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Par Den le 10 Septembre 2013 à 00:18
Vous le saviez, vous, que le 15 septembre était la Journée Mondiale pour la Liberté d'Instruction? Moi, non, jusqu'à ce que j'apprenne la préparation de Slow Classes, "un magazine pour les parents, les enseignants et tous ceux qui veulent apprendre autrement" (on parle dans la presse ici).
Je ne sais pas ce que cela va donner. En tout cas, je connais déjà personnellement deux personnes qui y participent (Madame Nature et Laurence Legrand, celle de la Maison des Potentiels)...En réalité, je devrais dire 3 personnes, puisque j'y ai apporté une petite touche personnelle. Dans ce 1er numéro, cela prend la forme d'un témoignage, mais j'espère contribuer par la suite par des articles de fond.
Bonne lecture! N'hésitez pas à envoyer vos commentaires !
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Par Den le 3 Septembre 2013 à 00:21
Dans la série "Faites ce que je dis, pas ce que je fais..."
Proximité. Telle était une de nos priorités lorsque nous nous sommes établis à Watermael-Boitsfort. Sevrage d’une utilisation quotidienne, et même hebdomadaire, de la boîte à quatre roues. Ainsi se résumerait un autre de nos objectifs, en lien, évidemment avec le précédent. Forts de cette contrainte de proximité, accessibilité à pied ou en vélo, nous avons souhaité inscrire notre aîné dans l’école Freinet du coin, choix n°1 puisque cette école est non-confessionnelle et relativement proche. Nous avons également visé une autre école catholique à pédagogie « alternative », encore facilement accessible en vélo. Un tantinet plus loin, une école communale reconnue pour son ouverture d’esprit pédagogique, figurait également dans notre liste.
Or, malgré notre présence assidue aux soirées d’information, au téléphone les jours d’inscription, au bout du clavier pour confirmer la demande d’inscription déjà confirmée lors des soirées d’information, rien n’y a fait. Nous étions recalés. Que dis-je ? Aux yeux de ces écoles à visée si égalitaires, tellement émancipatrices et tant collaboratrices, notre enfant n’a pas trouvé grâce. Notre plan B, pour autant que cela soit un plan, B, de surcroît, consistait à favoriser la marche à pied, la qualité de vie, et l’environnement naturellement vert et particulièrement agréable de la petite école maternelle à 2 minutes de chez nous.
Nous pensions regrouper d’autres parents tout autant « heureux » que nous de nous retrouver au carreau d’une école à pédagogie alternative. Malheureusement, chacun, à commencer par nous, a privilégié ses convenances personnelles. Nous étions même prêts à nous investir dans la co-création d’un groupe pour une instruction plus collective de l’enseignement à domicile. Finalement, nous avons quand même tenté l’école communale, empreints du désir de proposer des modifications de l’intérieur.
Peine perdue. Ce que nous y avons découvert en terme pédagogique et de communication nous semble tellement à contre-pied des principes et valeurs que nous véhiculons à la maison. Ce qui fut le plus dur fut ce mur, cette impossibilité de communication, ce dialogue de sourd-es avec le personnel de cette école.
La décision de désinscrire notre enfant de cet établissement fut pris dès juin. Je m'engageai à trouver une solution. En tête, s'offraient à moi deux possibilités:
1- bénéficier d'un désistement dans une des écoles "alternatives" de notre coin
2 - l'instruction en famille.Ma préférence penchait vers la première solution, bien que je ne cesse de ressentir un malaise certain face à l'opacité des listes d'attente et des "conditions de sélection". J'en parlais l'an dernier ici. Je ne me sentais pas l'énergie de me lancer dans l'instruction en famille. Je nourris encore plein d'espoir de réaliser certains travaux manuels ou rédactionnels, ce qui est incompatible, chez moi, avec la compagnie de mes enfants.
De plus, élément non négligeable, Fiston avait très envie d'aller à l'école !!!
Lorsque j'ai compris que mes chances d'obtenir un désistement flirtait avec zéro, j'ai mis une croix sur la proximité. J'ai également ravalé mes doutes et mes réticences face à la pédagogie Steiner, notamment le côté dogmatique et l'antroposophie (peut-être un autre article?).
Aujourd'hui, jour de rentrée, j'ai ressenti un certain pincement au coeur en voyant ces enfants tenir la main de leur parent, alors qu'ils se rendaient, à pied, à leur école. J'étais en voiture. Mon fils me parlait de sa nouvelle école derrière moi.
En même temps, ma discussion la veille avec mon homme a ravivé notre envie de réellement tourner la page. Fiston rentrait constamment survolté de l'école, exprimait sans cesse ses envies de "tuer", "frapper", "punir". Il aura fallu quelques semaines des vacances d’été pour que les relents de violence que notre fiston vivait à l’école s’épuisent dans ses jeux, ses paroles et ses dessins. La violence verbale banalisée, les gestes violents (dont certains du personnel encadrant, tels cette « tapette » [1] sur la main pour signifier de ne plus jouer au revolver ; ou sur la tête pour punir d’avoir accidentellement cassé un jouet), les punitions (rester immobile sur une chaise ; par exemple, pour avoir couru en criant dans la cour de récréation) dont notre fils fut témoin ou victime durant l’année scolaire passée ont laissé des traces. Personne ne nous convaincra que l’environnement où un-e enfant vit entre 6 et 8 heures par jour est nettement moins déterminant que celui qu’il-elle trouve à la maison.
De plus, certifier la main sur le cœur que les repas sont sains, que les fruits constituent la majorité des desserts, par exemple, alors que les fruits étaient proposés 2 fois par semaine, a fermé toute possibilité de dialogue. J’ai toujours été particulièrement nulle en maths, mais jusqu’à preuve du contraire, 2 fruits sur 5 repas, cela ne fournit pas une majorité…De même, identifier comme sains et équilibrés des repas quotidiennement composés de viande/poisson ne me paraît pas les qualificatifs les plus appropriés…
De mes conversations avec des amis ou connaissances dont les enfants fréquentent qui De Croly, qui Freinet, j'étais parvenue à la conclusion que seule la pédagogie Steiner incluait dans son essence même une attention à l'alimentation, ainsi qu'une attention aussi soutenue à l'art conjugué à la nature (cycle des saisons). J'ai également l'impression que la qualité et à l'état émotionnel du personnel encadrant y revêtent une importance plus grande. J'aurai sûrement l'occasion d'en reparler.
Ceci dit, au-delà de la question pédagogique des apprentissages, l’aspect qui nous inquiètait plus particulièrement dans l'école "ordinaire, ayant en général bonne presse" de Fiston réside dans l’accompagnement des enfants. Nous n’avons pas trouvé dans l’école fréquentée par mon fils une ouverture au dialogue. Sans doute avons-nous mal cherché, mal regardé… En tout les cas, nous n’avons pas rencontré une praticienne réflexive critique, autrement dit, une personne « qui transgresse ou conteste les interdits [demander “pourquoi”, envisager des alternatives, mettre en débat ce qui va de soi… dans les écoles]. Non par bravade, par provocation ou pour se donner de l’importance, mais parce qu’il y est porté par le cours de sa pensée, son rapport au monde, son identité »[2]. Or, s’il est bien une compétence que nous jugeons indispensable, c’est celle de faire preuve d’esprit critique par rapport à l’ordre établi, et donc, la capacité de désobéir le cas échéant. Nous sommes particulièrement allergiques aux « on a toujours fait comme ça ».
Par ailleurs, nous nous sentions en décalage par rapport aux autres parents, ainsi qu'avec, vous l'aurez compris, son personnel enseignant et encadrant. Ce décalage constant donnait lieu à des situations fatigantes; il s'agissait souvent de contredire l'institutrice ou d'indiquer à notre enfant comme nous désapprouvions ses méthodes.
L'attention mise sur les sorties dans les bois (quotidiennes), sur l’alimentation (bio, même biodynamique), le règlement des conflits de manière non violente, à la communication empathique, le dialogue possible avec les institutrices sont autant de raison qui nous ont convaincus de renoncer à la proximité, au risque, il est vrai, de nous enfermer dans un milieu quelque peu élitiste de bobos dits écolos mais qui usent de la voiture au quotidien (pour notre part, 15 minutes par trajet). Un tel choix paraît tellement en porte-à-faux avec nos convictions écologiques et décroissantes. Pourtant, dans notre cas, confier notre enfant à une institution scolaire sans tension dans l’estomac vaut ce prix.
Aujourd'hui, jour de la rentrée des classes, j'ai retrouvé mon fils calme, serein et content, et non survolté, comme dans le passé, avec des envies de « tuer » ou de « taper » ou, encore de « punir ». Nous sommes soulagés et vraiment contents de cette première journée.
Et chez vous, c'était comment?
L'école en photos
L'école se déroule dans une maison:
Le jardin tient lieu de cour de récréation. Au fond, le châlet accueille les tout-petits (classe d'accueil).
Les 2 "classes" sont verticales, autrement dit, une classe comprend tous les âges, à notre grande satisfaction.
Salle du rez-de-chaussée:
salle à l'étage (désolée pour la photo floue, je n'en suis pas responsable )
[1] Pour une critique et analyse de la terminologie de la violence ordinaire banalisée, lire « Les petites claques » de l’auteure du blog : Les questions composent : http://lesquestionscomposent.fr/ilnyapasdepetiteclaque/
[2] Ph. Perrenoud, « Assumer une identité réflexive », Éducateur, 2/2005, pp. 30-33 cité par .J. Cornet, « Praticiens réflexifs ? Oui mais critiques », TRACeS, n°194, février 2010.
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Par Den le 21 Août 2013 à 23:09
De temps à autre, je vais y faire un tour, sur le blog que m'a conseillé Fanfreluche, Les Questions composent. Là, je viens de lire cet article. J'ai tellement applaudi intérieurement que je voudrais que tout le monde le lise. L'auteure a pris le temps de lister tous les arguments qui militent contre la violence éducative, qui commence avec la violence verbale (on dit une "petite claque" et non une "frappe", qui "ne fait pas vraiment mal" mais qui fait quoi alors?)....
Donc, à lire! : http://lesquestionscomposent.fr/ilnyapasdepetiteclaque/
A lire en pensant aux textes, entre autres, d'Isabelle Filloziat ou après/avant de (re)-visionner certains de ces propos: 31 juillet '13 - Filloziat - Traverser sans dommage la période de 1 à 5 ans
Et Linda Lemay "J'ai battu ma fille" à écouter:
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Par Den le 31 Juillet 2013 à 00:24
Parce qu'en ce moment, c'est dur avec mon grand (qui est encore petit).
[Edit du 10 août: voici un lien vers une des ses interview: http://www.les-supers-parents.com/interdits-frustrations-et-limites-ne-donnent-pas-un-sentiment-de-securite-interview-isabelle-filliozat/]
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Par Den le 14 Juillet 2013 à 14:24
Une conférence de la pédopsychiatre Nicole Guédeney sur l'attachement qui vaut vraiment la peine d'être visionnée. Elle met quelques points sur les i, notamment sur la psychanalyse et sur nos sociétés non adaptées.
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Par Den le 18 Juin 2013 à 17:03
En attendant que la littérature jeunesse ne perpétue pas les stéréotypes, voici l'un ou l'autre livre intéressant. Le mieux serait que les livres n'enferment pas de stéréotypes de manière implicite (comme en parle cette libraire que je référence ici) mais en attendant...
Et sur le racisme (en lien avec cette vidéo):
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Par Den le 4 Juin 2013 à 23:54
Dans la série, les filles, ça porte du rose, les garçons du bleu, voici un état des lieux de la littérature enfantine par une libraire qui se pose des questions:
http://cultures-genre.com/2013/05/28/de-linconvenient-detre-feministe-en-librairie-jeunesse/
Et vous compatirez à mon dépit d'avoir reçu de ma belle-mère des livres de la série "la tractopelle d'Axel", cités dans l'article...
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Par Den le 15 Mai 2013 à 22:52
Pfff, vraiment, pour qui elle se prend? D'abord, elle arrive toujours en retard. Même pas capable de respecter l'horaire. De me respecter. Puis, quoi? Elle ne le dit pas mais elle a l'air de râler, de ne pas être d'accord. Pfff. Comme si je ne faisais pas bien mon boulot. Tiens, l'autre jour, son homme a laissé entendre que je frappais les enfants. Moi, j'aimerais bien l'y voir, avec 20 gosses en classe, si elle ou lui ne crierait pas, ne frapperait pas, ne punirait pas.
Et quoi? Aucune reconnaissance. Pourtant, je suis debout à 7h30 pour m'occuper des enfants déposés par des parents pressés d'aller travailler. Et je ferme boutique à 18h30 pour les parents désireux de travailler tard. Et alors quoi? Pourquoi elle me prend la tête comme ça? Elle me dit de ne pas utiliser de micro-onde, de ne pas couper les fruits ou légumes de son gamin dans sa boîte à bento. Pfff. Quel manque de reconnaissance, quand j'y pense. Et son regard, un regard accusateur, méprisant. Pourvu que son gamin ne soit plus ici l'année prochaine!
***
Exercice rédactionnel:
ces pensées pourraient traverser l'accueillante de la classe de mon fiston.
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