• Dans [2012-01-12] Heureuse année 2012...!, je parle de ce livre de Françoise Dolto:


    Comme j'ai envie de mettre en exergue les sujets abordés dans mon article en question, et que je m'étais engagée à proposer certaines pages scannées de ce bouquin, j'ai décidé de consacré un article spécifique à ce livre, lequel reprend littéralement l'article déjà rédigé plus les pages scannées.

    Les chemins de l’éducationcollecte articles et textes de conférence de Françoise Dolto.  J’ai beau porter un regard critique vis-à-vis de la psychanalyse, la lecture de certains extraits de Dolto m’irrite au plus haut point (l’enfant ne doit pas dormir avec ses parents, en particulier avec sa mère, au risque de se perdre en elle. Pfff), il en est d’autres où je jubile littéralement.  Illustration.  ( Guérir du mensonge 1/2 ; Commeng guérir du mensonge 2/2)

    « J’écrivais la semaine dernière que de même manière qu’il y a des manières d’exiger l’obéissance qui déterminent l’enfant à devenir désobéissant, il y a des façons d’exiger la vérité qui poussent l’enfant à devenir menteur. 

    Quand l’enfant sait parler suffisamment pour se faire comprendre et sait que telle bêtise entraînera telle réaction punitive ou grondeuse de l’adulte, il peut commencer à mentir.  Les réactions de l’adulte aux premiers mensonges en actes et en paroles des tout-petits sont très importantes. 

    Il vaut mieux prévenir que guérir.  Vers seize mois, deux ans, un enfant qui a renversé un vase ou provoqué un accident, s’il est en confiance avec l’adulte qui s’occupe de lui, l’appellera ou viendra l’entraîner en lui montrant le désastre.

    Si l’adulte commence à se fâcher très fortement et à frapper l’enfant, celui-ci associera, au bout de deux ou trois expériences de ce genre, le fait d’avouer au fait d’être puni.  Il se cachera après avoir fait une maladresse.  Plus tard, si on le gronde d’une bêtise, il dira : « Ce n’est pas moi » pour se défendre des suites désagréables.  Elles en seront peut-être pires, mais ce réflexe du mensonge établi, qui équivaut à un manque de confiance en l’adulte, sera fixé »[1]

    S’ensuit la description d’une scène (un enfant de 4 ans coupe dans les rideaux du salon) et des différentes attitudes possibles de la part de la maman. 

    « Il ne faut pas punir l’enfant pour son initiative, mais seulement pour la mauvaise application de son envie.  Ainsi, dans l’exemple du rideau coupé, il eût été très mauvais que la maman dise : « Je te défends de te servir des ciseaux.  Tu es trop petit ».  Ce n’est plus vrai.  Il a envie de s’en servir, et il a pu le faire sans se blesser, il faut donc lui enseigner de s’en servir utilement. Et cet incident doit faire naître des jeux de découpage, au lieu d’une nouvelle interdiction de se servir des ciseaux qui entraînera, tôt ou tard, une nouvelle désobéissance agressive. »

     Ce texte est suivi d’un article intitulé « Les punitions » (Les punitions 1/4; Les punitions 2/4Les punitions 3/4; Les punitions 4/4) [Désolée pour la mise en page; eklablog ne veut pas enregistrer une image tournée]

      L’introduction mérite d’être connue :

    « Les ‘’punitions’’ : ce terme devrait être banni du langage de l’éducation, il devrait être remplacé par celui de ‘’réparation’’ ou ‘’annulation’’ de la faute et correction de comportement ‘’.

    Dans le langage courant, il s’y mêle l’idée d’un comportement de l’éducateur que nous devons exclure de notre conception.  Je garderai le mot cependant, mais en expliquant bien ce que devrait être une ‘’punition’’ pour entrer dans le cadre de l’éducation, et ce qu’elle ne doit jamais être ». 

     Je trouve cet article tellement important que, au diable les droits d’auteur.  Je vous en proposerai une version scannée sous peu, le temps de scanner les quelques pages (l’article n’est pas long).  Elles sont très instructives.  Isabelle Filliozat (et d’autres) n’a rien inventé à ce niveau-là.  En 1946, Dolto appelait déjà à respecter la liberté intérieure de l’enfant, « dans un cadre où chacun de ceux qui l’entourent a droit aussi à son sentiment de liberté ».   Certes, tout ne me plaît pas, comme cette proposition de taper la main qui a fait la bêtise (main à séparer, en quelque sorte, du corps, de la personne de l’enfant) mais excepté ce point, j’applaudis les propos de Dolto.

    « Pensez toujours que l’enfant doit être laissé libre.  S’il a trouvé en toute connaissance de cause que le risque valait le plaisir, c’est son droit.  Ne cherchez pas à ‘’mater’’ un enfant pour des choses inutiles.  Si ce qu’il fait lui réussit et n’est pas nuisible aux autres et que vos interdictions ne l’entravent pas, c’est lui qui a raison.  Il est en âge de surmonter les risques que vous craignez pour lui.  Décidez avec lui, au lieu de punir, que l’interdiction temporaire est dorénavant levée, mais exhortez-le à la prudence et à la réflexion ». 

    La psychanalyste énumère quelques procédés néfastes et pourtant courants à proscrire absolument (dixit Dolto). Parmi ceux-ci, « dans le petit âge : le ‘’raisonnement’’ de l’enfant, la ‘’mise au coin’’. »

    Ce point est venu rencontrer une réflexion avancée par Ellen lors d’une entrevue de « bilan » sur les premiers mois de Petit Prince en crèche.  Elle avait ainsi précisé que les petits enfants ne réagissaient pas comme nous par la pensée.  Si je résume, et si j’ai bien compris ce qu’Ellen disait…Les enfants n’analysent pas une situation par la pensée.  Avant la parole, et même avant l’émotion, ils sont par le mouvement.  Cela me rappelle la vidéo de Filliozat (Parent : savoir reconnaître les caprices de son enfant !)[2].  Face à un événement, leur compréhension va d’abord passer par le mouvement avant de s’arrêter éventuellement, de se laisser envahir par une émotion, le temps de la réflexion et du verbal ne venant qu’après. 

    A ce stade, j’ai ressenti le besoin de réfléchir à une discussion que j’ai eue, ces vacances-ci, avec une maman passiflorienne, qui « reprochait » à son mari de « trop parler » à son enfant.  Cette mère considérait que l’enfant n’a pas les capacités mentales pour comprendre ce qui était dit et que le flot de paroles lui était imposé : on le forçait à gérer des informations qu’il n’était pas capable de comprendre.

    J’ai pris la défense du papa (je parcourais de temps à autre un article de Dolto et étais donc fraîchement imprégnée de ses idées) en expliquant que son attitude était sûrement due au fait qu’en France/Belgique, nous étions fort influencés par Dolto qui avait eu la bonne idée de proclamer haut et fort que l’on pouvait parler à son enfant, qu’il comprenait.

    Et c’est vrai, depuis cette réflexion de cette maman, j’ai ressenti avec encore plus d’acuité, l’importance  la prédominance/le monopole du verbal sur l’émotionnel ou le toucher.  Et cette prise de conscience a suscité, chez moi, un besoin de prendre distance et de critiquer (critiquer dans le sens de remettre en cause, de questionner, de peser le pour et le contre, de procéder à un examen, une évaluation, une analyse de) mon axiome : la parole est essentielle/primordiale avec son enfant.

    Enfin, en prévision de mon article suivant sur l'obéissance, un autre article de Dolto à ce sujet: "Comment former la conscience de nos enfants?" comment former la conscience de nos enfants 1/2 ; Comment former la conscience de nos enfants 2/2


     

    [1] Françoise Dolto, « Comment guérir du mensonge », Femmes françaises, 1er et 9 mars 1946, repris dans Les chemins de l’éducation, Gallimard, 1994, pp. 129-131.

    [2] Dans un autre article du livre, Dolto dit, comme le dit Filliozat dans la vidéo, que les « caprices » sont des messages, des signes que les parents ne comprennent pas. 


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  • L'homme n'est pas dépourvu d'humour...
     
     
     
     
     
    http://www.youtube.com/watch?v=FwhY1Ws-eQ0

    Extraits d'une conférence d'André Stern à l'Université de Zürich, ZKM, 01/09/2010 (1100 spectateurs) Version Originale Sous-Titres Français

    Son livre:

     

    André STERN

    Ce livre, qui raconte l'histoire d’une enfance heureuse, comble une lacune : jusqu'ici, personne ne savait ce qu'il advient d'un enfant qui, profondément enraciné dans notre société et sa modernité, grandit loin de toute scolarisation, sans stress, sans compétition, sans programme préétabli ni référence à une quelconque moyenne.
    Combler cette lacune permet de tordre le cou à certaines idées reçues. Grandir loin de l’école ne conduit pas fatalement à devenir un sauvage analphabète, asocial et incompétent ; les moyens d'accéder au savoir et à la réussite sont nombreux et inattendus ; et le cas d'André Stern n’est pas l'apanage d'une famille aisée.
     


    source: http://www.actes-sud.fr/catalogue/societe/et-je-ne-suis-jamais-alle-lecole


     

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  • J'ai eu une conversation hier avec un collègue sur l'éducation.  Ce père d'un petit d'un an me confiait être en pleine lecture d'un livre très chouette, Dolto expliqué aux parents. J'imagine que c'est celui-ci:

      

     
     
     
     
     

    Dolto expliquée aux parents

     

    Je lui ai partagé mon enthousiasme pour le livre Les chemins de l'éducation dont je parle dans ce billet: [2012-01-12] Heureuse année 2012...!

    En évoquant les difficultés et les questions rencontrées pour l'éducation, nous en venons à parler de l'enfant-roi.  C'est moi qui amène le sujet car j'ai commencé (et terminé ce matin) la lecture de:

    ta_enfant_roi.jpg
     
    On peut télécharger ce livre, épuisé en version papier, sur le site de yapaka.be (ici exactement).  [Soit dit en passant, ce site regorge de petits recueils très intéressants que l'on peut commander gratuitement auprès de la Communauté française (ou Fédération Wallonie Bruxelles - voy. sur le site). J'en ai lu quelques-uns dont Les dangers de la télé pour les bébés de Serge TISSERON, Le jeu des trois figures en classes maternelles, du même auteur, etc.]
     
    C'est effectivement une question qui me préoccupe beaucoup, que cette frontière entre une éducation permissive, car celle que nous donnons peut être qualifiée de telle, et une éducation insécurisante pour l'enfant, celle que l'on accuse communément et d'une manière très critique de générer des "enfants-rois".
     
    C'est, de nouveau (le thème m'est donc très cher, vous l'aurez saisi), la relation à l'ordre et l'obéissance qui, pour moi, est sous-jacente.  Comment éduquer, donner une sécurité affective et environnementale, amener l'enfant à faire (voire être) ce que, moi parent, je souhaite, tout en lui inculquant le sens critique de l'ordre, de l'autorité?
     
    Bref...vaste débat.
     
    Au détour de la conversation, ce papa partage sa difficulté par rapport à son enfant lorsque ce dernier "désobéit" ou "fait une bêtise".  Il m'explique qu'il lui arrive de le mettre dans sans chambre pour que son petit, 1 an, se calme.
     
    Là-dessus, je pense à Dolto qui considère que dans "le petit âge", la mise au coin est bannir.  J'assimile la mise au coin avec le "time out" comme disent les Anglosaxons, ou le fait d'exclure un moment [A ce propos, je recommande cet article d'Aletha SOLTER http://www.wmaker.net/maisonenfant/Les-desavantages-du-Time-Out_a173.html]. 
     
    Je raconte à mon collègue, qui a l'air d'apprécier Dolto, comme moi d'ailleurs, que cette dernière s'oppose aux punitions.  Pour rappel, voici ce qu'elle en pense:
    « Les ‘’punitions’’ : ce terme devrait être banni du langage de l’éducation, il devrait être remplacé par celui de ‘’réparation’’ ou ‘’annulation’’ de la faute et correction de comportement ‘’».

    J'explique d'ailleurs que Dolto classe certaines punitions comme néfastes, devant être proscrites absolumement, et ce, en fonction des âges.  Evidemment, la nuance, en fonction de l'âge est essentielle!  Cela va sans dire, mais c'est encore mieux en le disant.

    Mon interlocuteur me demande de citer le genre de punitions que la psychanalyste range dans cette catégorie.  Du coup, je lui cite la "mise au coin".  Et le voilà tout surpris.  L'homme est, je le sens, grâce au fil de nos discussions sur l'éducation, très ouvert et, je dois dire, assez proche de certaines de mes idées.

    S'ensuit la fameuse question: 

    "Mais alors, on fait comment sans punition?"

    Je me suis trouvée assez démunie face à cette interrogation. Je lui répondu qu'en tout cas, chez nous, on ne punissait jamais. 

    Certes, c'est arrivé une fois ou deux fois. La première fois, j'ai laissé mon enfant à l'étage pour descendre me calmer. Je ne l'ai pas vu comme une punition mais ma soeur bien...Comme quoi, tout est interprétation.  Une autre fois, mon chéri a décidé d'exclure le Petit Prince dans la véranda quelques minutes.  Les deux événements ont été provoqué pendant la même période où mon fils, dans certains moments d'excitation, ne pouvait s'empêcher de me mordre (ce qu'il ne faisait plus sur son père).  Une autre fois, mon cher et tendre a voulu priver le petit de gâteau.  Ce jour-là, nous avions la visite de la famille et un gâteau avait été prévu.  Mon fiston, 20 mois plus ou moins à l'époque, s'en réjouissait depuis le matin, moment où nous avions été l'acheter.  Il n'a pas réagi lorsque son père a proféré la menace.  Mais il s'est mis pleurer, quand quelques heures plus tard, il a vu arriver le gâteau.  Le franc venait de tomber.  Evidemment, on n'a pas exécuté la menace, avec laquelle je n'étais pas d'accord.  Et mon homme a reconnu ses torts...Toujours est-il que depuis la mise au coin dans la véranda, mon enfant ne m'a plus jamais mordu (la fonction behavouriste du time out a donc fonctionné ; voy. ici à quoi je fais allusion; j'assume pleinement car je profite pleinement des câlins, accolades et jeux de chatouillis depuis que je n'ai plus peur d'être mordue par mon fils).

    Bref, tout ça pour dire que même si, nous sommes empreints de la volonté de ne pas punir, des dérapages sont toujours possibles...et que l'important est de pouvoir revenir sur l'incident, et le cas échéant, reconnaître nos erreurs.  Et aussi pour dire que, donc, à la maison, on vit sans punition.

    Mon collègue me demandait comment faire si l'enfant n'obéit toujours pas...Là-desssus, je me suis montrée très démunie, et je lui ai traduit ma conception.  A savoir que l'on ne pouvait pas isoler le principe du "pas de punition" de l'ensemble d'une conception éducationnelle, ou pour m'exprimer autrement d'une vue d'ensemble (systémique, ai-je osé) d'une manière d'éduquer.

    Dans une famille où règnent beaucoup d'interdits (de monter sur les fauteuils, de manger avec les mains, de ne pas se salir les vêtements, etc.), il est clair que les désobéissances sont plus fréquentes, et donc les prises de bec aussi.  Je pense à cette phrase de Dolto (que je cite non parce c'est Dolto, mais parce qu'elle reflète ma conviction):

      « J’écrivais la semaine dernière que de même manière qu’il y a des manières d’exiger l’obéissance qui déterminent l’enfant à devenir désobéissant (...) ».

    Du coup, dans une famille où il y a peu d'interdits, ces derniers, en petit nombre, sont plus gérables.  Ils doivent être dits clairement et répétés autant que nécessaires.  Et s'il y en a peu, il me semble que les parents disposent du coup plus de temps et d'énergie à consacrer pour rappeler et pour parler a posteriori de la violation de la règle; au lieu d'en dépenser à rappeler foules d'interdits et d'injonctions qui, souvent, ne peuvent pas être respectés, ou si, mais au prix d'une certaine intériorisation de la docilité.

    Le reste est question de créativité (de temps et d'énergie aussi!  Je n'ai pas dit qu'éduquer un enfant était reposant).   Je suis certaine que mon collègue est contre la fessée ou tout acte de violence.  Il a sûrement imaginé toute sorte de solutions pour s'en passer.  Finallement, ma réaction n'aurait pas été différente que la sienne s'il s'était trouvé devant un autre parent qui lui aurait demandé:

    "Mais alors, on fait comment sans fessée?"

    Toujours est-il que je me rappelais d'un site où des solutions étaient proposées (c'est ici).

    Sur le blog de Catherine DUMONTEIL-KREMER (CDK), cette dernière propose 11 pistes pour oublier l'éducation répressive.  J'en relèverai ici quelques-unes que je commente.

    2
    Je vous propose une nouvelle définition du mot bêtise : nom féminin désignant une action inadaptée qui est généralement la conséquence d’un manque d’attention, le fruit d’une blessure ;  Peut aussi correspondre à une simple maladresse due au manque d'expérience de l'enfant. Cela modifiera peut-être votre regard sur les comportements que vous jugez inadaptés.
     

    J'ai souri en lisant cette proposition.  Il y a quelques mois, j'ai introduit le mot "bêtise" dans mon vocabulaire.  Mon but visait à ce que ce soit avec ma signification de ce terme que mon fils apprenne ce vocable, avec comme finalité de "dédramatiser" la notion de "bêtise".  Et ce justement, dans le sens proposé par CDK.  Dès que je faisais tomber quelque chose, je disais que je faisais une bêtise. Quand il me venait de prononcer une ineptie, je précisais tout de suite que je disais une bêtise.  De sorte que le mot "bêtise" signifiait une maladresse ou une action ou parole inadaptée.  Du coup, mon fils a également qualifié ces maladresses (renverser son verre d'eau, sa cuillère, etc.) de "bêtises".  Et comme je m'autorisais, moi, à faire des bêtises sans que je le vive comme le dernier des drames, je l'autorise, lui, à "faire des bêtises" sans que personne ne le vive comme le pire de tous les cauchemars. Par conséquent, mon fils n'hésite pas à venir me prévenir dès qu'il fait tomber un verre d'eau ou autres "bêtises" du genre.

    A la "bêtise" doit aussi correspondre une réponse appropriée.  Pour rappel, les propos de Dolto:

    « J’écrivais la semaine dernière que de même manière qu’il y a des manières d’exiger l’obéissance qui déterminent l’enfant à devenir désobéissant, il y a des façons d’exiger la vérité qui poussent l’enfant à devenir menteur. 

    Quand l’enfant sait parler suffisamment pour se faire comprendre et sait que telle bêtise entraînera telle réaction punitive ou grondeuse de l’adulte, il peut commencer à mentir.  Les réactions de l’adulte aux premiers mensonges en actes et en paroles des tout-petits sont très importantes. 

    Il vaut mieux prévenir que guérir.  Vers seize mois, deux ans, un enfant qui a renversé un vase ou provoqué un accident, s’il est en confiance avec l’adulte qui s’occupe de lui, l’appellera ou viendra l’entraîner en lui montrant le désastre.

    Si l’adulte commence à se fâcher très fortement et à frapper l’enfant, celui-ci associera, au bout de deux ou trois expériences de ce genre, le fait d’avouer au fait d’être puni.  Il se cachera après avoir fait une maladresse.  Plus tard, si on le gronde d’une bêtise, il dira : « Ce n’est pas moi » pour se défendre des suites désagréables.  Elles en seront peut-être pires, mais ce réflexe du mensonge établi, qui équivaut à un manque de confiance en l’adulte, sera fixé »[1]

     

     

    3
    Faites de la prévention : annoncez-lui de quoi sera faite sa journée par exemple. Un grand nombre de problèmes surviennent parce que l’on n’a pas pris la peine d’informer notre enfant et qu’il se retrouve dans une situation nouvelle pour lui, parfois inquiétante, son comportement en est perturbé et il fait alors ce que l’on appelle des « bêtises ».

    4
    Faites  une liste de vos règles non négociables. Voici la mienne pour mes filles lorsqu'elles avaient entre 2 et 6 ans : Ne pas blesser des enfants, des adultes, des animaux, ne pas dégrader le matériel, le notre et celui d'autrui. Cela vous permettra de définir ce qui est vraiment important pour votre famille. 

    Admirez la liste sommaire des règles non négociables... J'en touchais un mot plus haut.  Il s'agit de définir les priorités sur lesquelles s'attarder.


    5
    Posez des limites sans menaces, chantage affectif, culpabilisations,  punitions-récompenses, coups, requiert toute votre intelligence aimante, cela prend du temps et beaucoup d'énergie. Révisez vos attentes à la baisse si cela est possible. Avant d'exiger quoique ce soit de votre enfant posez-vous les questions suivantes : D'ou provient cette idée, est-ce une simple reproduction des règles que mes parents m'ont imposées ? Cela a-t-il du sens pour lui ? Essayez de penser chaque situation comme si elle était entièrement nouvelle. Je me rappelle d'une famille où les enfants avaient demandé à déplacer le portique de jardin dans le salon. La première réponse automatique des parents avait été : « non, ça ne se fait pas ! ». Par la suite ils ont réfléchi : leur salon  était immense, meublé avec du mobilier de récupération. Ils ont fini par se demander pourquoi ils refusaient cette demande, et ils ont accepté de déplacer le portique en hiver seulement.

     9
    N'hésitez pas à dire non de façon claire et honnête, avec délicatesse, sans gêner votre enfant ou l'embarrasser publiquement. Après un « non », une déception plus ou moins grande se manifestera. Votre enfant sera triste ou en colère, il aura besoin d'être écouté à ce moment-là. C'est le fait de lui refuser cette écoute qui le blessera, bien plus que le non en lui-même. Respectez les non de vos enfants, ils ont aussi besoin de poser des limites à leurs parents, de leur faire savoir qu'ils existent en tant qu'individu.

    Eduquer dans le respect de l'autre ne signifie pas ne jamais dire "non".  Beaucoup ont mal compris Dolto.  Elle a résolument apporté un regard frais et salvateur avec sa phrase: l'enfant est une personne.  Mais, être une personne n'implique pas de ne jamais être frustré. Il me semble au contraire qu'éduquer passe notamment par l'accompagnement des frustrations inévitables.

    Pour éclairer le propos de Dolto, le livre L’enfant n’est pas une « personne » est intéressant.  De même que L'éducation est-elle possible sans le concours de la famille ? qui parle aussi de cette évolution de la famille qui deviendrait trop permissive.

    Et le conseil 9  n'est en rien contradictoire avec le suivant:

    10
    Et...Dites « oui » le plus souvent possible sans culpabiliser. Oui à ses demandes, oui à ses explorations, oui à son être vivant et enthousiaste. L'acceptation produit  confiance, sécurité, et une vision positive de la vie.

    11
    Partagez avec d'autres parents au sein de groupe de soutien. C'est un grand soulagement de voir que les autres rencontrent  les mêmes difficultés que nous et trouvent des solutions créatives qu'ils sont prêts à partager.

    J'aime beaucoup ce conseil plein de bon sens.  Enfin, sans doute mon préféré:

    Remettez en question tout ce que vous avez lu ci-dessus. Expérimentez, partagez avec d’autres parents, trouvez votre propre façon de faire.

     On ne le répétera jamais assez.  Il n'existe pas de recette miracle.  Chacun fait comme il peut, avec le bagage qui est le sien...Allez, courage!


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  • Depuis quelques temps, en particulier depuis que son vocabulaire s'est considérablement étoffé et depuis que nous savons que la famille va s'agrandir, mon homme et moi avons gentiment expliqué qui étaient les différents membres de la famille. 

    Pour le dire clairement, nous avons, par exemple, précisé que "papy" est le "papa de papa", "mamy", la "maman de papa"; "Tata F.", "la soeur de papa".  De mon côté, "Lok ta" (signifie grand-père en khmer), "le papa de maman", "mak yeah" (bon, pas sûre de l'ortho, signifie, vous l'aurez compris: grand-mère en khmer, à prononcer "mah iyeille"), "mak ming D.", "soeur de maman". 

    Evidemment, on a introduit l'amoureux de chaque tante et de ma belle-mère (Mamy).  Et du coup, chacun se voit aussi attribuer le statut d'"amoureux" de (quand il en est un).  Ainsi, "mak yeah" est l'amoureuse de "lok ta", tandis que "lok ta" est l'amoureux de "mak yeah".  Comme "papa" est l'amoureux de maman et que "maman" est l'amoureuse de papa.  Pour l'instant, on a réussi à éluder la question de savoir pourquoi le papa de papa n'est pas l'amoureux de la maman de papa.  Bref, ce genre de joyeusetés qui nous attendent. 

    L'Empereur et moi étions en plein dans ce jeu, lorsque je venais de déposer mon père chez lui, où il retrouvait ma mère, celle-ci étant l'amoureuse de celui-là.  Tout va bien jusque-là.  Le Fils s'amuse à répéter à plus soif que l'un est l'amoureux de l'autre, et vice-versa et qu'ils se sont retrouvés chez eux.  Puis, sortie de nulle part, cette question qui m'a laissée sans voix:

    Et le papa de Lok Ta, il est où?  Et la maman de Lok Ta, elle est où?

    J'étais au volant...et franchement, je pensais disposer encore largement de temps avant d'avoir à me questionner sur la manière de parler de la mort à mon enfant...J'ai commencé par une explication du genre: " le papa et la maman de Lok Ta ont...comment dire?...disparu.  Ils ne sont plus là. Tu sais, ils étaient très très vieux" (ce qui est, en passant, un petit mensonge concernant mon grand-père paternel vu qu'il n'est pas mort de vieillesse mais décédé, peu après que le pays soit tombé aux mains des Khmers rouges, suite aux "bons soins " de l'un d'eux, intéressé par je ne sais quel objet que mon grand-père possédait).

    Bon, comme je m'embrouillais complètement dans mes explications, j'ai demandé du temps à mon fils:

    "Heu, chéri, je ne sais pas comment te répondre.  La réponse est difficle.  Je dois réfléchir.  Tu me laisses un peu de temps pour que je réfléchisse à comment te répondre?"

    Heureusement, le Bonhomme a été magnanime.  J'avoue, je ne suis pas plus avancée, trois jours après.  Toutefois, quelle leçon que celle-là!  Je sais dorénavant que toutes les questions, sur tous les sujets, peuvent débarquer sur le tapis.

    Et vous?  Qu'auriez-vous répondu?  Avez-vous été confronté à ce genre de situation?

     

     


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  • Ma dernière trace sur ce blog date de presqu’un mois.  Aujourd’hui, pour amorcer mon retour sur la toile, je me laisse séduire par un billet d’humeur quelque peu « vague à l’âme » pour partager avec vous mon état du moment.

    Les vacances, ce temps où le cerveau peut pense à d’autres questions que professionnelles, auraient pu être l’occasion rêvée pour me consacrer davantage à ce blog.  J’ai pris un choix différent.  Sans préavis.  Je me suis défendu bien souvent d’allumer mon PC les premiers jours de congé.  Au bout de quelques temps, l’envie s’est estompée, pour finalement presque disparaître.

    J’ai connu des moments d’ennui.  C’est un luxe inouï que de ressentir ce sentiment.  Louis Lourme, dans "Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible" (Patrick Le Lay), distingue l’ennui de l’oisiveté.  La première serait subie tandis que la seconde serait assumée, comme un moment de méditation ou de simple état de bien-être.  Pour ma part, je suis moins catégorique à rejeter l’ennui parmi les états « négatifs ».  Ressentir de l’ennui m’a, notamment, permis de me confronter à moi-même sans faux semblant.  J’ai ainsi dû me rendre à l’évidence que certaines activités ou choses à faire que je remettais sans cesse à plus tard n’étaient pas postposées en raison d’un manque de temps ou d’énergie mais, plus honnêtement, parce que je n'en avais pas tant envie que cela de m’y consacrer du temps et de l’énergie.  Je pense à la cuisine, à la couture, mais même à la natation, au sport, aux arts créatifs.  Quand l’ennui surgit, il aurait été facile pour moi de commencer une telle activité que « le manque de temps » m’empêche habituellement.  Or, même avec le temps, l’envie de cuisiner, de coudre, de nager, a été très limitée, si pas nulle, pendant mon congé.  J’avais envie, la majeure partie du temps, de ne rien faire.  Même si parfois, ne rien faire me faisait tourner en rond.  De dépit, j’ouvrais un livre.  Ce que je fais déjà souvent quand je n’ai pas beaucoup de temps ni d’énergie… car c’est une activité facile, assez paresseuse, à quelques égards.  Si je n’ai pas terminé tonnes de livres, j’en ai par contre parcouru beaucoup dans les grandes lignes.

    Souvent, face à mon incertitude devant la journée qui s’annonçait, devant l’énervement de ne pas savoir ce que j’avais envie de faire, j’ai retrouvé ce sentiment de liberté que, j’imagine, tous les parents doivent avoir oublié.  J’ai goûté à cet état que j’ai connu le mois avant l’accouchement de mon fiston, période pendant laquelle ma seule préoccupation consistait à me reposer dans l’attente d’accoucher.  Du matin au soir, je pouvais faire absolument ce que je voulais.  Quelle volupté !  Quel luxe que cette impression de grands vides devant soi, à remplir selon sa bonne volonté !  Mon répit absolu a duré 1 semaine et demi.  Après, ce sont les vacances en famille qui ont commencé.  Le répit était déjà d’une autre nature…

    Pendant ces moments à m’occuper, j’ai achevé la lecture de 1Q84, de Haruki Murakami (voy. ici sur wiki).   Après Kafka sur le rivage,  je m’étais juré de ne plus lire cet auteur.  Autant j’aime son style, le récit, les thèmes abordés, autant je trouve ses fins, ses dénouements, la chute baclés.  J’avais déjà un sentiment mitigé après Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil.  Il m’a fallu des années après avoir reçu le livre Kafka pour me décider à le lire.  La fin avait éveillé en moi une certaine colère, une impression de fin gâchée.  Il m’aura fallu encore quelques années, et surtout l’ennui, conjugué au fait que les livres 1 et 2 de 1Q84 traînaient dans ma bibliothèque après y avoir été déposés par mon beau-père, parti 6 mois en Thaïlande et désireux, sans doute, de nous proposer quelques ouvrages qui lui avaient plu.  J’appréhendais la fin de la saga.  Ai cru un moment que le livre 2 achevait l’histoire, pour comprendre, comme il m’avait semblé l’avoir lu quelque part (j’avais donc bien lu) qu’un livre 3 devrait sortir dans quelques mois.  Je comprends mieux, donc, que la chute du livre 2 n’en était pas vraiment une. Ouf.  Le doute est encore permis. J’achèverai la trilogie…au moins par curiosité, même si, je dois avouer que la tournure du récit ne me paraît plus des plus intéressante.

    Avant, après, pendant la lecture de 1Q84, j’ai parcouru de longs passages de Les chemins de l’éducation qui collecte articles et textes de conférence de Françoise Dolto.  J’ai beau porter un regard critique vis-à-vis de la psychanalyse, la lecture de certains extraits de Dolto m’irrite au plus haut point (l’enfant ne doit pas dormir avec ses parents, en particulier avec sa mère, au risque de se perdre en elle. Pfff), il en est d’autres où je jubile littéralement.  Illustration.

    « J’écrivais la semaine dernière que de même manière qu’il y a des manières d’exiger l’obéissance qui déterminent l’enfant à devenir désobéissant, il y a des façons d’exiger la vérité qui poussent l’enfant à devenir menteur. 

    Quand l’enfant sait parler suffisamment pour se faire comprendre et sait que telle bêtise entraînera telle réaction punitive ou grondeuse de l’adulte, il peut commencer à mentir.  Les réactions de l’adulte aux premiers mensonges en actes et en paroles des tout-petits sont très importantes. 

    Il vaut mieux prévenir que guérir.  Vers seize mois, deux ans, un enfant qui a renversé un vase ou provoqué un accident, s’il est en confiance avec l’adulte qui s’occupe de lui, l’appellera ou viendra l’entraîner en lui montrant le désastre.

    Si l’adulte commence à se fâcher très fortement et à frapper l’enfant, celui-ci associera, au bout de deux ou trois expériences de ce genre, le fait d’avouer au fait d’être puni.  Il se cachera après avoir fait une maladresse.  Plus tard, si on le gronde d’une bêtise, il dira : « Ce n’est pas moi » pour se défendre des suites désagréables.  Elles en seront peut-être pires, mais ce réflexe du mensonge établi, qui équivaut à un manque de confiance en l’adulte, sera fixé »[1].

    S’ensuit la description d’une scène (un enfant de 4 ans coupe dans les rideaux du salon) et des différentes attitudes possibles de la part de la maman. 

    « Il ne faut pas punir l’enfant pour son initiative, mais seulement pour la mauvaise application de son envie.  Ainsi, dans l’exemple du rideau coupé, il eût été très mauvais que la maman dise : « Je te défends de te servir des ciseaux.  Tu es trop petit ».  Ce n’est plus vrai.  Il a envie de s’en servir, et il a pu le faire sans se blesser, il faut donc lui enseigner de s’en servir utilement. Et cet incident doit faire naître des jeux de découpage, au lieu d’une nouvelle interdiction de se servir des ciseaux qui entraînera, tôt ou tard, une nouvelle désobéissance agressive. »

     Ce texte est suivi d’un article intitulé « Les punitions ».  L’introduction mérite d’être connue :

    « Les ‘’punitions’’ : ce terme devrait être banni du langage de l’éducation, il devrait être remplacé par celui de ‘’réparation’’ ou ‘’annulation’’ de la faute et correction de comportement ‘’.

    Dans le langage courant, il s’y mêle l’idée d’un comportement de l’éducateur que nous devons exclure de notre conception.  Je garderai le mot cependant, mais en expliquant bien ce que devrait être une ‘’punition’’ pour entrer dans le cadre de l’éducation, et ce qu’elle ne doit jamais être ». 

     Je trouve cet article tellement important que, au diable les droits d’auteur.  Je vous en proposerai une version scannée sous peu, le temps de scanner les quelques pages (l’article n’est pas long).  Elles sont très instructives.  Isabelle Filliozat (et d’autres) n’a rien inventé à ce niveau-là.  En 1946, Dolto appelait déjà à respecter la liberté intérieure de l’enfant, « dans un cadre où chacun de ceux qui l’entourent a droit aussi à son sentiment de liberté ».   Certes, tout ne me plaît pas, comme cette proposition de taper la main qui a fait la bêtise (main à séparer, en quelque sorte, du corps, de la personne de l’enfant) mais excepté ce point, j’applaudis les propos de Dolto.

    « Pensez toujours que l’enfant doit être laissé libre.  S’il a trouvé en toute connaissance de cause que le risque valait le plaisir, c’est son droit.  Ne cherchez pas à ‘’mater’’ un enfant pour des choses inutiles.  Si ce qu’il fait lui réussit et n’est pas nuisible aux autres et que vos interdictions ne l’entravent pas, c’est lui qui a raison.  Il est en âge de surmonter les risques que vous craignez pour lui.  Décidez avec lui, au lieu de punir, que l’interdiction temporaire est dorénavant levée, mais exhortez-le à la prudence et à la réflexion ». 

    La psychanalyste énumère quelques procédés néfastes et pourtant courants à proscrire absolument (dixit Dolto). Parmi ceux-ci, « dans le petit âge : le ‘’raisonnement’’ de l’enfant, la ‘’mise au coin’’. »

    Ce point est venu rencontrer une réflexion avancée par E. lors d’une entrevue de « bilan » sur les premiers mois de Petit Prince en crèche.  Elle avait ainsi précisé que les petits enfants ne réagissaient pas comme nous par la pensée.  Si je résume, et si j’ai bien compris ce qu’E. disait…Les enfants n’analysent pas une situation par la pensée.  Avant la parole, et même avant l’émotion, ils sont par le mouvement.  Cela me rappelle la vidéo de Filliozat (Parent : savoir reconnaître les caprices de son enfant !)[2].  Face à un événement, leur compréhension va d’abord passer par le mouvement avant de s’arrêter éventuellement, de se laisser envahir par une émotion, le temps de la réflexion et du verbal ne venant qu’après. 

    A ce stade, j’ai ressenti le besoin de réfléchir à une discussion que j’ai eue, ces vacances-ci, avec une maman passiflorienne, qui « reprochait » à son mari de « trop parler » à son enfant.  Cette mère considérait que l’enfant n’a pas les capacités mentales pour comprendre ce qui était dit et que le flot de paroles lui était imposé : on le forçait à gérer des informations qu’il n’était pas capable de comprendre.

    J’ai pris la défense du papa (je parcourais de temps à autre un article de Dolto et étais donc fraîchement imprégnée de ses idées) en expliquant que son attitude était sûrement due au fait qu’en France/Belgique, nous étions fort influencés par Dolto qui avait eu la bonne idée de proclamer haut et fort que l’on pouvait parler à son enfant, qu’il comprenait.

    Et c’est vrai, depuis cette réflexion de cette maman, j’ai ressenti avec encore plus d’acuité, l’importance  la prédominance/le monopole du verbal sur l’émotionnel ou le toucher.  Et cette prise de conscience a suscité, chez moi, un besoin de prendre distance et de critiquer (critiquer dans le sens de remettre en cause, de questionner, de peser le pour et le contre, de procéder à un examen, une évaluation, une analyse de) mon axiome : la parole est essentielle/primordiale avec son enfant. 

    A côté de la lecture intermittente de Dolto, j’ai, de manière tout aussi intermittente, achevé la lecture de Vivre simplement pour vivre mieux ou la simplicité volontaire en 130 conseils de Philippe Lahille[3].  Je conseille la lecture de ce livre.  Il est plaisant.  Ici, je pointerai deux éléments.

    1.  « Le livre est le loisir le plus écologique dans tous les sens du terme.  […] 

    Parlons maintenant de la lecture : c’est l’activité la plus respectueuse de votre propre rythme. »  (p. 43).

    2.  Je regrette de ne pas avoir fait usage du certificat d’exemption de cadeau pour la période de Noël.  Il est téléchargeable ici. Il est des traditions familiales auxquelles il peut sembler impoli de se soustraire…

    En outre, dernièrement, j’ai (à quelques pages par ci, par là) achevé la lecture de Santé, mensonge et propagandes.  Arrêtons d’avaler n’importe quoi, de Thierry Souccar et Isabelle Robard.  Le ton est critique et peu modéré.  Du coup, je repris dans ma bibliothèque le livre Anticancer de Servan-Schreber et le seul livre de Taty dont je dispose pour en relire des passages, à titre de piqûres de rappel.

    Avec tout ça, j’ai peu lu et peu réfléchi à ma grossesse.  Celle-ci se déroule par elle-même.  Mon petit ou ma petite (le mystère reste entier) est très présent-e.  J’ai ressenti très tôt ses premiers coups de pieds ou de mains (au 3ème mois).  Et maintenant que je suis dans le 4ème mois (ou peut-être le 5ème, je ne suis pas très bien), il ou elle me fait savoir tous les jours qu’il ou elle est bien présent-e et qu’il ou elle compte faire partie intégrante de mon quotidien. 

    Enfin, dernièrement, en raison de la tournure des événements par rapport à la crèche d’E., s’est imposée une réflexion sur l’éducation, sur la somme à investir dans un mode de garde, sur l’équité d’un échange, sur les engagements ou les charges qu’implique l’investissement dans un projet hors des sentiers battus.  J’avais déjà été amenée à réfléchir à ces questions pour le mode de garde parental à la maison (Passiflores).  Cette expérience fut riche d’enseignements.  A côté des aspects éminemment positifs, des considérations beaucoup moins gaies, nées de la confrontation à la réalité de beaux principes théoriques, ont été épinglées par certains.  Une de celles-ci fut relevée à l’unanimité : une sorte d’insécurité face à la « flexibilité » du système qui fait qu’un ajustement quasi-quotidien devait avoir lieu.  Cette flexibilité, cette place à l’inattendu crée une insécurité qui s’accompagne d’une fatigue (mentale et, pour certains, physique) à devoir trouver des réponses rapides à des imprévus…Le fait de changer les règles ou ce qui était convenu (parfois, « simplement » le parent « de garde » ou son enfant était malade) en cours de route créait cette insécurité et cette fatigue latente…Quelle joie pour nous et quel soulagement, aussi, d’intégrer un cadre qui, en principe, ne devait pas être sujet à modifications unilatérales…Et donc, quelle surprise et quelle déconvenue de se rendre compte que théorie et réalité de terrain exigent des « ajustements », ce dont je pensais être dispensée depuis l’entrée en crèche de Fiston…  Décidément, dès lors que l’on sort des cadres conventionnels, que les liens personnels se tissent, une porte doit toujours rester ouverte aux « ajustements », n'en déplaise au droit et à nos réflexes individualistes.  Bon, je me rends compte que mes propos sont sibyllins pour toute personne ignorante du contexte, j’arrêterai donc ici ma réflexion.

    Pour conclure, il me paraît inconcevable de ne pas profiter de ce premier billet de l’année pour présenter mes vœux à tout lecteur qui passerait par ici.  Cette année, l’envie m’est venue de mettre l’accent sur l’oisiveté (pour ne pas utiliser le terme de l’ennui).  J’ai conscience que ne rien faire est un luxe pour la majorité d’entre nous...Il est courant de souhaiter plein de projets, plein de réalisation d’objectifs, le plein de santé, de joie, de bonheur.  Cette année, je vous souhaite la chance de prendre conscience et de déguster des rares « temps morts » qui se présenteront à vous, comme autant d’occasion de ralentir « juste » pour être et non pour faire, agir, réagir, intervenir, s’indigner, s’engager, communiquer, etc.  Oisive année 2012!

     


    [1] Françoise Dolto, « Comment guérir du mensonge », Femmes françaises, 1er et 9 mars 1946, repris dans Les chemins de l’éducation, Gallimard, 1994, pp. 129-131.

    [2] Dans un autre article du livre, Dolto dit, comme le dit Filliozat dans la vidéo, que les « caprices » sont des messages, des signes que les parents ne comprennent pas. 

    [3] Éd. Dangles, 4ème éd. 2010.


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