• [2012-02-14] Dans la série "qui est qui" de mon fils

    L'Oedipe, si ce complexe existe bel et bien (j'ai lu que certains remettaient en cause l'existence même de ce processus), commence à quel âge?

    Depuis quelques jours, mon fils aime à me demander/affirmer:

    "Tu es ma femme, maman".

    Heu, 2 ans et 5 mois, pour l'Oedipe, c'est un peu tôt quand même?! ;-)

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  • Commentaires

    1
    m'fi
    Mardi 14 Février 2012 à 21:07

    C'est pas vers 3 ans que ça commence?...

    ...

    Wikipédia confirme: http://fr.wikipedia.org/wiki/Complexe_d'%C5%92dipe

    2
    Seedhoshi
    Vendredi 6 Septembre 2013 à 12:58

    Ma fille me demande un petit frère.

    Je lui demande comment faire.

    Elle me répond :

    - Maman, tu es le papa. Moi, je suis la maman et le bébé il va dans mon ventre...

    C'est quel complexe ça!? ;-)

    3
    Samedi 7 Septembre 2013 à 10:38

    Hihi, Seedhoshi, j'adore!

     

    4
    yeu
    Mardi 10 Septembre 2013 à 09:19

    C'est notamment Alice Miller qui s'insurge contre ce concept (et contre la psychanalyse freudienne en général), qu'elle trouve sinon absurde, du moins dépassé. Ce qu'elle lui reproche en premier lieu, c'est de faire porter toute la culpabilité (consciente ou inconsciente) à l'enfant, sans s'interroger sur les méthodes éducatives des parents et leur impact sur le comportement et sur les réactions du petit. Elle souligne d'ailleurs que Freud lui-même a subi dans son enfance les mêmes traitements violents habituels que tout garconnet de son époque, sans jamais dans sa théorie remettre en cause les pratiques de ses parents.

    Mon interprétation à moi de ce fameux concept d'Oedipe : à l'époque, c'est avant et surtout le père qui punissait, frappait, violentait à la moindre occasion l'enfant, sous prétexte de l'éduquer. La mère, le plus souvent, câlinait et rassurait, "pansait" ces blessures de son petit, tout en subissant elle aussi  plus ou moins souvent cette violence (pour le moins verbale) de la part de son mari. C'est donc normal que l'enfant tente de protéger sa maman en essayant d'éloigner ce mari violent.

    Qu'une fillette défende sa mère n'était pas particulièrement choquant à l'époque et ne le serait pas non plus aujourd'hui; qu'un garconnet le fasse, cela donne lieu aux explications sexuelles les plus tordues... D'ailleurs, comme le rappelle Alice Miller, le mythe d'Oedipe de la mythologie grecque n'a pas grand chose à voir avec interprétation que lui a conférée la psychanalyse : là-bas, il épouse sa mère par un hasard des plus fous, sans en être conscient, ayant été séparé d'elle peu après sa naissance. De même, il tue son père sans savoir qui il est vraiment, à part qu'il est le gros méchant de l'histoire.

    Pour mon témoignage, mon fils, officiellement en plein âge du "complexe d'Oedipe", se montre tout aussi attachant à l'égard de nous deux, mon mari étant aussi attentionné, patient et respectueux envers lui que moi, sinon plus.

    5
    yeu
    Mardi 10 Septembre 2013 à 09:28

    Après, c'est vrai que 2-3 ans, c'est l'âge où les enfants commencent à être plus conscients des relations entre les membres de la famille : les grands-parents sont les parents des parents, mon oncle est ton frère... Ces dualités qu'ils ne percevaient pas avant donnent lieu à des questions pour satisfaire leur curiosité sur ce plan. Je pense que, par la question qu'il t'a posée, il cherche peut-être à comprendre cette dualité à toi : je suis ta maman, et je suis en même temps l'épouse de ton père. Tout comme mamie est l'épouse de papie, et en même temps elle est ma maman.

    Dommage que ce Freud nous ait ancré cette histoire de pulsions sexuelles si profondément dans le cerveau qu'on n'arrive pas à entrevoir et à tester d'abord les explications les plus simples... ;)

    6
    Mardi 10 Septembre 2013 à 10:30

    Bon, 3ème tentative.  Chaque fois, une fausse manip' efface mon commentaire.


    Yeu, merci pour vos précisions sur les critiques de la psychanalyse.  Je partage assez bien ces critiques, sans pour autant tout rejeter de la psychanalyse.


    Dernièrement, je postais une vidéo de Laure Guédeney qui met les points sur les i par rapport à la psychanalyse.

    Pour une autre descente en règle de la psychanalyse, Jérémy Rifkin (livre non achevé, mais cette partie-là, je l'ai lue): J. RIFKIN, Une nouvelle conscience pour un monde en crise [2011]

    Ainsi que l'excellent [2012-02-14] Laurent OTT - Nicolas MURCIER (dir.), Le mythe de l'Enfant-roi [nov. 2011]

    Voy.  aussi cette vidéo de Filloziat que j'ai repostée ici: 10 septembre '13 - Filloziat, critique de l'obéissance, de la formulation négative et de la psychanalyse

    7
    yeu
    Mardi 10 Septembre 2013 à 11:39

    Oui, j'ai bien regardé la vidéo de Laure Guédeney il y a qq temps, certains passages avec moins d'attention que d'autres, mon fils jouant dans les parages.

    C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai utilisé le terme "dépassé" dans mon premier commentaire... Pour Alice Miller, on sent quand même à travers les lignes qu'elle avait beaucoup de comptes à régler avec ses parents, que ses écrits - au-delà de leur inestimable valeur pour adoucir et/ou mettre fin à la spirale des violences éducatives - ont aussi un grand rôle cathartique pour elle personnellement, d'où un certain manque de recul et d'objectivité dans son oeuvre aussi... Mais qui peut vraiment être 100% objectif, et ne pas se laisser biaiser par son vécu dans son travail ?

    Bref, je suis bien d'accord avec Guédeney sur ce qu'elle accorde à la psychanalyse : le fait de s'être intéressée pour la première fois au vécu de l'enfant. En le culpabilisant, certes, comme le souligne Miller, mais en s'y intéressant quand même. Et cela a posé les bases des théories actuelles, qui vont sûrement être améliorées aussi... Cela m'étonne d'ailleurs qu'elle n'ait fait aucune référence à Alice Miller dans sa conférence - peut-être ai-je loupé ce passage...

    Merci en tout cas pour le nombre de références très utiles que je vois circuler sur ce blog !

    Et on peut se tutoyer aussi, ca fait bizarre de voir des "vous" s'adresser à moi en dehors de mon boulot

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    8
    m'fi
    Mardi 10 Septembre 2013 à 12:29
    m'fi

    @ yeu:

    Je cite: "Mon interprétation à moi de ce fameux concept d'Oedipe : à l'époque, c'est avant et surtout le père qui punissait, frappait, violentait à la moindre occasion l'enfant, sous prétexte de l'éduquer. La mère, le plus souvent, câlinait et rassurait, "pansait" ces blessures de son petit, tout en subissant elle aussi  plus ou moins souvent cette violence (pour le moins verbale) de la part de son mari. C'est donc normal que l'enfant tente de protéger sa maman en essayant d'éloigner ce mari violent."

    Ca fait un peu peur et ca ne donne pas une image très positive des hommes et des pères... Etaient-ils vraiment tous comme cela à l'époque de Freud? (Début du 20e, je suppose...) Qu'est-ce qui permet d'affirmer cela?

    Bien que je comprends le sens du commentaire comme ceci: dans la conception traditionnaliste de la famille, le père représente l'autorité et la mère l'affection, j'ai quand même un peu du mal avec l'idée que la majorité des pères se montraient violents avec leur enfant "à la moindre occasion" sans leur donner une once d'affection...

    C'est peut être mon petit coeur de père qui parle.

    9
    Mardi 10 Septembre 2013 à 12:46

    Ah, M'fi, c'est sans doute caricatural...(quoi que...encore aujourd'hui, je suis étonnée par la caricature qui règne dans certaines familles où la femme prend en charge TOUT ce qui concerne l'enfant PLUS le ménage.  Mon homme aime me répéter que j'ai de la chance.  Moi, je lui rétorque que je n'ai pas de chance, ce sont les autres femmes qui sont dans une situation intenable, d'où les burn-out maternel.  Bref bref). 

    En tout cas, M'fi, le droit traduit bien cet état des faits.  En droit romain (d'où s'inspire notre code civil), on parle de "puissance paternelle", le pater avait droit de vie et de mort sur les enfants et sa femme (sans compter les esclaves et autres). Dans le Code civil de 1804, on parle encore de "puissance paternelle".  Ce n'est que bien après qu'est apparue la notion d'autorité parentale.

    Bon, je mets, plus pour moi que pour vous, c'est surtout de l'histoire du droit

    http://www.sdj.be/admin/fic/Fiche-jdj251-jan06.pdf

    http://www.erudit.org/revue/cd/1974/v15/n4/041993ar.pdf

    Yeu, oui oui, pour le "tu". 

    10
    m'fi
    Mardi 10 Septembre 2013 à 13:30
    m'fi

    C'est vrai que bon nombre de famille fonctionne encore comme tu le décris: l'homme n'en touche pas une au niveau enfant et ménage.

    A mes yeux, ces hommes sont des beauf' car on n'est plus dans ce schéma aujourd'hui puisqu'autant la femme que l'homme travaillent mais bon, c'est comme ça. Ma moitié m'a déjà rapporté des cas où l'homme se croyait tout permis et, alors que sa femme s'occupait de tout ou presque, il arrivait encore à la dévaloriser... J'ai beaucoup de mal à comprendre ce type de comportement de la part de l'homme et beaucoup de mal à comprendre ce que ces femmes trouvent à ce type d'homme...

    (Soit dit en passant, bien que je sois loin d'être assidu au niveau ménage mais comme je m'occupe aussi souvent qu'elle des enfants et d'autre tâches du quotidien, moi aussi je dis à ma moitié qu'elle a de la chance... Mais elle ne me dit pas ce que tu dis à ton homme: elle se montre plutôt indifférente à mon commentaire... Je pense que ton homme et moi vous disons ça plus parce qu'on est des hommes et que les hommes aiment qu'on leur répète à longueur de journée qu'ils sont les plus beaux, les plus forts, les plus grands et qu'ils sont des grands champions aux yeux des femmes qu'ils aiment )

    Maintenant, par rapport au commentaire de yeu, c'est plus sa description du caractère presque continuellement violent des pères du début du 20e qui m'a interpellé plutôt que la caricature "père / autorité, mère / affection" assez communément admise et probablement justifiée à l'époque... Peut-être que yeu précisera son propos à l'occasion

     

    11
    yeu
    Mardi 10 Septembre 2013 à 13:36

    @m'fi : c'est sûr qu'on ne peut pas généraliser à l'extrême et dire que 100% des pères étaient ainsi à l'époque... Mais quand on lit les extraits des manuels d'éducation de l'époque (fin 19ème, début 20ème) cités par ex amplement par Alice Miller dans "C'est pour ton bien" on ne peut s'empêcher de créer une telle image dans sa tête : le père avait le devoir d'être ferme, sévère avec ses enfants; en utilisant, dans le plus doux des cas, la manipulation. Toute forme d'affection nuisait à l'enfant et était une preuve de faiblesse parentale, cela était d'ailleurs considéré le grand défaut des mères.

    Ca fait froid dans le dos, je te l'accorde... surtout ayant moi-même grandi avec un père plutôt à l'opposé de cette image..

    Pas plus loin que cela, ma belle-grand-mère (ca existe ce terme ? ) m'a dit l'air de rien au détour d'une conversation que son mari ne prenait jamais ses enfants dans les bras en public (pour consoler, ou pour donner à manger, par exemple), car cela "ne se faisait pas", c'était à la mère de gérer ca. Alors, même sans être violent de sucroît, on peut comprendre que l'enfant soit plus attaché à la mère et percoive son père comme quelqu'un de plus froid et plus insensible que sa mère... Hélas...

     A notre génération de changer cela

    12
    m'fi
    Mardi 10 Septembre 2013 à 14:11
    m'fi

    @ yeu: " A notre génération de changer cela".

    Oui! J'espère que mes fils, s'ils doivent le faire, me décrirons comme un père aimant, affectueux et juste. Mais aussi comme un homme avec ses forces et ses faiblesses. Je leur laisse le soin de juger s'ils le désirent.

    Je fais de mon mieux chaque jour pour qu'ils me voient de cette manière...

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