• [2012-11-04]  La ferme des enfants de Sophie Bouquet-Rabhi


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  • Quel est le menu dans l'école de votre enfant?  Voici celui de mon fils.

    [2012-11-04] Menu scolaire de novembre


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  • Vu sur fb, je publie l'annonce ici.  Il est près de minuit quand je découvre l'info, je n'ai donc pas appelé la personne, ne suis donc pas certaine que l'info soit certaine...Je téléphonerai vendredi ou lundi prochain.

     



    Chère Madame, cher Monsieur,

    Étudiants à l'université de Liège, nous devons réaliser un travail pour un de nos cours de l'école doctorale. Nous avons choisi comme sujet l'éducation à domicile, un thème qui nous semble très intéressant et relativement peu connu en Belgique. Pour mieux comprendre et décrire le phénomène, nous souhaiterions nous entretenir avec des parents ayant décidé de scolariser leur(s) enfant(s) à domicile. L'idée est de faire un entretien d'un peu plus d'une heure avec l'un d'entre nous et d'ainsi partager votre expérience.
    Si vous êtes intéressé et disponible à nous aider, pourriez-vous nous contacter à l'adresse e-mail ou au numéro de téléphone suivant : severine.thys@ulg.ac.be , 0499/615189 ou 04/3663043 (en journée).

    Nous vous remercions d'avance pour l'intérêt que vous porterez à notre message.
    Bien à vous,
    Séverine Thys, Amélie Mernier, Frédéric Dufays et Fanny Theunissen

     

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  • [2012-10-25]  Le bébé est un objet: une conférence anniversaire du Fraje


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  • Je me dépêche pour venir chercher mon fils à l'école.  Lorsqu'il me voit, ce dernier vient vers moi, puis s'en retourne.  "Je vais prendre un livre". Heu, qu'est-ce que je fais là?  Pourquoi me suis dépêchée?  Pourquoi ne souhaité-je pas qu'il soit à la garderie? Toutes ces questions se bousculent en moi, mi-contente de le voir si content à l'école, mi-désabusée, mi-contrariée. 

    Je suis toujours dans le sas, pas dans la classe.  Je tourne la tête.  De l'autre côté du sas se trouve la classe d'accueil.  Les deux dames sont occupées.  Les enfants sont assis à table.  A ne rien faire.  Ils doivent rester assis.  N'ont rien devant eux.  Mais qu'est-ce que cette façon de faire que d'exiger des enfants de rester assis devant une table vide à attendre?  Evidemment, ils discutent entre eux.  Logique, non?

    Puis, là, sorti de nulle part, un "CLAC (le dossier tapé sur la table)" suivi d'un "SILENCE!' hurlé par une des dames.  Je suis abasourdie. Certes, il y avait un bruit de fond, mais normal, quoi...La dame qui a jeté ce cri comme si il y avait mort d'homme (ou, plus vraisemblablement, comme si elle se sentais amoindrie dans son autorité car les enfants ne lui obéissent pas au doigt et à l'oeil) me voit.  Je vois une légère ébauche de grimace du style: mince, un parent!  Un parent qui m'a vue...Je manifeste ma contrariété face à ce visage qui me regarde.  Nos regards se sont croisés quelques secondes, cette scène a duré à peine une minute.  Mais suffisamment pour me rappeler pourquoi je veux soustraire mon fils au plus vite de l'autorité des enseignants de cette école...

    Certes, cette enseignante n'est pas celle de mon fils.  Certes, mon enfant semble adorer l'école (j'étais là à 15h30, on restera jusque 16h30, tellement il jouera encore dans la cour).  Seulement, je ne peux me résoudre à le laisser là.

    Même si ce n'est pas sa "jardinière d'enfant", elle peut être là, elle peut être celle qui surveille les enfants dehors. 

    Lors de cette heure dehors pendant laquelle je le laissai profiter de la cour, mon fils joua avec ses copains. Il s'amusa beaucoup.  Je l'ai vu se précipiter vers un copain pour lui lancer du sable avec sa pelle. Pour rire.  L'autre copine qui jouait avec lui fit pareil.  Celui qui reçut le sable saisit alors sa propre pelle pour lancer également du sable (le tout dans un esprit bon enfant; les yeux n'étaient ni atteints ni ciblés).  Une des nombreuses dames dehors cria : "Machin, on ne jette pas de sable".  Occupée à bavarder, elle n'aura vu que la dernière réplique d'une action qui en comptait au moins deux avant...Encore un peu, je sentis la dame capable de punir "Machin" pour ce geste, alors qu'elle n'avait pas vu le prélude...

    Puis, cette dame ou une de ses collègues (il y en avait beaucoup dehors, vendredi dernier) de crier après un garçon qui avait mis un seau sur sa tête en guise de chapeau. 

    - "ENLEVE CE SEAU, CE N'EST PAS UN CHAPEAU, C'EST UN SEAU"

    Qu'aurait donc dit cette "madame" devant mon fils et ses copains de crèche avec des paniers en tissu sur la tête en guise de casque de chevalier?  Pourquoi empêchet-t-on un enfant de détourner un jouet pour lui assigner une autre fonction?

    J'assistais à ces scènes, le tout concentré sur une heure de temps.  La gorge serrée.  Un noeud dans l'estomac. Mon fils passe le plus clair de ses journées ici!  Il adore, mais qu'est-ce que cela me fait mal de voir comment ces professionnels agissent (parfois) avec une telle violence dans les mots, dans les gestes, dans le ton!

    PS: cela m'a donné envie de lire que j'ai entre'aperçu quelques fois à la librairie:

     [2012-09-24]  Silence ! ou comment une instit' a besoin de se faire obéir pour se sentir instit?


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  • 2ème mercredi de l'année scolaire.  Mon homme et moi arrivons à l'école.  Deux dames sont assises devant la porte du bâtiment.  Les enfants se défoulent, courent, crient.  Mon fiston est tout près de la barrière donc nous le repérons tout de suite.  Il a l'air heureux. Puis, cette phrase saisie au vol...

    - Elise (ou Elsa ou Laura, je ne me rappelle plus du prénom, mais peu importe), c'est la deuxième fois que je te le dis, tu ne cries pas ainsi dans la cour.  S'il y a encore une troisième fois, tu vas t'asseoir sur la chaise.

    La chaise?  Je la vois tout de suite, d'autant plus que la femme accompagne sa menace d'un geste vers elle.  Il s'agit d'une chaise en plastique, appuyée au mur.

    Je suis horrifiée.  Mes questions se bousculent dans la tête:
    1° qu'est-ce qu'elle a fait, la gamine?  Ha, oui, elle a crié.  Certes, avec le recul, maintenant que j'y réfléchis, c'était un cri strident.
    2° Quoi, on ne peut plus crier dans la cour, du moins, pas des cris stridents?  Et si les enfants ne peuvent plus crier à la récré, ils crient quand à l'école?  Quand peuvent-ils sortir l'énergie, l'énervement, les frustrations, la joie (de courir/attraper ses copains)?
    3° Bon, ok, cela peut faire mal aux oreilles à la longue si tous les enfants poussent des cris stridents, mais quoi? ils ne peuvent pas à l'école, alors?  Mince mince mince.  Faut vraiment prévoir une sortie après les cours où mon enfant peut courir et crier de tout son soûl.  Quoi, à l'école on se retient alors?
    4° C'est qui, cette nana?  Vite, se renseigner.  Je ne veux pas que mon enfant aille dans sa classe?  Mais quoi, peut-être que les instit' de mon fils font pareil.  Au secours!

    1ère réunion des parents, je me lance:
    - Que faites-vous avec un enfant dissipé?  A mon époque, on était mis au coin?

    Rires de mes deux interlocutrices. 

    - Non, ici, tous les coins sont pris.  On ne fait plus ça. On demande à l'enfant de se calmer, on va lui proposer une activité plus douce. 

    Ouf.  Je suis rassurée.  Dans ma tête, je comprends: on ne punit pas.

    Puis, hier, au milieu de blablas de mon fils (il est méga ultra super bavard, mon fils ;-), comme sa mère à son époque), il explique que Camille avait fait une bêtise (j'ai sciemment introduit très tôt le concept de "bêtise" qui signifie le geste maladroit, le verre renversé; très tôt pour que ce mot ne reçoive pas de connotation négative dans l'esprit de mon fils).  Puis, elle s'est retrouvée sur une chaise.  Les autres étaient sur un banc.

    Fiston était sur les genoux de mon chéri.  Lui et moi échangeons directement un regard.  Interrogateur.  Et pas du tout rassuré.  D'autant plus que le chérubin continue ses palabres.

    - Et moi aussi, j'ai été sur une chaise.
    - Toi aussi?  Et pourquoi?
    - Parce que j'ai fait une bêtise.
    - Quelle bêtise mon chéri?
    - J'ai couru en glace (mon enfant dit "glace" au lieu de "classe" ;-) ) et V., elle a dit: "on ne peut pas courir en glace".
    - Et les autres, chéri, ils étaient où?  Aussi sur une chaise? 
    - non, sur le banc...

    Hum hum.  Clairement, cette histoire mérite d'être creusée et éclaircie.  Mettre dans un coin ou sur une chaise au milieu de la classe, pour moi, c'est la même chose.  Les anglais appellent cette mise au coin par le time-out.  Voici un article traduit de Aletha Solter sur le site de CDK: "Les désavantages du time-out (ou encore de la mise à l'écart temporaire)".

    Sous la surface, la mise à l’écart temporaire est une approche autoritaire, et, en tant que telle, elle ne peut fonctionner qu’avec des enfants entraînés se soumettre au pouvoir et l’autorité des adultes. Les enfants entraînés à se conformer à de telles mesures savent que les conséquences de la désobéissance sont pires que celles liées au fait d’adhérer aux injonctions. Les enfants qui n’ont pas été élevés dans un environnement autoritaire refuseront très certainement d’aller dans une autre pièce ou de s’asseoir sur une chaise.

    [...]

    Au royaume des expériences enfantines, la mise à l’écart temporaire n’est rien de plus qu’une punition.

    Alors, mon enfant ne semble pas perturbé d'avoir été mis sur une chaise. Mais j'ai le coeur serré de savoir qu'il a vécu cette expérience.

    Le soir, au moment du coucher, je suis revenue sur cette histoire de chaise.  Je voulais en savoir plus.  Il est certain que les autres n'étaient pas sur une chaise, mais sur le banc.  A la fin, je lui ai demandé s'il savait pourquoi, lui, avait été sur la chaise.  Réponse: non, je ne sais pas.  En clair, cessera-t-il de courir en classe parce qu'on le lui demande et qu'il aura intégré cette demande?  Ou parce que la sanction a fonctionné, parce qu'on lui aura demandé la docilité?

    Au secours....!

    Article à relier à:
    [2012-01-27] Comment éduquer sans punir?
    [2012-02-03] Eduquer à l'obéissance, un oxymore ou une lapalissade?

     

     




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  • "Faut dire merci".  Depuis la rentrée à l'école de mon fils, il dit plus souvent "merci".  Je pourrais m'en réjouir.  Pour être franche, je n'en suis pas mécontente.  En suis-je satisfaite pour autant?

    L'apprentissage des formules de politesse a fait l'objet d'une ou l'autre discussions entre Zhom et moi.  Pour moi, le plus dur est de recevoir une demande par un seul mot.  Ou par un "je veux".  Sans le "mot magique": le stp.

    Par contre, le "merci", je ne suis pas offusquée de ne pas recevoir de merci.  Je me dis qu'en nous imitant, les "merci" viendront spontanément.  D'ailleurs, il y a eu quelques mercis spontanés de mon fils, les premiers aux alentours de ses 2 ans.  Je m'étais dit que nous étions sur la bonne voie. 

    Pourquoi suis-je mitigée pour inculquer la formule "merci"?  Et pourquoi le "stp"?

    Pour le "s'il-te-plaît", je ne dis pas "et c'est quoi la suite?",  ou "quel est le mot magique?"...Enfin, j'évite d'extirper ce mot par ce genre de phrases que tout le monde a entendues et que sans doute, beaucoup répètent à leur enfant.  J'ai expliqué que les demandes étaient rendues "plus agréables" (ce sont les termes utilisés) si elles étaient accompagnées d'un "s'il-te-plaît". 

    Quant aux "merci"...

    Hier soir, alors que je tendais un livre à mon gamin, ce dernier me dit "merci".  "Wouah, il en dit souvent ces temps-ci", pensai-je. 

    - C'est chouette que tu dises merci mon chéri.  C'est à l'école qu'on te dit de dire merci?
    - Oui, V., elle dit: "je n'entends pas beaucoup de mercis ici".
    - ha, elle dit ça.  Et tu sais pourquoi on dit merci?
    - non, je ne sais pas.

    Alors, le "merci", une simple formule de politesse?  Ou la formulation d'un sentiment de gratitude, dans le sens de "remercier"?  Si c'est une "bête" formule de politesse, je peux concevoir qu'il est utile d'inculquer le réflexe de ce mot. Mais alors, comment le dissocier de la gratitude que signifie "merci"?  Car, mon fils l'a clairement dit, il ne comprend pas pourquoi il dit merci...

    Dans le même ordre d'idée, concernant le "je voudrais" au lieu du "je veux" qui écorche tant d'oreilles d'adulte, mais pas les miennes...Pourquoi?

    J'avais entendu une émission radio il y a quelques années où était interviewé un auteur (psy, éducateur, ou autre?  Ne m'en rappelle plus) qui plaidait pour que l'on cesse de dire "je voudrais" au conditionnel, mais "je veux".  J'avais trouvé ses arguments très pertinents.   J'ai tenté de trouver plus d'infos sur le gars, mais mes recherches n'ont rien donné. 

    Toutefois, via une recherche pour mon article suivant (punir à l'école), je suis tombée sur ce billet de Catherine Dumonteil-Kremer (CDK)  Elle résume très bien les arguments qui militent pour l'emploi du "je veux" et non du "je voudrais".  J'y souscris pleinement :   

    Quand j'étais enfant, le fait de dire "je veux" était déjà insultant, on ne pouvait pas vouloir au présent !
    Il était de bon ton de désirer au conditionnel :"je voudrais", "j'aimerais", je trouve cette limite très oppressive, même si nous sommes nombreux à la répercuter sur nos enfants, tant le "je veux" continue à écorcher nos oreilles !
    Mais ce conditionnel qui n'a l'air de rien, masqué par cette politesse obligatoire, n'est que le reflet de l'amour conditionnel que nous avons vécu.
    Quel chemin pour désirer à nouveau au présent, savoir ce que l'on veut vraiment au fond de soi.

    Cette question du conditionnel a fait l'objet d'un rapide échange entre deux mamans, dont j'ai été témoin sans intervenir.  En gros, j'ai entendu ceci:

    - Comment faire pour qu'elle dise "je voudrais" au lieu de "je veux" (la petite a 3 ans)? 
    - Tu sais, ce n'est qu'une question de syntaxe et de temps de conjugaison.  Cela va venir.
    - Mais, nous, on souhaite qu'elle apprenne à conjuguer correctement, justement!

    Point.  La conversation en est restée là. 

    Pas pour moi.  J'ai beaucoup aimé ces trois paroles échangées.  L'argument  "ce n'est qu'une question de temps de conjugaison" m'a beaucoup plu.  En même temps, comme le gars de la radio et comme l'explique très succinctement CDK, l'emploi du conditionnel est loin d'être anodin.  Mais, bon, la politesse veut qu'on utilise cette forme, au risque de mettre nos volontés au conditionnel également...

    Et vous, comment faites-vous?  Répétez-vous à vos enfants de dire "merci", "stp" ?  Si oui, leur avez-vous expliqué ce que cela signifiait?  Et comment?  Insistez-vous pour le conditionnel du verbe vouloir/souhaiter?

     


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  • Apprendre aux enfants à jouer dehors, tel est le titre d'un article du Soir du 8 septembre 2012, de la plume de Fabrice VOOGT.

    Voici ce qu'on peut notamment y lire:

    Selon une des formatrices du centre, si les jeunes ne sortent plus autant qu’avant, ce n’est pas par manque d’envie, mais « car les parents préfèrent les savoir à l’intérieur ».

    Pédopsychiatre au CHR de Liège et professeur à l’ULg, Jean-Marie Gauthier voit quatre raisons, au moins, qui peuvent expliquer la désertion de l’espace public en général par les jeunes générations. « D’abord, explique-t-il, l’urbanisation a changé. Il y a moins d’espaces libres jadis exploités par les enfants pour jouer et la voiture a, dans le même temps, pris énormément de place. On a certes aménagé certains lieux pour en faire des terrains de sport notamment, mais cela reste insuffisant, surtout dans des quartiers populaires fortement urbanisés. »

    Le succès du scoutisme

    Deuxièmement, les comportements sociaux ont évolué, explique-t-il : « Il y a 50 ou 60 ans, tout le monde s’occupait des enfants. N’importe quel adulte se sentait responsable des enfants qu’il croisait dehors. Cette implication était aussi une manière de prévenir certaines formes de délinquance. Ensuite, les loisirs se sont déplacés à la maison, via l’ordinateur, internet et les jeux qui en sont dérivés. On devient plus citadin. »

    Et Jean-Marie Gauthier de pointer un dernier facteur : « l’effet Dutroux ». « On peut dire que c’est irrationnel, mais, en même temps, cela s’est passé. » Une étude récente menée au Canada montre que c’est plus général : elle révèle que 60 % des parents invoquent la sécurité, notamment la présence possible de prédateurs, pour restreindre le jeu libre en plein air.

     

    J'ai été très interpellée par cette phrase: Il y a 50 ou 60 ans, tout le monde s’occupait des enfants. N’importe quel adulte se sentait responsable des enfants qu’il croisait dehors.

    Elle m'a rappelée une anecdote qui m'a énormément frappée, à laquelle je pense souvent et qui me fait toujours beaucoup réfléchir.

    C'était un mercredi.  Je me rendais à la station de métro Kraainem pour prendre la dernière navette de bus pour Louvain-la-neuve, histoire de rencontrer mon amoureux de l'époque.  C'était il y a 11 ou 10 ans.  Il était près de 18h30.

    Je rentre dans la rame à Roodebeek.  Je suis tout de suite interpellée par cette petite fille,  à peine 10 ans, qui pleure, assise en face de son père.  Du moins, ai-je cru que c'était son paternel.  Ne le voit-il pas qu'il se lève à la station suivante et qu'il descend.  Là, je ne comprends pas.  Et cette petite de pleurer de plus belle.  Je suis assise à côté d'elle.  Je l'interroge.

    - Qu'est-ce qui se passe?  Pourquoi tu pleures?

    La réponse est hachée, peu compréhensible mais rapidement, je capte le problème.  Cette fillette est perdue.  Elle a pris son tram habituel à la sortie des cours, c'est-à-dire, à midi (pour rappel, on est mercredi).  Mais le tram n'a pas suivi son itinéraire habituel.  Sans doute à cause de travaux.  La fillette s'est retrouvée à un endroit complètement inconnu, dans un coin de Bruxelles qu'elle ne connaissait pas du tout.  Elle l'avait signalé au chauffeur mais ce dernier n'en avait eu cure.  Perdue.  Elle a pris un autre tram.  Puis, de fil en aiguille, s'est retrouvée dans le métro.  Je ne me souviens plus où l'avait déposée le tram, mais je me rappelle m'être dit que c'était vraiment loin, style le nord de Bruxelles, et qu'elle habitait dans une autre partie de Bruxelles, ni le nord, ni du côté de Stockel.  Bref, elle était très très loin.

    Cette fillette avait traversé Bruxelles de long en large, en pleur, toute l'après-midi (de 12h à 18h30)  Et AUCUN adulte ne s'en était intéressée.  Je lui ai demandé de sortir à mon arrêt de station. Heureusement, elle connaissait le numéro de téléphone de sa mère.  Que j'ai appelée aussitôt. Cette dernière m'a très mal accueillie au téléphone.  Son agressivité cachait sans doute son inquiétude?  Bref, j'ai laissé l'enfant parler à sa mère.  Elle arrivait.  A Kraainem, il y avait un gars de la stib au guichet (à cette époque, il y avait des guichets, et il y avait des gars au guichet, même à 18h30.  Bon, j'arrête de faire ma mamy). 

    J'allais rater ma dernière chance de voir mon flirt de l'époque..  Je confie la petite au guichetier après lui avoir expliqué la situation.  Il avertit la police qui allait arriver sur place. Comme la maman, j'imagine.  Je fais part de mon souhait de prendre le bus.  Le gars m'assure qu'il prend le relais...Je pars, l'esprit encore marqué par l'aventure qu'a subie la petite.

    Cette histoire me marque car je ne comprends pas comment AUCUN adulte ne se soit inquiété de voir une fillette en larme dans les bus, trams, métros, etc., et ce, tout une après-midi (de 12h à 18h30).  J'ai tout de suite pensé à ce drame en Angleterre: deux gamins de 10 ans qui ont torturé et tué un bébé de 2 ans.  Des adultes voient deux garçons entraîner un enfant qui pleure...Et aucun adulte ne réagit.  Incompréhensible.  Dans mon histoire, une fillette en âge de parler pleure et personne ne s'arrête.  Après qu'elle m'ait expliqué son problème, j'ai réalisé que les bribes de conversations que j'avais interceptées entre l'enfant et "son" père concernaient le fait que la fillette ne connaissait pas son chemin. Or l'adulte s'était contenté de lui poser une question puis de se lever arrivé à sa station de destination...!!!

    La question de l'éducation collective me travaille beaucoup.  Il est commun, de nos jours, de dire que seuls les parents sont responsables de l'éducation de leur enfant.  Les grands-parents, par exemple, peuvent prétendre à ne partager que les moments agréables avec leurs petits-enfants, les grandes leçons éducatives (associées à des tâches ingrates puisque le commun des mortels dissocie tâches éducatives et moments agréables) revenant aux parents.  C'est un constat qui m'a toujours choquée, et beaucoup travaillée. Et avec lequel je suis toujours en réflexion.  J'ai acheté un livre sur le rôle des grands-parents, d'ailleurs.

    Ce sujet de questionnement peut être étendu au-delà des membres de la famille.  Pour les amis, ou pour tout adulte.  Lorsque le pédopsychiatre interviewé explique que, par le passé, tout adulte se sentait concerné par tout enfant qu'il croisait.  Pour moi, je trouve cette attitude saine.

    Lorsque mon enfant s'est fait la malle au shopping l'autre jour, seule UNE femme s'est inquiétée de voir un petit môme de 2-3 ans marcher sans adulte dans l'allée centrale du shopping.  Il semblait déterminé, paraissait parfaitement savoir où il allait.  Mais il y allait SEUL, sur plusieurs mètres, il était tout simplement seul.  Pas du tout affolé, ni inquiet. Cependant, lorsque je vois un enfant marcher tout seul, je ne peux m'empêcher de tourner la tête à la recherche de l'adulte qui l'accompagne.  Sur toute la foule présente ce jour-là, SEULE UNE dame a eu le même réflexe que moi.   Elle rebroussait le chemin qu'avait emprunté mon enfant pour chercher l'adulte qui en était responsable.  Lorsqu'elle m'a vue et entendue crier le nom de mon fils dans le shopping, elle m'a devancée pour rattraper mon gaillard de fiston (j'allais moins vite, je tenais ma fille dans les bras).  Voilà des anecdotes qui appuient le triste constat du pédopsychiatre...

    Quelque part, c'est aussi cela qu'a instauré le projet des passiflores.  Insuffler une sorte de solidarité éducative...En confiant mon enfant à plusieurs adultes, je leur confie de prendre soin de mon bébé, de son intérêt, de prendre part à son éducation.  C'est autre chose qu'une relation avec des professionnels payés pour le faire, même si, dans l'absolu, on peut également se poser la question de savoir pourquoi les professionnels, à l'image de la société,  insistent tant pour dire que l'éducation est une mission exclusivement parentale.  Car c'est bien là, la question fondamentale qui me taraude.

    Toujours est-il que c'est cette solidarité éducative que j'ai voulu trouver dans le projet passiflorien... et qui me travaille souvent.   Je me demande si les autres parents ont également développé ce genre de réflexions ou si, pour eux, le projet de garde alternative s'est limité à un échange de services...A creuser, peut-être, auprès des personnes intéressées...

    En même temps, je ne pourrais pas admettre que d'autres adultes que mon homme et moi puissent poser certains choix pour mon enfant...Donc, quelque part, je suis aussi dans cette croyance que les parents sont, au final, les seuls responsables de l'éducation de leur enfant.  Ils sont les seuls à pouvoir déterminer quelle religion ils souhaitent transmettre à leur progéniture, par exemple.  J'aime être consultée avant qu'un adulte  ne donne des cochonneries à manger à mon enfant (autre exemple).  C'est ce tiraillement entre deux manières de concevoir le rôle de la société et des autres adultes qui explique que je sois toujours en réflexion à ce sujet. 

    Et vous, vous en pensez quoi?


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