• 23 juillet '14 - La petite noblesse de l'intelligence de Wilfried LIGNIER [2012]

    Je suis en train de lire ce bouquin que j'ai commandé à ma librairie.  

     

     

    J'ai fini le 1er chapitre, je suis en train de découvrir le 2ème.  Edifiant!  Enfin, un livre sérieux.  Un livre comme je les aime.  Une belle plume.  Une argumentation solide qui répond aux exigences académiques.  D'ailleurs, ce bouquin est le début de sa thèse de doctorat en sociologie*. Et cela se sent.

    Contrairement à ce que j'ai rapidement aperçu sur un forum (ici**), le but initial de l'auteur ne me paraît de jouer au chasseur de sorcières/sorciers.

    Le livre me paraît contraire très documenté.  Sérieusement documenté.  Dans la ligne droite de Nicolas Gauvrit, auteur de Les surdoués ordinaires, qui postule une mise en garde afin de "ne pas sombrer dans l'erreur consistant à croire qu'une théorie est validée par la seule raison qu'elle est répétée dans de nombreuses publications. En réalité, des idées parfaitement spéculatives se sont infiltrées dans la science et s'y ancrent parce que des auteurs les répètent régulièrement sans vérifier expérimentalement qu'elles sont justes" (p. 6).

    A ce stade, j'ai terminé le 1er chapitre très instructif retraçant l'historique des groupes de pression, l'évolution du concept de "surdoué" en "précocité intellectuelle", du rejet quasi total à la reconnaissance par les médias et le politique.  

    J'apprends au passage qu'il y a un Alain Gauvrit particulièrement actif en matière de haut potentiel.  Nicolas est-il son fils ou son neveu?   

    S'il n'y avait qu'un livre à lire sur les HP, c'est ...

    S'il n'y avait qu'un livre d'un auteur psychologue à lire, c'est celui de Nicolas Gauvrit, Les surdoués ordinaires.  En même temps, je le soupçonne d'être le fils d'Alain, lequel est proche de l'ANPIEP (Ce qui, du coup, éclaire sous un nouveau jour, les remerciements à J. Siaud-Faccin au début de son livre.  Ainsi que sur les positions qu'il prend dans son livre. Elles visent à objectiver, scientifier en interrogeant le bien-fondé des qualités et défauts inventoriés inlassablement dans les ouvrages profanes*** ).  Selon l'aveu même de Nicolas Gauvrit, son opus poursuit l'ambition "de prendre place dans cet espace vide", entre les ouvrages pratiques de conseils aux parents et les livres plus scientifiques "très académiques, austères" (Avant-propos, p. 3).   

    En même temps, à la lecture de ce livre, malgré les références scientifiques, les références aux auteurs profane m'ont toujours dérangées.  Je comprends mieux pourquoi.  Et le fait de conjecturer que Nicolas est de la famille d'Alain, lui-même proche de l'ANPEIP dont se reconnaissent Terrassier et Siaud-Faccin pour ne citer que ces deux psychologues, m'inclinent encore pls à penser que le livre de Gauvrit n'est pas,  lui non plus, affranchi du lobbying ANPEIP.  Ce qui a des conséquences importantes sur la crédibilité de l'ouvrage, bien entendu.  Ceci étant dit, à de multiples égards, il me paraît de lecture plus intelligente que la plupart de la littérature qui garnit le rayon des libraires sur le sujet.  

    Le deuxième chapitre, que j'ai entamé, aborde le rôle des psychologues, d'abord des chercheurs académiques, donc de la parole scientifique, ensuite des psychologues auteurs de livres profanes, enfin, de la pratique des psychologues-même.  Super intéressant.

    Bref, en sus du livre de Gauvrit, ce livre de Lignier mérite une lecture attentive vu le sérieux de sa démarche, son esprit critique, son approche compréhensive (il l'appelle ainsi), et sa belle plume. 

    En revanche, je me demande si, à force de dénoncer le fait que les HP veulent influencer le cours de l'Education nationale, Lignier ne risque pas de légitimer le système scolaire?  Parce qu'une de ses critiques (pas encore lu, c'est plus loin dans le bouquin) vise à dénoncer le fait que cette petite noblesse dénonce le système scolaire en ce qu'il ne prend pas en compte les spécificité de chacun.  De fait, mon intérêt pour l'éducation nouvelle et ma critique du système scolaire, rejoignent, pour d'autres raisons, les préoccupations de cette noblesse, et confirme mon appartenance, consciente, à la classe de bobos.

    J'espère avoir le courage, l'envie et, surtout le temps, de compléter ce billet par mes impressions sur les autres chapitres.

     

     

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    * W. Lignier, Une noblesse psychologique.  Les appropriations sociales du diagnostic de "précocité intellectuelle" en France, Université Paris-Diderot, 2010.

     

    **

    Vu les propos affligeants de personnes n'ayant même pas lu ce livre, et les arguments qu'elles avancent pour réprouver le sociologue, d'une part, et, d'autres part, leur propension à prendre pour argent comptant ce que racontent les livres profanes- je vais utiliser ce terme désormais-, c'est à se demander où se niche l'esprit critique des surdoués qu'elles prétendent être ou vouloir être.

    Sur le forum, vous pouvez y lire cette perle qui montre bien comme il peut être plus facile de démonter les propos en pouvant s'afficher avec un QI supérieur à 130 (le vert est de moi).  Parce que Mlle Rose croit que toute personne qui critique le concept de HP est aigrie?  [là, ça y est, je vais me faire lyncher si qqun-e de ce forum débarque ici.  L. m'aura prévenue: "En parlant de ce sujet, tu ne vas pas te faire que des amis...").

    Messagepar Mlle Rose » Dim 20 Mai 2012 19:45

    Tu n'es pas le seul que ça met mal à l'aise.... tout ceci est proprement à vomir et c'est à se demander si le monsieur n'a pas une dent personnelle contre tous les surdoués de la terre faute d'avoir été lui-même identifié comme tel.

    En tous cas pas de souci pour la redite, elle est vachement bien redite (d'autant qu'elle est largement complétée) ;)
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    Dites, avant de critiquer un bouquin et un auteur, il ne vous viendrait pas à l'idée de le lire?  

    Il ne me semble pas idiot de penser qu'il y a des personnes qui ont un QI moyen mais qui l'utilise correctement et qui sont capables d'analyses poussées...Un QI élevé ne préserve pas de la stupidité, à vrai dire.  
     
    Cette autre perle:
     
    En fait, je trouve ça fou d'aller détailler les mécanismes qui font qu'une catégorie de population est reconnue ou pas, d'aborder la douance sous cet angle sociologique, alors qu'il y a tant de 1. gens en souffrance 2. méconnaissance sur le sujet 3. études passionnantes à réaliser du côté de la physiologie/neurologie.
    C'est un peu comme faire la sociologie des mangeurs de frites avec la mayo ou avec du ketchup quoi, pour moi, je ne vois pas à quoi ça sert.
    Bon, sur sa vision des parents et leurs motivations à tester leurs enfants, soit il se met le doigt dans l'oeil, soit il a eu accès à un panel effectivement ultra orienté réussite scolaire et niveau de l'école. Parce que je ne crois pas que la majorité des enfants testés soient des enfants sans aucun souci scolaire. (ce qu'il semble dire, les parents feraient tester leurs enfants, comme ça, parce qu'il a l'air bon à l'école???)
     
    Mon dieu, à quoi donc sert la sociologie?  Il peut être intéressant de lire une voix discordante plutôt que de lire sans cesse les mêmes propos répétés par la même bande de personnes...Des idées reçues, dieu qu'il y en a.  Nicolas Gauvrit en démonte un certain nombre dans son livre, à vrai dire.  Au hasard, le mythe du surdoué anxieux: "les enfants précoces sont en moyenne moins  [c'est l'auteur qui souligne] anxieux que les autres" (p. 110).  
     
     

    *** "Profane" est le terme utilisé par Lignier pour désigner la littérature que, jusqu'à présent, je nommais "vulgarisée". 

     


     

    PS: c'est curieux comme les auteurs grand public s'évertuent à confirmer leur hypothèse en dépit des études scientifiques et académiques.  Pour rappel, voy.  cette excellente note de lecture sur le livre de Siaud-Faccin.  

    En parlant d'elle.  Sur son blog, à propos de cet opus sociologique, deux phrases à relever:"[L'approche de Lignier] est en tous cas distante, dénuée d'empathie. Mais après tout, est-ce le rôle d'un sociologue d'être dans la sollicitude vis à vis d'un sujet qu'il étudie ?"  

    Heu, pardon.  Je me pose une question, a-t-elle déjà lu des articles académiques?  

    "Il y a une certaine froideur, un recul, qui mettent parfois mal à l'aise & donnent le sentiment d'être de la famille d'une petite souris observée en laboratoire."

    Mais bon sang, c'est son boulot, au sociologue...que d'analyser et synthétiser sans entrer dans une vision partisane - comme celle que j'ai décelée dans le livre de Nicolas Gauvrit-

     

     

     

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