• [2012-09-03] La Non-Joyeuse Entrée

    "Certains sont choqués d'apprendre qu'on va mettre notre enfant dans une école classique, comme si le fait que l'on mange bio, que l'on ne vaccine pas le petit, etc., impliquait automatiquement une école à pédagogie alternative". 

    J'avoue, j'avais moi-même été choquée et peu enthousiaste quand cette maman m'apprit qu'elle mettrait son enfant dans l'école du coin, à 5 minutes à pied de sa maison.  Je me rappelle avoir pensé que pour nous, quoi qu'il nous en coûterait, notre fils irait dans une école alternative.  A l'époque, mon gamin allait sur ses deux ans, ET était fils unique.  Un an plus tard, cette phrase me revient souvent...

    En particulier, aujourd'hui, jour de la 1ère rentrée de mon fils.  J'y ai pensé 10 000 fois...Lorsque mon fils refusa de lâcher ma main pour me laisser partir ce matin, lorsqu'il me supplia de rester ou de le prendre.  Je n'ai pu réprimer mes larmes.  Ce fut une véritable épreuve.

    Le choix de l'école a fait l'objet d'âpres et houleuses discussions à la maison.  Pour des raisons idéologiques, et également pratiques, j'ai renoncé à forcer/tenter l'inscription de mon enfant dans une école à pédagogie alternative.  L'école Steiner de Tervueren (trop loin, enseignement en néerlandais), l'Autre Ecole ou l'école Saint-Joseph...Balayées...pour l'école communale du coin, à cinq minutes à pied de la maison.

    Cinq minutes à pied, c'est le pied pour s'y rendre!  Chaque fois que je parcours ce chemin, je me le répète.  La proximité est le principal point fort de l'école choisie, avec ce que cela signifie en terme de copains habitant dans le coin. Le second atout est le cadre.  Il est magnifique.  Verdure, plaine de jeux sur du sable, un coin tranquille, un bout de campagne, des airs d'école du village.  Elle est petite, ne reçoit que les maternelles, donc, les enfants de 2 ans et demi à 5-6 ans.  C'est clairement une école de quartier. 

    Nous l'avons préférée à une autre école, située sur le trajet pour se rendre à pied au métro (station située à 7 minutes de la maison).  Cette dernière offre un environnement peu plaisant, avec une porte à front de rue.  Puis, surtout, je m'y étais baladée lors de sa fancy-fair, il y a un an. J'avais tout simplement été effarée.  Le thème de l'année avait été : la TV.  Bon, ok, on peut faire de l'éducation aux médias.  Mais là, ce n'était pas le cas.  Quand j'y pense, je suis indignée...au souvenir de ces banderoles et dessins d'enfant des logos des chaînes de télévision.  Les enfants avaient consacré des heures de cours pour dessiner et colorier des logos de chaînes de tv !  Hallucinant!  Ce simple constat m'avait convaincue de la non-pertinence de cette école.

    Nous avons donc privilégié l'autre petit établissement tout tout proche de chez nous.  Cette école est reliée à une autre (on dit que l'école jouit de deux implantations). L'autre implantation a meilleure presse parmi les parents "alternatifs" (des enfants ayant fréquenté la crèche où Petit Prince s'est épanoui pendant 10 mois).  Pas très loin mais suffisamment pour que le trajet jusque là doive se faire en vélo...Or, pour une école dont la pédagogie ne nous correspond pas, nous n'étions pas prêts à consentir à cet effort.

    Mais, mon dieu, ce matin...!  Je n'en menais pas large.  J'ai haï le système scolaire.  J'ai haï de ne pas avoir inscrit mon enfant dans une école comme celle de Steiner à Tervueren, avec des institutrices dont j'avais une certaine assurance qu'elles avaient réfléchi à la manière de concevoir l'école et leur rôle...J'ai détesté cette maîtresse qui a appelé mon fils "chouchou", qui lui disait "chhhh" parce qu'il pleurait...la même qui, je l'apprendrai au moment de reprendre mon enfant, a donné le dessert que recevaient ceux qui avaient le repas chaud servi par l'école, parce que mon fils en voulait un, alors qu'une des raisons pour lesquelles j'ai délibérément exclu les repas chauds concerne les desserts.  Quelle aberration que de servir un dessert à chaque repas. Pas mieux pour rendre les petits accros au sucre que de leur servir un sucré à la fin de chaque repas (voy. Gavés de sucre de Cash Investigation, une émission qui me réconcilie un petit peu avec la TV).  Je vais donc avoir du mal avec cette institutrice-là (elles sont deux en classe pour une quinzaine d'enfants)...

    Soyons clairs, ce n'est pas le fait que mon enfant pleure qui me causait problème, c'est de le savoir avec des personnes dont je doutais de la capacité à accueillir ces pleurs...J'ignore si ces personnes connaissent Filliozat ou Dolto (pour ne citer que les plus connues). J'ignore comment elles pensent la discipline.  Si elles crient sur les enfants, si elles exigent le silence, si elles exigent l'immobilisme sur une chaise. 

    Comment vont-elles réagir devant mon fils, particulièrement bavard?  Lorsque j'étais en troisième maternelle, l'institutrice relevait mon bavardage en disant qu'elle me couperait bien la langue, tellement celle-ci était longue.  Elle ne m'a jamais punie en raison de ma volubilité.  Jamais sur toute l'année.  La seule mise au coin que j'ai subie pendant mon enfance vient de l'institutrice qui fut chargée de s'occuper des élèves de ma maîtresse, un demi-jour d'absence de cette dernière.  Cette dame ne m'a eue dans sa classe qu'une matinée.  En ce laps de temps relativement réduit, elle m'a administrée le seule mise au coin de ma vie.  Inutile de préciser qu'il s'agit là d'un mauvais souvenir qui renforce ma défiance vis-à-vis de l'école.  D'où cette question: si mon fils est aussi bavard en classe qu'il l'est dans la vie, comment vont réagir ses institutrices (car parfois, son flot de paroles continu est "extrêmement fatigant", et ceci est une formulation polie)?

    Devant mon air contrit, mon homme m'a proposé de retourner à l'école, incognito, pour observer notre petit bout, à son insu.  Comme j'avais oublié la peluche que Fiston appelle Doudou (et qui porte bien son nom quand mon petit dort autre part que chez lui ou chez ses grands-parents), ce fut une excuse toute trouvée pour ma tendre moitié d'enfourcher son vélo à destination de la classe de notre progéniture.  Il y a échangé quelques mots avec une des deux instit', a observé notre enfant qui courait dans un coin de la pièce.  "Il explore les lieux", dixit la maîtresse.  Il paraît que les larmes n'ont pas duré. 

    Ce soir, je suis plus apaisée.  Une des manières de me consoler (outre le fait que mon fils, à la fin de l'école, semblait content) est de me répéter que l'instruction n'est pas obligatoire avant 6 ans (j'écris bien "instruction" car l'école n'est jamais obligatoire, c'est l'instruction qui l'est).

    On verra demain.  Il paraît que le plus dur est le deuxième jour.  Sans doute parce que les enfants réalisent que ce n'est pas une blague, l'école, mais bien une nouveauté amenée à s'installer.

    A suivre donc.

    Et vous, votre rentrée la première rentrée de votre enfant, elle était comment? 

     

     



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  • Commentaires

    1
    m'fi
    Mardi 4 Septembre 2012 à 13:32

    Je pense qu'on pourrait raconter la 1ère rentrée de notre 1er bonhomme avec à peu près les mêmes mots: institutrice hyper-vitaminée (on dirait qu'elle est shootée mais avec 19 gamins à s'occuper, on peut presque le comprendre), pleurs de notre grand quand on est parti, coeur serrés chez lui... et chez nous, etc.

    Pour me rassurer, je me dit que c'est difficile mais la vie l'est aussi parfois. Autant qu'il l'apprenne le plus tôt possible... Des gens qui n'ont pas les mêmes idées que ses parents, il en rencontrera forcément. De la bouffe trop sucrée, pas forcément saine, il en mangera forcément. (Il suffit de toute façon qu'on l'nterdise pour qu'il s'y intéresse.) Bref, ça fait partie d'un certain apprentissage de la vie que tout n'est pas toujours facile, que les idées sont diverses et variées, que tout le monde ne pense pas comme Papa et Maman... Je me dit aussi qu'on est passé par là et qu'on en est pas mort. On arrive quand-même à faire la part des choses, à faire nos choix et à avoir nos convictions pas nécessairement raccord avec ce que nous propose la société actuelle... Maintenant, je peux me tromper...

    2
    Den Profil de Den
    Mercredi 5 Septembre 2012 à 11:16

    Deuxième jour: pleurs et grosse colère (il a jeté son doudou) après avoir pourtant dit à son papa: tu peux partir.  L'après-midi, après l'école, discussion entre le papa et le fils.  "Pourquoi pleures-tu le matin?", "comment faire pour que cela se passe mieux?" .  "Si tu es triste, tu peux pleurer".  "Comment faire pour que tu ne sois plus aussi triste?"  "Et si fâché?"

    La conversation a dû parler à mon fils.  Ce matin, j'ai eu droit à "tu peux partir, maman".  Tout doux, tout calme.  Ouf!  Je le voyais observer sa classe, se demandant vers quelle activité se tourner...

    3
    Den Profil de Den
    Mercredi 5 Septembre 2012 à 11:20

    Ouh, M'fi, grand débat...que tu lances sur l'école!

    On peut toujours chercher à se rassurer...Si cela aide...:-(

    En tout cas, je tique à fond sur cette phrase: Pour me rassurer, je me dit que c'est difficile mais la vie l'est aussi parfois. Autant qu'il l'apprenne le plus tôt possible...

    Pas mais alors pas du tout d'accord!

    Bon, ma Princesse m'appelle donc pas le temps de développer là maintenant. Mais j'y reviendrai.

    Et le deuxième jour?  Le troisième?

    4
    m'fi
    Mercredi 5 Septembre 2012 à 22:24

    Deuxième et troisième jour: pleurs au matin mais retour joyeux et content. Mardi, à la garderie le soir, les gardiennes ont dit à ma moitié: "Mais on dirait qu'il est chez lui ici!" A la maison, il nous a chantonné une chanson apprise et mimé une activité faite à l'école. On a l'impression qu'il accroche aux activités... Le plus dur pour lui qui est un grand timide (comme ses parents), c'est d'aller vers les autres enfants. Il nous dit: "Les copains m'embêtent" sans plus de détails. Je décripte ça: "Je ne sais pas comment aller vers les copains..."

    Pour le grand débat et la phrase sur laquelle tu tiques: précisions... ou rajout d'une couche, tu choisiras.  J'essaye juste de dédramatiser la situation. Le monde n'est pas comme on le rêve (du moins pas encore  ). On ne sait pas tout changer tout de suite. Cela se fait petit à petit. L'essentiel, c'est qu'il y ait une progression, même lente, vers ce "mieux" qu'on rêve. En attendant, il faut faire avec ce qui existe dont l'école imparfaite, avec des enseignants ne partageant pas forcément nos idées, etc. C'est aussi une ouverture d'esprit de renconter des gens différents... Bon,je m'égare, je tourne en rond... Je veux juste (me) dire qu'il y a du positif dans toutes les situations et les choix qu'on fait, même si notre rejeton ne s'en rend pas forcément compte. Mais on sera là pour lui expliquer 

    PS: elles sont chouettes les émoticones  (j'arrête mes bêtises et je vais dormir  )

    5
    Den Profil de Den
    Mercredi 5 Septembre 2012 à 22:48

    Tu me fais rire, M'fi.  Je comprends très bien ce que tu veux dire...

    Seulement, s'il y a une phrase qui m'horripile au plus haut point, ben, tu as réussi à l'écrire (il y en a d'autres, comme le "je ne suis pas raciste, la preuve tu es une copine, or tu es étrangère, mais quand même, les étrangers/les Arabes/les Noirs, ils...).

    "Le monde est dur, autant qu'ils l'apprennent tout de suite".  Combien de fois n'ai-je entendu cette phrase.  Autant je comprends ce que tu veux dire, et je le prends comme une volonté de se rassurer dans nos choix, autant je ne peux pas du tout te suivre sur cette phrase. 

    Car sinon, on peut aussi dire qu'il y a lieu de mettre les enfants à la crèche tout de suite, qu'il faut des heures fixes pour la tétée (non mais, qui décide?  Pas un môme qui vient de naître quand même), qu'il faut laisser pleurer un bébé (ben oui, la vie est dure!)...Bref, c'est un argument que je déteste.  "oh, tu sais, à l'école, il mangera plein de sucreriese". Ok, à l'école, c'est à l'école et on avisera à ce moment-là, mais d'ici là, mes chers amis/ma chère famille, aidez-moi à lui apprendre le goût des choses saines.

    "Oh, tu sais, à l'école, il apprendra la violence, les vilains mots, les bagarres, les punitions..."
    Ok, on avisera, mais ici, on n'est pas à l'école, donc, aidez-moi à l'épargner de tout cela.

     

     

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