• [2011-09-08] Ne me dis pas que tu crois en la théorie du complot?

    Il est un argument facile et lapidaire que les opposants à la remise en cause de la croissance n'hésitent pas, à un moment ou un autre, à extraire du tréfonds de leurs convictions:  Et quoi, tu crois que c'est fait exprès?  Que des gens se sont entendus pour faire mourir les uns de faim pendant que les autres jettent quotidiennement la nourriture qu'ils laisse pourrir dans leur frigo (voy. ici le rapport de la FAO à ce propos)?  Quoi, tu crois en la théorie du complot?  Je pense toujours à cet article cet article quand il est question de société consumériste.

    Voici un extrait de la contribution de Christian ARNSPERGER dans Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public, sous le titre de "Quelle action collective pour repenser la prospérité?  Enjeux démocratiques de la transition écologique et économique". 

    La notion de prospérité qui régit actuellement les sociétés industrielles-capitalistes - l'identification de la prospérité à l'accroissement de la richesse nationale, elle-même identifiée à la croissance du PIB - est le résultat de dynamiques historiques longues.  Elle repose sur des facteurs tant économiques que politiques et culturels.  La culture économique qui domine la planète a évolué sur des siècles.  Elle n'a été décrétée par personne, même si certains penseurs ont pu, à un moment ou à un autre, en synthétiser certains éléments centraux: on pense à Adam Smith au XVIIIè siècle ou à Karl Marx au XIXè.  EN même temps, cette notion de la prospérité n'a pu perdurer et s'immiscer en profondeur dans nos imaginaires culturels que parce qu'elle a joui d'un soutien politique et de décisions concrètes.  Dès lors, si l'idée de prospérité comme croissance de la richesse marchande dans le cadre d'une économie industrielle-capitaliste n'a pas été planifiée et instaurée par décret, elle a bel et bien été portée par une gestion publique de la croissance.(en italique dans le texte - p. 239).

     Alors, la gestion publique de la croissance? Voici ce que dit Laurent de BRIEY, dans son excellent article "Prospérité et crise du politique" (p. 229) dans Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public.

    Si un grand nombre d'individus estiment aujourd'hui légitime de ne se préoccuper que de leurs intérêts personnels, c'est parce que la culture ambiante est dominée par la logique individualiste.  Si un grand nombre d'individus voient actuelleemnt dans la prospérité matérelle un vecteur privilégié de reconnaissance sociale, c'est parce que la recherche de la prospérité cécnomique est le principal, lorsqu'il n'est pas l'unique, projet commun à l'ensemble de la société.  Similairement, c'est dans la mesure où la société placera au coeur de son nprojet de développement - et donc de sa définition de la prospérité - la volonté de vivre de manière non seulement confortable, voire juste, mais aussi conformément au bien qu'il sera possible de rompre avec l'individualisme moral.  C'est dans la mesure où la société valorisera davantage le fait d'agir en prenant en compte les effets à long terme de ses actions et leurs conséquences pour les autres personnes, que chacun sera incité à s'interroger sur la légitimité de ses préférences personnelles.  C'est, en outre, le sentiment d'appartenance à une même collectivité qui peut créer, entre les membres de celle-ci, l'empathie les disposant à subordonner la maximilisation de leurs intérêts personnels à leur responsabilité morale".

    Alors, quand le politique prendra-t-il son courage à deux mains pour infléchir des changements de mentalités en inversant les paradgimes?  L'interdiction de la cigarette dans les lieux publics fermés montre que c'est possible.  On est passé à : il est normal qu'il y ait du tabac partout, au nom de la liberté des fumeurs à il est normal que le tabac soit interdit dans tous les lieux ouverts au public et de travail, au nom de la liberté des non-fumeurs et au nom de la santé. Il n'est pas exagéré de parler de changement de paradigme, lequel a été largement permis grâce à une action du législateur.  Le normal est devenu anormal.  L'intérêt général l'a enfin remporté.

    Alors, pourquoi ce changement de paradigme est-il si long à venir dans d'autres domaines? Je ne vais pas commencer à énumérer les domaines qui mériteraient une telle révolution mentale, la liste serait trop longue. 

     

     

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