé de manière naturelle.  La généraliste donne 1 semaine à 10 jours.

    En gros : Je devrais avoir des règles, et un mal de ventre comme lors de règles douloureuses.  Ce ne sont que des règles.  Le sang va couler d’abord un peu puis le flux sera plus abondant pour ensuite se tarir (M. disait que le sang ne devait pas couler non stop).  Comme des règles, cela devrait durer 2-3 jours.  Je ne vais sans doute rien voir. Il y aura de gros caillots de sang.  Ce n’était pas un bébé.  C’était un embryon. Voire même un œuf blanc.  On ne peut pas dire que c’était un bébé.  Le docteur n’a pas entendu de cœur.  La seule chose qui permet de dire si c’est un bébé viable, à cet âge-là, c’est la perception d’un cœur.  S’il n’y avait pas d’activité cardiaque, c’est que ce n’était pas un bébé viable…C’est très dur ; ce n’est pas gai, mais c’est ainsi.  Ce n’est pas grave. Nous avons déjà 2 enfants…Il faudra faire une échographie après pour s’assurer que tout est sorti.  Et aussi une prise de sang pour vérifier qu’il n’y a plus d’hormone de grossesse.  Elle laisse la nature faire jusque 10 jours, soit le mercredi suivant.  Après mercredi prochain (soit hier), si rien ne s’est passé, il conviendra de mettre un médicament (un ovule) comme dans les cas d’avortement pour provoquer l’expulsion.

    Blabla.

    Elle préfère mettre en congé quand le sang a fini de couler.  Mais ne fait aucune complication pour accéder à ma demande et me donner la semaine en cours en congé maladie.  J’ai la conviction que mon bébé va sortir jeudi et vendredi.  Et je suis d’accord avec M. qui m’avait invitée à me concentrer sur cet événement plutôt que de vouloir faire comme si de rien n’était.  Et pour le lundi qui vient ?  Je lui réponds qu’on verra et que je la tiens au courant.

    La consultation dure longtemps.  Mon homme qui la découvre est content de cette consultation.  Moi aussi, je suis trouve qu’elle a bien réagi.  J’ai juste été interpellée quand elle m’a fait la morale et m’a enjointe de ne pas exagérer et victimiser face à mes problèmes au travail, ma cheffe n’étant pas volontairement malveillante.  J’ai un sentiment de révolte quand elle dit cela mais sur le moment-même, je suis trop surprise par sa réaction.

    En fait, après coup, je trouve son raisonnement erroné, ce n’est pas parce que je ne suis pas victime de harcèlement moral que ma cheffe n’est pas intentionnellement malveillante. N’ai-je pas le droit d’être méfiante ou de me plaindre de mon travail sous prétexte que je ne suis pas harcelée moralement au travail ?  Je trouve le raisonnement bien court.

    Et on s’en contrefiche en fait que mon bébé n’était qu’un embryon non viable selon la médecine.  Et non, je n’ai pas rien vu.  Et non, accoucher d’un petit être de quelques semaines ce n’est pas juste avoir ses règles et évacuer l’endomètre. 


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  • Le 12 novembre 2015

    Je pensais ce journal clos…Quel leurre !

    Les nausées m’ont clouée au lit des semaines et des semaines durant.  Je ne pouvais plus rien faire. J’ai passé des journées entières au lit, les journées ressemblaient aux nuits, la lumière en plus, le moral en moins.  Se réveiller au lit alors que c’est la journée et qu’il fait beau dehors, n’éprouver aucune envie, ne pas vouloir boire de l’eau de crainte de la vomir, vouloir en finir avec mon état ; ne vouloir voir personne et en même temps pester de ne voir personne…Les pensées les plus folles et les plus morbides m’ont traversée durant des semaines. 

    Mes enfants se levaient et moi, je restais au lit.  Quand il et elle rentraient de l’école, j’étais toujours au lit.  Descendre était une horreur à cause de l’odeur.  La moindre odeur m’importunait…Je rêvais d’un endroit neutre en odeur. Un endroit sans odeur.

    A un moment, j’ai cru avoir trouvé la solution avec l’ice tea. Oui, vous lisez bien, l’ice tea. Durant quelques jours, je me suis shootée à l’ice tea (il m'est revenu que je me shootais, exceptionnellement, au Coca durant ma 2ème grossesse).

    Durant toutes ces longues journées, mon homme, ce super-héro, a assuré à la maison avec les repas, le coucher et le lever des enfants, les trajets à l’école, les déjeuners à l’école…tout.  Il a tout fait.

    Les enfants sont tombé-es malades.  D’abord ma fille. Elle a attrapé une gingivite ulcéro-nécrotive ; elle a souffert, la pauvre petite !  Mon homme a pris des jours de congé.  J’ai complété l’un ou l’autre jour, mes parents étaient en vacances, donc pas de relais sur Bruxelles.

    Après la gingivite, ma fille est retournée une semaine à l’école ; ensuite elle est rentrée souffrante, avec une toux qui nous rappela l’épisode de l’année dernière (celui qui officiait alors comme notre médecin de famille avait diagnostiqué une pneumonie, démentie quelques jours plus tard par une radio faite aux urgences de St-Luc.  Une horreur, cet épisode).   Ma fille a commencé à tousser, tousser, tousser…Elle toussait la nuit entière, et peinait à reprendre son souffle.  Une toux sèche…Mon homme et moi n’en dormions pas.  Ma fille est restée plusieurs jours à la maison.  On a même soupçonné la coqueluche...

    Puis, c’est notre fils qui est rentré patraque de l’école, avec de la température.  Il a commencé à tousser aussi. 

    Et pour couronner le tout, mon homme aussi a développé une angine blanche, et l’idiot de docteur qu’il a consulté lui a prescrit des antibiotiques mais a refusé des congés maladies…Mon chéri, au bout du rouleau…Il n’avait pas besoin d’antibiotique mais de repos.  Cela a été jusqu’à une consultation chez l’ORL, et perte auditive, et traitement à la cortisone (en plus des antibiotiques commencés sans raison médicale valable)…Mon chéri est aujourd’hui au travail après quelques jours de congé maladie accordés par l’ORL.  Il a peu travaillé en septembre et octobre vu les différents congés pris pour s’occuper des enfants malades…

    Bref, la joie était au rv à la maison…Il y a eu ce summum lorsque nous nous sommes retrouvé-es à 4 à la maison durant plusieurs jours, malades et toussant de toute part….sauf moi, épargnée de la toux (à ce moment-là), mais KO à cause des nausées. 

    Tout a commencé à aller mieux lorsque mes nausées ont cessé, suite à une séance d’acupuncture le 15 octobre.  Les enfants se sont rétabli-es et sont retourné-es à l’école. Il n’y avait plus que mon homme dont l’audition nous inquiétait…

    Puis…

    Il y a eu ce lundi 2 novembre.

    Jour de l’échographie des 12 semaines.

    Quelques semaines avant, je m’étais entretenue avec la généraliste acupunctrice pour lui demander les coordonnées d’un médecin humain et ouvert.  Humain au cas où.  Au cas où les nouvelles ne seraient pas bonnes.  Je m’étais promis de ne m’adresser qu’à des médecins humains…Je voulais un nom au cas où Josiane Laurent ne me répondrait pas. La doctoresse me conseilla un radiologue sur Uccle.

    La même semaine de cette requête auprès de ma généraliste-acupunctrice, j’avais écrit à la gynécologue Josiane Laurent afin de solliciter un rv avant le 1er décembre (sa secrétaire ne pouvant m’accorder de rv avant le 1er décembre).

    Est-il possible que vous m’accordiez un rv pour une échographie ente le 2 et le 16 novembre ?

     

    Cela m’éviterait la solution très désagréable de devoir me tourner vers un ou une gynécologue inconnu-e, en particulier pour l’étape délicate de la 1ère échographie.  Mon conjoint et moi avons vécu une expérience très douloureuse s’agissant du tri-test et de la clarté nucale, avec une annonce glaciale d’une grande probabilité de trisomie 21. 

     

    Cette expérience a laissé des traces.  En particulier, depuis,  je suis encore plus vigilante à confier ma santé à une personne respectueuse, qui saura témoigner de sensibilité si l’échographie devait montrer une anomalie, ce que de tout cœur je ne souhaite pas ni ne crois que ce sera le cas.  Toutefois, au cas où, je désire vivement m’assurer que ce soit vous qui m’examiniez pour cette échographie et pour l’échographie du 2ème trimestre (nous n’avons jamais effectué d’échographie du 3ème trimestre, ni pour le 1er enfant, ni pour la 2ème).

     

    Josiane Laurent me répondra le mercredi 4 novembre…deux jours avant, nous apprenions la nouvelle…


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  • Lundi 21 septembre 2015 

    Je suis enceinte ! Le test de grossesse a parlé.  J’avais des grands doutes, vous le savez.  Mercredi dernier, la veille des 6 ans de mon aîné, je n’ai pas résisté.  J’étais en sueur, je passais des bouffées de chaleur aux coups de froid.  Je voulais savoir.  J’ai donc acheté un test de grossesse ainsi que les compléments alimentaires pour femmes enceintes.  Je n’ai pas pu résister et différer le test au lendemain matin. Je me souviens parfaitement avoir fait le test à la toilette du bas pour ma fille, cette fois, je suis montée à l’étage.  Je n’ai pas du attendre longtemps.  Il s’est vite avéré positif.  J’étais heureuse et abasourdie !  Comme si la nouvelle attendue me faisait basculer dans une autre réalité, celle dont j’avais rêvée, celle que j’ai fantasmée, au point de créer des symptômes.  Mais, non, en fait, ce n’était pas le fruit de mon imagination, ou de mon envie ; j’ai bien des nausées et le souffle court au moindre effort.  J’étais heureuse !  Ce jour-là, les enfants étaient chez mes parents.  Quand mon chéri est arrivé, je n’ai rien dit.  J’étais dans le couloir.  Exceptionnellement, il rentrait en camionnette, et donc par la porte côté rue.  Il est entré, est resorti pour chercher le courrier à la boîte aux lettres.  Là, il m’a vraiment vue.  Je souriais.  Sans rien dire.

    -        Quoi ?

    … [je reste muette, un grand sourire aux lèvres]

    -        Mais quoi ?  Pourquoi tu souris comme ça ? 

    … [idem]

    -        Qu’est-ce qu’il y a ?  Il y a une bonne nouvelle ?  Tu as fait le test ?

    [J’acquiesce de la tête]

    -        Tu es enceinte !

    [J’acquiesce de la tête]

    -        Wouah !  génial ! Je me demandais justement en prenant le courrier si tu étais enceinte !  Je suis content !  Cela n’a pas traîné !  Ah, je suis chaque fois plus content.  La première fois, je ne savais pas si j’étais content ou si c’était une mauvaise nouvelle.  La 2ème fois, j’étais heureux.  Et cette fois, je suis encore plus heureux !

    [bisous]

    -         Je m’en doutais.  Cela faisait longtemps que tu devais avoir tes règles.  Elles tardaient !  [mon homme suit plus précisément mon cycle que moi, à vrai dire, il détecte mon humeur massacrante à l’approche du début de mes règles]

    Le lendemain matin, ma fille râlait.  Elle est souffrante depuis 2 semaines.  J’ai profité d’un moment où elle râlait pour lui dire que j’avais un bébé dans le ventre, et ce, dans le but (inavouable) qu’elle pense à autre chose et arrête de râler (j’ai réussi).  Depuis 2 semaines (coïncidence, depuis qu’elle n’est pas bien), je lui disais que j’avais peut-être un bébé dans le ventre.  Je l’avais dit aussi à mon garçon.  Ce jour-là, j’ai annoncé à ma fille : « tu sais quoi ?  J’ai un bébé dans mon ventre ! ».  Elle a arrêté de geindre :

    - C’est vrai ? 

    - Oui, c’est vrai 

    - C’est un garçon ou une fille ? 

    - Ca, on ne sait pas encore.

    Plus tard, samedi, son papa lui a dit qu’elle sera une grande sœur.  Réplique très nette :

    -        Je suis déjà grande sœur.  Le bébé est déjà dans le ventre de maman !

    Ce samedi-là, son papa lui a demandé de montrer qu’elle était courageuse à son petit frère ou sa petite sœur en prenant le coton-tige imbibé d’huiles essentielles de laurier noble et de giroflier.  Je ne suis pas fière de cet argument et ne l’aurais certainement pas utilisé, mais je comprends mon homme.  Nous étions à bout.  La réaction de ma fille m’a stupéfaite.  Elle qui s’opposait totalement à la prise de son médicament, m’a saisie la main, a ouvert la bouche et la refermer sur le coton-tige.

    Et hier soir, elle n’a pas pu résister et a dit à Anton, notre petit voisin qui vient d’avoir une petite sœur : « tu sais, je suis grande sœur ».  Bref, notre fille est très fière de son nouveau statut.

    Pour mon fils, j’ai été moins clair.  C’est qu’en moi, je suis ambivalente.  J’ai lu qu’il fallait un test sanguin pour confirmer la grossesse.  J’ai peur que quelque chose n’aille pas.  Fiston en était donc, jusqu’à ce matin, à la version : j’ai peut-être un bébé dans le ventre.  Je pense lui avoir dit que j’avais bien un bébé dans le ventre, mais il n’a pas capté cette information, et sans doute est-ce parce que dans ma manière de l’annoncer, car j’ai précisé que je ferai bientôt une prise de sang pour être certaine, étais-je moi-même hésitante. Mais ce matin, sur le chemin de l’école, je lui ai dit que quand même, j’avais un bébé dans le ventre mais que la prise de sang allait le confirmer.  Mais que c’était un secret entre les membres de la maison.  Pourvu qu’il tienne sa langue.  Je sais déjà que ma fille ne la tiendra pas. 

    Du coup, et aussi parce que je sens que j’ai besoin d’être rassurée, j’ai contacté M., celle qui fut notre 2ème sage-femme lors des accouchements précédents.  Avant, dans la journée, je l’ai annoncé à mon amie Sophy qui a ainsi partagé notre joie !

    Je suis partagée par des sentiments ambivalents.  Pourquoi au juste vouloir 3 enfants et tout recommencer (les couches, les nuits blanches, les tétées ?) alors que je suis sortie de tout cela avec mes 2 enfants ?  Les nausées m’éreintent au plus haut point.  Pourquoi repasser par cela ? 


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  • Jeudi 10 septembre 2015

    Je m’étonne d’avoir tenu sans m’être épanchée plus tôt ici.  C’est que depuis, j’y pense tous les jours…Presque tout le temps, à vrai dire.

    C’est devenu un sujet hypersensible.  Du moins, avec mes amies qui m’ont demandé des comptes lorsqu’elles ont compris que je voulais un enfant (voy. l’extrait de mon mail à une amie).

    Encore ce we, on me l’a demandé au moins 2 fois.

    Du coup, je deviens hyper-mega sensible.

    Depuis hier, je crois que je suis enceinte.  Et aujourd’hui, ma croyance s’est renforcée.

    Hier, j’ai été voir une doctoresse.  Lundi, je n’ai pas pu aller au travail.  Je suis rentrée du we fatiguée.  J’étais mal.  Ma fille a toussé toute la nuit, j’avais peu dormi.  Je ne voulais ni ne pouvais aller au travail.  J’étais super sensible. Une fin de cycle difficile.

    L’avant-veille, je m’étais emportée au cours du dernier repas d’un we entre ami-es.  Je me suis sentie blessée ; humiliée et attaquée dans mon rôle de maman.  De manière générale, depuis notre arrivée, je n’ai pas digéré que, de toutes les chambres du gîte, nous nous sommes retrouvé-es dans la plus petite pièce, alors que nous formons la famille la plus nombreuse.  Ma première nuit au gîte fut horrible, sur un matelas à ressort sensible au moindre geste. Je partageais le matelas avec mon fils.  Le matelas mesurais un mètre (pas 1m40, ni 70 cm), ce n’était pas un lit pour 2 personnes, il était pourtant plus grand que les lits traditionnels pour 1 personne.  Ma fille fut posée sur un matelas à part ; tandis que nous avions aligné le matelas sur lequel dormait mon homme et le fameux matelas à ressort.  J’ai mal dormi cette nuit-là.  Ce qui a bousillé mon humeur.  Mauvaise.  Accentuée par le fait que je ne comprenais pas comment aucune des familles amies n’avaient songé à nous réserver une autre chambre.  Les autres toutes plus spacieuses, sauf une autre, également vide et aussi contigüe que celle qui nous a abrité-es.  Quelle générosité que de nous laisser le choix entre deux petites chambres !  J’avais pensé à demander de nous laisser une grande chambre, mais m’étais ravisée en me disant que les autres le feraient spontanément…Ma colère fut à la hauteur de ma déception.  Celle-ci m’a habitée tout le we. 

    J’ai ensuite implosé à l’occasion d’une manifestation ridicule de « l’hypothèse de l’hygiène ». Trop d’hygiène tue l’hygiène, je suis d’accord : l’hygiène excessive.  Par contre, je ne comprends pas le rejet de l’hygiène basique comme le lavage des mains après le passage aux toilettes ou avant le repas. 

    Bref, je suis rentrée à la maison avec une boule dans le ventre, en raison de ce décalage avec mes ami-es.  J’ai eu le sentiment d’étouffer.  Le lendemain, je ne pouvais pas me lever. Je suis restée à la maison.  Avec ma fille dont le nez coulait à flot et qui toussait énormément.  Je n’avais pas bien dormi.  Ma fille avait toussé toute la nuit. 

    Dès lundi, par moment, je manquais d’air, me sentais oppressée.  J’étais prise d’une grande fatigue.  J’ai fait la sieste avec ma fille et cela m’a fait du bien.  Mais la fatigue m’éreintait toujours.  Lundi soir, j’ai pris rendez-vous chez  une doctoresse prestant dans le coin.

    J’avais mieux dormi du lundi au mardi, mais sans avoir récupéré mon état habituel.  Mardi, deux hypothèses s’imposaient à moi : soit mes symptômes prémenstruels étaient particulièrement fortes et manifestes, soit j’étais enceinte. Mes aréoles restaient habituelles alors que ce fut un des signes qui m’avait laissé convaincre de ma grossesse la dernière fois…

    Par contre, les nausées sont bien présentes.  L’envie, irrépressible, de dormir aussi.  Le sentiment d’étouffer et de manquer d’air.  La doctoresse consultée lie ce sentiment d’étouffer à un effet d’ordre psychologique.  Sans doute l’écart et ma colère envers mes ami-es.  Mes émotions de colère et de déception sont très fortes.  Pour la première fois, j’ai assumé de casser une ambiance que tout le monde voulait bon enfant.  Je n’ai pas eu envie de faire semblant.  J’étais vraiment malade de cet incident.

    4 jours après, je suis toujours touchée par ce qui s’est passé. Mais, mon attention se concentre davantage sur mon état.  Je me sens fatiguée, nauséeuse.  Je souffre de maux de tête.  Je suis mélancolique, prête à pleurer à la moindre émotion.  Je suis à fleur de peau.  D’ailleurs, hier, dans le cabinet de la doctoresse, cette dernière a expliqué qu’en situation d’attente d’une grossesse, les symptômes menstruels, les fins de cycle étaient plus marquées.  Entendre que je pouvais vivre plus intensément mes cycles de femme m’a fait pleurer.  La doctoresse a vu comme j’étais à fleur de peau.  Moi, je n’avais jamais entendu ça.  Ou si je l’avais déjà entendu, je l’avais oublié.  En tout cas, je suis clairement dans cette situation.

    Aujourd’hui, je me posais encore la question.  L’incertitude règne évidemment.  Aucune possibilité de le savoir avant le début de mon prochain cycle, la semaine prochaine.

    Toutefois, j’ai acquis une quasi conviction tout à l’heure lorsque ma collègue de bureau a ouvert son pic-nic composé d’un plat au curry.  J’ai réagi au quart de tour.  J’ai ressenti de la nausée, j’avais du mal à supporter l’odeur, ma réaction physique avait une ampleur plus importante que d’habitude. Je suis sortie de mon bureau avec mes boîtes de lunch, l’appétit coupé, et saisie de nausées.  J’ai quand même honoré le bon repas que m’avait rapporté mon homme la veille de chez mes parents.  Cela allait mieux.  Ceci dit, l’état nauséeux ne me quitte pas.

    Je me suis faite la réflexion que je me sentais dans un état d’irréalité.  Un peu comme l’année dernière à la même époque quand je suis revenue au travail dans un poste non souhaité.

    Depuis que le désir d’enfant est présent et concret, je porte davantage mes enfants.  J’en profite tant que je ne suis pas enceinte.  Je sais qu’une fois enceinte, je ne les porterai plus.  Ainsi, je n’ai plus porté mon fils durant ses 2 ans…A 3 ans, on ne porte plus qu’exceptionnellement son enfant de 3 ans.  Ce fut une des choses que j’ai faite le lendemain de mon accouchement.  Et mon mal du périnée qui en a suivi a accentué mon babyblues (en avais-je parlé à l’époque ?).

    Bref, je porte très souvent mes 2 enfants, la petite et le grand.  Dès qu’une occasion se présente. Pour faire des câlins, essentiellement. 

    Et aussi, depuis quelques semaines, nous parlons ouvertement de bébé3 : je mets de côté des vêtements et des jouets pour le futur bébé, dis-je.    On doit trouver une solution pour les chambres (Fiston a colonisé un bout du canapé-lit du grenier car il désire dormir seul ; sans sa sœur).  Si l’enfant de lumière était déjà présent dans nos vies, il était encore sur son nuage, en état d’observation.  Maintenant, je dirais qu’on espère qu’il soit en route et plus sur son nuage…

    La semaine prochaine, je serai fixée.  Mes règles devraient arriver début de la semaine prochaine.   Si elles arrivent lundi ou mardi, je pourrai mettre mes maux sur les syndromes prémenstruelles.  Mercredi, si rien ne vient, l’espoir sera de mise et si vendredi, aucune tache rouge ne se présente, je serai convaincue d’être enceinte.


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  • Vendredi 28 août 2015

    Pourquoi ai-je envie d’un-e 3ème ?

    Quand j’expliquais que je désirais 3 enfants, je fus à plusieurs reprises très surprise des réactions peu agréables.   Souvent, la réaction, sincèrement empreinte de curiosité, est emballée dans des circonvolutions langagières.

    Extrait d’un mail envoyé ce jour à une amie, enceinte de son 3ème enfant.

    Il fut un temps où une amie, sachant que dans l'absolu, je voulais 3 enfants, et en théorie S. aussi, ne cessait de me demander toutes les 2 semaines quand on allait s'y mettre, si S. était partant vu qu'il n'avait pas l'air favorable, comment je prenais la chose que S. n'était pas partant (sachant qu'à ce moment-là, moi non plus, je n'en avais pas envie - ce que je ne cessais de lui dire.  En fait, elle voulait mettre le doigt sur la discordance entre ma volonté et conviction profondes de 3 enfants et la non-envie du moment de Sébastien; comme pour occulter le fait que rationnellement, elle aurait bien un 2ème enfant, mais que "réalistiquement", elle ne voulait d'un autre enfant)...

    Au bout de 3 fois de ces interrogations, j'avoue que j'ai commencé à prendre très mal ses questions.  La prochaine fois que cette amie reviendra sur le sujet, je vais lui répondre: "imagine, ce n'est qu'une supposition, mais imagine que nous voulions avoir un enfant et que cet enfant tarde.  Imagine que cela fait des mois qu'on essaie - je ne dis pas que c'est le cas, ce n'est d'ailleurs pas le cas, mais imagine.   Tu ne crois pas que dans une telle situation et vu que cela pourrait arriver, tu ferais mieux de cesser de venir avec ce sujet ?"

    Puis, la question que tout le monde m'a posée.  Donc, la question qui tue (qui me tue): avec toutes les circonvolutions que tu veux: "Je peux te poser une question? " "Heu, oui."  "Pourquoi, vous voulez un autre enfant?"  Je réponds.  Forcément, un truc débile du genre: "pourquoi j'ai voulu avoir un enfant, puis un 2ème?  Et pourquoi personne ne m'a demandé pourquoi j'ai voulu avoir un enfant?".  2 de mes amies, aussitôt après avoir formulé leur question, ont répondu par elles-mêmes, que c’était une question stupide en soi. 

    Puis, il y a d’autres amies qui suggèrent que certaines femmes font des enfants pour combler le vide.  Parfois le vide dans le couple.  Ce qui est vrai, je le conçois, certaines personnes font des enfants pour combler un vide dans leur vie (de couple ou non).  Mais, je ne sais pas comment je devais prendre la chose: devais-je me sentir visée?

    C'est marrant que tu parles de ta maman. Moi, aussi, figure-toi, cela a été un facteur.  Dans le sens que, tant que je n'atteignais pas l'âge auquel elle m'a eue, je me disais que j'étais encore jeune.  J'ai eu mon premier au même âge qu'elle, sa première (moi). 

    Quant à ma belle-mère, elle n'envisageait même pas qu'on ait envie, du moins, elle ne comprend pas qu'on ait envie  d'un 3ème enfant.  Vois-tu, elle a 2 enfants: un garçon, une fille.  Nous avons 2 enfants: un garçon, une fille.  J'ai enragé quand elle a eu ces mots: "mais pourquoi un 3ème.  Non, 2, c'est bien.  Un garçon, une fille.  Vous avez tout ce qu'il vous faut".  De quoi se mêle-t-elle?  Croit-elle que je suis elle?  SURTOUT PAS!  Mes parents ont eu 2 filles.  Mes beaux-parents ont eu 2 enfants.  Mon père, je crois, ne comprend pas qu'on en veuille un 3ème.  Lui, prie le ciel pour que ma sœur ait son 1er.

    Pfff, ces histoires de descendance, c'est complexe, les enjeux inconscients qui se mettent en place.

    Ca m'a marquée, quand tu dis que d'être en-dehors du cadre que l'on s'est fixé peut être libérateur.  Moi, j'ai l'impression (mais peut-être que mon impression est fausse) que je ne me suis fixée aucun cadre sauf cette idée que je nourris depuis que je suis toute petite: fonder une famille.  Et pour moi, une famille, c'est au moins 3 enfants.  Point de vue professionnel, point de vue matériel, je n'ai jamais eu d'idées fixes (matériellement, il y a une idée fixe: je ne voulais pas connaître l'insécurité financière.  Ca aussi, c'est l'autre cadre fixe que j'ai dessiné très jeune).

    Pour moi (je précise "pour moi" car je sais que c'est éminemment subjectif), un enfant unique restera toujours dans ma conscience comme le signe d'une tristesse, soit d'un accident ou soit d'occasions manquées, tellement, je conçois mal de ne vouloir qu'un-e enfant (je le conçois très bien intellectuellement et rationnellement mais mes tripes ne le conçoivent pas).

    Pour moi, 2 enfants, c'est que vous avez vraiment envie de fonder une famille; pensée qui est autant ridicule que celle de croire que les parents ne font jamais un choix délibéré pour n'avoir qu'un enfant unique.  Une copine m'avait écrit après la naissance de ma princesse ces mots qui m'avaient profondément choquée: "maintenant, vous formez une vraie famille", comme si S., T. et moi ne formions pas une famille!  Et en même temps, je comprends un peu. C'est que POUR MOI, une famille sans 3ème enfant est une famille incomplète.

    Pour moi, 3 enfants, c'est comme un minimum pour la famille que je souhaite fonder.  Et comme la réalité est telle, pour nous,  3 sera aussi un maximum pour notre famille.  Même si en théorie, je suis admirative devant les familles à 5-6 enfants!  Et même si, si un accident devait nous en donner 4, je ne pourrais pas évacuer ce fœtus parce que nous ne l'aurions pas envisagé.

    S. m'a demandé pourquoi je voulais un 3ème enfant.  Je lui ai dit que j'avais envie de porter la vie et de donner naissance à une autre vie que lui et moi aurions conçue. J'ai aussi envie de découvrir un autre garçon ou une autre fille qui ne soit ni T. ni A.  A quoi ressemblera cet autre enfant issu de nous 2?  Il a aimé ce que j'ai dit.   Le fait que je dise qu'avec le 3ème, je ne voulais plus travailler, certainement jusqu'à ce que le 3ème rentre à l'école à 2 ans 1/2, cela l'a débloqué complètement.  Plus de crèche, plus d'adaptation à la crèche, plus de lait à tirer tous les jours et moi de me plaindre de ne pas tirer assez.  Et il m'a rejointe dans cette envie.  Depuis toujours, LUI et moi avions parlé et LUI et moi avions envie de 3.  Il le sait très bien.


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  • 27 août 2015

    Cela fait déjà un mois que je me demande où acheter de l’acide folique.  Je vais me renseigner. 

    Et ça y est, depuis 1 ou 2 semaines, je m’attendris avec envie devant des petits bébés en porte-bébé ou en landau.  Je me surprends à m’intéresser à mon cycle.  Je sais qu’il est extrêmement régulier, ce qui devrait faciliter les choses.  En vérité, c’est surtout mon homme qui sait.  Il s’en préoccupe davantage que moi.  En général, quand je suis d’une humeur massacrante et odieuse, il constate que soit, je vais avoir mes règles (pour le coup, il le sait avant que moi-même je n’y pense, ni ne le sache), soit, je les ai.  Une amie m’avait un jour répondu que mon homme était une "vraie femme".  Tout cela sans doute parce qu’il cuisine et qu’il est plus attentif à mon cycle menstruel que moi-même.  J’ai rigolé sur le moment.  Mais, en réalité, cette phrase m’a hantée.  Elle décline si parfaitement les clichés sur les hommes et les femmes, sur la féminité et la virilité.  Mon homme n’en est pas moins un homme parce qu’il s’intéresse à mon cycle menstruel.  Passons.

    La semaine dernière, j’avais mal au ventre, mes seins étaient hyper sensibles.  J’avais même pu extraire une goutte de lait sans difficulté, ce que je n’avais jamais essayé depuis le sevrage de ma fille, en janvier.  Je n’étais pourtant pas dupe.  Je sentais bien que ma fatigue n’était pas exagérée comme j’avais senti qu’elle l’était lors de mes grossesses. 

    Du début de ma 1ère grossesse, je me souviens très bien d’un moment très précis. 

    A l’époque, j’étais membre d’un club de sport.  Je m’enfermais 3 à 4 fois par semaine dans une salle pour me trémousser sur une musique cadencée lors de cours de bodyattack et bodyjam (j’adorais ce cours, en visionnant aujourd’hui des vidéos, j’ai envie de m’y remettre !) ; pour me contorsionner lors des cours de pilates et bodybalance et pour courir après le volant (nous pratiquions 1 à 2 heures de badminton par semaine).  Dieu que j’étais sportive !  Quand je compare par rapport à maintenant, je me sens vraiment …feignasse ! 

    Cela faisait plus ou moins un an que je me dandinais sur la musique effrénée 1 fois par semaine au cours de bodyattack, j’étais fière de tenir le coup et de terminer la session sans être essoufflée. 

    Un jour cependant, ce devait être début décembre, je me suis surprise à devoir m’arrêter en plein exercice.  Je n’arrivais pas à suivre le rythme du moniteur devant moi.  J’ai senti de l’étonnement, et à vrai dire, de la colère envers moi-même.  Je ne comprenais pas qu’au bout d’une année de pratique régulière, j’en venais à perdre le rythme au bout de 15 minutes de sauts sur place, comme à mes débuts ?  Je me suis forcée à reprendre le rythme.  

    Peu de temps après, j’appris que j’étais enceinte.  Après le choc de la surprise passée, je repensai à cet épisode en salle de sport. Le franc tomba à ce moment-là.

    Pour ma 2ème grossesse, je me souviens de m’être étonnée de mon essoufflement alors que je m’affaissais sur la poussette qui menait mon fils à la crèche.  J’étais anormalement essoufflée.  Cet essoufflement conjugué à mon état de fatigue générale me mirent la puce à l’oreille.  L’état de mes seins dont les aréoles avaient doublés de taille finit de me convaincre que je portais, enfin, ce bébé attendu depuis quelques mois.  2 semaines avant le début de mes règles, j’ai légèrement saigné, ce qui correspondait à la nidification. 

    Dès le 1er jour de mon retard de règles, ma conviction était encore plus ferme. 

    C’est là que j’ai réalisé l’aliénation dont nous pouvons faire preuve, déconnecté-es comme nous pouvons l’être de nous-mêmes.  A l’écoute de mon corps, je savais que j’étais enceinte.  Pourtant, mon homme ne me croyait pas, je dirais plutôt qu’il ne croyait pas ce qu’il savait déjà.  Il avait besoin d’un test « objectif ».  Il a fallu que j’achète un test en pharmacie qui confirme ce que mon corps exprimait déjà de mille façons. 

    Cet épisode m’a énormément marquée.  Ce besoin d’une technologique tierce pour confirmer un fait si intime continue de m’interroger sur la place de la technique et des objets sur notre conscience, sur l’écoute de notre corps, et de manière générale, sur nous-mêmes.

     


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