• [2013-02-08] De l'importance des mots: réclamez un "accouchement" respecté plutôt qu'une "naissance" respectée

    Il y a quelques temps, une conversation avec une amie en prise avec des souvenirs douloureux de son accouchement (son témoignage ici) m'a amenée à consulter la page "naissance respectée" créée par Julie sur fb.

    De fil en aiguille, je me suis replongée dans la thématique des accouchements...jusqu'à proposer cette idée surgie au réveil, de rédiger un manifeste en l'accompagnant d'un défi qui mobiliserait les femmes (et les hommes) sur cette thématique pour réclamer des comptes et des changements auprès des professionnels et des politiques: 1000 témoignages en 1 mois pour une naissance respectée 

    Je reviendrai sûrement encore sur ce défi, tellement ce qu'il soulève comme confrontation, comme espoir, comme synergie et solidarité, et comme ouverture à l'expression d'un malaise est impressionnant. 

    Aujourd'hui, mon propos vise à mettre l'accent sur la femme qui accouche.  Paola, qui est engagée dans Alter-Natives, et dans différentes actions en vue de défendre le droit des femmes pendant l'accouchement, a attiré mon attention sur l'intérêt de réclamer un "accouchement" respecté plus que d'une "naissance" respectée.  Car l'intérêt du bébé à naître est parfois utilisé pour ne pas respecter celui de la femme qui enfante.

    Au détour d'une recherche sur les actes médicaux posés sans consentement [j'ai g°°°glé épisiotomie refusée], je suis tombée sur un avis du Comité consultatif de Bioéthique: Avis n° 53 du 14 mai 2012 - Belgium

    L'avis concerne le refus de soins pendant la grossesse ou l'accouchement par la femme enceinte, refus de soin qui peut avoir une incidence sur le bébé qu'elle porte.

    Tout le long de l'avis, il est question de cette tension entre, d'une part, l'autonomie de la femme enceinte, et d'autre part, l'intérêt de l'enfant à naître, cet être, qui n'a pas le statut juridique de personne, qui n'a pas d'existence propre mais dont l'intérêt pourrait déjà être considéré comme opposé à celle qui l'abrite...

    Cet avis vaut la peine d'être lu.  Il m'a donné quelques pistes de recherche sur la question de l'autonomie de la personne.  Quelle est la limite, en droit, de l'autonomie de la personne?  Le droit n'est jamais exempt des questions politiques et philosophiques...La preuve, s'il le fallait, avec les thématiques de bioéthique.

    Mais encore?  De quoi je parle?

    Ben...Je veux enfoncer le clou, encore une fois, sur l'importance de considérer la femme enceinte, et de prendre soin d'elle.

    A se référer à une valeur vague comme l'intérêt supérieur du foetus à naître (à l'image de l'intérêt supérieur de l'enfant, valeur tellement vague qu'elle permet de tout justifier, tout et son contraire), on peut oublier celui de la mère en devenir.  Elle, elle est là, présente, et elle a des volontés, et, misère pour le personnel soignant ?!, il lui arrive de les exprimer. 

    Il est essentiel que tout le monde se souvienne de l'importance de ce canal: la mère, avant de se soucier de l'enfant.  Pendant la grossesse, mais également après. 

    Vous pensez au bien-être de l'enfant?  Prenez des nouvelles de celui de sa mère.  Le tout petit vit la réalité à travers elle.  S'il la sent en détresse, déprimée, il est à parier que le bébé reflètera cet état d'esprit, tel un miroir fidèle de sa maman.  Dolto disait que le psychologue pour l'enfant était d'abord le psy pour ses parents.

    C'est une de mes rengaines préférées que je ne me lasse pas de répéter.  Si vous voulez chouchouter un bébé, commencez par chouchouter sa mère !  Une mère reposée, comprise, rendue disponible car déchargée de certaines tâches, sera toujours plus bénéfique à un bébé qu'un jouet ou un body.  Une mère respectée pendant son accouchement, accueillie dans sa douleur, ressentira moins de stress que celle qui ne l'est pas; ce stress, ou son absence, aura un impact direct sur la manière dont l'accouchement se déroulera et, sur la manière dont l'enfant pourrait vivre les événements. 

    En clair, jamais, n'oblitérez jamais la femme, refuge de l'enfant à naître ou né.

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Tite_bulle
    Samedi 9 Février 2013 à 19:12

    Un grand oui pour le fait de s'intéresser à la mère mais par contre pas d'accord avec le fait de parler plutôt "d'accouchement" respecté plutôt que de naissance.

    D'abord pcq le terme accouchement est, selon moi, trop réducteur pour résumer ce qui se passe lors d'une naissance. Il ne s'intéresse qu'aux processus mécaniques qui sont mis en place lors d'une naissance mais il n'y a pas que ça à prendre en compte.

    On peut respecter toute la physiologie d'un accouchement mais quand même mettre à mal la naissance. Michel Odent par exemple affirme qu'une femme devrait être laissée entièrement seule au moment de l'accouchement... Mais bon nombre de femmes à Pithivier se sont senties délaissées et seules au monde durant ces moments... Pourtant la physiologie était respectée !

    Une naissance ce n'est pas qu'un accouchement... Ce serait perdre du terrain selon moi de changer de vocabulaire.

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    2
    Samedi 9 Février 2013 à 21:42

    Intéressant, ton point de vue.  Je n'y avais pas pensé...cela explique sans doute que certaines tiennent à "l'accouchement ET la naissance respectés"...La naissance seule renvoie trop à l'enfant, l'accouchement, à la mère...et oblitère sans doute le pré- et le post-...accouchement.  Le pré-: la grossesse, les tests prénataux
    Et le post-, comme l'allaitement...

    Bon, ok, j'y réfléchis de nouveau alors.

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