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Par Den le 16 Mai 2013 à 13:59
En voilà qui a compris: « Je préfère bouffer de la merde à plusieurs que du bio tout seul »,
La jungle étroite
« Je préfère bouffer de la merde à plusieurs que du bio tout seul », explique Gilbert Cardon, ancien syndicaliste de combat et pilier de l'association « Fraternités ouvrières », qui entretient un immense grainier et dispense gratuitement des cours de jardinage dans son jardin-verger expérimental à Mouscron. Cet oasis n'en est pas un, puisque Gilbert veille à maintenir un contact polémique avec le social, ce qui a intéressé Benjamin Hennot, pour son premier film, « La jungle étroite ». Avant-première projection gratuite ce jeudi 16 mai à 20 h au Cinéma Nova.
Infos : www.nova-cinema.org.
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Par Den le 15 Mai 2013 à 23:39
L'escargot est un symbole pour le mouvement slow. Cet animal est également celui qui incarne la décroissance. Pourquoi? Certes, pour sa lenteur, mais encore...pour sa sagesse.
« L’escargot », nous explique Ivan Illich, « construit la délicate architecture de sa coquille en ajoutant l’une après l’autre des spires toujours plus larges, puis il cesse brusquement et commence des enroulements cette fois décroissants. C’est qu’une seule spire encore plus large donnerait à la coquille une dimension seize fois plus grande. Au lieu de contribuer au bien-être de l’animal, elle le surchargerait. Dès lors, toute augmentation de sa productivité servirait seulement à pallier les difficultés créées par cet agrandissement de la coquille au-delà des limites fixées par sa finalité. Passé le point limite d’élargissement des spires, les problèmes de la surcroissance se multiplient en progression géométrique, tandis que la capacité biologique de l’escargot ne peut, au mieux, que suivre une progression arithmétique ». Ce divorce de l’escargot d’avec la raison géométrique, qu’il avait lui aussi épousée pour un temps, nous montre la voie pour penser une société de « décroissance », si possible sereine et conviviale.
extrait de Latouche, cité par le Mouvement politique des objecteurs de croissance
photo: Certains droits réservés par Magraiveur Marc
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Par Den le 15 Mai 2013 à 22:36
L'économie est malade de ses chiffres...titre d'un échange entre David Orrell (D.O.), mathématicien canadien, et Tomas Sedlacek (T.S.) et traduit dans Books.
Faites-vous allusion à l'obsession de la croissance, omni-présente en ce moment?
T.S.: Ah, croire qu'il est absolument normal de croître! Croire que la croissance est le destin des systèmes, c'est absurde. Historiquement, la stabilité est au fondement de la science économique. Les théoriciens classiques pensaient en termes d'équilibre, ou se demandaient à quoi ressembleraient notre société une fois que nous serions arrivés à cet état stable; ils ne s'intéressaient pas au chemin de croissance mais à l'état de repos. Aujourd'hui, c'est le contraire. Très peu de penseurs se disent: "Imaginons un siècle de croissance, puis un arrêt. A quoi ressemblera alors la société? Sera-t-elle une bonne ou une mauvaise société? La croissance nous aura-t-elle conduits dans la direction que nous souhaitons". Je n'ai aucune certitude, mais je m'inquiète que personne ne se pose ces questions. Une autre remarque, sur un phénomène que je trouve très étonnant à propos du PIB: nous nous sommes réjouis des 2 ou 3 % de croissance enregistrés par certains pays européens en 2010. Personne ne dit que, la même année, le déficit public de ces pays avait atteint 7 ou 8 % du PIB. Donc, si l'on shématise, ils ont payé 7 % de dette et en ont tiré 3 % de profit. Aucune raison de se réjouir! Nous ne savons pas disjoindre la croissance de l'endettement. C'est la cause des problèmes dans le secteur bancaire, au niveau individuel comme au niveau macroéconomique. L'emprunt a généré une croissance artificielle. C'est l'une des explications de l'état désastreux de la situation financière. Et depuis, rien n'a changé.
Le PIB, la croissance est les autres notions économiques sont un peu comme des fétiches.
D.O.: C'es assez drôle. Je me souvient qu'il n'y a pas si longtemps, on prédisait 0,2 % de croissance ou quelque chose de cet ordre. Puis un organisme a annoncé une croissance de 0,1 %. Et les journaux ont titré: la croissance du PIB moitié moins importante que prévu. Peu importait le biais statistique...
T.S.: Un psychodrame pour un dixième, ça n'a pas de sens...
D.S.: ...Exactement, un ou deux dixième de point de croissance peuvent tout simplement disparaître ou apparaître au cours du processus. Et, pourtant, nous accordons à ces chiffres une valeurs presque religieuse.
T.S.: Je supprimerais le presque. Nous attachons une importance religieuse à des valeurs que nous savons faillibles. Et cela deux après que tout le monde s'est trompé sur la croissance de tous les indices, PIB inclus; les économistes n'ont pas réussi à tirer de ces indices fétiches des conclusions justes.
[...]Le culte du chiffre!
Thomas Gunzig, dans un café serré, a ironisé sur un autre chiffre, celui du déficit. Je ne parviens pas à mettre la main sur le podcast, mais, en le cherchant, je suis tombée sur une transcription de son texte ici.
"Mais je m’égare. Ce matin, je voulais donc vous parler du budget. Et j’ai beaucoup réfléchi. 2,8 milliards. 2,8 milliards. 2,15 % de déficit. 2,8 milliards. Mais comment faire pour trouver tout ce pognon ? Alors, déjà, j’ai une question. Pourquoi, 2,15 % ? Parce que moi je croyais que le chiffre magique c’était 3 %. Mais enfin, on a toujours dit 3 %. Depuis l’aube des temps économiques, on a dit 3 %. On a tellement dit 3 % que plus personne n’est d’ailleurs aujourd’hui capable de dire pourquoi à 3 % et pas à 4 ou 5 ou 82. 3 %, personne ne sait pourquoi. Sans doute un truc qu’on a dit un jour dans un bureau comme ça. Un peu comme on dit « Ah, tu sais qu’on utilise 10 % de son cerveau. ». Ou bien « Les heures de sommeil avant minuit comptent double. ». Ou bien « Il faut boire 2 litres d’eau par jour. ». Le déficit, c’est 3 %.
Bon, donc 3 %. Mais alors pourquoi maintenant 2,15 les amis ? Pourquoi ? Et bien, apparemment, 2,15 %, personne ne l’a demandé. C’est la Belgique qui a proposé ça à l’Union européenne. Genre, pour faire sa frotte balle. Non, mais ça va pas ou quoi ? 2,15 %. Mais qui a proposé ça ? Je suis sûr que ça s’est joué en fin de réunion quand le Belge a voulu épater la petite Nikolina. La représentante bulgare qui avait un petit haut Dolce Gabanna. Un peu vulgaire mais très sexy. Et que le Belge qui a senti une ouverture aura lancé : « 2,15, moi je dis 2,15. Je sens qu’on peut le faire les 2,15. ». Nom de dieu. Mais quel con. Bon, j’espère qu’au moins il a conclu avec Nikolina. Parce que ce coup là il était à 2,8 milliards d’euros. Et qu’il nous a tous gravement fichu dedans. 2,15.
Enfin, bref. Si je résume : au départ, on avait 3 % même si on ne savait pas vraiment pourquoi et puis à cause de Nikolina on a dit 2,15. Et puis ici, tout le monde s’est mis à s’engueuler. Mesures structurelles. Non, mesures ponctuelles. Non, mesures structurelles. Non, ponctuelles. Et dans tous les cas ça va être dur. Ça va être grave. On va égorger les chômeurs. On va ruiner les sociétés. On va briser l’indépendant. On va déshériter les fonctionnaires. Les vieux vont mourir de faim avec des retraites de 18 cents. La misère noire.
Alors moi je me suis posé une question. Vu qu’on ne sait plus trop pourquoi on a dit 3 %. Et vu que les 2,15, on s’en fout, ça ne compte pas, c’était un truc sexuel. Et si on faisait comme avec les contraventions : d’abord on ne paye pas et on attend le premier rappel parce que des fois ça se perd. Je ne pense pas qu’on court un risque énorme. Et en attendant, on passera une chouette fin d’hiver. Voilà. C’est ma proposition raisonnable du jour.
D’ici là à demain".
Le 28 mars, il revenait sur ce café serré, car le gouvernement revenait sur le chiffre de 2,15 %, faisant référence à un revirement du gouvernement (voy. par exemple ici) A réécouter ici:
Et oui Georges, tout a changé parce que je me suis rendu compte qu’en réalité j’exerçais une influence majeure sur le gouvernement. Hier, j’ai eu la preuve qu’on m’écoutait en haut lieu. Et non seulement on m’écoute mais comme la pythie de Delphes, on prend des décisions en fonction de ce que je dis.
Vous voulez la preuve ? Et bien, souvenez-vous de mon billet du 13 mars. Il y a quinze jours. Vous vous souvenez de mon billet du 13 mars ? Et bien, merci d’être attentif. C’était un billet dans lequel j’ironisais sur les 2,15 % de déficit en disant que c’était un objectif inutile et idiot. Ah, mais c’est qu’il y a quinze jours, j’avais du les accepter les critiques acerbes et les airs supérieurs, les coups de téléphone anonymes. Ah ça, il n’était pas question de les critiquer les 2,15 %. C’était parole d’évangile les 2,15. Si on a dit 2,15, c’est qu’il y a de très bonnes raisons. Ça veut dire que au-delà la terre va s’ouvrir et que des licornes assoiffées de sang en sortiront pour violer nos filles et nos compagnes dans le sang impur de notre Belgique mère chérie. On disait tout cela.
Et puis hier, qu’est-ce qu’on apprend ? Qu’est-ce qu’on apprend ? On apprend que ces 2,15 et bien on va faire sans. Qu’on peut choisir, 2,5 ou 2,6, on verra. Mais pas 2,15, surtout pas. 2,15. 2,15 mais quelle folie. Nom d’un chien Georges. J’ai un pouvoir de malade. Je dis un truc et quinze jours après, paf, ça passe au cap du comité d’experts et zou, c’est emballé par le gouvernement.
Ah! les chiffres...Vous y comprenez quelque chose, vous?
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Par Den le 15 Mai 2013 à 18:27
En janvier 2011 fut projeté à l'Espace Delvaux Solutions locales pour un désordre global. Ce film fut catalyseur pour moi, pour nous. J'avais entendu parlé de décroissance mais je refusais clairement de m'y intéresser. Je craignais le marxisme, le communisme, l'anarchie, les radicaux, l'altermondialisme dans sa caricature... Finalement, après avoir visonné le film, et lorsque Laurent Lievens, que je ne connaissais pas, doctorant en sciences politiques et sociales, a expliqué qu'il était un fervent partisan de la décroissance, nous lui avons demandé ce que ce terme recouvrait. Sa réponse fut évasive (les explications méritaient un débat en soi mais on pouvait lui écrire) car elle exigeait une vaste réponse...
Nous sommes restés sur notre faim. C'est ainsi que j'ai commencé à chercher. A chercher à comprendre ce que ce mot emballait. Et ce que j'ai découvert m'a parlé un peu. Puis, beaucoup. Au fil de mes lectures, au fur et à mesure, mon adhésion aux constats et propositions de ce mouvement s'est renforcée. Aujourd'hui, il ne fait pas l'ombre d'un doute que je suis objectrice de croissance.
Dans ce monde de l'objection de croissance, Paul Ariès est une figure incontournable. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, en mai 2011, je ne le connaissais pas. Je le "rencontrais" pour la 1ère fois lors d'une de ses interventions à Bruxelles, toujours à l'Espace Delvaux. J'ai eu l'occasion de relater cette "rencontre". Vu que l'exposé de Paul Ariès ne m'avait laissé aucune trace, je n'attendais pas non plus de grand miracle avec la conférence de Serge Latouche.
Et effectivement, l'homme était indubitablement fatigué. De fait, ses propos n'étaient pas révolutionnaires pour moi qui ai vu Prêt à jeter.
Ce professeur français était convié par Paul Lannoye, fondateur du Grappe Belgique et Jean-Baptiste Godinot, de Respire, dont j'ai déjà parlé ici (tout à la fin) afin de partager ses réflexions issus de son dernier opus Bon pour la casse.
Jean-Baptiste Godinot a rappelé que l'obsolescence programmée, à côté de la publicté et du crédit, constitue un des piliers de la société consumériste. La somme collossale (j'ai noté 10 milliards) consacrée par le lobbying de la pub est telle que son action s'apparente à une véritable colonisation de l'imaginaire, créant un habitus pour le citoyen réduit à une fonction consommatrice. J'ai surpris la conversation de deux jeunes femmes, à la sortie du colloque, qui avaient relevé que Jean-Baptiste Godinot avait parlé de régime totalitariste en évoquant la pub omniprésente et surtout, impossible à remettre en cause par les autorités. Moi, personnellement, ce genre de mots glisse sur moi. Les femmes étaient choquées et invitaient cet orateur à se pencher sur les goulags pour comprendre le totalitarisme. Ces slogans glissent sur moi, car malgré toutes les critiques que l'on peut faire à la société dans laquelle nous vivons, je peux la critiquer, l'écrire ici, et en parler autour de moi...Essayez dans un Etat totalitariste...En même temps, je comprends l'usage de ce terme pour expliquer l'omniprésence, l'omnipotence, l'omnitout de la pub dans notre environnement et dans notre (in)conscience.
Dans un premier temps, Serge Latouche retrace l'étymologie du mot "obsolescence". Il en décrit l'historique et l'évolution.
L'obsolescence est d'abord technique. Une technique nouvelle vient supplanter celle existante, envoyant celle-ci au placard. Ainsi le train a détrôné les diligences. Au risque de faire faillite, les entreprises doivent se renouveller car apparaissent sur le marché de nouvelles machines plus performantes. En conséquence, plus les outils sont compliqués et sophistiqués, plus il faut faire travailler les hommes.
Ensuite, l'obsolescence est psychologique ou esthétique. La mode des jupes courtes une année laisse la place aux longues jupes l'année suivante (depuis quelque temps, sévit la mode des sarouels, vous avez remarqué?). Cette obsolescence a toujours existé mais elle s'est exacerbée avec la classe de loisir. Olivier De Schutter en parle dans son article dans Ka!ros (je le cite un peu ici). Thorstein Velben, fils de paysans norvégiens, dénonce, en 1899 (!), dans sa Théorie de la classe de loisir la consommation ostentatoire.
Enfin, vient l'obsolescence programmée, dite aussi plannifiée. La fin d'un objet est prévue dès sa conception. Dans les années trente, alors que souffle la mode des plans (New Deal, plans quinquénnaux, etc.), Bernard London propose de mettre fin à la dépression grâce à l'obsolescence programmée (planned obsolescence). Il invente la prime à la casse (plus d'infos sur wikipedia). Lorsque ce concept débarque en Europe, il est très mal vu.
Par contre, Outre-Atlantique, il est accueilli avec enthousiasme. Ce qui convient à General Motors sied à l'Amérique.
Latouche rapporte ensuite le combat notoire entre Ford et General Motors, remporté par ce dernier en dépit du bon sens. Si le premier construit des voitures robustes, plan sur lequel il est supérieur, GM lance une mode des voitures. La carrosserie est déclinée afin d'attirer la gente féminine. Cette stratégie paie.
Puis, entre '43 et '47, on ne construit plus de voiture mais des chars d'assaut. Ceux-ci deviendront, une fois la guerre terminée, des tracteurs.
Dans les années '60, naît l'ère du jetable. Les biens d'équipement doivent être renouvellés. Cela va des cols jetables, aux manchettes jusqu'aux serviettes hygiéniques, qui sont en réalité, des bandelettes, reliquats de la guerre. Il y a eu les rasoirs jetables, puis les préservatifs jetables. Aujourd'hui, ce sont les Iphone jetables. La batterie indésolidarisable du téléphone portable est interdite mais Apple préfère payer des amendes plutôt que de modifier son mode de fabrication, bien plus lucratif.
Suivent l'histoire du cartel Phoebus et de l'ampoule de la caserne de pompier que l'on peut voir ici (on en parle dans le documentaire Prêt à jeter).
Alors, comment lutter? Quelles sont les pistes de Serge Latouche?
Certes, dit ce dernier, les industries sont très actives au niveau du lobbying. Mais le pire, ce qui fait le plus peur, ce qui me désespère le plus (à moi, Den), c'est la complicité des consommateurs (soulignée par l'économiste). Exemple: le téléphone portable. Même avec l'obsolescence programmée, les gsm sont encore opérationnels 6-7 ans. Or, les gens en changent en moyenne tous les 18 mois (quand on parle gsm, je pense à mon "vieux" gsm de presque 8 ans, l'âge de mon couple )
C'est juste hallucinant, cette complicité des "consommateurs" (je déteste réduire les gens à des consommateurs). Disons, pour compter large, qu'il semblerait que vous et moi changions de téléphone portable tous les 2 ans! Quelle horreur! Serge Latouche a parlé de ce que deviennent ces téléphones jetés, ces enfants qui vagabondent dans les décharges à la recherche du minerai rare radioactif...(voy. téléphone portable : le prix du sang africain 1/3; 2/3; 3/3; un résumé de ce documentaire diffusé sur Arte)
Dernièrement, deux rapports viennent d'être publiés, l'un du think thank Terra Nova et l'autre des Amis de la Terre.
Cinq pistes sont avancées:
1. Augmenter de manière contraignante la durée des garanties de 2 ans à 5 ans ;
2. Obliger les producteurs à fournir des pièces de rechange de leurs produits pendant 10 ans après la mise sur le marché de celui-ci ;
3. Obliger les vendeurs et producteurs à afficher la durée de vie du produit;
4. Développer le leasing. Si les entreprises louent leurs machines et sont chargés de leur entretien, elles auront intérêt à ce que celles-ci soient de qualité et ne tombent pas en panne.
5. Autoriser les "actions de groupe", les class actions comme on dit aux Etats-Unis. C'est là un combat énorme sur le plan du droit: autoriser les actions collectives pour les questions en lien avec l'environnement!
Ces "solutions" s'apparentent à des pansements sur un chancre. Car, dans notre société, nous nous heurtons à un système schizophrénique. Le Ministre de l'Environnement dit: "préservons la planète", de l'autre, le Ministre de l'Economie dit: "il faut relancer la confiance (sic) des gens, il faut qu'ils consomment!"...
Le seule solution, plaide Serge Latouche que l'on sent fatigué de répéter inlassablement le propos: sortir du logiciel de la croissance pour la croissance. Il convient de construire l'autolimitation et la frugalité volontaire.
Suit la traditionnelle étape de questions-réponses.
Se déroule un dialogue de sourds, par questions-commentaires interposés, entre une militante claire de la décroissance qui parle de la taxe sur l'exportation des matières premières (dont celles du minerai radioactif nécessaire pour fabriquer des téléphones portables, le coltan) et une jeune femme du public, propre sur elle, et particulièrement loyale envers son employeur qu'elle a à coeur de défendre : la Commission européenne (DG des matières premières)...Cette participante observe qu'on est dans une société capitaliste, que ce faisant, augmenter les taxes engendrerait une flambée des prix et, partant, un manque de concurrence de l'industrie européenne...un dialogue de sourds.
Latouche ne prend même pas la peine de commenter l'intervention de la dame.
Sur la croissance, l'intellectuel précise qu'il n'y a rien de pire que l'absence de croissance dans une société de croissance.
Et Serge Latouche d'énoncer 3 mesures qui devraient être mises en oeuvre. Mais, on sent que ce dernier n'y croit plus :
1. Relocaliser les activités. Appliquer un protectionnisme intelligent (pas le protectionnisme qui consiste à subsidier notre agriculture industrielle pour en inonder les marchés des pays pauvres);
2. Oeuvrer à un vaste plan de reconversion écologique de l'agriculture, de l'énergie, des moyens de transport;
3. Réduire les horaire de travail.
A quelqu'un qui lui demande que faire quand la catastrophe arrivera, l'orateur répond que la catastrophe est déjà là. Et l'homme de citer Guillaume d'Orange: "Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer".
Quant à la création d'un parti politique pour la décroissance, Latouche n'y est pas favorable. La politique, il nous encourage à y participer mais précise-t-il, elle ne se réduit pas aux partis politiques, ni à vouloir participer à un gouverment. Il invite les citoyens à se mobiliser pour contraindre le politique à se mouvoir dans le bon sens.
Sur ce point, je crois cette tentative vaine...mais bon, c'est mon point de vue.
Pour conclure, je trouve que la citation "Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer" sied le mieux à l'état d'esprit de Latouche. Et je le partage. Comme lui, et comme Paul Lannoye qui a insisté sur ce point, j'estime que la catastrophe est déjà là. Pourtant, cela ne signifie pas qu'il ne faut rien tenter...des sparadraps sur des plaies béantes.
Avertissement: ce "compte-rendu" est, comme tous mes comptes-rendus, partiel et partial.
28 commentaires -
Par Den le 15 Mai 2013 à 16:53
Dans les recettes pour faire soi-même ses peintures (pour enfants - doigt), il faut ajouter des colorants alimentaires. Je ne me résous pas à cette solutions. Voici une autre piste pour teindre ses peintures:
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Par Den le 13 Mai 2013 à 16:57
Lu sur Le Soir:
CO2: «Le monde est entré dans une nouvelle zone de danger», estime l’ONU
Rédaction en ligne
Mis en ligne il y a 3 heuresLe taux de concentration de CO2 dans l’air a dépassé le seuil symbolique des 400 parties par million (ppm), un niveau inégalé depuis des millions d’années. L’ONU est inquiète.
La transformation de notre planète vue par Google
Google a lancé le week-end dernier un nouveau service répondant au nom de Google Timelapse, et qui permet de suivre l’évolution de la Terre, année après année, grâce aux cartes satellites du géant du Web.
http://geeko.lesoir.be/2013/05/13/la-transformation-de-notre-planete-vue-par-google/
Voici la réflexion que que ces infos m'inspirent:
"
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Par Den le 13 Mai 2013 à 16:49
source: Fédération Inter-Environnement Wallonie
28 mai – Procès de patates : “L’avenir de notre nourriture – tous ensemble expert”
Fil d’infos - 13 mai 2013 - OGMRendez-vous le 28 mai 2013 - 9h -17h - Justititieplein – Grote Markt, Termonde pour la suite du procès des 11 de Wetteren.
Mardi, le 28 mai, les 11 activistes seront de nouveau devant le tribunal dans le procès « du 11 de Wetteren ». Il y a exactement deux ans, les accusés ont participé au fauchage de quelques pommes de terre génétiquement modifiées à Wetteren pour attirer l’attention sur les problèmes, et les conséquences liées à l’introduction des OGM dans l’agriculture et la chaîne alimentaire. Les partisans des OGM-patates se présentent régulièrement comme les experts comme eux seuls savent ce qui est bien pour l’homme et l’environnement. Il est temps d’établir la fausseté de ce mythe.
En effet, nous faisons appel à vous, activistes, paysans, maraîchers, apiculteurs, scientifiques critiques, artistes et citoyens préoccupés pour se rassembler le 28 mai au tribunal, et s’inspirer les uns et les autres avec vos questions, vos idées, votre savoir-faire. Ensemble nous avons l’expertise pour imaginer et construire une agriculture sans poison, ni OGM.
Tandis que les accusés patatistes essayent de convaincre les juges, à l’intérieur du tribunal, que leur action directe était souhaitable, et même nécessaire, nous nous réunissons à l’extérieur pour une « Publieke Expertise Publique ». Nous dressons le bilan de l’état des lieux actuels, autour « de tables rondes ». Nous partageons nos idées et stratégies sur les changements nécessaires. Des sujets comme l’indépendance de la recherche, la lutte contre les OGM, la criminalisation de l’activisme seront abordés. Bref, nous commençons à renforcer le mouvement ! Une journée à marquer au fer blanc !
Programme :
9.00 Accueil et café + Apportez vos patates de toutes les formes et de toutes les couleurs pour la bourse d’échange de patates
10.00 Ouverture du procès au Tribunal de Termonde10.30 PubliekeExpertisePublique (Grote Markt 16 – salle au 1e étage)
13.00 Lunch prévu avec Kokerellen
14.00 Tables Rondes
Criminaliser les actions contre les OGM ne mettra pas fin au débat, cela ne fera que le nourrir
Plus d’info : fieldliberation@gmail.com, www.fieldliberation.org
Numéro de compte : BE59 5230 8045 6626 au nom de « Crop Resistance » (Triodos
Information pratique
En train : de Bruxelles-midi à 8h21, arrivée à Termonde à 8h53 + 10 minutes à pied
De Liège à 7h05, arrivée à 8h53
De Namur à 7h20, arrivée à 8h53
lire aussi un article de deux juristes publié dans Knack, un hebdomadaire flamand, et traduit par le site précité en français: ici.
Un procès équitable pour les 11 de Wetteren
Fil d’infos - 2 avril 2013 - OGMLes onze militants écologistes qui ont été condamnés à des peines de prison pour la destruction à Wetteren d’un champ de pommes de terre génétiquement modifiées, vont comparaître à nouveau devant le tribunal. La séance devait se tenir ce mardi 2 avril, mais a été reportée. D’aucuns disent que ce serait entre autres suite à la parution d’un article dans Knack, article rédigé par de deux professeurs d’université, spécialistes en droit des technologies et des sciences et en droit humain. Il s’agit de Serge Gutwirth et Dirk Voorhoof qui espèrent que cette fois, les militants auront un procès équitable. Nous vous proposons une traduction de l’article du Knack.
Une journée d’action était organisée le 29 mai 2011 contre l’expérimentation d’un champ de pommes de terre génétiquement modifiées, sur le terrain de l’Université de Gand, à Wetteren. En fin de journée, le champ a été pris d’assaut. Il fut ravagé et plusieurs policiers furent légèrement blessés suite à des échauffourées avec les manifestants. Des poursuites judiciaires ont été engagées à l’encontre de 11 militants pour actes de vandalisme, agression et complot. Cette affaire a été abordée le 15 janvier par le tribunal correctionnel de Termonde.
Les accusés et leurs avocats étaient présents au tribunal, avec des centaines de sympathisants : de nombreuses photographies ou vidéos attestent de la chose. Dans son jugement, le tribunal écrit pourtant que les accusés « n’ont pas comparu, ni même personne en leur nom », et qu’ils ont donc « manqué à l’appel ». Une position étonnante. Les avocats et les accusés étaient bel et bien présents mais ils ont quitté en cours de séance parce que le tribunal refusait de visionner des images qui pouvaient montrer une version différente de ce qui a été mis à la charge des prévenus dans le procès-verbal de la police. Le tribunal a également refusé d’entendre en tant que témoin les spécialistes sur les organismes génétiquement modifiés. Pour prouver que leur action était nécessaire pour préserver l’intérêt collectif (santé, environnement, agriculture ou la démocratie participative), les militants avaient en effet mobilisé des experts pour appuyer leur position au tribunal. Par ce refus, la cour a remis en question une stratégie de défense légale et légitime, ce qui équivaut à une violation des droits de la défense.
Pour protester les activistes ont quitté la salle ce qui fut traduit dans le jugement par « une absence de la défense ». Comme si aucune défense n’avait été apportée ! Cela constitue bien une déformation pour le moins grossière de la réalité. Un parti pris qui, par ailleurs, fut déterminant pour le reste de la séance : les juges ne se sont pas souciés, comme c’est apparemment habituel dans les jugements par contumace, des arguments et moyens de la défense. Le tribunal a pris pour argent comptant la version du ministère public et est arrivé pour chacun des onze accusés à la conclusion que les faits sont prouvés de manière « claire » ou « sans doute possible ». Mais les tribunaux par contumace sont-ils obligés de suivre avec résignation le ministère public, comme s’il n’y avait aucune autre partie ? Non, bien sûr que non ! Certainement pas quand il y a un dossier bien fourni avec des conclusions disponibles, dont le juge prend connaissance avant l’audience. Dans ce cas, prétendre que la défense était absente ne témoigne pas vraiment d’un engagement particulier pour une justice précise et de qualité.
État d’urgence et liberté d’expression.
La constatation d’une infraction n’est qu’une première étape. Se pose ensuite la question de savoir si l’infraction se justifie légalement ou si elle peut être excusée, voire si des circonstances atténuantes peuvent être invoquées. De plus, la raison de la condamnation doit être motivée, conformément à la Convention européenne des droits de l’Homme, car elle constitue une ingérence vis-à-vis du droit de manifester et de la liberté d’expression des militants, répondant à un besoin social impérieux dans une société démocratique. Dans la présente affaire, cet argument est de la plus haute importance, parce que les militants s’appuient tant sur l’état d’urgence que sur les libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique (art. 10 et 11 de la CEDH).
Pour le premier point, il faut, comme affirmé, pouvoir démontrer que la valeur défendue au cours de l’action est « supérieure » à la valeur qui est atteinte par le délit. L’action sur et autour du terrain d’expérimentation n’atteste-t-elle justement pas que le débat public sur l’expérimentation des OGM débute seulement ? Qui serait au courant de l’expérimentation d’OGM en plein champ et des risques qui y sont associés, sans cette action ?Le juge ne devait-t-il pas, au moins, tenir compte de l’illégalité de l’essai en champ comme ce fut établit dans le verdict du 1er août 2012 par le président du tribunal de Gand (Prés. Rb. Gand, Greenpeace contre l’État belge et Ugent) ?
Le tribunal de Gand a déjà rendu un verdict selon lequel l’autorisation de l’essai en champ était insuffisamment justifiée, qu’elle ne prenait pas en compte les avis négatifs de certains experts, que le principe d’une étape après l’autre était négligé et qu’il ne contenait pas suffisamment de résultats en termes d’évaluation des risques pour la santé humaine et l’environnement liés à cet essai en champ. Malgré cela, le juge a considéré comme « inopportun » de mettre un terme à cet essai en l’absence de preuves concrètes de dommages réels pour la santé humaine et l’environnement, mais aussi du fait que beaucoup d’argent a été investi. Quoi que l’on pense au sujet des OGM et de leurs dangers, l’invocation de l’état d’urgence par des militants est dans ce cas un choix tout à fait légitime de la défense, qui doit pour ce faire être autorisée à apporter ces preuves et témoignages. Le refus du tribunal de Dendermonde d’entendre et d’évaluer au moins cet argument constitue une négation brutale des droits de la défense des prévenus.
Que le droit d’expression collective par le biais d’une manifestation, surtout à la lumière de ce qui précède, puisse donner lieu à certaines actions physiques, doit certainement aussi faire l’objet de débats de la part des prévenus. Même sans défense, le tribunal devait d’office envisager cet aspect, il s’agit tout de même d’un droit fondamental. Au lieu de cela, l’action politique et l’activisme environnemental sont maintenant criminalisés, au détriment de ceux qui s’opposent à un essai en champ d’essai illégal. Pour être tout à fait clair, nous ne disons pas que cela exonère automatiquement les onze militants. Mais ce contexte est important et doit au moins être inclus dans les considérations et le verdict final des juges.
Gang
Que le tribunal correctionnel de Termonde ait finalement condamné les onze écologistes pour « association de malfaiteurs » est alarmant. Le droit pénal doit être interprété de façon stricte et restrictive. Jusqu’à présent, il est aussi surveillé avec attention, comme dans les conflits sociaux au cours desquels les militants enfreignent les lois et provoquent des dommages. Dans de tels cas, l’association de malfaiteurs est laissée dans le tiroir ou est rejetée par les tribunaux. C’est ce qui s’est passé avec des militants de Greenpeace qui furent poursuivis à la suite d’une plainte déposée par Electrabel et d’autres acteurs du secteur.
Il est remarquable que la Cour de Termonde estime que, dans le cas des militants de Wetteren, il est question d’association de malfaiteurs criminelle. Alors que le jugement stipule qu’il y a eu une concertation préalable entre les organisateurs de la manifestation, la police et le bourgmestre, et que cette concertation s’est prolongée lors de la journée d’action. Nous ne pouvons qu’espérer que la police et le système judiciaire procèdent autrement avec les véritables gangs de criminels...
Le 2 Avril (cette date est reportée depuis NDLR), le procès des onze sera relancé. Il s’agira là d’un nouveau test pour la justice belge. Les juges opteront-ils pour la répression, la protection aveugle d’un essai en champ illégal et les intérêts connexes de l’agro-industrie ? Ou procureront-ils cette fois aux militants une chance équitable pour justifier leur action ou l’excuser dans le cadre d’un débat sociétal important sur la santé publique, l’environnement et les libertés politiques ? Les juges ont également la possibilité de ne pas stigmatiser les jeunes militants comme des membres d’associations criminelles et de retirer les peines totalement disproportionnées allant jusqu’à l’emprisonnement.
Serge Gutwirth est professeur à l’université et directeur du groupe de recherche, Droit, Science, Technologie et Société.
Dirk Voorhoof est professeur à l’Université de Gand, membre du Centre des droits humains et de la Ligue des droits de l’Homme.
Source : Speakers’ Corne, publié dans Knack, 27 Mars 2013, p 92-93
Traduction par Lionel Delvaux, chargé de mission « ruralité » chez Inter-Environnement Wallonie. Le texte original étant assez technique, la rédaction s’excuse pour les éventuelles imprécisions dans la traduction.
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Par Den le 12 Mai 2013 à 23:33
Il fait froid. La pluie tombe. La neige s'installe. Le vent souffle.
Et un enfant qui tourne en cage. Tel un lion sauvage. Où aller? Quel lieu pour un accueil gratuit, ou presque, dans un endroit chaud?
La maison verte est fermée. Les plaines de jeux sont infréquentables par ce temps. Au rendez-vous: froid, glacial, pluie, neige, humide ou vents.
Devinez où nous avons atterri, maintes fois, dans un tel scénario?
Au shopping! [ la honte, quand même ]
Ben, oui, il y a de l'espace (si pas trop de monde, autrement dit, à oublier en période de soldes), c'est chauffé, il ne faut pas réserver, c'est "gratuit" (on paie quand même en publicité aguichante et en injonctions à consommer), on y va quand on veut, et on en repart à l'heure que l'on veut.
Par contre, si on est dimanche, laissez tomber. Il n'y a rien (on a quand même quelques fois atterri au shopping, en dernier recours pour laisser le lion courir). Certes, il y a les musées. Mais la dynamique n'est pas la même; puis le prix, mais surtout les heures d'ouverture, sont, pour certain-e-s, dissuasifs.
Je rêve d'un lieu tel les maisons vertes qui soit ouvert à des horaires élargis, à un prix très démocratique (3 euros par visite et par famille aux maisons vertes), où il n'est pas nécessaire de prévenir, de réserver, où on peut rester le temps que l'on veut, où l'on peut arriver quand on veut, partir quand on veut, où l'accueil est de qualité! Des maisons vertes, il devrait en exister plus.
En fait, en complément aux maisons vertes, il devrait exister des plaines de jeux couvertes, conçues et entretenues par les pouvoirs publics.
Et, à l'heure où j'envisage de déscolariser mon fils, mais hésite par peur de manquer de temps pour moi, je rêve d'un tel lieu pour les enfants de 0 à 6 ans, où il est possible de laisser son enfant quelques heures, le temps de souffler, le temps de mener un activité personnelle (faire une sieste, c'est une activité personnelle ), le temps de faire le ménage, le temps de faire une ou deux courses...La Maison des Potentiels revêtait quelques caractéristiques de ce rêve. Mais ce projet n'est plus est en attente de parents intéressés, puis, il était loin de chez nous.
Un tel lieu aurait du mal à exister...sans subside, il est juste "pas rentable". Impossible de payer un loyer avec les 3 euros demandés aux familles, sans assurance du nombre de rentrées par jour, par semaine, par mois. Quant à payer une ou deux personnes pour assurer cet accueil, c'est juste impossible.
Même la gardienne de notre fils/fille qui demandait 680 euros pour un temps plein n'arrivait pas à joindre les deux bouts. Les sommes demandées recouvraient à peine le loyer et son salaire brut.
Tout le monde tire la sonnette d'alarme. Depuis longtemps. La dernière alarme que j'ai lue est actionnée dans En marche, le magazine de ma mutualité dans un article intitué: la galère des parents et des milieux d'accueil (à lire ici)
Sur le terrain, pendant ce temps, beaucoup de responsables de milieux d’accueil collectifs bricolent, s’épuisent à chercher d’autres sources de subventions (notamment auprès des Régions via des aides à l’emploi) pour compenser ou compléter les subventions de l’ONE, insuffisantes pour faire face aux frais. Les services d’accueillantes d’enfants conventionnées sont confrontés, quant à eux, à d’énormes difficultés dont la moindre n’est pas de recruter des candidats pour compenser l’hémorragie dans les effectifs. En cause? Des prestations mal rémunérées. Une charge de travail et des horaires très lourds. Des exigences et responsabilités multiples (notamment en matières de sécurité) qui pèsent sur leurs épaules. Et un statut social toujours incomplet malgré les promesses politiques.
Quant aux accueillantes indépendantes et maisons d’enfants qui ne bénéficient d’aucune subvention de la part de l’ONE, beaucoup sont à la limite de la viabilité financière pour faire face à leurs obligations, malgré la fixation de tarifs plus élevés que dans les milieux agréés et subventionnés.
Si l’on ajoute à ce tableau les défauts de paiement croissants dans le chef de parents ainsi que les exigences parfois complètement démesurées en matière d’hygiène imposées par l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), on comprend aisément que l’accueil de la petite enfance soit non seulement un secteur non rentable mais dont la survie est clairement menacée..
A la lecture de ces mots, je me suis reconnue, évidemment:
"Ce contexte de pénurie oblige les parents – et en particulier les mères – à recourir au plan D comme débrouille en attendant qu’une place se libère : appel aux grands-parents, prolongation du congé de maternité par un congé parental, jonglerie entre les horaires flexibles et les congés, voire décision d’arrêter de travailler…"
"Pour une fréquentation à temps plein, le coût peut atteindre 800, voire 900 euros par mois."
De quoi se demander pourquoi on travaille... Devoir jongler avec vie personnelle, familiale, et professionnelle, tout en sachant que bien la moitié de son salaire va servir à payer la personne qui garde son enfant...Et que malgré cela, on ne parvient pas à prester correctement ses heures, comme on dit.
“Il est étonnant de constater comment notre société, toujours d’une sensibilité à fleur de peau sur le choix de l’école, s’accommode du manque de places d’accueil pour la petite enfance. Comme si c’était normal et inéluctable”, s’offusque la Ligue des Familles.
Alors, il va de soi, qu'une fois que des parents ont une place, ils ne sont pas en position pour se plaindre de la qualité de l'accueil. De quoi se plaignent-ils, ses parents, ils ont une place! Anne Teheux le dit à sa manière:
“La situation est intenable pour tout le monde. Les parents n’ont quasiment pas la possibilité de choisir le type ou le lieu d’accueil qui correspond à leurs moyens financiers, à leurs besoins et encore moins à leurs souhaits en regard, notamment, du projet d’accueil et de critères de qualité. Comment voulez-vous, dans ce contexte, que les choses se passent sereinement?”, accuse Anne Teheux, responsable de la Fédération des services maternels et infantiles qui chapeaute les services d’accueillantes conventionnées de Vie Féminine.
Je hurlais déjà ma colère il y a peu avec ce Coup de gueule.
Et rappelons que :
"En moyenne, le taux de couverture (c’est-à-dire le rapport entre le nombre d’enfants et le nombre de places d’accueil), s’élève à 28,2% pour la FWB. Ce taux se situe en-deçà de l’objectif européen de 33% que les Etats-membres de l’Union européenne se sont fixés en 2002 à Barcelone, et engagés à remplir à l’horizon 2010. Cet objectif, faut-il le préciser, s’intègre dans l’optique purement économique de permettre aux parents d’accéder et de se maintenir dans l’emploi."
Depuis que j'ai conscience que tout notre petit monde tourne autour du travail, pour que les gens gagnent un salaire qui leur permettront de consommer, je nourris un certain dégoût vis-à-vis du travail. De manière générale.
Lorsque je lis ces mots limpides d'Olivier Deschutter, Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, dans un journal découvert lors de la conférence de Serge Latouche (compte-rendu un de ces 4), Ka!ros, je me sens confortée dans ma décision de m'arrêter, de prendre le temps. Sous le titre de "Homo consumens: les conditions anthropologiques de la décroissance", voici quelques idées de la plume d'ODS:
"Tant qu'il [l'individu] thésaurise en vue d'un avenir qu'il prépare et auquel il sacrifie son présent, il lui est permis de ne pas se prononcer sur le type d'existence qu'il veut mener. Cette thésaurisation, cette accumulation, c'est donc aussi un moyen commode de compenser un manque d'imagination: si l'on accumule, c'est parce qu'on ne sait pas comment dépenser. Nous errons dans la vie sans but: alors, accumulons, car un jour peut-être, nous saurons que faire de cet argent amassé".
"le capitalisme pour survivre doit brouiller la frontière entre besoin et désir. Il doit créer des besoins artificiels afn que le travailleur fasse le choix de travailler toujours plus."
Travailler toujours plus pour se payer quelques moments de vacances.., j'en ai parlé ici.
Une de mes collègues m'expliquait qu'en semaine, elle voyait son fils maximum une heure par jour. A la question de savoir si cela lui convenait, elle m'a répondu que ce rythme soutenu était possible grâce à des congés qu'elle prenait, et que ceux-ci devaient au moins durer 3 semaines, afin de décompresser. Autrement dit, son quotidien est une course interminable, du matin au soir, avec une organisation hors pair entre son mari et elle, le tout pour voir son fils une heure par jour et pour souffler une ou deux fois par an, 3 à 5 semaines...! Cela donne vraiment à réfléchir, non? Et elle n'avait pas l'air de trouver cela illogique ou anormal...
Olivier De Schutter, dans le même article, donne quelques pistes d'action. A l'instar d'une ou des contributions dans Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public [2011] * , ODS appelle à une politique de la socio-diversité, terme qu'il emprunte à Christian Arnsperger.
En substance, j'en retiens que la société et le politique doivent encourager les formes de vie alternative. Cela passe bien sûr par des projets, comme l'ensemble des modes de vie relatés dans Les sentiers de l'Utopie d'Isabelle Fremeaux et John Jordan **. ODS explique au moins trois raisons qui militent pour encourager des expérimentalismes locaux. L'une d'elle m'a frappée:
"ces micro-projets peuvent compenser en partie notre incapacité à imaginer d'autres manières d'occuper nos loisirs que par la consommation".
Sont cités: les circuits d'alimentations courts (GASAP, GAC, etc.), les SEL, les mouvements de simplicité volontaire, les jardins communautaires.
Autrement dit, quand je suis au Champ des cailles, je ne consomme pas!
"André Gorz relevait que nous avons investi dans des technologies qui libèrent du temps, mais que nous ne savons que faire de tout ce temps libéré. La consommation sans fin devient un substitut à cette absence d'imagination. [...] 'nous avons été trop longtemps dressés à payer et non à jouir ' [Keynes dans un texte de 1928]". ODS
Ce constat du RS pour l'alimentation rejoint Louis LOURME,...A défaut d'imagination, les gens se plantent devant la télé pour consommer des images. Ce faisant, ils se dispensent de penser, de critiquer et de participer à la société.
Donner du temps...prendre le temps...pour participer à l'innovation sociale (4ème proposition d'ODS dans son article)...J'y aspire, à mon humble échelle, en prenant un temps de pause pendant une bonne année.
Alors que, pour ma part, j'ai toujours trouvé un sens à mes activités professionnelles, le fait de m'être ouverte à cette lecture de la soci été via le prisme du travail a clairement fait naître en moi le besoin de prendre du recul avec le travail. D'où mon année sabbatique.
J'aspire à contribuer à la création d'un lieu affranchi de toute considération marchande, toute considération de rentabilité (à l'image des maisons vertes) qui permettrait aux parents un temps de respiration. Se séparer un temps de ses enfants pour être réellement disponibles quand ils sont là. Voilà un défi qui promet une aventure passionnante.
Alors, avec moi? Si cela vous dit, regroupons nos forces et nos idées!
Comment? Innovons.
**********************************************
******************livre dont je parle souvent, et que vraiment, je vous recommande. Christian Arnsperger a contribué au livre Redéfinir la prospérité (je l'ai prêté, je ne pourrai pas citer ici les passages intéressants de son article).
** On y découvre un habitat groupé qui pratique la permaculture: Lanmatters (au Royaume-Uni). Malgré leur mode de vie extrêmement simple, leur empreinte écologique dépasse une planète terre, en raison pour l'un de sa consommation occasionnelle de viande, et pour un des couples un voyage en avion pour rendre visite à la famille tous les 2 ans (de mémoire). Ce constat était tout simplement affligeant, vu le mode de vie extrêment rudimentaire. Malgré cela, leur empreinte excédait ce que la Terre pouvait supporter Cette prise de conscience fut un choc pour les auteurs du livre, et a laissée perplexe, songeuse et découragée la lectrice que je fus...PS du 14 mai '13:
"N'ayant pratiquement jamais possédé de voiture au cours de ma vie, m'approvisionnant rarement en supermarché, essayant autant que possible de manger local, achetant la plupart des choses d'occasion et n'ayant pas pris l'avion depuis 2002, je pensais que mon empreinte [écologique] serait inférieure à la moyenne de celle des citoyens britanniques et que celle de Landmatters serait minuscule en comparaison. Pour la plupart des Européens, l'idée de vivre comme eux, sous de la toile de bâche, sans machine à laver, ni réfrigérateur, ni eau courante est impensable (même si la génération de mes parents a été élevée sans rien de tout cela). Cela sent trop le puritanisme écologique ou la vie dans le tiers monde. Pourtant, le calcul de l'empreinte écologique de Landmatters a ontré que même eux dépassaient la limite d'une planète, de 0,3. L'empreinte moyenne des membres de la communauté représente 46% de celle d'un citoyen britannique, mais si tout le monde vivait sur terre comme Landmatters, il manquerait quand même encor eun tiers de planète!
En fait, ce qui a fait monter leur moyenne est que l'un d'entre eux mange parfois de la viande biologique. Or les régimes carnés nécessitent sept fois plus d'espace agricole que les régimes végétariens. De plus, deux d'entre eux prennent l'avion une fois par an avec leur bébé pour rendre visite à leur famille en Allemagne. Cependan, même avec ces quelques aberrations, le résultat de l'analyse a été un choc pour moi. Comment notre société pourra-t-elle cdonc atteindre la soutenabilité si des gens avec des styles de vie aussi simples dépassent quand même la capacité d'accueil de la planète?" (pp. 79-80)
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