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26 février '14 - De l'auto-récolte pour une consommation fraîche et personnelle à la Ferme du Chant des Cailles
Vendredi dernier, soit le 21 février, c'est une grosse vingtaine de personnes qui écoutaient religieusement les maraîchers du Chant des Cailles présenter leur plan de commercialisation de leurs légumes pour la saison 2014 et de plantes médicinales. La présentation comporte deux parties, l'une concerne les légumes, l'autre, spécifique à Anja, les plantes médicinales. J'expliquerai plus loin pourquoi les deux activités sont scindées.
1. Le maraîchage
Ils sont six. Six jeunes à s'impliquer pour donner vie à l'agriculture urbaine biologique. Présentation des 6 maraîchers:
D'abord, il y a Maarten, présent dès le début. C'est à lui que Magda, une habitante de Watermael-Boitsfort, fort impliquée dans les GASAP, adressera un mail lui indiquant qu'il y avait aux Cailles un terrain en friche, anciennement occupé par un agriculteur conventionnel. Maarten, ce philologue, un doctorat à son actif, un second en cours, travaille activement au sein de la coopérative Terre en vue (rappelez-vous, on a pu l'admirer à la tv ici) et est très impliqué dans le domaine de l'agriculture. Pendant longtemps et encore jusqu'à maintenant, c'est lui qui incarnera auprès des jardiniers du Chant des Cailles le pôle maraîchage. Dans la série "le monde est petit", Maarten a été dans le même Gasap qu'une maman des petits fréquentant la halte-garderie de notre fille.
Quant à David, il croise la route de Maarten début 2013. Ingénieur souhaitant mettre un pied dans l'agriculture, il vient d'acquérir avec son épouse une maison à Auderghem pour s'approcher physiquement du champ.
Il y a aussi Caroline. C'est sans doute elle que j'ai vue le plus souvent sur le champ où elle s'implique depuis avril 2013. Elle habite depuis 5 ans à Watermael-Boitsfort, elle a 2 enfants, est agronome de formation. (Et dans la rubrique "le monde est petit", elle connaît la maman d'un enfant qui est dans la classe de Fiston à Tervueren).
En août 2013, c'est au tour d'Ann de rejoindre la bande. Psychologue de formation, elle est autodidacte en agriculture, jouit d'un très grand potager chez elle à Tervueren qui lui permet d'être quasiment en autosuffisance pour elle, son homme et ses trois enfants. Anne connaît Armand, coordinateur à l'école Steiner de Fiston. "Le monde est petit!"
Et Re- "Le monde est petit !" Pauline, quant à elle est co-locataire de notre ami Thomas, ancien passiflorien. Politologue de formation, elle a été active dans une ONG de gestion de l'environnement. A l'instar des autres maraîchers, elle a toujours eu de la terre dans ses mains ou, ses mains dans la terre .
Enfin, n'oublions pas Martin que je ne me souviens pas avoir déjà vu. J'avoue, j'ai loupé sa présentation. Cependant, j'ai appris par la suite qu'il est ingénieur agronome et à la tête d'une petite entreprise d'isolation.
6 personnes: 3 femmes, 3 hommes; une philologue, une politilogue, une psychologue, des ingénieurs...Une équipe très complémentaire me confiera Maarten.
De manière générale, je suis extrêmement surprise d'apprendre que la plupart de ces 6 maraîchers sont impliqués dans le projet depuis bien une année. Pour moi, sur le champ, excepté Maarten, j'ai souvent vu Caroline, quelques fois David. Une fois Ann lors d'une permanence de pommes-de-terre. Autrement dit, ce sont quelques visagesquasi nouveaux pour moi. Et je pense que pour beaucoup d'autres, ces visages sont encore bien nouveaux, bien qu'il y eu, depuis début janvier, une réunion inter-pôles (pôle Jardin collectif, pôle élevage, pôle maraîchage, pôle plantes médicinales) en vue de créer une asbl (j'aurai peut-être l'occasion d'en toucher un mot plus tard).
Après les personnes, parlons de la terre!
En 2013, ce sont 44 ares qui furent cultivées. Nous avons été gâtés de plusieurs tonnes de pommes-de-terre et de plusieurs centaines de kg de courges. Légumes que nous pouvons acheter tous les dimanches sur le champ, de 14 à 16h. 2013 était une année d'essai, de préparation de la terre (avec les p-d-t, idéales pour cela), de constitution de l'équipe.
2014 sera la première année de commercialisation réelle. Les maraîchers comptent étendre la partie cultivable à 48 ares et surtout, diversifier la production. Au programme, en vrac: poireaux, oignons frais, laitues, épinards, bettes, choux, radis, roquettes, carottes, betteraves, céleris-raves, fenouils, fèves, pois, tomates, concombres, etc. On est loin de la mono-culture des p-d-t et courges. Ouf! Et même, il n'y aura pas de pommes-de-terre en 2014, au grand regret de certaines personnes dans la salle. Heureusement, une des parcelles collectives du champ est dédiée à la culture des patates.
Pour le maraîchage, la proposition est très claire. Contrairement au pôle élevage où la formule de commercialisation est issue des propositions et observations des futurs acheteurs, les maraîchers et Anja (pôle herbes médicinales) ont établi une proposition très finie, qui reste toutefois flexible en fonction des réflexions des personnes intéressées.
Il s'agit pour les consommateurs/les membres de s'engager pour un abonnement annuel prépayé, qui couvre en réalité 6 mois de récolte. Cet abonnement donne accès à l'auto-récolte pour 50 personnes
Pourquoi un abonnement annuel?
La récolte peut avoir lieu de juin à novembre, 25 semaines, 6 mois. Avec l'abonnement, le membre s'engage financièrement. Il y a un réel partage des risques (de mauvais temps, de parasites, etc.), lesquels n'est pas exclusivement supportés par le producteur. S'il y a partage des risques, il y aura en principe également partage les bénéfices! Si la récolte est abondante, elle sera pour le bénéfice des membres. Cette idées est nuancée car certaines personnes dans le public souhaitent qu'il puisse y avoir quand même un marché...Clairement, les maraîchers sont frileux à l'idée de vendre ponctuellement les légumes. Mais ils restent ouverts à cette possibilité, en fonction de la production.
Cette année, avec les 48 ares, ils prévoient de nourrir 50 personnes (plus eux-mêmes) + 3% de surplus pour parer les risques.
Ils ont compté qu'il leur fallait 11.000 euros / an pour fonctionner. En 2014, le temps de travail est estimé à 80 heures/ semaine. En 2014, les 6 maraîchers consacrent leur temps en échange d'aucune rémunération. Ils font du pur bénévolat pour 2014. C'est pourquoi, cette année, ils ne s'organisent pas sous forme de coopérative mais sous forme d'asbl.
A terme, ils espèrent augmenter l'offre de récolte à 9 mois pour 125 membres et générer des revenus suffisants pour 2 équivalents temps plein (ETP) à 1800 euros net. Naîtra plus tard une coopérative.
Pourquoi pas déjà une coopérative?
Par prudence. Ils constatent que les coopératives sont à la mode. Et tant mieux. C'est une super forme de société commerciale. Toutefois, si les naissances de coopératives se multiplient, la réalité rappelle que nombre d'entre elles tombent en faillite après 2-3 ans, ce qui décrédibilise le statut de coopérative. Par prudence, en 2014, les maraîchers veulent essayer de travailler en équipe, et tenter leur offre de commercialisation. Bien qu'ils disposent d'un terrain suffisamment grand, ils commencent prudemment avec 48 ares.
Les maraîchers poursuivent clairement l'objectif d'être un exemple. De montrer qu'avec la superficie dont ils disposent, 60 ares, il est possible, à l'instar d'une autre ferme qui dispose d'une superficie équivalente, de générer un travail digne pour 2 ETP avec un revenu équitable établi à 1800 euros net. Il s'agit aussi de tordre le cou à l'idée que l'agriculture ne rapporte pas d'argent, n'est pas rentable.
Pourquoi l'auto-récolte?
L'auto-récolte est inspirée d'exemple dans d'autres fermes. On peut ainsi lire sur le site des maraîchers du Chant des Cailles:
"L’autorécolte est un système innovant expérimenté avec succès par plusieurs fermes, notamment en Flandre (www.csa-netwerk.be), depuis 2007"
L'auto-récolte rencontre des finalités économiques, pratiques, pédagogiques et philosophiques:
- pas besoin de chambre froide pour la conservation
- pas besoin de camionnette pour le transport
- pas d'emballage
- fraîcheur imbattable
- plus de choix: le membre cueille ce qu'il veut
- pas de gaspillage
- proximité du membre avec le lieu de production -> pas de pétrole pour venir livrer/chercher les légumes
- dégage du temps pour les maraîchers pour travailler la terre, pour la pédagogie (donner des explications aux membres, sur les légumes, la production, la récolte, etc.)
- le membre est en contact direct avec la terre et avec ce qu'il va avoir dans son assiette
Il s'agit de l'auto-récolte pour une consommation fraîche et personnelle!
- fraîche: il ne s'agit pas de récolter pour faire des conserves ou pour congeler en vue de la "morte" saison. Pour cela, les maraîchers prévoient éventuellement des ateliers de conserves entre membres.
- personnelle: on peut prendre autant que son estomac le permet et pour autant que les légumes ne pourrissent pas chez soi, pour la personne qui a payé l'abonnement. Cette formule implique que si un membre d'une famille s'abonne, toute la famille s'abonne, afin d'éviter que la consommation ne soit plus personnelle. Par ailleurs, si on a des invités toutes les semaines, la consommation n'est plus personnelle.
C'est sans doute ce qui, dans la formule, déroute le plus les personnes présentes.
Comment savoir ce qu'on pourra récolter?
Une signalétique sera mise en place: des drapeaux jaunes, verts et rouges. Ils guideront les membres et indiqueront les légumes prêts à être cueillis, ceux archi-prêts et les autres.
Comment savoir qu'on ne prend pas trop, que l'on ne lèse pas les autres membres?
Le concept vise une récolte fraîche et personnelle. Maarten invite le - la membre à s'écouter, écouter son corps. Si il/elle a mal au ventre ou que des épinards lui poussent dans les oreilles, c'est qu'il-elle a trop mangé d'épinard! Cette boutade pour signifier que le système est basé sur la confiance. Les maraîchers et les autres membres font confiances que tout membre ne récoltera que ce qui lui servira pour sa consommation fraîche et personnelle. Et cette idée n'est pas farfelue ni utopique, là où elle a été mise en pratique et elle fonctionne parfaitement bien (ici en néerlandais: http://www.csa-netwerk.be/).
Le système est d'autant plus basé sur la confiance que l'auto-récolte peut se faire quand on veut et au rythme que l'on veut. Une riveraine du champ peut parfaitement venir 3 fois par jour pour cueillir ses légumes juste avant de manger. Nous pourrions passer tous les jours, tous les 2 jours ou une fois par semaine.
Autrement dit, il n'y a pas de permanence qui oblige de venir à certains moments pour cueillir. Cette donne génère des peurs et craintes.
Comment savoir si on cueille correctement?
Un accompagnement des membres est prévu afin de transmettre les notions nécessaires.
Des chantiers participatifs seront également organisés. Ce sera l'occasion de donner des explications.
Quid en cas de vols?
Il est impossible d'éviter le vol à moins que ce soit clôturé et fermé sous clé. En principe, les membres se connaissent entre eux, de sorte que si un visage nouveau se présente, il s'agira de l'aborder gentiment et de le questionner. Peut-être est-il là pour un membre qui ne peut pas venir ce jour-là.
Et si on part en vacances?
Aaaaaaaah, toujours des craintes des vacances! Mon homme et moi, et une autre jardinière présente ce soir-là, partageons l'avis que si on peut partir en vacances, on peut assumer également de laisser les légumes pour les autres. Mais bon...c'est vrai, c'est un budet.
Plusieurs formules sont envisageables: on assume qu'on laisse les légumes aux autres membres, on donne la possibilité à un ami de venir prendre des légumes pour sa consommation personnelle et fraîche; étendre le temps de récolte à 26 semaines, et prévoir que l'abonnement couvre la consommation pour 23 semaines, ce qui donne droit à 3 semaines de vacances (c'est la formule adoptée dans les GASAP).
Quid pour les familles recomposées?
ahhhh, les maraîchers n'y ont pas pensé. Que les personnes concernées en parlent avec eux pour qu'ils voient comment trouver une solution. D'après les informations que j'ai pu récolter, il serait possible de prendre des moitiés d'abonnement. Imaginons un enfant en garde alternée, le parent payerait une moitié d'abonnement pour ce môme.
Parlons argent
Les maraîchers comptent sur 50 abonnements, qui devraient leur rapporter entre 9.400 euros et 12.500 euros.
Pourquoi cette fourchette?
Parce que, à l'instar des fromages de brebis, les maraîchers ont pensé aux personnes disposant de revenus très différents.
Les prix des abonnements ne sont pas fixes.
A titre d'exemple,Celui ou celle qui n'a pas de souci financier peut payer jusqu'à 250 euros. Le moins nanti peut payer le minimum: 188 euros.
Adulte (à partir de 18 ans) entre 188 et 250 euros/6 mois → 7,5 euros à 10 euros/semaine.
enfant de 2 ans (notre fille) entre 18 et 24 euros/6 mois → 0,7 à 1 euro/semaine
enfant de 4 ans (notre fils) entre 36 et 48 euros/6 mois → 1,4 à 2 euros /semaine
Pour notre ménage, nous payerons :
- 2 adultes:
entre 188 euros et 250 euros pour les 6 mois
→ minimum 31, 33 euros/personne/mois * 2 = 62,62 euros / mois pour 2 adultes
→ maximum 41,66 euros/personne/mois * 2 = 83,33 euros / mois pour 2 adultes
- Notre fille
entre 18 et 24 euros pour les 6 mois
→ minimum: 3 euros / mois
→ maximum : 6 euros / mois
- Notre fils
entre 36 et 48 euros pour les 6 mois
→ minimum: 6 euros / mois
→ maximum : 12 euros / mois
Total
minimum: 62,62 euros + 3 euros + 6 euros = 71, 62 euros / mois
maximum: 83,33 euros + 6 euros + 12 euros = 101, 33 euros / mois
Cette somme ne nous paraît pas excessive pour du bio et du frais.
Par contre, il peut être difficile pour certains ménages de payer en une fois la totalité des abonnements (imaginons des familles avec des enfants de 19, 21 et 23 ans, cela fait un autre budget). Il est possible de payer en 2 fois.
Il est prévu que les payements aient lieu au plus tard le 31 mars, mais le plus tôt est le mieux puisqu'ils attendent les sous pour les investissements. En parlant d'investissements, voici les prévisions de leurs dépenses:+ 9.000 euros / 12.500 euros (les revenus issus des abonnements)
- 3.000 euros pour les semences, plants, compost, etc.
- 7.500 euros pour le motoculteur et les outils
- 700 euros pour la serre-tunnel
-1.000 euros pour le semoir et autres petits outils
total = 9.000 euros/12.500 euros (abonnement) - 12.200 euros.
bénéfice hypothétique: 300 euros.
Autant dire que vu ces chiffres, il ne restait aucun budget pour payer l'une ou l'autre personne.
2. Les plantes médicinales
Anja est biologiste de formation. Autodidacte au niveau de la culture des plantes, elle se lance dans son entreprise: Herbae, qui est actuellement en couveuse d'entreprise chez Bruxelles Emergences. Elle doit en sortir en octobre 2014. En gros, l'avantage le plus marquant des couveuses d'entreprise, c'est que la personne qui se lance comme indépendante peut conserver ses droits au chômage.
En 2013, Anja a cultivé 5 ares. Pour 2014, elle vise le double, 10 ares. La saison de récolte s'étendra d'avril à septembre.
Elle organisera des permanences les dimanches de 14 à 16h. Soit on achète ses plantes pour 2 euros/botte; soit on prend un abonnement pour 60 euros pour la saison, soit 10 euros/mois. Les sommes doivent être prépayées. Je ne sais pas si on peut prendre un abonnement au mois, je crois bien que oui. L'abonnement donne droit à une ristourne de 5% sur les produits qu'elle vend via Herbae.
La formule d'abonnement et de plantes achetées à la botte sur le champ est également basée sur l'auto-récolte lors des permanences d'Anja sur le champ, les dimanches de 14 à 16h.
Outre la vente proprement dite de ses plantes du jardin, elle organise des mini-ateliers ainsi que des promenades et récoltes de plantes sauvages comestibles. Les ateliers et promenades coûtent 10 euros, ils sont compris dans les formules d'abonnement. Les sujets d'ateliers qu'Anja propose sont déments. Il s'agit de fabriquer ses teintures, des sirops, des élixirs, des hydrolats, miels aromatisés, etc. à partir des plantes cueillies. Anja compte également organiser des cercles de plantes, gratuits ceux-là, où l'on pourra parler d'une plante en particulier.
Plus d'infos avec les dates dans le document qui fut projeté lors de la soirée.
Elle vise 26 abonnements qui devraient lui rapporter: 1.300 euros. En 2013, elle a payé 500 euros en plants + 300 euros en matériel. En 2014, ses frais s'élèveront à 500 euros pour les plants.
Pourquoi avoir séparé les légumes des plantes médicinales?
Les formules d'abonnement diffèrent mais surtout, les investissements, les frais, et la charge de travail sont très différents. Il est plus risqué pour Anja d'être étroitement liée, juridiquement et financièrement parlant, avec l'asbl et la future coopérative du maraîchage. Ce pôle n'est pas encore viable financièrement. Or Anja doit déjà l'être pour, au plus tard, sa sortie de couveuse d'entreprise, en octobre 2014.
De plus, si le maraîchage échoue dans son entreprise, Anja coule avec. Par prudence donc, maraîchage et plantes médicinales sont dans 2 structures juridiques différentes. Mais les portes et le dialogue restent constamment ouverts.
Ce que j'en pense
Je ne connaissais pas l'auto-récolte (à part, Fruit time -Anderlecht, pas bio- et Marie's garden -Overijse, en conversion bio) mais je suis séduite par le système innovant et créatif de l'auto-récolte basé sur la confiance! Plus de gaspillage, plus d'emballage, de l'ultra-frais, de la proximité, du soutien à l'agriculture paysanne. Génial! Comme nous recevons en général très souvent des amis à la maison, surtout en été, nous pourrons compter sur notre production personnelle de notre parcelle au champ des Cailles ainsi que notre parcelle à la Héronnière dont nous disposons depuis l'automne dernier. Nous espérons ainsi ne plus dépendre des magasins / marchés pour les légumes.
Quant au prix, il ne nous paraît pas du tout exorbitant. Toutefois, je peux concevoir qu'il peut être difficile pour certains ménages de payer en une fois, surtout qu'outre le maraîchage, il y a le fromage (aux alentours de 120 euros), les herbes médicinales (60 euros). Pour nous, ces engagements financiers impliqueront certainement de veiller à d'autres postes de dépenses. Mais si la production des légumes est bonne, cette formule nous permettrait d'économiser par rapport à ce que nous dépensons actuellement au marché pour les légumes.
Enfin, le mélange entre les différentes initiatives professionnelles sur le champ (élevage, fromagerie / maraîchage / plantes médicinales) au potager collectif des jardiniers du Chant des Cailles font la singularité du Chant des Cailles. Il existe ailleurs des jardins collectifs. Il existe ailleurs des initiatives professionnelles. Par contre, avoir sur un même terrain du professionnel et du "récréatif", voilà l'exclusivité du Chant. A cette originalité s'ajoute la localisation même de cette dynamique: à Bruxelles, en ville. Les éléments, dont la folie d'y croire, pour redonner vie à l'agriculture agro-écologique urbaine sont présents. L'enthousiasme, la motivation et l'énergie disponible sont énormes!
Comme je l'ai écrit dans mon compte-rendu sur les fromages (ici), il ne peut être question d'opposer un pôle citoyen à un pôle professionnel. Les motivations qui animent les professionnels sont aussi citoyennes que les jardiniers du Chant des Cailles qui voient dans ce champ une occasion de jardiner, de rencontrer des voisins, de participer à une dynamique vivante, vivifiante pour reprendre les mots de Patrick Viveret (compte-rendu de sa conférence prochainement). Les réunions sont sources de rires. Certes, elles génèrent aussi des tensions parfois. Elles pompent de l'énergie et du temps. En échange, la dynamique du Chant des Cailles dans son ensemble, cette synergie entre les pôles, Jardin collectif, maraîchage, plantes médicinales, élevage, pourvoit un tel espoir, une telle énergie qu'à notre niveau, elle nous en donne plus qu'elle ne nous prend.
Je peine à comprendre la crainte de l'une ou l'autre personne, extrêmement minoritaires, pour ne pas dire isolées, de se faire gruger par les pôles professionnels alors qu'à l'origine, c'est Antoine qui a insisté pour conserver une partie conséquente du terrain à un potager collectif. C'est encore les professionnels qui expriment l'envie de rétablir l'équilibre dans les échanges entre les pôles, le jardin collectif ayant pris une telle ampleur et connait un succès incroyable (une soixantaine de jardiniers ayant signé la charte). Le Jardin collectif, association de fait, fonctionne de manière horizontale, sans chef, sur le mode la démocratie participative, tout en étant extrêmement bien structurée (structurée n'étant pas synonyme de hiérarchisée, on a des réunions mensuelles, animées chaque fois par deux animateurs volontaires - pas toujours les mêmes afin de partager les responsabilités -, il y a des groupes de travail pour plancher en plus petits groupes sur des thématiques bien définies). Et il est primordial, à mon sens, de conserver cette horizontalité.
Les personnalités juridiques entre les différents pôles sont clairement établies. Chacun assumant les risques liées à son activité. Il n'est nulle part question de faire payer aux jardiniers les risques de l'activité économique des autres pôles. L'idée n'a jamais été celle-là. Elle est aux antipodes des motivations des personnes qui se lancent de manière professionnelle. Les activités professionnelles sont complémentaires au côté récréatif et militant des jardiniers du Chant des Cailles. L'énergie que déploient les professionnels, ici les 6 maraîchers et Anja, pour montrer qu'il est possible de ré-introduire l'agriculture urbaine agro-écologique et d'en retirer un revenu digne et équitable, témoigne de leur engagement citoyen, non cantonné à un désir de pure rentabilité.
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Ce compte-rendu, à l'instar de tous ceux que je rédige, est partiel et partial.
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Comme l'article sur le fromage, je dédie tout spécialement ce compte-rendu à M-P.
photo de ce dimanche, 23 février 2014« 24 février 2014 - Retour sur la commercialisation des fromages de brebis du Chant des Cailles26 février '14 - Champ des Cailles le 24 novembre '13 - fabrication d'hydrolat sur le champ »
Tags : Maraîchage, bénévolat, professionnel, plantes médicinales, Herbae, agriculture urbaine, auto-récolte, consommation fraîche et personnelle
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