• [2011-11-25] Réinventer l'école

    Le numéro du mois de la revue Politique est consacré à l'école.  Jacques LIESENBORGHS  coordinateur de ce dossier, avait publié une opinion dans La Libre Belgique de vendredi dernier sous le titre de "L'école à réinventer".

    La plupart des articles de ce dossier sont librement accessibles sur le site de la Revue.  Je vous invite à les découvrir, et en particulier, celui, excellent, de Bernard REY, "Pourquoi des élèves actifs".  Cet article étant sous droit d'auteur, je ne m'autoriserai pas de le reproduire ici.  Je ne peux toutefois pas m'empêcher, vous me connaissez, à épingler quelques larges extraits (la mise en gras vient de moi):

    "Cette remise en cause de ce qu’on pense spontanément et cet effort pour expliquer les faits, telles sont les deux dimensions d’une même opération intellectuelle qui consiste non pas à décrire la réalité, mais à l’interroger, à poser à son propos des problèmes, bref à la problématiser. Il se pourrait bien finalement que la véritable activité, celle qui fait apprendre et qui conduit à l’autonomie intellectuelle et du même coup à l’estime de soi, consiste non pas à prendre connaissance de la réalité, mais à la problématiser, c’est-à-dire à s’interroger sur elle.

    Notons, en passant, que ces activités qui consistent à interroger la réalité plutôt que d’accepter servilement des informations délivrées par l’enseignant constituent peut-être la meilleure garantie d’une authentique laïcité. Car elles donnent aux élèves l’habitude de distinguer radicalement un savoir d’une croyance. Dans le deuxième cas, on accepte d’adhérer à ce que des autorités nous enjoignent de penser. Dans le premier cas, on comprend soi-même pourquoi les choses sont telles qu’elles sont."

    "Ainsi une activité scolaire a, la plupart du temps, un sens second et c’est lui qui fait accéder à la compréhension de lois et de règles générales au-delà du cas particulier de l’activité immédiate. Le but premier est d’accomplir une action, le but second est de comprendre quelque chose."

    "Il se pourrait bien que la véritable mixité sociale ne consiste pas seulement à ce que des élèves d’origines sociales différentes se côtoient dans les mêmes lieux, mais à créer les conditions pédagogiques pour que les élèves de milieux défavorisés accèdent au sens des activités scolaires."

    "Le premier est que les activités scolaires (à la différence des activités extérieures à l’école) n’ont pas d’autre but que de construire l’humain. En ce sens elles ne « servent » à rien au sens ordinaire du terme. Même dans le cadre d’une pédagogie de projet, c’est l’apprentissage qui doit primer. Une école « active  » est celle qui arrive à ritualiser suffisamment les situations pour que tous les élèves le comprennent et s’estiment dignes des efforts à faire pour se construire eux-mêmes.

    Le deuxième principe est que les activités qui visent cette construction de soi-même ne consistent pas à accumuler des informations sur la réalité. Elles doivent conduire plutôt à s’interroger sur la réalité, à s’interroger sur ses propres opinions et ainsi à prendre confiance dans sa propre raison. L’enjeu est qu’on passe de « les choses sont ainsi » à « mais pourquoi sont-elles ainsi ? Puis-je contribuer à les changer ? ». Les implications pour la construction d’une citoyenneté active sont évidentes".

     

    De nouveau, on retrouve, parmi plein d'arguments très intéressants, cette réflexion sur l'obéissance, sur le sens de l'apprentissage, de l'éducation: inculquer l'"obéissance", notion que beaucoup confondent avec "discipline" ou transmettre l'esprit critique, la capacité et le réflexe d'interroger le sens des choses, dont les choses enseignées?

    Paradoxalement, j'entends souvent qu'aujourd'hui, le problème vient de là, que les élèves exercent à outrance cet esprit critique. 

    N'est-ce pas également le rôle des pédagogues, éducateurs, parents que d'apprendre à exercer avec discernement ce sens critique, mais aussi à eux-mêmes s'interroger sur le sens de leurs gestes et de leurs paroles?  N'est-il pas non plus de leur rôle que de constamment se questionner pour entretenir leur estime de soi, de sorte à accepter l'opposition d'un plus jeune, à ne pas se sentir menacés parce qu'un plus jeune a osé remettre en cause leurs comportements, leurs discours, leur mode (ou réflexe) de pensée.  N'est-il pas temps que les adultes s'interrogent sur le sens qu'ils accordent à l'autorité, leur approche d'une autorité "au-dessus" d'eux, mais également, leur vision de l'autorité qu'ils exercent vis-à-vis de plus jeunes?

    Sur la notion d'obéissance, il y a tellement à dire...Je compte en toucher un mot dans un autre billet. 

    Pour l'heure, cher lecteur, n'oubliez pas, l'autorité implique plus de devoirs que de droits.  Pour moi, seule une autorité légitime mérite d'être respectée (bon, cela reporte la question sur la légitimité de l'autorité)...Une autorité qui met l'accent sur ses pouvoirs sans considération des devoirs qui lui sont impartis n'a rien compris au sens du mot et de la notion d'autorité...

    Sur ces belles paroles, je m'en vais affronter le froid...

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