• 15 novembre '15 - Journal d'un désir d'enfant 1

    21 août 2015.  J’ai cru que j’étais enceinte.

    Depuis que je suis tombée enceinte la 1ère fois, j’ai senti toute cette ambivalence en moi.  Cette envie de fonder une famille, de donner la vie à 3 enfants, et en même temps, ce constat que durant près de 10 ans, ma vie se concentrerait quasi exclusivement sur mon état soit de femme enceinte, soit de femme allaitante, du moins de mère d’enfants de moins de 3 ans.

     J’avais depuis longtemps calculé.  Du moment où j’ai accepté que j’allais avoir un bébé, je n’ai eu de cesse que de calculer.  Enceinte à 30 ans, un bébé à 31 ans.  Pour 3 bébés, et un délai raisonnable entre les bébés (3 ans maximum et minimum), j’aurais 40 ans quand mon dernier bébé rentrerait en maternelle.  Il naîtrait à l’orée de mes 37 ans.  Et je me répétais ce constat : 37 ans, que c’est tard !  Que c’est vieille pour avoir un bébé !  Que cela augmente les risques de trisomie (voy. notre expérience du tri-test), les complications et surtout, que la santé physique à 37 ans n’est pas la même qu’à 30 pour les nuits hachées et du coup, la patience et la bienveillance en famille. 

    Ma fille est née alors que j’avais 33 ans.  2 ans et 9 mois séparent mes 2 enfants.  J’envie les femmes qui enfantent de manière rapprochée, mais j’ai conscience que ce n’était pas possible pour moi, pour nous, de faire plus rapproché que 2 ans et 9 mois.  Pour nous, cet écart était le minimum.

    Ma fille fut un bébé facile. Elle est arrivée vite dans mon ventre.  Elle en est sortie rapidement aussi (voy. mon récit d’accouchement ici).  Elle était facile après.

    Il n’en demeure pas moins que cette vie avec 2 enfants nous réservent son lot de tracas et de fatigues, certes mêlés aux joies et aux rires.  Il n’empêche, nous étions éreinté-e (comme tout parent, oserais-je). 

    Notre premier nous avait épuisé-es avec ses colères et ses excès de furie qui ont mis 4 ans à se réguler (de 2 à 5 ans).  C’était à peine fini avec Fiston que c’était au tour de sa petite sœur de prendre la relève.  A partir de ses 2 ans, elle nous en fait voir de toutes les couleurs.  Ce ne sont pas des colères comme son frère, elle a son propre style. 

    Notre envie de 2ème enfant est née après que nous ayons pu récupérer des nuits complètes et réparatrices.  Nous avons eu quelques mois de grâce.  J’en avais fait échos ici d’ailleurs.  Nous avions trouvé un équilibre à 3.  Puis…je suis tombée enceinte.  J’étais devenue hors service, paralysée que j’étais par les nausées et autres joyeusetés.  Mon homme a assuré l’intendance, la logistique et surtout, les débuts de crises avec Fiston.  Il en a pleuré.  Littéralement.  Je veux dire, des larmes furent réellement versées. 

    Nous en avons bavé avec notre fils.  Je l’ai souvent partagé ici.  Nous nous sentions tellement impuissant-es. 

    L’œuf ou la poule ?  Ma grossesse a-t-elle déclenché, favorisé les crises ?  Si je n’étais pas tombée enceinte, aurait-ce été aussi difficile avec notre fils ?  Aucune idée. Mais, c’est certain que si, au moment de vouloir notre 2ème enfant, nous savions ce que nous aurions à traverser, nous aurions sans doute remisé notre envie de progéniture. 

    Sachant ce qui nous attendait, nous aurions attendu ; du coup, pour la suite de la croissance familiale, ce fut la seule d’envisageables.  Nous avons attendu.

     Le temps passait et l’envie ne venait pas.

    Rationnellement, pourtant, il était clair que je voulais 3 enfants.  Que nous voulions 3 enfants.  Mon chéri et moi. 

    Emotionnellement, cependant, je sentais que je n’aurais pas pu faire face.  Mon homme encore moins.  Il refusait cette idée.  Son refus me braquait. En même temps, je ne le comprenais que trop bien.  Parallèlement à cette compréhension et à mon absence d’envie d’avoir un autre nourrisson, je voyais le temps filer, les années se dérouler (presque) tranquillement, du moins, trop vite à mon goût.

    Dès que j’ai atteint mes 36 ans, je me suis sentie terriblement vieille.  Dans mes prévisions théoriques et purement personnelles et hypothétiques, j’aurais eu mon dernier enfant avant mes 37 ans.   J’ai eu 37 ans cette année.  Une vie professionnelle complètement à l’arrêt.  L’envie d’un 3ème bébé a commencé à poindre son nez, émotionnellement je veux dire.  Je ne vous parle pas de mon envie rationnelle qui ressemble à un plan de vie (ce qui, en soit, est déjà foireux ; d’avoir un plan de vie, je veux dire) : avoir 3 enfants – et je vous/nous épargnerai un discours et les réponses à la question qui tue et que je trouve déplacé : pourquoi t’échines-tu à vouloir un 3ème enfant ?   Est-ce qu’on demande à une femme qui veut avoir sa 1ère progéniture pourquoi elle la veut ?  C’est comme « allaiter », il y a un âge après lequel c’est mal considérer de donner le sein.  Après 2 enfants, c’est bizarrement considéré de vouloir élargir sa tribu.  Bref.

    Restait à être deux.  Parce que, a priori, souvent, on est deux pour faire un bébé (remarquez qu’il arrive qu’on doive être 3 ou plus, les FIV, les donneurs de sperme, les mères porteuses, les adoptions, etc.). 

    Après discussions, nous sommes bien sur la même longueur d’ondes, mon chéri et moi.

    Pour Fiston, nous n’avons rien attendu du tout.  Il était imprévu mais bienvenu (nous avions cessé toute contraception dès notre décision de nous engager l’une envers l’autre, vers mai-juin ; bébé a habité mon utérus dès décembre).  Pour Princesse aux pieds nus, 2-3 mois se sont écoulés entre le vœu et sa réalisation. 

    J’espère de tout cœur que notre dernier viendra tout aussi rapidement.  

    C’est la première fois que je suis si impatiente de tomber enceinte.  Avant ma 2ème grossesse, j’en avais envie, et j’ai accueilli, par 2 fois, mes règles avec déception. 

    Récemment, je ne sais quel enchantement m’avait hypnotisée.  J’ai caressé une conviction émotionnelle que j’étais enceinte.  J’ai commencé à ne plus porter mes enfants, à faire attention à mon ventre, et le protéger de coups éventuels (de mes enfants, s’il et elle exprimaient une colère par un geste démonstratif).  J’ai commencé à avoir des nausées, à avoir mal au ventre (j’avais eu ça pour mes 2 grossesses).  Bref, j’ai commencé à somatisé un début de grossesse tellement j’en avais envie.  J’ai surtout mal interprété ces signes corporels. 

    Je commence donc à comprendre ces femmes qui attendent avec impatience leur grossesse.  Or, je ne veux pas tomber là-dedans.  Je me suis refusé à tomber dans cette impatience après la lecture de 3 fées pour un plaidoyer.  Je formule donc le vœu de ne pas attendre désespérément une grossesse et de ne pas accueillir mes règles avec rage et colère ou tristesse.  Je ne puis, toutefois, écarter la déception, comme celle qui m’a surprise à la vue du sang il y a quelques jours…L’aventure ne fait que commencer.

     

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