• «[P]our de nombreux économistes, l’idée d’atteindre la prospérité sans croissance relève de l’hérésie la plus totale. »  Tim JACKSON, Prospérité sans croissance, p. 22.

    « Nous ne sommes pas d’accord avec les anticapitalistes qui voient la crise économique comme une occasion d’imposer leur utopie, qu’elle soit du type socialiste ou écofondamentaliste. » Independant on Sunday, fin 2008, cité par  Tim JACKSON, Prospérité sans croissance, p. 112.

    Proposer un compte-rendu de ce livre est un exercice périlleux tant les sujets qui y sont abordés sont passionnants, tant les idées fusent à chaque page, et, à mon goût, peu structurées (point de vue qui m’est propre).  Comme chacun de mes « comptes-rendus », celui-ci est éminemment  partial et arbitraire.  Après tout, c’est un des buts de ce blog, m’offrir un espace d’expression personnelle.

    Avant de publier ce papier, je m’étais fixée comme objectif de présenter l’auteur.  Finalement, après quelques tentatives, j’y renonce.  Il suffit de G***ler son nom pour découvrir le C.V. du personnage.  Je me contenterai ici de reproduire ce que rapporte l’U.C.L. :

    • Professeur à l’Université de Surrey (UK), Centre for Environmental strategy (CES)
    • Directeur du Research Group on Lifestyles, Values and Environment (RESOLVE)
    • Rapporteur de la Sustainable Developement Commisssion du gouvernement britannique
    • Auteur de Prosperity without growth. Economics for a Finite Planet (2009)

    Cette petite digression pour notifier ceci : Tim Jackson est un homme “institutionnel”.  Pour vous donner une idée, l’ouvrage est préfacé, notamment, par Patrick Viveret, philosophe, animateur du Centre international Pierre Mendès France et par Mary Robinson qui fut Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et Présidente irlandaise…Cela vous donne une idée.  On est loin d’un homme « alter »[1].

    Et parce que j'ai très envie de déjà partager avec vous ce que je me suis amusée à relever de ce bouquin, je vous livre mes écrits même s'ils ne sont pas finis.  Deux points importants plus la conclusion sont encore à exposer...La suite viendra.

    Plan de mon exposé

    1.          Avoir pour être heureux et s’endetter pour avoir

    Avoir, une condition du bonheur

    Avoir pour communiquer avec l’autre

    La shopping thérapie

    S’endetter pour avoir

     L’endettement financier

    L’endettement écologique

    2.          Mythe du découplage et leurre du greenwashing

    Le mythe du découplage

    Le leurre du greenwashing

    3.          Pistes pour sortir de l’impasse [encore à rédiger]

     

    4.          Soigner la transition [encore à rédiger]

    Conclusion [encore à rédiger]

     


    [1] Ceci rassurera peut-être le lecteur qui se détournerait d’une lecture « anarchiste » ou refuserait de s’embarquer dans une tirade sans nuance ni subtilité du capitalisme, de l’impérialisme…(c’est ce que je pense des deux livres de Naomi Klein que je peine, j’avoue, à lire, bien que les sujets m’intéressent à un très haut degré. J’aurais peut-être un jour le courage d’en reparler dans un billet exclusivement rédigé à cet effet).


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  • Le parlement bruxellois va débattre de l'avenue du Port

    BELGA

    Mis en ligne le 14/09/2011

    Brigitte Grouwels estime que faire marche arrière à ce stade coûterait beaucoup d'argent à la Région en dédommagement de l'entreprise qui a décroché le marché.

    Mon commentaire:

    Heu, je rêve où la Ministre dit que reconnaître son erreur (ce que l'allusion à la marche arrière semble évoquer) et donc modifier son projet de départ coûterait trop cher?  C'est donc le risque de ce coût (risque sans doute réel) qui pilote nos gouvernants...

    Je ne saurais que vivement conseiller à nos dirigeants et à Corentin de Salle, qui a jugé bon de donner son avis dans Le Soir, ce we, de se plonger illico dans la lecture de Pourquoi désobéir en démocratie?  (Cet ouvrage est passionnant) 

    Les propos tenus par Corentin de Salle dans ce contexte sont déplacés et dénotent soit d'un manque de connaissance de l'affaire, soit d'une conception de la démocratie  quelque peu spéciale. Ce juriste et philosophe est-il au courant que la démocratie représentative d'aujourd'hui traverse une crise?  Est-ce avec des propos tels que:

    "D’un point de vue politique, c’est une attitude antidémocratique. Certains remettent en cause la légitimité démocratique de la ministre flamande Brigitte Grouwels, responsable du projet. Mais les élus ont une légitimité démocratique bien plus importante que des groupes de riverains".

    que l'homme va contribuer à cette démocratie.  Puis, de quelle démocratie parle-t-on?

    Bref, je crois rêver...

    Bon, pour terminer sur une note non pas moins pessimiste mais moins alarmiste sur l'état de nos intellectuels (quoi que), voici ici une analyse de Jean-Pierre STROOBANTS, journaliste au Soir, mais aussi correspondant pour Le Monde de l'affaire des platanes.

     


     


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  • Il est un argument facile et lapidaire que les opposants à la remise en cause de la croissance n'hésitent pas, à un moment ou un autre, à extraire du tréfonds de leurs convictions:  Et quoi, tu crois que c'est fait exprès?  Que des gens se sont entendus pour faire mourir les uns de faim pendant que les autres jettent quotidiennement la nourriture qu'ils laisse pourrir dans leur frigo (voy. ici le rapport de la FAO à ce propos)?  Quoi, tu crois en la théorie du complot?  Je pense toujours à cet article cet article quand il est question de société consumériste.

    Voici un extrait de la contribution de Christian ARNSPERGER dans Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public, sous le titre de "Quelle action collective pour repenser la prospérité?  Enjeux démocratiques de la transition écologique et économique". 

    La notion de prospérité qui régit actuellement les sociétés industrielles-capitalistes - l'identification de la prospérité à l'accroissement de la richesse nationale, elle-même identifiée à la croissance du PIB - est le résultat de dynamiques historiques longues.  Elle repose sur des facteurs tant économiques que politiques et culturels.  La culture économique qui domine la planète a évolué sur des siècles.  Elle n'a été décrétée par personne, même si certains penseurs ont pu, à un moment ou à un autre, en synthétiser certains éléments centraux: on pense à Adam Smith au XVIIIè siècle ou à Karl Marx au XIXè.  EN même temps, cette notion de la prospérité n'a pu perdurer et s'immiscer en profondeur dans nos imaginaires culturels que parce qu'elle a joui d'un soutien politique et de décisions concrètes.  Dès lors, si l'idée de prospérité comme croissance de la richesse marchande dans le cadre d'une économie industrielle-capitaliste n'a pas été planifiée et instaurée par décret, elle a bel et bien été portée par une gestion publique de la croissance.(en italique dans le texte - p. 239).

     Alors, la gestion publique de la croissance? Voici ce que dit Laurent de BRIEY, dans son excellent article "Prospérité et crise du politique" (p. 229) dans Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public.

    Si un grand nombre d'individus estiment aujourd'hui légitime de ne se préoccuper que de leurs intérêts personnels, c'est parce que la culture ambiante est dominée par la logique individualiste.  Si un grand nombre d'individus voient actuelleemnt dans la prospérité matérelle un vecteur privilégié de reconnaissance sociale, c'est parce que la recherche de la prospérité cécnomique est le principal, lorsqu'il n'est pas l'unique, projet commun à l'ensemble de la société.  Similairement, c'est dans la mesure où la société placera au coeur de son nprojet de développement - et donc de sa définition de la prospérité - la volonté de vivre de manière non seulement confortable, voire juste, mais aussi conformément au bien qu'il sera possible de rompre avec l'individualisme moral.  C'est dans la mesure où la société valorisera davantage le fait d'agir en prenant en compte les effets à long terme de ses actions et leurs conséquences pour les autres personnes, que chacun sera incité à s'interroger sur la légitimité de ses préférences personnelles.  C'est, en outre, le sentiment d'appartenance à une même collectivité qui peut créer, entre les membres de celle-ci, l'empathie les disposant à subordonner la maximilisation de leurs intérêts personnels à leur responsabilité morale".

    Alors, quand le politique prendra-t-il son courage à deux mains pour infléchir des changements de mentalités en inversant les paradgimes?  L'interdiction de la cigarette dans les lieux publics fermés montre que c'est possible.  On est passé à : il est normal qu'il y ait du tabac partout, au nom de la liberté des fumeurs à il est normal que le tabac soit interdit dans tous les lieux ouverts au public et de travail, au nom de la liberté des non-fumeurs et au nom de la santé. Il n'est pas exagéré de parler de changement de paradigme, lequel a été largement permis grâce à une action du législateur.  Le normal est devenu anormal.  L'intérêt général l'a enfin remporté.

    Alors, pourquoi ce changement de paradigme est-il si long à venir dans d'autres domaines? Je ne vais pas commencer à énumérer les domaines qui mériteraient une telle révolution mentale, la liste serait trop longue. 

     

     


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  • Site de la Ligue des droits de l'homme

     

     

    Du 3 septembre au 15 octobre
    Place Houwaert - Saint Josse

     

    Une place. Un container. Six semaines d’activités. Des dizaines de moments de rencontre et de création.

     

    Le projet « Espace non sécurisé » est né de l’envie de la Ligue des droits de l’Homme de faire descendre les valeurs de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) dans la rue et de permettre aux habitants de Saint-Josse et aux passants curieux de se les approprier de manière ludique. Loin d’être un texte figé, il s’agit au contraire d’un puissant vecteur de mobilisation, de rencontres à condition que l’ensemble des citoyens puisse se l’approprier, en particulier ceux dont les droits sont le plus systématiquement bafoués ou remis en cause.

    Car 60 ans après sa signature, à l’heure où la tendance lourde est au darwinisme social, au repli sur soi et au court terme, la DUDH et les valeurs fondamentales qu’elle contient restent plus  que jamais fondamentalement rebelles, perturbatrices, voire provocantes,.

    Cette perturbation du quotidien prend ici la forme d’un container qui, surgi de nulle part, viendra dérégler les routines, modifier les habitudes et provoquer des rencontres improbables en temps normal.

    Ce bousculement du quotidien et de la routine vise à ouvrir et concrétiser, chez les habitants du quartier ou chez les passants, des potentialités, jusque là inexplorées, d’action et de mobilisation ainsi qu’à transformer l’espace du container et de ses alentours en véritable « boîte à outils des droits de l’Homme ».

    Pour rencontrer cet objectif ambitieux, une série d’activités gratuites et ouvertes à toutes et à tous, seront organisées dans l’espace du container et ses alentours du 3 septembre au 15 octobre 2011.  De manière ludique et attractive, les activités inviteront les participants à se positionner autour des deux thématiques qui constituent le fil rouge des activités : le vivre ensemble et la sécurité ( à entendre ici au sens large : sécurité sociale, sanitaire, économique, physique…)

    En organisant les événements au beau milieu d’une place communale, le projet tente de s’adresser à tous de la manière la plus spontanée possible, via une interpellation directe dans la rue. Le public, nous l’espérons, sera aussi divers, surprenant et imprévisible que l’espace… public avec lequel le container et ses occupants temporaires entreront en symbiose.

    L’établissement du container dans la durée - six semaines ! – devrait permettre au public d’apprivoiser l’objet et de se laisser aller à la curiosité et à l’expérience de celui-ci.

    L’ensemble du projet sera placé sous le signe du décloisonnement :
    entre les publics très différents qui seront amenés à  participer aux activités ;
    entre les émissions traditionnellement monoculturelles de Radio Panik ;
    entre les murs du studio et la ville ;
    entre les salariés et les bénévoles ;
    entre experts du savoir savant et experts du savoir vécu ;
    entre l’énoncé des droits dans les textes de loi et leur appropriation effective ;
    entre les pratiques artistiques, juridiques, politiques, médiatiques, académiques et  économiques !

    Ces rencontres et décloisonnements, improbables en temps normaux seront rendus possibles par l’espace qu’ouvre l’irruption d’un élément perturbant l’écosystème du quartier, et sa dynamique routinière de relations.

    Le projet part en outre du pari que Saint-Josse, commune bruxelloise qui rassemble le plus de nationalités, mais aussi commune la plus densément peuplée de la Région, concentre une série de forces pour affronter les défis sociaux, économiques et environnementaux actuels et futurs.

    « Espace non sécurisé » tentera, et c’est sans doute son plus grand défi, de laisser des traces concrètes, sinon visibles, des actions et des solidarités qu’elle cherche à créer entre les acteurs rencontrés : Radio Panik, la LDH, les habitants et les acteurs locaux (culturels, associatifs, communautaires…).

    Afin que les dynamiques engagées se prolongent une fois le container envolé.

    Des ailes et des racines. 

     

     
    A partir du 1er septembre

    Consultez le détail des activités

    Infos: 0477 299 160

     
    ESPACE NON SECURISE - LE PROGRAMME

     

    Du 3 septembre au 15 octobre 
    Du mercredi au samedi

    Ouvert à tou-te-s
    Activités gratuites

     

    Téléchargez le programme complet en PDF

    Espace non sécurisé, qu'est-ce c'est ?

     

    LES RENDEZ VOUS REGULIERS

    ESPACE NON SECURISE

    DU 3 SEPTEMBRE AU 15 OCTOBRE

     DU MERCREDI AU SAMEDI

    CORPS ETRANGE(r)

    les vendredis et samedis
    De 15h30 à 20h30

    Big Brother, regarde-nous !
    Fabrication de mini-clip vidéos muets.
    Projections sur la place et sur les écrans de surveillance des commerçants du quartier...

    Plus d'infos

    Boîte à son & prises de son
    Tous les mercredis - 14h>17h
    Tous les samedis – 12h>15h

     

    En direct du container
    Du mercredi au samedi
    De 17h30 à 20h30

     

    Radio Panik à la rencontre des habitants de la place Houwaert.
    Des micros, un studio pour écouter et faire ensemble de la radio.

     

    Emissions culturelle, d’information, de débats… et de musique
    Télécharger le programme des émissions du 7 au 10 septembre

    Plus d'infos

    La Boutique des droits

    Tous les jeudis (sauf 8 et 22/9)

     

    Des juristes et une assistance sociale vous écoutent et vous orientent sur des questions relatives au respect de vos droits fondamentaux

    Plus d'infos

    Les Pi'plètes de St-Josse
    (Sa vie en ville)

    Tous les samedis - 10h > 13h
    Un mercredi sur deux
    14/09, 28/09 et 12/10 – 14h > 16h)

     

    Lecture de textes - des portraits d’habitants de St Josse.

    Plus d'infos

    Les balades

    Les samedis 1/10 et 8/10 
    de 14h à 16h

     

    Balades thématiques dans les rues de St-Josse et de Bruxelles

    Plus d'infos

    Apéros Thé & Pastis

    Ve 16/09 et 23/09, Je 6/10

     

    Un verre. Un débat. De la convivialité

    Programme des apéros

     

    Permanence
    "Maison de la rénovation urbaine"

     Tous les vendredi - 12h>14h30

     

    Questions (et réponses) liées à l'habitat et à la rénovation


    Plus d'infos

    Permanences
    "Conseil Jeunesse et Développement"
    Je 22/09 - 14h > 17h
    Je 6/10 - 13h30 > 16h30
    Ve 14/10 - 14h > 17h  

     

    Informations et des conseils en matière de droit des étrangers

    Plus d'infos

     

    LES AUTRES RENDEZ-VOUS 

    Programme en cours de construction

    Sa 3/09
    12h

    Inauguration  

    Programme en construction

     

    Je 8/09
    A partir de 14h

    Journée de l'alphabétisation Activités autour du thème de l'alphabétosation  

    Je 29/09
    20h30

    Projection en plein air

    Documentaire "Du déni au délit de solidarité"

    Plus d'infos

    Me 05/10
    14h>16h

    Conte
    "Chacun d'entre nous"
    suivi d'un débat

    Histoires de vie sur base de témoignages d’ « habitués » à la psychiatrie

    Plus d'infos

    Ve 7/10
    20h > 22h30

    Soirée du Monde en Scène

    Performances, improvisations et rencontres musicales

    Plus d'infos
    bientôt

    Je 13/10
    13h30>15h30

    Atelier pratique

    Comment utiliser son logement dans le respect de la santé et de la sécurité de ses habitants?

    Plus d'infos

    Ve 14/10
    20h

    Projection en plein air

    Projection du documentaire "Ateliers Urbains #2: Le Grand Nord" suivi d'un débat sur l'identité du quartier Nord de Bruxelles Plus d'infos

     


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  •   cet article en pdf

    Je suis partisane pour une réduction drastique de l’emploi des téléphones mobiles, pour un terme à l’ère de la communication mobile à tout prix (le dernier numéro de Bruxelles en Mouvement [numéro de juin 2011 : BEM249] explique de manière claire les raisons de mes réticences).  Je suis également critique vis-à-vis des fours à micro-ondes, des échographies, des voitures qui peuvent rouler à du 200 km/h, au skate-board que l’on peut brancher sur une TV, à la wii.  Je ne comprends pas les TV frigos (si si, ça existe, voir ici).  J’ai beaucoup de mal avec l’hypermédicalisation actuelle, en particulier, l’hypermédicalisation de la grossesse…

    Est-ce dire que je suis contre la science ?  Contre la technologie ?

    La lecture de l’excellent article « Des laboratoires aux champs : les enjeux d’un changement de paradigme », signé par Gaëtan Vanloqueren[1] et Philippe Baret dans le livre Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public, m’a littéralement menée à un état de pure excitation tant les arguments étayés par ces auteurs résumaient parfaitement mon raisonnement (bon, j’exagère un brin, juste un brin).

    Alors, j’anéantis ici tout suspens : non, je ne suis pas technophobe.  Non, je ne suis pas contre la science. 

    La question n’est pas celle-là.  Si vous voulez savoir si je suis favorable aux voies empruntées actuellement et majoritairement par la recherche scientifique, ma réponse est clairement : NON !  Mais diantre, pourquoi donc?  Explications .

    A partir de l’exemple des OGM, Gaëtan Vanloqueren et Philippe Baret expliquent que si l’innovation est certes stimulée, certes encadrée, elle est surtout « verrouillée ».

    [B]ien qu’elle résulte souvent du hasard, l’innovation est planifiée et concrétisée par des choix posés dans des systèmes et des politiques d’innovation bien précis, tels que les budgets et les orientations des programmes-cades européens de recherche et développement (R&D).  L’horizon de nos possibles est donc fixé dix, vingt ou trente ans à l’avance. p. 163[2].

    Or dénoncent les auteurs :

    Loin de la très pure idée que la science a pour objet de mieux comprendre le monde, il faut accepter que les politiques scientifiques et technologiques ont, depuis longtemps, été comprises et gérées par toutes les grandes puissances, non seulement comme des outils de maîtrise du monde naturel dans la tradition positiviste, mais aussi et surtout comme des outils au service de leur compétitivité nationale.  Dans nos sociétés où l’économie progresse – ou régresse – par destruction créatrice, comme l’a démontré Schumpeter (1942) 1, l’innovation est le lieu de la concurrence entre entreprises, donc entre les Etats.  Les politiques d’innovation doivent permettre à l’Etat d’être compétitifs, via des universités d’excellence, des spin-off performantes et des champions industriels nationaux.  (…).  C’est donc un choix de nature politique – l’identification d’une voie d’innovation (parmi d’autres) comme un choix de prospérité future – qui a entraîné les orientations des budgets de R & D et soutenu un développement technologique majeur.

    Soutenir le développement des plantes transgéniques par des efforts publics de R & D n’a pas suffi.  La seconde étape dans le chemin de l’innovation a été d’intéresser le secteur privé. P. 165 (Je mets en gras).

    Je ne suis pas opposée à l’innovation, au progrès [encore faut-il s’entendre sur la définition du progrès, voy. plus bas].  Toutefois, j’embrasse l’image dessinée par les deux chercheurs :

    Face à un problème agronomique – maladie des plantes, attaques d’insectes ou faiblesse du rendement [les auteurs sont agronomes et dénoncent la frilosité des gouvernements à investir et croire en l’agroécologie.  Le terme « agronomique » peut toutefois laisser la place à d’autres qualificatifs : juridique, chimique, politique, économique…], il y a en effet presque toujours plusieurs voies d’innovation.  P. 169.

    Connaissiez-vous le concept de « verrouillage technologique » ?

    Elle vise les situations où une technologie dominante empêche le développement de technologies concurrentes et potentiellement supérieures (David, 1985). p. 170.

    Voyez vous-même.  Trouvez-vous le clavier QWERTY logique et ergonomique ?  Savez-vous que des alternatives plus ergonomiques existent/existaient ?  Pourtant, ce clavier demeure le modèle en place « car les coûts de transaction d’un passage à un type de clavier ‘’optimal’’ sont trop grands, par exemple du fait de la formation des utilisateurs ».  p. 171.

    Les systèmes de recherche agronomique sont aujourd’hui partiellement verrouillés par une conjoncture de choix publics (les politiques de R & D), de normes (les systèmes actuels des droits de propriétés intellectuelle), mais aussi de pratiques académiques et culturelles.  Au total, une douzaine de facteurs, de la formation des chercheurs aux contraintes de marché, influent sur le développement des différentes trajectoires technologiques (Vanloqueren, Baret, 2004 ; 2009). p. 171.

    Ces propos abondent dans le sens de Serge Latouche.  Ce dernier écrit dans Vers une société d’abondance frugale : « [l]es choix technologiques décidés sous l’empire des intérêts économiques ne laissent place à aucune solution de rechange »[3].  ‘’

    Ces choix absorbent aussi les compétences et les réseaux disponibles.  Leur  présence oblitère d’autres choix possibles, par différents phénomènes d’encombrement. Leur poids est tel [que ces recherches technologiques] concentrent tout : les filières de formation, les usines, les moyens techniques et financiers, les réseaux de compétences dans l’installation, la distribution, etc. »[4].

    Pour sortir de cette impasse peu en phase avec la démocratie, Gaëtan Vanloqueren et Philippe Baret dégagent cinq pistes d’actions concrètes.  Certaines ne concernant que l’agroécologie, elles ne seront donc pas reprises ici.  Je n’en citerai que trois, la première étant celle qui m’avait le plus marquée après la lecture de cette contribution dans le livre Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public .

    1/ Renouveler la signification du concept d’innovation.  Il s’agit de rendre son autonomie à cette notion, laquelle est trop souvent accolée aux qualificatifs  « technologique » ou « scientifique ».

    Vives le progrès scientifique et l'innovation technologique?  Pas tout à fait.  D'abord parce que ceux-ci véhiculent aussi une illusoire poursuite sans fin d'un bonheur purement  matériel: écrans plasma toujours plus géants, téléphone portable de huitième génération, frites réchauffées au micro-onde grâce à un emballage high-tech...Ensuite parce que l'innovation est trop souvent suivi des qualificatifs technologique ou scientifique, qui en restreignent drastiquement la portée.L'innovation (la nouveauté) a en fait des formes multiples: elle peut aussi être institutionnelle, sociale ou politique.  Face aux défis d'aujourd'hui, ces possibilités coexistent souvent.  Choisissons-nous de promouvoir celles qui ont le plus grand potentiel pour contribuer efficacement et durablement à nos objectifs?[5]

    Retenez : l’innovation peut revêtir d’autres formes que technologiques.  Elle peut être institutionnelle, sociale ou politique…ou juridique.  Les Creative Commons sont une « innovation » juridique qui vise à renverser le paradigme de la privatisation de l’information.

     Plusieurs exemples peuvent illustrer la variété des possibilités.  En matière d'alimentation, la nutrition des enfants dans les cantines scolaires des pays occidentaux devient - heureusement -une question publique.  Le débat politique sur la limitation des sodas dans les écoles, entamé il y a quelques années, a (enfin) mis le doigt sur les problèmes croissants de malnutrition et d'obésité infantile.  Quelles sont les meilleures innovations face à de tels problèmes?  Il y a fort à parier que l'impact des aliments enrichis en oméga-3, par exemple, soit négligeable, comparé à celui de certianes innovations sociales.  Quelques nutritionnistes et professeurs ont en effet initié dans leurs écoles-laboratoies des projets qui permettent de réformer les cantines et d'intéresser les élèves à leur alimentation, modifiant durablement les comportements alimentaires de chacun.  Ces innovations sociales ont des résultats positifs sur la santé des enfants - et les filières agricoles impliquées - même si, à nouveau, les études sur ces sujets sont trop rares; ces thèmes ''trop'' appliqués, "trop" interdisciplinaire et ...non-brevetables entrent difficilement en compétition avec la recherche sur les aliments fonctionnels, qui bénéficie quant à elle d'importants subsides.  Autre exemple, dans le champ strict de l'agriculture: la création d''école de paysans" (farmer field schools) dans les pays en développement, où les pratiques de lutte intégrée contre les insectes sont prmues et mises en débat par les agriculteurs et ont parfois permis une amélioration de la production de riz plus significative que celle obtenue par la recherche de nouvelles molécules chimiques qui doivent constamment remplacer les insecticides devenus obsolètes, du fait de l'extrême adaptabilité des prédateurs visés devenus résistants (Uphoff, 2002).  Pourtant, la recherche sur les meilleures formes de création participative de connaissances avec les paysans reste marginale, alors que les entreprises reçoivent des crédits d'impôt quand elles développent de nouvelles molécules chimiques[6].

    Pour Serge Latouche, il s’agirait d’investir dans

    la « chimie verte » plutôt que les molécules toxiques, et la médecine environnementale plutôt que le tout-génétique (Dominique Belpomme), de favoriser les recherches en écotoxicologie, en agrobiologie et en agroécologie plutôt que dans l’agro-industrice (OGM et autres chimères)[7]

    Et Serge Latouche de déplorer que les futures agronomes s’épanchent sur la chimie des engrais au lieu d’approfondir l’étude biologique des sols.  L’abandon de la transmission de telles connaissances à l’université s’apparente à une véritable tragédie.  La permaculture et l’agroforesterie visent à pallier ce manque[8].

    2/ Elaborer des politiques d’innovation capables de traduire les visions nouvelles de l’innovation dans le contexte actuel de mondialisation.

    On sait que les Etats, mis sous pression par la finance internationale et par les entreprises multinationales, se doivent d’être compétitifs sur le plan de leurs législations économiques, fiscales, sociales et environnementales pour attirer l’investissement extérieur, clé de stabilité ou de croissance dans une économie libéralisée et globalisée (Cerny, 1997).

    L’exemple des OGM a rappelé que cette dynamique incite les Etats à se doter de politiques d’innovation au service de leur compétitivité, alors que cette mise en compétition des Etats entraîne une diminution des possibilités de choix démocratiques, c’est-à-dire une érosion de la démocratie elle-même (Cerny, 1999 ; Hertz, 2002 ; Coutrot, 2005) ».  p. 181 (je mets en gras).

    3/ Elargir et démocratiser l’expertise pour substituer l’expertise scientifique (et administrative) à une expertise incluant les dimensions économiques et sociales (je rajouterais : environnementales), alors que l’expertise «  a été trop souvent phagocytée par des fonctionnaires-experts ». (p. 184)

    L’élargissement de l’expertise et sa démocratisation devront concerner tous les leviers qui agissent sur les innovations : pas uniquement sur ceux qui agissent au moment de l’approbation de la mise sur le marché d’une nouvelle technologie, mais aussi ceux qui interviennent au moment de définir les priorités de recherche. p. 184 (la mise en gras vient de moi).

    S’agissant des priorités de recherche, admirez plutôt les adeptes du transhumanisme.  Trans quoi ?  Kicèkoiça ? Keskedoncça ?  Je cite :

    Le transhumanisme est une approche interdisciplinaire qui nous amène à comprendre et à évaluer les avenues qui nous permettrons de surmonter nos limites biologiques par les progrès technologiques.

    Les transhumanistes cherchent à développer les possibilités techniques afin que les gens vivent plus longtemps et en santé tout en augmentant leurs capacités intellectuelles, physiques et émotionnelles[9].

    Aujourd’hui, des hommes s’emploient à développer la technologie en vue de créer une sorte de nouvel homme « amélioré ».  Ce courant génère des recherches « scientifiques technologiques », mais mobilise également des chercheurs de sciences sociales, en bioéthique, qui s’interrogent sur la légitimité de cette volonté de dépasser l’humain.  Cette « posture militante et techno-enthousiaste »[10] donne lieu à de sérieux écrits tels que : « Enhancement » : Ethique et philosophie de la médecine d’amélioration[11].

    Dans sa contribution, Alex Mauron énonce que l’ « usage informel et non thérapeutique de médicaments [comme la Ritaline ou le prozac] concerne aussi des milieux qu’on présume bien informés sur leurs effets, y compris indésirables : la communauté scientifique » [12]

    Le « Botox pour les cerveaux »[13] reçoit la même acceptation que la chirurgie esthétique, alors

    « associée à la frivolité, elle est aujourd’hui de plus en plus considérée comme un choix rationnel, au point même de mettre entre parenthèse la liberté ou l’autonomie de celui qui y recourt.  ‘’L’utilité d’être plus fort et plus intelligent, d’avoir moins besoin de sommeil, d’apprendre plus rapidement et de ne pas être gêné par des trauma psychiques est très claire », dans l’environnement économique ultracompétitif que nous connaissons […]  Chirurgie esthétique, substance améliorante, ou même simplement bronzage artificiel ; l’important est de l’emporter et d’être vu comme un gagnant par les autres, car en cela réside l’accomplissement de notre humanité dans les sociétés actuelles ».[14]

    Au lieu de poser la légitimité de la logique de compétition, de la concurrence, d’être le meilleur, le plus beau, le plus intelligent, les efforts des adeptes du transhumanisme visent à questionner, pour vite y répondre par l’affirmative, la légitimité d’utiliser la science pour devenir le plus fort, le plus rapide, le plus beau, le plus intelligent, etc.  En cela, ils passent à côté du cœur du problème.  A l’image de ceux qui proposent les ogm pour combattre la famine dans le monde.   Ou pour reprendre une autre ineptie relevée par Serge Latouche, à l’image de la proposition de quelques experts en développement des années 60 pour « implanter certaines bactéries de ruminants dans l’estomac des pauvres du Sud pour leur permettre de digérer l’herbe des champs et les feuilles des arbres et résoudre ainsi le problème de la faim dans la monde »[15].

    Alors, moi, rétrograde et conservatrice ?

     « Pour les ‘’terroristes de la modernité’’ remarque François Brune, l’injure suprême est : ‘’Vous menez un combat d’arrière-garde !’’  ‘’C’est vrai, d’ailleurs, répond-il, nous menons un combat d’arrière-garde, mais, paradoxalement, ce combat se trouve être …un combat d’avenir.  Car, lorsqu’une armée est engagée dans une impasse, il faut bien que, tôt ou tard, elle fasse demi-tour, et alors, l’arrière-garde se trouve aux avant-postes2 !  Les ‘’rétrogrades’’ deviennent, au bout du compte, les ‘’vrais progressistes ! »[16]

    « Comment ne plus être progressiste…sans devenir réactionnaire ? ‘’Sortir de l’autoroute du progrès, répond-il, n’implique pas de s’enfoncer dans le cul-de-sac du passé»[17].

    Les mots de la fin reviennent à Serge Latouche qui nous avertit que :

    « la foi aveugle dans la science et la technique fait oublier que les problèmes sont engendrés par un système social que les techniques ne peuvent réside.  L’illusion principale réside bien là »[18].

    Il convient de s’en souvenir au lieu de défendre « [t]out plutôt que de remettre en cause notre mode de vie »[19].

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    [1] Découvrez ses différents écrits notamment sur ce site : http://uclouvain.academia.edu/GaetanVanloqueren/Papers

    [2] A défaut d’autres précisions, les pages référencées sont celles de l’ouvrage Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public [2011]

    [3] Serge Latouche, Vers une société d’abondance frugale.  Contresens et controverses sur la décroissance, Mille et une nuits, 2011, p. 59.

    [4] François Flahaut, Le crépuscule de Prométhée.  Contribution à une histoire de la démesure humaine, Paris, Mille et une nuits, 2008, p. 24 cité par Serge Latouche,  op. cit., p. 59.

    [5] Extrait de l’article G. Vanloqueren, « L’innovation scientifique et technologique, voie royale vers la prospérité ? », Science Connection, 13 (Octobre 2006), 44.  L’auteur reprend cette idée dans le livre Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public [2011], p. 179 et 178.

    [6] Gaëtan Vanloqueren et Philippe Baret, op. cit., p. 179 et 178.

    [7] Serge Latouche,  op. cit., pp. 60 et 61.

    [8] Serge Latouche, op. cit., p. 61.

    [9] Lu sur ce site : http://www.transhumanism.org/index.php/WTA/languages/C46

    [10] A. Mauron, « Homo faber sui : questions d’éthique démiurgique », in Jean-Noël Missa et Laurence Perbal (coord.), «  Enhancement », éthique et philosophie de la médecine d’amélioration, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 2009, p. 209.

    [11] Sous la coordination scientifique de Jean-Noël Missa et Laurence Perbal, «  Enhancement », éthique et philosphie de la médecine d’amélioration, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 2009.

    [12] A. Mauron,  loc. cit., p. 210. 

    [13] Expression qui viendrait de W. Safire, Neuroethics. Mapping the Field, Dana Foundation, 2002, p. 8, cite par Bernard Baertschi, « Devenir un être humain accompli : idéal ou cauchemar ? »,   in Jean-Noël Missa et Laurence Perbal (coord.), loc. cit., p. 85.

    [14] Bernard Baertschi, loc. cit., p. 85.

    [15] Serge Latouche, op. cit., p. 57.

    [16] Ibidem, pp. 66 et 67. La mise en gras vient de moi.

    [17] Jean-Paul Besset, Comment ne plus être progressiste…sans devenir réactionnaire ?, Paris, Fayard, 2005, p. 326, cité par S. Latouche, op. cit., p. 67.

    [18] Ibidem, p. 62.

    [19] Ibidem, p. 55.


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  • Vidéo amusante d'une action "écologique" au sein de la Commission européenne dénonçant la green washing de l'Union européenne.  Vidéo amusante, action amusante pour une dénonciation on ne peut plus sérieuse.


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  • L'info vient du Soir:

    La marque espagnole de vêtements Zara est accusée d’employer des travailleurs dans des conditions proches de celles de l’esclavage dans l’Etat de Sao Paulo (sud-est du Brésil) et fait l’objet d’une enquête, a indiqué mercredi un porte-parole de l’Inspection du travail à l’AFP.

    Je lis No logo.  Vu le succès de ce livre, et la couverture médiatique dont il a bénéficié, ne me dites pas que vous ne saviez pas...Cette phrase, je me l'adresse prioritairement, évidemment.  Une telle info ne m'étonne plus.  Voy.  aussi  la Campagne Vêtements propres qui agit depuis plus de 10 ans en Belgique.

     


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  • Parce que mon homme vient d'apprendre l'existence de cette ordonnance, il m'a demandé de la rechercher.  C'est chose faite.  Et au lieu de partager l'info uniquement avec lui, je la communique à qui veut.

    Lire la suite...


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