• [2011-04-27] « Ce n’est pas grave », « tu vas tomber », « ne pleure plus » ou les phrases que je ne dis jamais à mon fils

    Je ne saurais pas citer les sources exactes et les auteurs qui m’ont inspirée cette conviction d’exclure les phrases suivantes de ma communication avec mon enfant (avec un adulte également, ceci dit, mutatis mutandis comme disent les juristes).  Je pourrais m’atteler à cette tâche que de trouver l’écrit qui est à l’origine de mon choix.  Isabelle Fillioziat figure sûrement en bonne place.  Il doit y avoir aussi de l’Aletha Solter là-dessous. 

    Toutefois, pour le moment, j’ai juste envie de vous communiquer quelques exemples de phrases qui sortent rarement de ma bouche, pour ne pas dire jamais…

    1.  Ce n’est pas grave

    Qui suis-je pour dire à mon fils que la chute qu’il vient de faire n’est pas grave ?  Peut-être que c’est grave pour lui.  Si sa chute n’est sans doute pas grave, l’émotion qu’il a ressentie en tombant ( la peur, la surprise, la frustration d’être tombé, la colère d’être tombé, la fatigue, et que sais-je d’autres) est importante, elle est loin d’être « pas grave ». 

     

    2.  Ne pleure pas

    S’il y a bien une phrase que je déteste, c’est celle-là.  Pourquoi empêcher de pleurer ?  Quand on sait qu’une des manières les plus spontanées pour en tout petit de communiquer se traduit par des pleurs, pourquoi veut-on à tout prix faire taire ses pleurs ? 

    S’il exprime un besoin (être changé, manger, boire, pull), le fait d’y pourvoir arrêtera sans doute ses pleurs. 

    Mais lorsqu’il tombe, n’a pas ce qu’il veut, est fatigué, pique une colère, est frustré, etc., je ne vois pas du tout pour quelle raison je l’empêcherais de pleurer, et ce faisant, d’exprimer son émotion avec son langage à lui.

    Par la même occasion, je profite pour dire ici que je ne comprends pas cette honte que certains peuvent ressentir une fois qu’ils sont devenus adultes de pleurer devant une autre personne.  

     

    Une image lue dans un livre m'est revenue hier soir [le 27 avril 2011].  Elle m'a beacoup parlée, et m'a convaincue de la pertinence de ne pas empêcher mon enfant de pleurer.

    Imaginez que vous êtes très en colère ou très triste.  Vous avez envie de raconter ce qui vous met dans cet état à votre conjoint(e).  Votre colère disparaîtrait-elle du fait de l'entendre dire: "tais-toi", "ne parle plus"?  Vous empêcher de parler n'ôte pas, ne fait pas partir l'émotion.  Vous empêcher de parler vous interdit d'exprimer cette dernière.

    Quel est le but de dire à mon enfant de ne plus pleurer?  Est-ce parce qu'il ne pleure plus que sa tristesse, colère, frustration, son émotion quelle qu'elle soit, aura disparu?  Dire à mon enfant de ne plus pleurer ne le rendra pas moins triste, moins en colère, moins frustré, par exemple, mais l'empêchera de communiquer cette émotion. 

    Autrement dit, le message envoyé, à mon sens, à mon petit bout équivaut à:  cela ne m'intéresse pas de savoir ce que tu ressens.  Tais-toi.  Passe à autre chose.  Tes émotions ne sont pas légitimes.

    Alors quand en plus, on dit à son enfant, "non, cela ne fait pas mal"., "tu n'as pas pu te faire mal". Et si, lui, il a eu mal, hein? 

    3.  C’est tout, c’est tout.  Ne pleure plus.

    Ben, non, pour mon fils, apparemment, ce n’est pas tout puisqu’il pleure.

     

    4.  Tu vas tomber/Tu ne vas pas y arriver

    Fondée sur la prophétie auto-réalisante, ma conviction est qu’en disant cette phrase, je risque de faire en sorte que cela arrive. 

     

    5.  Tu es un garçon.  Un garçon doit être fort.  Un garçon ne pleure pas. 

    Pour les mêmes raisons que citées précédemment, il ne me viendrait pas à l’esprit de « consoler » mon fils de cette manière.  Et encore moins avec cette connotation sexiste qui m’agace au plus haut point.

     

    6.  C'est comme cela qu'il faut jouer/dessiner

    Dieu que je déteste quand quelqu'un explique à mon fils comment on joue à tel jeu.  Exemple concret de ce qui me fait lever les yeux au plafond:  dire qu'il faut s'assoir sur la selle de son petit vélo, alors qu'il est très heureux d'être là, debout et de faire avancer son engin.


    Cela rejoint ce que je dis ici.

     

     

    dernière MAJ:  28 avril 2011.


     

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