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[2012-05-02] La tutte
Je l'écrivais ici lorsque je partageais mon expérience sur l'allaitement, nous avons donné la tutte à Fiston alors qu'il avait, quoi?, trois-quatre semaines.
Depuis, nous avons modulé l'usage de la tétine. Elle nous a permis, à de nombreuses reprises, de souffler. Puis, nous a joué des tours, lorsqu'à 3 mois, le Petit Prince, après un rhume qui a bouleversé son rythme de sommeil, nous réveilla souvent la nuit parce qu'il perdait son précieux "bouchon". Le summum fut atteint en janvier 2010 (3 mois) quand pendant quelques semaines, il nous réveilla toutes les heures. Oui, vous avez bien lu, toutes les heures de la nuit. Nous, ses parents, ressemblions à des zombies. Le pédiatre, pseudo-homéopathe, que nous consultions à cette époque nous envoya chez une psychologue qui nous délesta de 40 euros pour nous conseiller de laisser notre fils pleurer (la méthode 5-5-10 minutes). Malgré la stupidité d'une telle stratégie, nous avons fini par "appliquer" cette "méthode" barbare. Par instinct de survie, ai-je envie de justifier. Je me rappelle d'une nuit où, réveillée par les pleurs, comme les heures précédentes (Fiston est, en général, une personne de très régulière et constante- s'endort, se réveille, mange, fait pipi et caca à des moments prévisibles. Pour le réveil toutes les heures, sa ponctualité était impressionnante), je dis à mon homme qu'il peut continuer à dormir, que c'est moi qui y vais. J'ai souvenir d'avoir prononcé ces phrases, puis d'avoir refermé les yeux. A mon réveil, c'était le matin, mon corps avait tout simplement déconnecté. Malgré ma volonté et mon projet sincère de me lever, je n'avais pas eu la force, tellement, j'étais fatiguée. Bébé a-t-il pleuré longtemps après? Aucune idée. Tellement j'avais replongé dans les bras de Morphée. Cette manie de se réveiller toutes les heures est passée.
L'étape suivante fut l'entrée en crèche, et mon observation que nous avions, tous, tendance à "bouchonner" trop rapidement Fiston dès qu'il pleurait. Nous avons donc supprimé la tutte. Du jour au lendemain, pour tout le monde. En prévision de la crèche. J'ai expliqué au personnel de la 1ère crèche que mon garçonnait a fréquentée que ce dernier avait eu une tutte mais que maintenant, il n'en avait plus. J'étais trop méfiante. J'avais visité nombre de crèches où je voyais les puericultrices fourrer l'engin dans la bouche de bébés, au moindre son, même le son d'un sourire Je ne voulais pas de cela pour mon fils. Je n'avais pas confiance pour un usage modéré et discriminé de la tutte par le personnel de crèche. Je l'ai donc supprimée.
Puis, avec le temps, les siestes difficiles à la maison les we, mon homme a tenté l'une ou l'autre fois l'endormissement avec la tutte. Et cela fonctionnait. Le petit ange se laissait partir vers le pays des songes plus vite. C'est ainsi que ce bout de caoutchouc fut réintroduit. Mais exclusivement pour dormir. A la crèche, pourtant, c'était toujours sans tutte.
Lorsque nous avons passé la main aux Passifloriens, j'avais confiance en les personnes qui garderaient mon fils. Je savais que mes consignes de réserver la tutte aux siestes seraient respectées par ces parents qui partageaient des visions éducatives et de maternage/parentages très similaires des miennes. Fiston était le seul, de tout le lot, à être dépendant de ce truc pour dormir. Mais, au moins, avec cela, son endormissement ne posait aucun souci.
Je nourrissais également cette confiance lorsque mon garçonnet a commencé à fréquenter la structure d'E.. J'ai donc été très surprise et, clairement peu enchantée, de voir collée sur la boîte de mon fils, une photo de lui jouant dans la chambre avec sa tutte en bouche. "Il venait de se réveiller de la sieste" me rassura E.. Ouai...Quand même.
Puis, ces incidents... Ces moments de séparation difficiles certains matins. Et voilà que j'apprends que pour le "consoler", E. lui donne la tutte, que Petit Prince la garde quelques minutes puis la rend spontanément. Sourcils froncés. Contrariété...Au bout de quelques mois, de discussions avec une autre maman, j'ose enfin expliquer à la gardienne de Fiston pourquoi je désapprouve cette "solution". Mon fils ne réclame souvent pas d'attention spécifique, je veux dire, il s'endort facilement, il mange facilement, il interagit avec ses compagnons de jeux de la manière d'un enfant de son âge. Il lui arrive toutefois, CERTAINS matins, de manifester son désaccord avec notre décision de le laisser à la crèche. Je souhaite que cette colère et tristesse soient accompagnées autrement que par l'usage de la tutte. Je suis d'autant plus opposée à cette méthode que, depuis quelques mois, je "travaille", en fait j'explique à mon fils, que j'espère qu'il se séparara de ce bout de caoutchouc. Je trouve donc illogique et incohérent qu'à la crèche, l'usage de ce dernier soit plus étendu qu'à la maison, où je lui demande de s'en séparer.
Pour l'instant, il semble que ma demande ne soit pas respectée. Comme Fiston vit ses derniers moments à la crèche, je n'ai pas envie de répéter encore et encore ma demande, d'autant que mon exigence est contrebalancée par la tolérance de mon homme qui accepte cette pratique.
Toujours est-il que j'avais dans l'idée que la fin du régime avec tutte se ferait dans la douleur, du moins, à force de persuasion, d'argumentation, de négociation et avec le temps.
Et voilà-t-il pas que hier soir, au moment de mettre l'empereur au lit, je ne trouve pas la tutte. Impossible de mettre la main dessus. Je le préviens que je ne la trouve pas. Il l'entend mais est en train de se déshabiller, puis de se baigner, et ne semble pas faire cas de cette nouvelle. Après la lecture de ses 2 histoires (il négocie très bien, mon fils...d'une histoire, il peut passer à deux. Avec son grand-père, cela peut devenir 5 histoires, même s'il ne sait pas ce que signifie "5", si ce n'est que c'est plus que 2), il me réclame sa tutte. Je lui réponds que je ne la trouve pas. "Peut-être qu'elle est tombée sous le lit". "Chéri, j'ai déjà regardé. Je ne l'ai pas trouvée". Je me demandais vraiment comment on allait s'en sortir.
Le bougre m'a étonnée! Il s'est simplement couchée pour dormir. Je l'ai embrassé et souhaité de beaux rêves. Il m'a répondu qu'il aurait "peut-être des rêves", j'ai acquiescé en espérant que je lui en souhaitais de beaux. Extinction des lumières. Et c'est ainsi que du 1er au 2 mai 2012, après plus de 2 ans d'habitude, mon fils a passé sa première nuit sans tutte. Merveilleux!
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Tags : la tutte, usage intempestif, bouchon des émotions
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