-
21 février '15 - Crise, mise au lit, cododo et nouvel enfant des lumières
Depuis quelque temps, les mises au lit et les nuits sont enfin devenues agréables. Parfois. Nous avons profité de la rentrée à l’école de notre seconde pour insuffler de nouvelles règles.
Depuis quelques mois auparavant, avait déjà été édicté le principe des jours alternés. Les soirs de jours pairs, c’est leur père qui se charge de la mise au lit des enfants. Les jours impairs, la mission m’est dévolue. Ces jours-là, je vais très souvent dormir dans la foulée de la mise au lit. Jusqu’il y a peu, je restais au lit jusqu’à ce que mes enfants s’endormaient ou m’autorisaient à partir. Avec la rentrée à l’école de ma fille, nous avons décidé que nous ne resterions plus, afin de rendre la mise au loin plus agréable pour nous. Du coup, maintenant, je fais un gros câlin à mon petit prince et à ma princesse, accompagné de deux-trois bisous. Puis, je m’en vais. Et cela fonctionne.
Cela fonctionne depuis qu’on laisse une lumière allumée dans la chambre ; et aussi, depuis que mon fils partage le grand lit de sa sœur quand celle-ci y consent, ou alors depuis que l’on a approché le lit du grand frère afin qu’il jouxte celui de ma princesse. Je comprends terriblement bien ce besoin de ne pas se sentir seul-e au moment de s’endormir. Je le comprends car j’éprouve le même besoin. Je trouve donc injuste d’imposer à mon enfant ce qu’il vit comme une solitude, un abandon alors que beaucoup d’adultes, dont je suis, trouvent réconfortant de s’endormir aux côtés d’un être cher.
Avant le dernier câlin, je raconte une histoire. Et il y a quelques temps, je leur ai fait découvrir Tao Tao (dont les récits sont quelque peu misogynes, au vu des quelques épisodes visionnés). Le premier jour où il et elle ont regardé un Tao tao, j’ai, le soir -même, raconté une histoire mettant en jeu un panda nommé Tao Tao et son ami le singe. Depuis, il et elle me réclament souvent une histoire de Tao Tao. Avant de commencer le récit, mon fils choisit des animaux qui interviendront dans mon histoire. Du coup, souvent, le moment de l’histoire commence avec la chanson de générique que nous entonnons en chœur ; je dois chanter tout à en réfléchissant à un scénario que j’invente au fur et à mesure que mes paroles s’échappent de mes lèvres (mes histoires ne sont donc guère très élaborées ni très cohérentes).
Pour mes enfants, en particulier pour mon fils, le moment de l’histoire est ultra-sacré. Y déroger est vécu comme une punition. Parfois, je trouvais qu’il était trop tard. Fiston a préféré dessiner, ou jouer dans le bain. De sorte que j’esquive l’histoire. Dans ces cas, mon fils pique souvent une colère énorme, expression d’une tristesse et d’un sentiment d’injustice. Parfois, quand le passage à la salle-de-bain (bain certains soirs, pyjama et brosse à dent) a été particulièrement éreintant (surtout parce que mes lutins n’en font qu’à leur tête et décident de jouer à se faire rire, à se poursuivre, etc.), je n’ai qu’une envie : claquer la porte. Parfois, je tiens le coup (d’autres fois, très souvent, je pète les plombs, les portes claquent, les cris résonnent dans la maison), mais alors, évidemment, je ne ressens aucune envie de passer un moment tendre avec elle et lui. Mon réflexe naturel serait de les priver de ce moment de complicité au motif qu’il et elle ne le méritent parce qu’il et elle m’ont trop épuisée et se sont mal comporté-e-s.
Or, l’autre jour, j’ai eu un flash. J’ai repensé à Filliozat qui n’a eu de cesse de répéter lors de la conférence à laquelle nous avons assisté, mon chéri et moi, jusqu’à sa dédicace dans son livre que j’ai acheté ("Il me cherche") : l’amour est un carburant, pas une récompense. Depuis, il est rare que je me dérobe à l’histoire du soir.
Hier soir, j’ai repensé à Filliozat. Ma fille avait piqué une colère rare. Une de ces colères dont elle est capable lorsqu’elle refuse une décision qu’elle considère comme arbitraire et qui lui est imposée. Dans des cas pareils, l’issue consiste à rejouer la scène litigieuse et à la laisser prendre l’initiative qu’elle refusait. Vous voulez qu’elle sorte du bain et elle ne voulait pas que vous la sortiez du bain ? Remettez-là dans le bain, et laissez-la réparer la scène, la jouer comme elle aurait dû l’être à ses yeux. Elle a besoin de sentir qu’elle détient une emprise sur l’événement. Souvent, elle demandera d’elle-même de l’aide pour sortir de la baignoire. C’est cela qui est primordial à ses yeux. Qu’elle soit maîtresse de cette décision. Haute de ses 2 ans et demi, elle affiche une volonté et une détermination incroyables…qui peuvent être difficiles à vivre au quotidien. Hier, j’ai perdu patience. La crise de colère qu’elle a exprimée avec vigueur était à la mesure de son sentiment d’impuissance…A la voir ainsi, je ne peux m’empêcher de me voir en miroir. Ma belle, la vie est injuste. Comment la préparer ? Dans son livre, Lawrence Cohen parle à un moment d’ « un jeu que l’on pourrait intituler ‘’la vie n’est pas juste ‘’ » (p. 309). Je n’ai pas assez joué à ce jeu dans mon enfance. Je pense que ce serait chouette et appropriée de jouer à ce jeu avec ma fille.
Hier soir, ma fille était indéniablement en colère. Mon homme traduit souvent les grosses crises de colère comme la manifestation de la fatigue. Cela peut arriver que la colère ne soit que la façade d’une extrême fatigue. En même temps, je sais que mon fils –parce qu’il l’a dit – et ma fille – parce qu’elle me ressemble sur ce point – se sentent insulté-e-s lorsque je ou mon chéri assimile leur colère à de la fatigue. Hier, c’était indubitablement de la colère.
Et hier, j’ai « péter les plombs », j’ai hurlé, j’ai claqué la porte, j’ai éteint des lumières ! Quand cela m’arrive, mes enfants prennent peur. Quand je me fâche sur l’un de mes enfants, l’autre prend la défense de son frère/sa sœur. Et hier, à me voir ainsi, fiston a vraiment pris peur. Mon fils est très impressionnable. Là où ma fille va se jeter sur moi, voire me taper, et surtout me hurler dessus parce que je hurle sur son frère, ce dernier va me crier dessus certes, mais surtout, il va pleurer, se boucher les oreilles et partir, tellement il est terrifié.
Bref, après ce moment de hurlements et de pleurs extrêmement intenses (les voisins ont dû se demander ce qui se passait chez nous), le calme est revenu. L’histoire était indispensable après ce qui s’était passé. Ce moment de tendresse et de chuchotements doux a réparé les cris lancés lors de nos échanges orageux.
Souvent, comme une adulte manipulatrice, il me vient l’envie de raconter une histoire en lien avec ce que nous avons vécu, ce que nous vivons, ce que nous aimerions vivre. Je prends soin de prendre des éléments de ressemblance, mais surtout des éléments de dissemblance, sinon, mon fils m’accuse de raconter notre histoire, ce qui, à ses yeux, n’est pas drôle, n’est pas du jeu.
Hier, j’ai éprouvé l’envie de raconter l’histoire d’une petite fille qui ne voulait pas partir de la pleine de jeux. Une femme rejoignit l’homme qui veillait sur une petite fille et un petit garçon. Un enfant de lumière (voy. ici pour comprendre), perché sur un nuage, demanda à son ange qui était ces enfants et qui était cet homme et cette femme. L’ange répondit que l’homme était leur papa et que la femme était leur maman. A la question de savoir qu’est-ce qu’une maman, l’ange répondit : c’est une femme qui prend soin de son enfant, qui lui fait des câlins, qui le gronde ou la gronde quand c’est nécessaire. Qui lui donne beaucoup d’amour.
Là-dessus, mon garçon me reprit : ce n’est pas ça, une maman !
Moi : Ha bon ? C’est quoi, alors, une maman ?
Lui : Une maman, c’est comme un papa, mais en fille. C’est pareil. Une maman, ça fait la même chose qu’un papa.
Moi : Ha, et c’est quoi, un papa ?
Lui : Un papa, c’est une maman en garçon. C’est la même chose. Un papa fait la même chose qu’une maman…
[Oh, mon fils, ce féministe ;-) Allez, épargnons-nous le débat sur l'interchangeabilité des rôles, sur le sens de la parité et de l'égalité...Je déguste juste cette petite réflexion de mon fils que, moi, j'interprète comme la traduction de son attachement aussi fort envers son papa que sa maman]
Puis, je continue l’histoire. La petite fille hurlait à la mort parce qu’elle ne voulait pas quitter la pleine de jeux; sa maman l’a finalement saisie sous les bras pour rentrer à la maison. L’enfant des lumières qui guettait la scène en compagnie de son petit ange n’avait pas envie de venir dans cette famille. Mais le grand frère qui leva les yeux au ciel aperçut l’enfant de lumière et lui sourit. Et la petite fille cessa ses cris lorsqu’à son tour, elle aperçut l’enfant de lumière et lui fit signe de la rejoindre. Le lendemain, une graine était installée dans le ventre de la maman. [Nous avons expliqué à mon fils qu’un bébé commençait avec la graine dans le ventre de la maman].
Petit à petit, nous nourrissons le rêve d’une troisième enfant. Ce rêve est particulièrement commun à mon fils et moi. Et mon homme quand il parvient à mettre en berne sa raison Ma fille adore les bébés, mais je ne suis pas certaine qu’elle laissera facilement un bébé la détrôner de la place de cadette.
« 20 février '15 - Enfant des lumières ou les anniversaires à EOS22 février '15 - Le parentage ludique 1 - Ré-action »
Tags : mise au lit, crise de rage, cododo, histoire, Tao Tao, enfant de lumière
-
Commentaires