• 17 novembre '15 - Journal d'un désir d'enfant 3

    Vendredi 28 août 2015

    Pourquoi ai-je envie d’un-e 3ème ?

    Quand j’expliquais que je désirais 3 enfants, je fus à plusieurs reprises très surprise des réactions peu agréables.   Souvent, la réaction, sincèrement empreinte de curiosité, est emballée dans des circonvolutions langagières.

    Extrait d’un mail envoyé ce jour à une amie, enceinte de son 3ème enfant.

    Il fut un temps où une amie, sachant que dans l'absolu, je voulais 3 enfants, et en théorie S. aussi, ne cessait de me demander toutes les 2 semaines quand on allait s'y mettre, si S. était partant vu qu'il n'avait pas l'air favorable, comment je prenais la chose que S. n'était pas partant (sachant qu'à ce moment-là, moi non plus, je n'en avais pas envie - ce que je ne cessais de lui dire.  En fait, elle voulait mettre le doigt sur la discordance entre ma volonté et conviction profondes de 3 enfants et la non-envie du moment de Sébastien; comme pour occulter le fait que rationnellement, elle aurait bien un 2ème enfant, mais que "réalistiquement", elle ne voulait d'un autre enfant)...

    Au bout de 3 fois de ces interrogations, j'avoue que j'ai commencé à prendre très mal ses questions.  La prochaine fois que cette amie reviendra sur le sujet, je vais lui répondre: "imagine, ce n'est qu'une supposition, mais imagine que nous voulions avoir un enfant et que cet enfant tarde.  Imagine que cela fait des mois qu'on essaie - je ne dis pas que c'est le cas, ce n'est d'ailleurs pas le cas, mais imagine.   Tu ne crois pas que dans une telle situation et vu que cela pourrait arriver, tu ferais mieux de cesser de venir avec ce sujet ?"

    Puis, la question que tout le monde m'a posée.  Donc, la question qui tue (qui me tue): avec toutes les circonvolutions que tu veux: "Je peux te poser une question? " "Heu, oui."  "Pourquoi, vous voulez un autre enfant?"  Je réponds.  Forcément, un truc débile du genre: "pourquoi j'ai voulu avoir un enfant, puis un 2ème?  Et pourquoi personne ne m'a demandé pourquoi j'ai voulu avoir un enfant?".  2 de mes amies, aussitôt après avoir formulé leur question, ont répondu par elles-mêmes, que c’était une question stupide en soi. 

    Puis, il y a d’autres amies qui suggèrent que certaines femmes font des enfants pour combler le vide.  Parfois le vide dans le couple.  Ce qui est vrai, je le conçois, certaines personnes font des enfants pour combler un vide dans leur vie (de couple ou non).  Mais, je ne sais pas comment je devais prendre la chose: devais-je me sentir visée?

    C'est marrant que tu parles de ta maman. Moi, aussi, figure-toi, cela a été un facteur.  Dans le sens que, tant que je n'atteignais pas l'âge auquel elle m'a eue, je me disais que j'étais encore jeune.  J'ai eu mon premier au même âge qu'elle, sa première (moi). 

    Quant à ma belle-mère, elle n'envisageait même pas qu'on ait envie, du moins, elle ne comprend pas qu'on ait envie  d'un 3ème enfant.  Vois-tu, elle a 2 enfants: un garçon, une fille.  Nous avons 2 enfants: un garçon, une fille.  J'ai enragé quand elle a eu ces mots: "mais pourquoi un 3ème.  Non, 2, c'est bien.  Un garçon, une fille.  Vous avez tout ce qu'il vous faut".  De quoi se mêle-t-elle?  Croit-elle que je suis elle?  SURTOUT PAS!  Mes parents ont eu 2 filles.  Mes beaux-parents ont eu 2 enfants.  Mon père, je crois, ne comprend pas qu'on en veuille un 3ème.  Lui, prie le ciel pour que ma sœur ait son 1er.

    Pfff, ces histoires de descendance, c'est complexe, les enjeux inconscients qui se mettent en place.

    Ca m'a marquée, quand tu dis que d'être en-dehors du cadre que l'on s'est fixé peut être libérateur.  Moi, j'ai l'impression (mais peut-être que mon impression est fausse) que je ne me suis fixée aucun cadre sauf cette idée que je nourris depuis que je suis toute petite: fonder une famille.  Et pour moi, une famille, c'est au moins 3 enfants.  Point de vue professionnel, point de vue matériel, je n'ai jamais eu d'idées fixes (matériellement, il y a une idée fixe: je ne voulais pas connaître l'insécurité financière.  Ca aussi, c'est l'autre cadre fixe que j'ai dessiné très jeune).

    Pour moi (je précise "pour moi" car je sais que c'est éminemment subjectif), un enfant unique restera toujours dans ma conscience comme le signe d'une tristesse, soit d'un accident ou soit d'occasions manquées, tellement, je conçois mal de ne vouloir qu'un-e enfant (je le conçois très bien intellectuellement et rationnellement mais mes tripes ne le conçoivent pas).

    Pour moi, 2 enfants, c'est que vous avez vraiment envie de fonder une famille; pensée qui est autant ridicule que celle de croire que les parents ne font jamais un choix délibéré pour n'avoir qu'un enfant unique.  Une copine m'avait écrit après la naissance de ma princesse ces mots qui m'avaient profondément choquée: "maintenant, vous formez une vraie famille", comme si S., T. et moi ne formions pas une famille!  Et en même temps, je comprends un peu. C'est que POUR MOI, une famille sans 3ème enfant est une famille incomplète.

    Pour moi, 3 enfants, c'est comme un minimum pour la famille que je souhaite fonder.  Et comme la réalité est telle, pour nous,  3 sera aussi un maximum pour notre famille.  Même si en théorie, je suis admirative devant les familles à 5-6 enfants!  Et même si, si un accident devait nous en donner 4, je ne pourrais pas évacuer ce fœtus parce que nous ne l'aurions pas envisagé.

    S. m'a demandé pourquoi je voulais un 3ème enfant.  Je lui ai dit que j'avais envie de porter la vie et de donner naissance à une autre vie que lui et moi aurions conçue. J'ai aussi envie de découvrir un autre garçon ou une autre fille qui ne soit ni T. ni A.  A quoi ressemblera cet autre enfant issu de nous 2?  Il a aimé ce que j'ai dit.   Le fait que je dise qu'avec le 3ème, je ne voulais plus travailler, certainement jusqu'à ce que le 3ème rentre à l'école à 2 ans 1/2, cela l'a débloqué complètement.  Plus de crèche, plus d'adaptation à la crèche, plus de lait à tirer tous les jours et moi de me plaindre de ne pas tirer assez.  Et il m'a rejointe dans cette envie.  Depuis toujours, LUI et moi avions parlé et LUI et moi avions envie de 3.  Il le sait très bien.

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  • Commentaires

    1
    Rao
    Lundi 23 Novembre 2015 à 22:08

    Je suis la mère d'un enfant unique, et cela est un peu dur de lire ce que ce tableau familiale évoque dans d'autres consciences...Mais comme tu le dis si bien, tout est question de cadre : celui qu'on s'est imposé, celui qui s'est imposé à nous...

    Du reste, j'aurais envie de te dire qu'il faut faire fi des commentaires des autres, et surtout lorsqu'ils sont si blessants ou trop peu bienveillants. Nos choix nous concernent intimement (du moins, j'ai envie de le penser).

    Grosse bise de réconfort

     

    Rao

    2
    Samedi 26 Décembre 2015 à 15:40

    Bonjour Rao,

    Merci pour votre message. J'ai mis du temps pour y répondre car il m'a fait pas mal réfléchir.

    Oui, j'ai partagé ici une de mes pensées les plus sincères, en sachant qu'elle comportait une part de "dureté"; mais j'assume que ce n'est qu'une pensée hyper méga subjective et personnelle. Puis, j'avoue que ma dureté est peut-être à la mesure des blessures que je ressens à lire ou à entendre certains commentaires de mon entourage proche ...

    Et oui, heureuses et heureux celles et ceux qui parviennent à faire fi des commentaires des autres.  En même temps, nous sommes des êtres sociaux, donc, je crois assez "naturel" / "légitime" d'être affecté-e- par ce que je pense les autres.  De plus, entre la théorie et la pratique, cela ne coïncide pas toujours.  Et je ne sais pas s'il y a lieu de s'en réjouir ou de s'en inquiéter sarcastic

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    3
    Rao
    Samedi 9 Janvier 2016 à 00:04

    J'admets qu'il n'est pas évident d'ignorer les commentaires blessants....et surtout lorsqu'il s'agit de notre entourage, de nos proches, de gens qu'on aime et en qui on a confiance. Mais vous me semblez être pleine de conviction. C'est solide et c'est le principale.

    Sur le tableau "idéal" de la famille : il y a trop à dire, à disséquer.

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