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23 août '15 - Ma fille s'exprime
L’autre jour (lundi 10 août), alors que je me chamaille avec mon homme, que je suis très énervée, pas autant que mon chéri ceci dit, notre fille ne dit mot et nous observe. Elle n’est pas du genre à s’émouvoir de nos éclats, contrairement à son frère, absent ce jour-là. Pendant que les mots se durcissent et que le ton monte, discrètement et très clairement, je sens la main douce et chaude de ma fille se poser sur mon bras. Elle me caresse doucement la peau. J’en avais des frissons. L’ambiance était froide, les paroles devenaient blessantes, le ton cassant, et elle, ma petite fille, d’un simple geste, a réussi à m’apporter une caresse qui me rappelait la douceur possible du monde. Geste aussi doux ne m’a pas marquée depuis longtemps.
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Quelques heures ou jours plus tard, je mentionne notre dispute auprès de ma fille :
- L’autre fois, papa et moi nous sommes disputé-es. Ce n’était pas gai, hein ? Tu n’aimes pas qu’on se dispute ?
- Si, c’est drôle quand vous vous disputez. J’aime bien quand tu te fâches ou quand papa se fâche.
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Vous connaissez le mot : « cependant » et l’expression : « pendant ce temps-là » ? Mes enfants ont inventé une expression de leur cru : « spendant-là ». Fiston a cessé depuis. Et ma fille est en passe d’utiliser les termes corrects, mais des mois durant, nous avons eu droit à des « spendant-là » en lieu et place de « cependant ».
Cela me rappelle le « au mieux » de mon fils en remplacement de « au lieu ».
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Ma fille ne perd jamais le Nord.
Moi m’adressant à mes cousines: hmm. Je n’ai plus faim. Je ne vais pas manger du gâteau [ au chocolat ; qui est dans une assiette posée devant moi]
Ma fille, dont les oreilles sont toujours à l’affut au mot « chocolat » et « gâteau », ni une ni deux, me rétorque, tout doucement, comme si c’était d’une évidence : donne-le moi, alors.
Mes cousines et moi avons éclaté de rires.
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Ma fille adore le chocolat. Adorer est un faible mot. Je suis donc toujours surprise de constater, depuis quelque temps (c’est assez récent de quelques mois) comme elle peut attendre avant de déguster son carré de chocolat, ou son bonbon au chocolat. Elle peut même garder son précieux trésor jusqu’au lendemain. Elle le veut près d’elle (l’autre jour, je suis descendue chercher un bol pour y poser son carré de chocolat qu’elle avait amené au lit pour le manger après la sieste), et je pense qu’elle se délecte déjà de la pensée de son plaisir futur.
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Mercredi 19 août. Ma fille : « Papa, je peux avoir un bébé avec toi ? »
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Cette anecdote me rappelle que l’autre jour, Alia a déclaré à sa mamy : « Plus tard, je ferai un bébé avec T. [son frère] parce que T. m’a dit qu’il fallait un garçon et une fille pour faire un bébé. »
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Jeudi 20, rapporté de ma grand-mère.
La princesse devance sa grand-mère à la sortie de la bibliothèque. Ma maman lui courre après et lui dit d’arrêter. Ma fille commence à pleurer à chaudes larmes. Elle pleure tellement qu’une dame travaillant au rez-de-chaussée cherche ma maman du regard et s’assure que celle-ci accompagne bien la petite fille qui pleure ainsi sur le trottoir. Elle se couche même, faisant mine de dormir parce qu’ « elle est fatiguée ». Elle semble calmée quand la même dame sort de chez elle et vient s’enquérir auprès d’A. Cette dernière recommence alors à pleurer ! L à-dessus, ma mère emmène sa petite-fille. Plus loin, elle peut jouer à sauter, comme elle l’avait fait sur le chemin « aller ».
Conversation entre petite-fille et grand-mère :
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Je suis fâchée !
- Tu es fâchée contre qui ?
- Contre toi !
- Pourquoi ?
- Parce que j’en ai marre d’obéir à Mak Yeay !!!(Mak Yeah = Grand-mère en khmer)
A l’issue de cette narration par ma maman, mon père et moi nous esclaffons de rire le plus discrètement possible.
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Ma maman : Non, laisse cela tranquille ma petite-fille ! Tu en as déjà cassé plusieurs !
Ma fille fait mine de ne rien entendre.
Ma maman : C’est Mozart, tu sais. Tu sais qui est Mozart ?
Ma fille : … [silence qui dure quelques secondes] Oui, je sais, c’est un drôle de bonhomme !
A vrai dire, je le trouve effectivement une drôle d'allure:
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En pleine recherche de trésors de mer :
Elle s'exprime aussi autrement qu'en parlant. Elle squatte beaucoup le pupitre de son frère, au grand damne de ce dernier, soit-dit en passant.
Les feuilles partout, c'est la manière très originale qu'ont mes enfants de "ranger" leurs œuvres.
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Tags : spendant, au mieux, bébé, chocolat, obéir
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