• 6 août '14 - Zao, sa mère et sa grand-mère

    Elle est jeune. Encore aux études.  Elle vient de décider avec son amoureux qu'ils sont prêts à fonder une famille.   Son fils naît.  Appelons-le Zao.  Les premières années sont difficiles.  Très difficile. 

    Lorsque la jeune mère rend visite à sa belle-mère, le premier geste de celle-ci consiste à lui prendre Zao des bras, de le dévêtir complètement et de le rhabiller avec des habits qu'elle, la grand-mère, a choisis et conservés chez elle.  La jeune mère sent un malaise dans ce comportement.  Elle se confie à son mari.  Ce dernier ne voit pas de mal dans l'attitude de sa mère.  La jeune maman peut rester avec son malaise.  Il n'existe pas puisqu'il n'a aucune raison d'être. 

    Dix ans plus tard, la belle-mère avoue à la jeune femme qu'elle a mis autant de temps à accepter et acter le fait que celle-ci était bien la mère de Zao.  Dix ans pour cette grand-mère, pour reconnaître sa belle-fille comme la mère de cet enfant.  

    ***

    Lorsque la mère de Zao m'a raconté ce passage de sa vie, j'ai fondu en larme. 

    J'ai tenu cette histoire comme la preuve que je n'étais pas folle.  J'ai pleuré de soulagement de savoir qu'au moins une femme comprenait ce que je ressentais  parce qu'elle l'avait elle-même traversé.  J'ai pleuré de soulagement car j'ai compris la légitimité de mon malaise qui ne peut exister car l'attitude problématique à mes yeux revêt une telle insignifiance aux yeux de tous alors qu'au plus profond de mon être, je ressentais comme quelque chose de totalement inapproprié.  Les actes et comportements reprochés, aux allures si anodines, si innocentes, si quelconques, provoquaient chez moi un sentiment puissant de colère, d'autant plus accentuée par l'indifférence et  l'ignorance de mes demandes répétées pour que cessent les attitudes problématiques (comme revêtir mes enfants de la tête au pied avec des nouveaux habits, et au passage, laver systématiquement les fringues de mes enfants qui me revenaient lavés et pliés, alors qu'ils n'étaient pas spécialement sales). 

    Ma colère était d'autant plus amplifiée que mon homme me raconte qu'enfant, le premier geste que sa mère faisait lorsqu'il revenait de sa semaine chez son père (parents divorcés, garde au père), consistait à (sans doute, l'aurez-vous deviné) : demander à ses enfants de se dévêtir et à mettre leurs vêtements au lave-linge. 

    Je vous laisse le soin de l'interprétation symbolique d'une telle attitude...

    ***

    Pour moi, cette histoire est puissante, car elle démontre comme le témoignage peut être d'une aide précieuse. 

    Je ne remercierai jamais assez cette maman de m'avoir confié son histoire, en me recommandant de : remercier le ciel d'avoir un mari de mon côté, et de prier le ciel pour que la personne pour laquelle je ressens tant de colère réalise un jour le sens de son comportement et me demande pardon. 

     

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