• 19 novembre '15 - Journal d'un désir d'enfant 5

    Lundi 21 septembre 2015 

    Je suis enceinte ! Le test de grossesse a parlé.  J’avais des grands doutes, vous le savez.  Mercredi dernier, la veille des 6 ans de mon aîné, je n’ai pas résisté.  J’étais en sueur, je passais des bouffées de chaleur aux coups de froid.  Je voulais savoir.  J’ai donc acheté un test de grossesse ainsi que les compléments alimentaires pour femmes enceintes.  Je n’ai pas pu résister et différer le test au lendemain matin. Je me souviens parfaitement avoir fait le test à la toilette du bas pour ma fille, cette fois, je suis montée à l’étage.  Je n’ai pas du attendre longtemps.  Il s’est vite avéré positif.  J’étais heureuse et abasourdie !  Comme si la nouvelle attendue me faisait basculer dans une autre réalité, celle dont j’avais rêvée, celle que j’ai fantasmée, au point de créer des symptômes.  Mais, non, en fait, ce n’était pas le fruit de mon imagination, ou de mon envie ; j’ai bien des nausées et le souffle court au moindre effort.  J’étais heureuse !  Ce jour-là, les enfants étaient chez mes parents.  Quand mon chéri est arrivé, je n’ai rien dit.  J’étais dans le couloir.  Exceptionnellement, il rentrait en camionnette, et donc par la porte côté rue.  Il est entré, est resorti pour chercher le courrier à la boîte aux lettres.  Là, il m’a vraiment vue.  Je souriais.  Sans rien dire.

    -        Quoi ?

    … [je reste muette, un grand sourire aux lèvres]

    -        Mais quoi ?  Pourquoi tu souris comme ça ? 

    … [idem]

    -        Qu’est-ce qu’il y a ?  Il y a une bonne nouvelle ?  Tu as fait le test ?

    [J’acquiesce de la tête]

    -        Tu es enceinte !

    [J’acquiesce de la tête]

    -        Wouah !  génial ! Je me demandais justement en prenant le courrier si tu étais enceinte !  Je suis content !  Cela n’a pas traîné !  Ah, je suis chaque fois plus content.  La première fois, je ne savais pas si j’étais content ou si c’était une mauvaise nouvelle.  La 2ème fois, j’étais heureux.  Et cette fois, je suis encore plus heureux !

    [bisous]

    -         Je m’en doutais.  Cela faisait longtemps que tu devais avoir tes règles.  Elles tardaient !  [mon homme suit plus précisément mon cycle que moi, à vrai dire, il détecte mon humeur massacrante à l’approche du début de mes règles]

    Le lendemain matin, ma fille râlait.  Elle est souffrante depuis 2 semaines.  J’ai profité d’un moment où elle râlait pour lui dire que j’avais un bébé dans le ventre, et ce, dans le but (inavouable) qu’elle pense à autre chose et arrête de râler (j’ai réussi).  Depuis 2 semaines (coïncidence, depuis qu’elle n’est pas bien), je lui disais que j’avais peut-être un bébé dans le ventre.  Je l’avais dit aussi à mon garçon.  Ce jour-là, j’ai annoncé à ma fille : « tu sais quoi ?  J’ai un bébé dans mon ventre ! ».  Elle a arrêté de geindre :

    - C’est vrai ? 

    - Oui, c’est vrai 

    - C’est un garçon ou une fille ? 

    - Ca, on ne sait pas encore.

    Plus tard, samedi, son papa lui a dit qu’elle sera une grande sœur.  Réplique très nette :

    -        Je suis déjà grande sœur.  Le bébé est déjà dans le ventre de maman !

    Ce samedi-là, son papa lui a demandé de montrer qu’elle était courageuse à son petit frère ou sa petite sœur en prenant le coton-tige imbibé d’huiles essentielles de laurier noble et de giroflier.  Je ne suis pas fière de cet argument et ne l’aurais certainement pas utilisé, mais je comprends mon homme.  Nous étions à bout.  La réaction de ma fille m’a stupéfaite.  Elle qui s’opposait totalement à la prise de son médicament, m’a saisie la main, a ouvert la bouche et la refermer sur le coton-tige.

    Et hier soir, elle n’a pas pu résister et a dit à Anton, notre petit voisin qui vient d’avoir une petite sœur : « tu sais, je suis grande sœur ».  Bref, notre fille est très fière de son nouveau statut.

    Pour mon fils, j’ai été moins clair.  C’est qu’en moi, je suis ambivalente.  J’ai lu qu’il fallait un test sanguin pour confirmer la grossesse.  J’ai peur que quelque chose n’aille pas.  Fiston en était donc, jusqu’à ce matin, à la version : j’ai peut-être un bébé dans le ventre.  Je pense lui avoir dit que j’avais bien un bébé dans le ventre, mais il n’a pas capté cette information, et sans doute est-ce parce que dans ma manière de l’annoncer, car j’ai précisé que je ferai bientôt une prise de sang pour être certaine, étais-je moi-même hésitante. Mais ce matin, sur le chemin de l’école, je lui ai dit que quand même, j’avais un bébé dans le ventre mais que la prise de sang allait le confirmer.  Mais que c’était un secret entre les membres de la maison.  Pourvu qu’il tienne sa langue.  Je sais déjà que ma fille ne la tiendra pas. 

    Du coup, et aussi parce que je sens que j’ai besoin d’être rassurée, j’ai contacté M., celle qui fut notre 2ème sage-femme lors des accouchements précédents.  Avant, dans la journée, je l’ai annoncé à mon amie Sophy qui a ainsi partagé notre joie !

    Je suis partagée par des sentiments ambivalents.  Pourquoi au juste vouloir 3 enfants et tout recommencer (les couches, les nuits blanches, les tétées ?) alors que je suis sortie de tout cela avec mes 2 enfants ?  Les nausées m’éreintent au plus haut point.  Pourquoi repasser par cela ? 

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  • Commentaires

    1
    little
    Mercredi 16 Décembre 2015 à 10:43

    Bonjour Den,

    cela fait un moment que je ne suis pas passée par là, je découvre tous ces derniers billets maintenant.

    Plein de pensées à vous, je trouve que c'est une bonne chose que cela ait pu se faire sans médicalisation. C'est tellement rare de nos jours...

    Je commente ici car ta dernière phrase m'interpelle. Nous aussi on a 2 enfants, le 2ème n'a pas encore un an. Et la question du 3ème me taraude beaucoup. En gros je n'arrive pas à me débarrasser des affaires trop petites du 2ème, ni du siège auto... Pourtant rationnellement, mathématiquement je trouve qu'on est très bien à quatre. Pourquoi introduire un nouveau paramètre dans une équation déjà assez compliquée? Sans famille dans le coin, au niveau logistique on touche à nos limites avec 2 enfants. Aucun des 2 n'a été un bébé facile, c'est des petits très énergiques et moteurs, le 2ème s'est mis à ramper à 3 mois tout juste, pour tomber de l'autre côté de notre grand lit. Bref, une surveillance de chaque instant est nécessaire. Quand je vois d'autres familles avec des bébés du même âge qui ne bougent pas quand on les pose, j'hallucine vraiment sur la différence d'énergie que cela nous demande à nous.

     

    Et pourtant... je n'arrive pas à me résoudre pour une contraception irréversible. Et puis il y a cette phrase que mon grand m'a lancée le lendemain de la naissance de son petit frère, comme un présage du futur. En gros il a dit littéralement "quand le bébé va sortir on fera ca et ca" "mais le bébé est déjà sorti, il est là, regarde" je lui réponds "ah non pas lui, le suivant" qu'il me répond. "Ah bon?! Il y en aura d'autres?" je lui demande. "oui". "combien?" "un seul, et puis c'est fini" me répond-il avec désinvolture, comme si c'était une évidence pour tout le monde... Alors que je suis certaine qu'il ne nous a jamais entendu parler de cela entre adultes...

    Bref, cette ambivalence je la vis aussi (je ne sais pas si après la fc elle est toujours présente pour toi, pourrais-tu m'en parler si ca ne te dérange pas? C'est une autre question que je me posais: si complications pour cet (éventuel) 3ème enfant, ne regretterais-je pas de m'être relancée dans l'aventure? je sais que la réponse peut différer d'une personne à l'autre, mais je ne peux m'empêcher de chercher des témoignages...).

    Merci et À bientôt!

    2
    Vendredi 25 Décembre 2015 à 22:59

    Bonjour Little,

    Je découvre seulement ton message maintenant. 

    Je comprends très bien la situation que tu décris.  Notre situation n'est pas la même car nous avons le soutien de la famille, ce qui soulage beaucoup; tout de même, l'ambivalence et le questionnement, nous les partageons toi et moi.

    Et comme toi, je suis très impressionnée, et à vrai dire, en ce qui me concerne, assez imprégnée, des signes tels que la conviction de ton grand.

    Alors, pour parler de l'ambivalence, ce qui fait que ma fc m'est encore plus difficile à vivre, c'est ce doute ce qu'elle a permis d'installer en moi.  C'est ce temps d'entre deux qui, du coup, a laissé place à ce questionnement sur ma capacité à m'occuper de 3 enfants...J'en viens à dire des choses monstrueuses à ma fille car elle nous mène vraiment en bateau.  Période des 3 ans...qui dure jusque ?  ...  Cela a duré jusqu'aux 5 ans de notre aîné.  Comment va-t-on traverser cette période du "non" et des colères sereinement ?  Comment vais-je m'en sortir, avec elle?  Alors quoi, comment puis-je croire que j'y arriverai mieux en étant enceinte et avec un nourrisson ? N'est-ce pas présumer de mes forces?  Et si les autres, avec leur message du genre: "quel courage!" "quelle témérité! " "Vous avez l'air tellement déjà crevés!", si les autres avaient raison en fait?  Si je n'étais pas faite pour m'occuper d'un 3ème enfant?

    En plus, j'ai retrouvé ma forme physique et franchement, cela fait du bien!  méga bien, en réalité!  Je participe davantage à la vie familiale, au ménage et je passe du temps avec mes enfants.  Pourquoi me replonger dans un état de grossesse qui risque de me remettre KO?

    Une tonne de questions me traverse l'esprit, comme tu vois.

    Et en même temps, je m'en veux tellement. Pourquoi ne pas nous être mis plus tôt? (question stupide car je sais, je le sais très bien, pourquoi nous n'avons pas voulu d'un autre enfant plus tôt; cela nous semblait juste impossible, juste surhumain, plus tôt)

    J'ai 5 ans d'écart avec ma sœur et j'ai toujours trouvé ce temps horriblement long.  Je ne voulais pas d'un écart supérieur à 4 ans entre 2 enfants.  C'est loupé.  Et rien que cela me met dans un état pas possible: de tristesse et de déception...et de colère.

    Mais, je sens au plus profond de moi que je suis faite pour être la maman de 3 enfants (vivants).  Je ne sais pas comment expliquer d'où vient cette conviction; du même ordre que celle qui me faisait craindre la fausse couche pour ce bébé.  J'ai lu beaucoup de témoignages de mamans qui sont retombées enceintes après une fc, toutes racontent le stress et la crainte que la fc a induits en elle pour la / les grossesses suivantes.

    Je ne sais pas, je ne peux pas présager de mon état de santé mental et psychologique, mais dans l'absolu, je dirais que le plus difficile est de faire le deuil de cet enfant qui ne viendra pas en mai prochain; de ce que cette venue impliquait (par rapport à mon plan de vie bidon dont j'ai parlé dans un de mes 1ers billets sur mon désir d'enfant); de la satisfaction et du plaisir d'agrandir la famille au printemps, de mettre de côté ma vie professionnelle, l'écart de 4 ans pile entre la fille et son petit frère ou sa petite soeur, etc. etc.  

    Si je retombe enceinte, je devrai faire l'impasse avec ces conditions idéales. 

    Je pense que point de vue complications, j'ai eu mon lot avec le tri-test, et avec cette fausse couche.  Ma seule complication est de m'assurer qu'Aline reprendra le métier car j'ai vraiment vraiment vraiment besoin de cette relation privilégiée pour ma grossesse et pour mon accouchement  C'est ma seule crainte (qu'elle laisse définitivement tomber le boulot de sage-femme), en l'état, pour une éventuelle grossesse.  Pour le reste, ma foi, cela ne relève pas de moi, du coup, je ne m'y intéresse pas.  Je ne sais pas si je peux jusqu'à dire que j'ai confiance.  Mais en gros, si je devais décrire ce que je ressens, cela ressemblerait en gros à ça: j'ai confiance que j'aurai un 3ème enfant en bonne santé, avec un accouchement serein.  Ca a l'air tellement présomptueux. En même temps, je ne vois pas en quoi m'inquiéter me rendrait plus heureuse et changerait le cours des choses...

    Au plaisir de te lire tout bientôt...

    Et Joyeux Noël!

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