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[2011-05-19] Dormir ici et ailleurs. Approche transculturelle du sommeil du nourrison et de ses troubles
Laëtitia Bouche-Florin et al. « Dormir ici et ailleurs. Approche transculturelle du sommeil du nourrisson et de ses troubles », Spirale 2/2005 (no 34), p. 151-164.
URL : www.cairn.info/revue-spirale-2005-2-page-151.htm.
DOI : 10.3917/spi.034.0151.[disponible sur le site en version pdf]
J'épingle ceci:
Les pratiques de soins aux tout-petits sont influencés par les idées que les adultes se font de leur développement, mais également par les représentations culturelles. Marie Rose Moro désigne sous le terme de "berceau culturel" un ensemble de représentations que les parents ont de leur enfant, de sa nature, et celles-cis sont fortement influencées par la culture d'origine des parents. "Ces représentations culturelles préexistent à l'enfant, elles constituent une sorte d'image qu'il va venir habiter." (page 152)
Pour faire face à la séparation et au manque de proximité, le jeune enfant occidental se prend d'affection pour un objet particulier entre 4 et 12 mois. D.W. Winnicott* le nomme objet transitionnel: il permet de symboliser la réunion protectrice de la mère. Cet objet n'a pas lieu d'être dans les socitétés où la proximité et le co-sleeping (dormir ensemble) sont de rigueur. Pour H. Stork*, l'bjet transitioinnel est une nécessité culturelle, et non psychique, venant manser les effets de la sépartion et de l'éloignement des parents". (page 154)
Les auteures de cet article explique ensuite comment, en Occident, au Moyen-Age, c'est l'Eglise qui, dans un premier temps, a condamné la promiscuité et ce, afin d'éviter le risque de mort par étouffement. La médecine a jugé ensuite sain de suivre la consigne ecclesiastique avec comme prétexte le risque de contamination microbienne. Enfin, c'est la psychanalyse qui, au début du XXème siècle, a repris le flambeau, cette fois, avec le souci de soustraire la vue des ébats amoureux des parents à la vue des enfants ainsi que le but avoué d'éviter la fusion incestueuse entre la mère et son enfant. (page 155)
La prédominance du contact distal [à opposer à "proximal"] prend racine dans l'histoire de la France et modèle les manières d'endormir le jeune enfant. (page 155)
[c]es techniques de co-sleeping sont imprégnées de sens culturel et n'engendrent pas alors de dépendance excessive entre la mère et l'enfant, ce sont des temps partagés. (page 156)
"[U]niversellement, le sommeil est synonyme de séparation et de mort". (page 156)
Les passages sur les troubles qui peuvent naître chez les mères migrantes sont également très intéressants. Il y est question de l'acculturation:
En situation de migration, et sous l'effet de l'acculturation, les gestes maternels venus d'ailleurs peuvent perdre de leurs significations. Or, si le geste est dépourvu de sens, dans un processus d'acculturation négative, alors il peut entraîner l'émergence de troubles. (page 160)
Ainsi, «ce n'est pas le mode de coucher en lui-même qui est en cause dans le trouble mais le sens que lui attribue la culture (la mère) qui soutient l'élaboration de la séparation et de l'altérité »*. (page 160)
Enfin, un chapitre est consacré aux " terreurs nocture et étiologies venues d'ailleurs". ¤
* les références sont dans le texte original.
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Tags : sommeil, bébé, anthropologie, approche transculturelle, laëtitia bouche-florin, judith ayoso, raphaeël riand, marie rose moro
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