• 16 novembre '15 - Journal d'un désir d'enfant 2

    27 août 2015

    Cela fait déjà un mois que je me demande où acheter de l’acide folique.  Je vais me renseigner. 

    Et ça y est, depuis 1 ou 2 semaines, je m’attendris avec envie devant des petits bébés en porte-bébé ou en landau.  Je me surprends à m’intéresser à mon cycle.  Je sais qu’il est extrêmement régulier, ce qui devrait faciliter les choses.  En vérité, c’est surtout mon homme qui sait.  Il s’en préoccupe davantage que moi.  En général, quand je suis d’une humeur massacrante et odieuse, il constate que soit, je vais avoir mes règles (pour le coup, il le sait avant que moi-même je n’y pense, ni ne le sache), soit, je les ai.  Une amie m’avait un jour répondu que mon homme était une "vraie femme".  Tout cela sans doute parce qu’il cuisine et qu’il est plus attentif à mon cycle menstruel que moi-même.  J’ai rigolé sur le moment.  Mais, en réalité, cette phrase m’a hantée.  Elle décline si parfaitement les clichés sur les hommes et les femmes, sur la féminité et la virilité.  Mon homme n’en est pas moins un homme parce qu’il s’intéresse à mon cycle menstruel.  Passons.

    La semaine dernière, j’avais mal au ventre, mes seins étaient hyper sensibles.  J’avais même pu extraire une goutte de lait sans difficulté, ce que je n’avais jamais essayé depuis le sevrage de ma fille, en janvier.  Je n’étais pourtant pas dupe.  Je sentais bien que ma fatigue n’était pas exagérée comme j’avais senti qu’elle l’était lors de mes grossesses. 

    Du début de ma 1ère grossesse, je me souviens très bien d’un moment très précis. 

    A l’époque, j’étais membre d’un club de sport.  Je m’enfermais 3 à 4 fois par semaine dans une salle pour me trémousser sur une musique cadencée lors de cours de bodyattack et bodyjam (j’adorais ce cours, en visionnant aujourd’hui des vidéos, j’ai envie de m’y remettre !) ; pour me contorsionner lors des cours de pilates et bodybalance et pour courir après le volant (nous pratiquions 1 à 2 heures de badminton par semaine).  Dieu que j’étais sportive !  Quand je compare par rapport à maintenant, je me sens vraiment …feignasse ! 

    Cela faisait plus ou moins un an que je me dandinais sur la musique effrénée 1 fois par semaine au cours de bodyattack, j’étais fière de tenir le coup et de terminer la session sans être essoufflée. 

    Un jour cependant, ce devait être début décembre, je me suis surprise à devoir m’arrêter en plein exercice.  Je n’arrivais pas à suivre le rythme du moniteur devant moi.  J’ai senti de l’étonnement, et à vrai dire, de la colère envers moi-même.  Je ne comprenais pas qu’au bout d’une année de pratique régulière, j’en venais à perdre le rythme au bout de 15 minutes de sauts sur place, comme à mes débuts ?  Je me suis forcée à reprendre le rythme.  

    Peu de temps après, j’appris que j’étais enceinte.  Après le choc de la surprise passée, je repensai à cet épisode en salle de sport. Le franc tomba à ce moment-là.

    Pour ma 2ème grossesse, je me souviens de m’être étonnée de mon essoufflement alors que je m’affaissais sur la poussette qui menait mon fils à la crèche.  J’étais anormalement essoufflée.  Cet essoufflement conjugué à mon état de fatigue générale me mirent la puce à l’oreille.  L’état de mes seins dont les aréoles avaient doublés de taille finit de me convaincre que je portais, enfin, ce bébé attendu depuis quelques mois.  2 semaines avant le début de mes règles, j’ai légèrement saigné, ce qui correspondait à la nidification. 

    Dès le 1er jour de mon retard de règles, ma conviction était encore plus ferme. 

    C’est là que j’ai réalisé l’aliénation dont nous pouvons faire preuve, déconnecté-es comme nous pouvons l’être de nous-mêmes.  A l’écoute de mon corps, je savais que j’étais enceinte.  Pourtant, mon homme ne me croyait pas, je dirais plutôt qu’il ne croyait pas ce qu’il savait déjà.  Il avait besoin d’un test « objectif ».  Il a fallu que j’achète un test en pharmacie qui confirme ce que mon corps exprimait déjà de mille façons. 

    Cet épisode m’a énormément marquée.  Ce besoin d’une technologique tierce pour confirmer un fait si intime continue de m’interroger sur la place de la technique et des objets sur notre conscience, sur l’écoute de notre corps, et de manière générale, sur nous-mêmes.

     

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