• 29 avril '13 - Le masculin l'emporte sur le féminin ou quelques mots sur le sexe faible et le sexe fort

    "Le masculin l'emporte sur le féminin".
    Règle grammaticale.  Simple convention de langage.
    Vraiment?

    J'ai toujours été révoltée contre la masculanisation des mots, tout en l'acceptant comme acquise, comme définitive, même si elle me paraît à tout égard injuste. 

    Puis, sur les conseils de M'fi, j'ai lu : J'ai tout essayé, la 1ère mise au point du livre, d'entrée de jeu, vise la parité :

    "Garçon et fille alterneront pour respecter la parité.  Cette parité sera aussi respectée dans l'alternance des pronoms il ou elle  Ce choix peut dérouter le lecteur français, habitué à al dominance du masculin.  Mais la langue n'est pas neutre, elle imprime notre inconscients et entérine les stéréotypes."

    La référence citée est le site du CEME'Action: http://www.cemeaction.be/?p=461

    Dernièrement, c'est ce document qui recense les stéréotypes de genre dans les manuels scolaires en Belgique francophone qui a retenu mon attention.  Veillez donc à accompagner la lecture des manuels que votre chérubin ramène de l'école.  Je vous encourage à saisir l'école en cas de stéréotype.

    Mais l'école sera-t-elle réceptive?

    Dans celle de mon fils, j'ai entendu, sur même pas une heure de temps, assez de stéréotypes pour me donner envie de hurler: "ah, oui, Juliette, les garçons, ça fait du bruit quand ils jouent".  Puis, se ravisant comme si elle avait pris conscience qu'elle parlait en présence d'un adulte: "ah, les garçons et Agathe.  Agathe joue aussi au jeu de garçon, les chevaliers".

    Bref.

    Moi qui suis attentive aux stéréotypes de genre, j'avais été vexée lorsque, discutant avec une maman à la Maison Verte, celle-ci m'avait dit que, mine de rien, on influence quand même les enfants même si on y est hyper vigilent.  Je m'étonnais du fait que mon fils jouait essentiellement avec des voitures et des motos, alors que nous ne l'y encouragions nullement (au contraire, mon homme souhaite pendre par leurs couilles, les motards...).

    Ceci dit, mon fiston, avec ses jolies boucles, a souvent été pris pour une fille, quand il était plus petit.  Surtout lorsqu'il portait son 1er casque de vélo, à l'effigie de Barbie.  Oui, je sais, c'est honteux, vu mon horreur pour cette figure, mais bon, le magasin où mon homme accomplissait cette besogne offrait la peste ou le choléra: Barbie ou Cars.  Et Cars n'était plus de stock. 

    L'autre jour, après avoir découvert un sac de vêtements donnés par ma cousine, habits portés par sa fille, mon petit garçon a joué à la princesse, en revêtant legging rose à froufrou et autres fioritures. 

    Il choisit parfois des vêtements peu ordinaires pour un petit mec, style, un pull affichant un énorme "G power".  Ou ce joli polar, hérité également de la petite cousine:

    29 avril '13 -

    Je me demande ce que les instit' se sont échangé comme commentaires à ce propos. 

    De manière générale, l'image dans la société, qui se veut égalitaire, paritaire, me paraît excessivement machiste. 

    Mais qu'espérer?  Lorsque je me suis inquiétée de ce sexisme lors de la rencontre entre les citoyens et les futurs élus écolo de la commune, celle qui est devenue l'échevine de la petite enfance me raconta qu'à l'issue du dernier conseil communal avant les élections, le secrétaire communal distribua une bouteille de vin aux hommes et une rose aux femmes...L'alcool aux mecs, le romantisme aux nanas...ouai...

    En Belgique, la féminisation des noms de métier est de règle.  Je ne comprends dès lors pas les avocates qui s'échinent à écrire "avocat" sur leur carte de visite, comme si être un avocat était plus gratifiant qu'une avocate...

    La TV, les séries, la publicité sont également des vecteurs puissants de ce machisme (d'où une de mes raisons pour combattre la publicité, et pour dénoncer la schizophrénie dans laquelle se complaît Badinter, cette "féministe".  voy.  [2011-12-07] Badinter, Publicis, les pubs sexistes, Nestlé et Pampers).  Des vecteurs d'autant plus efficaces qu'ils sont quasi incontournables, à moins de ne plus sortir de chez soi*, ne plus surfer sur la toile, ni regarder la TV ni écouter la radio.

    Je vous recommande chaudement la lecture de l'article de CEME'Action, cité par Filliozat.  Voici la conclusion:

    "La féminisation des mots s’inscrit dans la lutte pour l’égalité desgenres.La règle grammaticale qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin est une convention désuète, symbole d’une société patriarcale dépassée et non une propriété grammaticale issue de l’évolution de la langue française. Le langage est vivant et n’est pas neutre.

    L’article que vous êtes en train de lire a été réfléchi et rédigé en prenant en compte cette dimension de construction sociétale du langage. La démarche consiste à ne pas appliquer la règle systématique d’accord du féminin: les noms de fonctions y sont notés deux fois, au féminin et au masculin en alternance et les adjectifs ou participes passés sont féminisés avec des tirets…"

    Voici un exemple de l'importance des mots:

    "« Vous avez peut-être remarqué que le pouvoir fait un travail considérable sur les mots. (…) Il y a des mots qui disparaissent et il y a des mots qui apparaissent. » (Lepage, 2006) Dans son spectacle « Inculture(s) », Franck Lepage illustre son propos par un exemple:Dans les années 1960-1970, les pauvres, on les appelait « des exploités ». Mais « exploité », c’est un mot très, très embêtant pour le pouvoir. Parce que c’est un mot qui vous permet de penser la situation de la personne non pas comme un état de fait, mais comme le résultat d’un processus qui s’appelle « l’exploitation ». Or, en suivant ce raisonnement, s’il y a des exploités, c’est qu’il y a un exploiteur potentiel quelque part! Que l’on a envie de chercher et de trouver… pour qu’il rende des comptes."

    "Les mots nous permettent de penser la réalité, de lui donner corps. Les mots influencent notre façon de concevoir le monde.

    Et qui a le pouvoir sur les mots a entre ses mains le Pouvoir…"

    En littérature, Orwell avait bien saisi l'importance des mots sur la pensée avec son Novlangue, dans 1984.

    Pour ceux qui trouveraient encore à redire sur la parité dans les textes, voici les contre-arguments pafaitement résumés en trois mots, dont voici le plus courant: le ralentissement et la lourdeur du texte:

    "L’argument le plus souvent utilisé pour freiner, voire empêcher, la féminisation des mots est celui qui prétend que ces incises (barres, tirets, parenthèses, etc.) freineraient et compliqueraient la lecture. Les résultats d’une intéressante étude réalisée par Pascal Gygax et Noelia Gesto (2007), du département de psychologie de l’Université de Fribourg (Suisse) démontrent que la lecture de textes comprenant des noms de fonctions, métiers, titres écrits sous une forme féminisée ou épicène n’est ralentie qu’en début de texte, mais que le rythme de la lecture redevient normal ensuite, indiquant un effet d’habituation"(source: CEME'Action).

    Alors, je vais prendre le pli d'être plus attentive dans mes écrits à la parité des mots. 

    Vous voilà prévenu-e-s.

     


    * Vu la pub en rue, ce pourquoi je soutiens les casseurs de pub ou les initiatives comme l'asbl Respire, qui visent à libérer l'espace public de la publicité commerciale. C'est une des raisons pour lesquelles les décroissants sont tellement critiques vis-à-vis de Villo (l'équivalent de Vélib et autres initiatives de cette espèce).  En effet, je vous invite à ne pas entrer dans le panneau.  Vous croyez que l'objectif 1er est de promouvoir l'usage du vélo en ville.  Oh, si c'était si simple!  Petite démonstration en images)

     

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