• Mes impressions sur l'école de mon fils ne s'améliorent pas.  Nous en sommes à nous demander si nous pouvons nous permettre de le déscolariser...


    Parallèlement à cette idée, nous espérons nous investir dans un projet de création d'école dans notre quartier...A suivre. 

    Pour l'heure, je lis ceci (dialogue entre l'auteure, Antonella Verdiani et François Meroth, Président de l'Association "les Amis et les Défenseurs de l'Ecole publique"plus bas)

    Ces écoles qui rendent nos enfants heureux.  Pédagogies et méthodes pour éduquer à la joie d'Antonella VERDIANI

     

     

    Ces écoles qui rendent nos enfants heureux.  Pédagogies et méthodes pour éduquer à la joie d'Antonella VERDIANI

     

     

    PS 31-10-2012

    Je viens d'en terminer la lecture.  C'est un livre positif, optimiste.  J'ai parfois ressenti quelques irritations dans ce "tour du monde" "idyllique" des écoles alternatives, mais cela tient de ma personnalité particulièrement critique vis-à-vis du monde Bisounours...


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  • Dans la même veine que mon constat par rapport aux jeux éducatifs, ce titre m'a interpellée.  Et j'ai tellement bien aimé que je l'ai aussi acheté:

    [2012-09-11]  Laisse-moi jouer...J'apprends


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  • Magnifique hochet, n'est-il pas?  Notre fille l'a reçu ce we.  Je le trouve sublime.  L'idée vient de ce livre:

     

    Les enfants photographiés dans ce livre viennent de cette maman qui tient un blog, référencé dans "Inventaire de liens".  Je me disais bien que la tête de ce bébé et cette petite fille me disaient quelque chose...

    Du coup, hier, je l'ai acheté...Et comme j'ai du mal à me réfréner en ce moment (frustration des nuits qui sont hachées depuis 2 semaines), j'ai poussé le vice jusqu'à acquérir

    Très chouette, beaucoup d'idées faciles et pas chères, je recommande.



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  • Plein d'humour...Je viens de passé un bon moment, à l'ombre dans le jardin, à parcourir ce bouquin...Les illustrations s'apparentent au style de Philippe Corentin, dont nous possédons et apprécions deux livres: Papa! (très très chouette car on voit que le monstre n'est pas toujours/seulement celui que l'on croit) et Mademoiselle Sauve-qui-peut.

    [Rajout du 18-08-2012]

    Cela me rappelle le fils d'une copine.  Il devait avoir dans les 2 ans.  Nous sommes tous les trois dans l'eau, ma copine, son fils et moi.
    A un moment, nous nous disons que là, le gamin n'avait plus pied.  Ni une, ni deux, le voici qu'il lève ses pieds (il était porté par sa maman) et nous rectifie: "si, j'ai encore mes pieds".;-)

    Ce matin, j'ai souri en pensant à l'illustration que donnerait les expressions: " pétant de chaud" (car en ce moment, en Belgique, c'est le climat dont nous jouissons, il fait extrêmement chaud, comme j'aime à "corriger" mon fils); ou "crevant de chaud".

    Intéressant donc, que cette distance par rapport à des expressions sur lesquelles nous ne réfléchissons plus tellement nous avons intégré le sens imagé...A vos souvenirs et mémoires pour d'autres expressions de ce genre...!


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  • Comment ne pas parler du dernier opus de ma belle-soeur?  Reçu hier, lecture terminée hier soir.

    Adaptation en BD du livre de Chloé Aridjis.  Ma belle-soeur s'est installée à Berlin près d'un an pour s'imprégner de l'ambiance de cette ville pendant la conception de son travail.  BD qui se lit d'une traite...Dont la chute est un peu brusque.  Pour moi, je ne lui trouve pas d'explication, ni de sens.  Mais qui a dit que tout, dans la vie, avait un sens?


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  • Aldo NAOURI, Les Belles-mères.  Les beaux-pères, leurs brus et leurs gendres, Paris, Odile Jacob, 2011.

    Pfff.  Le sujet du titre m'intéresse au plus haut point...Mais, pour avoir lu, sans sauter une ligne, les 145 sur les 304 pages que comptent ce livre (sans l'annexe, lue également, soit dit en passant), et que l'auteur n'a toujours pas abordé le vif du sujet, franchement, j'ai un léger (léger, hum, euphémisme) sentiment d'avoir été trompée sur la marchandise.  Certes, j'avais feuilleté ce livre, certes, je n'avais pas été convaincue. 

    Toutefois, le sujet m'intéresse tellement, et il est peu écrit, du moins, nos librairies ne regorgent pas de livre sur cette question, pourtant classique (relations mère; belle-mère - vous comprendrez que c'est un sujet qui me taraude personnellement) qu'à force de le voir me faire de l'oeil en rayon, j'ai fini par céder et par l'acheter.  Et même par le lire.  Mais, là, j'avoue, je crois que je vais en abandonner la lecture.  Si quelqu'un veut s'y frotter, qu'il me contacte.  Des livres, cela se prête, voire donne, pour certains...


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  • J’étais en première candi (pour les non-Belges, première année d’université) quand j’ai entendu parler pour la première fois d’Elisabeth Badinter et de sa thèse qui niait l’instinct maternel.  A l’époque, cette révélation par mon professeur de sociologie m’avait beaucoup parlé.  Parce qu’elle détonait parmi le discours que j’avais toujours entendu – en cela, je l’admirais-, elle m’était restée : l’instinct maternel n’existe pas.  La preuve, pendant longtemps, et de manière généralisée et acceptée socialement, les femmes françaises confiaient ou plutôt, envoyaient leur bambin à des nourrices payées pour s’en occuper à résidence.  Comment une société et une mère pourraient-elles accepter cet « abandon » si l’instinct maternel était ?  Bien que cette phrase « l’instinct maternel n’existe pas » me soit restée, je n’ai jamais eu l’envie de creuser ce thème plus profondément.  Et aujourd’hui, même après être devenue maman, je continue à trouver cette question profondément sans pertinence.  Soit.  Il n’existe pas.  Et ?  Ou, si, il existe.  Et ?

    Quand le dernier opus d’Elisabeth Badinter fut annoncé, j’ai d’emblée trouvé le sujet intéressant.  Le titre me parlait : Le conflit.  La femme et la mère.  Quelle femme n’a-t-elle pas un jour été confrontée à la question de son identité de femme, une fois devenue mère ?  Et oui, je ne trouve pas exagéré de parler en termes de « conflit ».  Quand je découvris, par des comptes-rendus vaguement lus en diagonale, que Badinter s’en prenait aux couches lavables (ce fut le premier angle qui a attiré mon attention sur son livre), et aussi aux femmes allaitantes, je n’ai toujours pas eu l’envie de consacrer mon temps à la lire. 

    En définitive, c’est le court commentaire de Gridouillis qui m’a incitée à acheter le bouquin, avec son appel : «  Et , mesdames ( ce sont souvent les plus virulentes!), lisez le livre avant de le critiquer !!!! ».  Alors, ça y est, je m’autorise à le critiquer, maintenant que je l’ai lu.

    Il m’aura fallu à peine quatre heures pour le parcourir.  D’emblée, je préviens, ce n’est pas parce que le livre est passionnant que ma lecture fut rapide, c’est que j’étais pressée de le commenter.   Badinter, ou plutôt, ses idées ne me sont pas sympathiques et surtout, je ne vois pas du tout où elle veut en venir…

    A mon sens, si on parle autant de ce livre, c’est parce qu’il a été écrit par Badinter.  Point.  Ce bouquin ne présente rien qui ne soit ou percutant, ou intelligent, ou innovant. 

    De prime abord, je suis favorable à tout discours qui anéantit la culture ambiante de la maternité heureuse.  En ce moment en Belgique sort le film Un événement heureux, tiré du livre éponyme d’Eliette Abécassis.  J’adore l’idée de ce livre qui consiste à démonter cette image disneylandienne, bisounours, de la grossesse heureuse, de la maternité radieuse….Je honnis ce genre de discours.  Malgré cela, je ne parviens pas à me résoudre à lire ce bouquin dont j’ai feuilleté quelques pages en librairie.  Je n’accroche pas. Question de goût personnel.

    C’est dire qu’a priori, j’accueille avec ferveur un livre qui démonte toute propagande pour la mère heureuse qui vient d’accoucher.  Je trouve cette image fausse, mensongère, véhiculée par une presse gourmande d’images glamour et par une société qui veut, dans son conscient et son inconscient collectifs, nourrir cette image de la mère rayonnante qui a accouché.  Cette image ne prépare pas les femmes à la réalité de l’après-accouchement.  Ca, c’est une réalité.  Les nuits blanches, la fatigue extrême, l’expérience de n’être plus que mère (ou père – ici, je ne prolongerai pas mon propos sur la paternité).  On ne vous demande plus comment vous vous appelez, on vous nomme en tant que « maman de… ».  Les nuits blanches, et la fatigue, sont à mon sens sous-estimées tant la société préfère nourrir le mythe de la mère heureuse.  Et si on la sent désemparée, on met rapidement cela sur le compte du fameux « babyblues ».  Alors qu’à mon sens, la vérité est claire : faire un enfant est fatigant, l’après-accouchement est épuisant, de sorte que la découverte de la réalité, des changements peut légitiment entraîner la déprime.  Que l’on dise et écrive clairement, haut et fort, que toute mère expérimente, un jour, l’envie de jeter son enfant par la fenêtre afin de pouvoir dormir en paix.  A la mère qui ose se plaindre de la fatigue, l’entourage aime à rétorquer (je pense en particulier à ma chère belle-mère) : « oh, mais c’est tellement de bonheur ! ».  Mais non, justement, si on s’en plaint, c’est que ce n’est pas tellement de bonheur.  Ils sont sourds, ma parole !  Non, et trois fois non. 

    En outre, ne pas dormir des nuits complètes pendant des nuits et des nuits, entraîne une fatigue qui déteint forcément sur le couple parental.  Les tensions naissent, s’insinuent.  Le soutien si précieux de l’autre devient aléatoire au gré des disputes qui ne manquent pas d’apparaître, à mon sens, en grande partie, à cause de la fatigue.  A cela s’ajoutent les conflits que peut générer la fonction éducationnelle (il s’agit pour 2 adultes de se mettre d’accord sur la façon d’accueillir et d’éduquer un tiers sur lequel ils ont autant de droits et de responsabilités)

    Bref, tout livre qui vise à écorner l’image idyllique de la mère rayonnante au retour de la maternité reçoit ma gratitude.  Le livre de Badinter ne parle pas de cela même si elle cite souvent d’autres mamans qui l’ont fait[1].

    Premièrement, je me sens visée par ce livre.  En effet, Badinter critique la pensée dominante (dominante selon elle) « naturaliste ».  Elle regroupe toutes celles qui prônent un accouchement physiologique (vous observerez que je parle de « physiologique » et non de « naturel », je m’en explique un peu plus loin), l’allaitement, les couches lavables, le cododo, etc.  sous cette étiquette de « naturaliste ».

    Déjà, me ranger dans une catégorie qui porte le nom de « naturaliste », je ne supporte pas.  Certes, si je défends le respect de la nature, je n’utilise jamais le terme de « naturel ».  La nature, on le sait, est toujours vue selon une culture.  La nature est souvent invoquée, à tort et à travers.  Et je pense souvent aux travers.  Exemple : les femmes ne pouvaient pas être avocates (voy. L'affaire Popelin, le syndrome d'un machisme qui ne dit pas son nom), ni juges, etc., parce qu’elles étaient femmes or, leur « nature » de femmes, défendait-on avec le plus sérieux du monde, ne leur permettait pas d’exercer ces métiers "naturellement " réservés aux hommes (pensez donc, elles ont des règles et donc des sautes d’humeur, et elles accouchent, donc doivent s’absenter régulièrement longtemps).  Aujourd’hui, remplacez le terme « avocat » ou « juge » par « ingénieur », « plombier », « conducteur de poids lourd », et vous comprendrez que l’argument est loin d’être désuet.

    Deuxièmement, Badinter prétend que celles qui défendent l’accouchement non hypermédicalisé, les couches lavables, l’allaitement long, le cododo, le portage (tiens, elle ne cite pas cette pratique du portage), bref, les composantes d’un maternage que je qualifierais, faute de mieux de « proximal » s’inscrivent dans le discours dominant…Alors, là, je crois que je ne vis pas dans le même monde que l’essayiste. 

    Certes, je fréquente beaucoup de personnes qui pratiquent le « maternage proximal » mais, non pas tellement parce que c’est la « norme » mais parce que je suis allée vers ces personnes-là.  Certes, il semble que les médecins et les instances défendent davantage (du moins, superficiellement) l’allaitement.  On voit aussi de plus en plus de discours favorables aux couches lavables.  Mais, ce serait se fourvoyer que de prétendre que ces discours-là relèvent de la culture ambiante.  Que du contraire ! 

    Pour ce qui est de l’allaitement maternel, je reste convaincue que la société est loin d’y être sincèrement favorable, malgré les exhortations des autorités.  Combien de fois ne me suis-je pas réfugiée en ville (à une époque pas du tout lointaine où j’étais encore accro au shopping) dans le seul magasin du centre qui offrait un lieu calme, au chaud ou au frais (c’est selon), pour allaiter ?  Parmi les mamans que je connais personnellement, avec lesquelles je partage beaucoup de points communs sur l’accouchement, les soins, l’éducation, le bio, etc., peu, vraiment peu, allaitent jusque deux ans.  Exemple, parmi les mamans passifloriennes, il y a 1 enfant de 3 ans maintenant, 2 enfants aux alentours de 2 ans (dont le mien), les 4 autres sont plus petits.  Or, des 7 enfants, le petit garçon qui a aujourd’hui 3 ans a été allaité jusqu’à ses deux ans, les deux fistons de 2 ans le sont encore actuellement.  Par contre, les autres enfants sont complètement sevrés, à l’exception d’une petite fille dont la maman me disait vouloir allaiter jusqu’à maximum ses 9 mois (de mémoire – cela fait longtemps que je n’en ai pas eu des nouvelles). 

    Conclusion : même parmi les pro-allaitement, qui, certainement, allaitent plus longtemps que la moyenne, celles qui pratiquent réellement un allaitement long (je qualifierais d’allaitement long, celui qui dure au moins jusque deux ans) sont rares.  Autrement dit, si le discours officiel est favorable à l’allaitement, il me semble patent que la culture dominante dans la pratique n’est toujours pas en sa faveur.  Les femmes qui allaitent après un an (surtout après que l’enfant ait fait ses premiers pas ; encore plus quand il parle) sont priées d’adopter une certaine réserve.  En gros, passé un certain cap, si tu allaites, fais-le en cachette.

    D’un autre côté, soyons honnêtes, je me retrouve dans certains propos de Badinter.  Mais c’est sa manière de les écrire, et les conclusions qu’elle en tire, et sa mauvaise connaissance de ce dont elle parle qui me hérissent le poil. 

    Exemple : l’allaitement à la demande.  « Prôner l’allaitement à la demande aussi longtemps que l’enfant le désire revient tout simplement à priver la femme de son temps à elle ». 

    C’est vrai qu’à lire tous les manuels, même les plus classiques, il y est fortement question de l’allaitement à la demande.  Alors, tout dépend de qu’il y a lieu d’entendre par ces termes.  Il y a des naïves femmes qui le prennent relativement au pied de la lettre. 

    Après avoir constaté mon impossibilité d’assurer un service à la demande, j’en suis arrivée à la conclusion que, malgré toute ma conviction pour l’allaitement à la demande, je ne pouvais pas offrir cela à mon enfant.  J’avais donc pris la décision d’espacer les tétées autant que possible de quelque deux heures.  Autrement dit, au bout de quelques semaines d’épuisement, de mal aux seins, je me suis résolue à chercher une autre façon [que de proposer le sein] de répondre aux pleurs de mon bébé s’il venait à pleurer alors que la dernière tétée remontait à moins de deux heures plus ou moins.   Alors que je regrettais auprès d’Aline de mon échec à proposer l’allaitement à la demande, elle me rassura.  L’allaitement à la demande, ce n’est pas non plus un allaitement systématique, au moindre pleur.  J’ai lu quelque part que l’on confond souvent « allaitement à la demande » avec « allaitement systématique ».   Un allaitement est une affaire qui implique essentiellement deux personnes : la maman et l’enfant.  En tant que relation, elle se créée à deux, j’utiliserais ce mot : elle se négocie aussi à deux.  S’oublier totalement sous prétexte de faire ce qu’il y a de mieux pour son enfant, c’est contraire au message que la plupart de ces mamans, souvent adeptes de la Communication NonViolente, du moins, de l’éducation non violente pour reprendre un autre terme, souhaitent transmettre à leur enfant : savoir poser ses limites, être capable de ressentir ses envies, ses émotions et de les dire, de les poser. 

    En cela, je suis d’accord avec Badinter lorsqu’elle dit :

    «  Mais il ne suffit pas de demander au père de patienter, il faut encore que la mère ne se soit pas laissée dévorer par son enfant au point d’avoir annihilé ses désirs de femme. Or de cela, il n’est jamais question chez les partisans de la maternité radicale. Seule la mère existe parce seul l’enfant est essentiel.  La fragilité du couple, l’importance de la sexualité, qui le cimente aujourd’hui sont passés sous silence» (p. 129).

    Evidemment sous cet angle, je ne peux que me distancier des partisans de la « maternité radicale ».  Excepté les premiers mois au cours desquels il me semble inévitable que ce soit le bébé qui soit au centre de toute la vie de couple, où l’enfant l’emporte sur l’ensemble des priorités, je ne défends pas l’idée que la mère, le père, le couple, doive être sacrifié au nom du bébé.  Au contraire, et c’est un des axes que mon homme a eu l’intelligence de mettre très tôt sur le tapis, notre fils est fruit de notre amour; avant lui, il y a eu notre couple et l’amour qui l’unit.  Si tenir compte de notre Petit Prince est essentiel, indispensable, incontournable, inévitable, nécessaire, bref, une lapalissade, prendre en considération et nourrir notre individualité propre et notre couple de deux personnes adultes qui s’aiment est aussi essentiel, indispensable, incontournable, inévitable, nécessaire, si pas plus.

    De fait, je ne dois pas relever de la « maternité radicale ».  Et de fait, je me distancie de cette conception de la maternité.  Or, je suis d’accord avec l’héroïne d’Eliette Abécassis qui s’exprime en ces termes à une réunion de la Leche League (groupe que beaucoup autour de moi fréquentent mais dont je n’ai pas eu besoin, ni l’envie, j’ai trouvé autour de moi suffisamment de relais de qualité):

    « Mon expérience…Depuis que j’ai un bébé, je n’ai plus envie de vie de couple, je ne dors plus, je ne me lave plus les cheveux, je ne lis plus, je ne vois plus d’amis.  Je suis devenue mère, soit. Mais je ne savais pas qu’une mère n’était qu’une mère.  J’ignorais qu’il faillait abdiquer tous les autres rôles, qu’il fallait renoncer à la sexualité, à la séduction, au travail, au sport, à son corps, à son esprit.  J’ignorais qu’il fallait renoncer à la vie [ …].

    Tous les regards convergèrent vers moi comme si j’étais une meurtrière, ou pire une mère indigne. »[2]

    Alors, si c’est cela, faire partie de la maternité radicale, regarder l’autre qui ose dire la vérité, comme une pestiférée, clairement, je ne peux que dénoncer comme le fait Badinter (je tiens à rassurer le lecteur, la lectrice qui n’aurait pas encore fait la merveilleuse expérience de la parentalité, ce qu’énonce le personnage d’Abécassis est valable les premiers mois,…après quelques temps, variables selon les couples, cela va mieux ;-)  Sinon, oui, chacun est complètement barjot de remettre le couvert).  Toutefois, toutes celles qui sont pour les couches lavables, l’allaitement à la demande, etc., ne sont pas aussi peu enclines à la remise en question que ce que prétend Badinter, qui ne cite nulle part dans son bouquin en avoir rencontrées.  Elle se contente de sources telles que des magazines féminins (Elle, Femme actuelle, Madame Figaro, Marie-Claire, etc.  Au secours, pour une féministe, au secours !) ou d’émissions TV.  Pour une philosophe, qui se veut intellectuelle, on a connu plus sérieux.

    Dans la même veine, Badinter dénonce ce nouveau métier que constitue la doula.  Elle constate et explique ce que les parents partisans des accouchements physiologiques reprochent à la médecine (l’hypermédicalisation, le non-respect des parents, voy. pp. 50 à 55).  Mais l'auteur ne propose rien.  Au lieu de prendre au sérieux ce que de nombreuses femmes, encore minoritaires aujourd’hui, refusent, Badinter se contente d’acter « la révolte » pour ensuite discréditer cette nouvelle vague de femmes qui veulent davantage prendre leur sort en main, être actrice de leur accouchement.  Pour Badinter, ces femmes font « l’éloge du masochisme » (p. 202).  Ainsi, elle m’a fait découvrir un texte intéressant de Pascale Pontereau. 

    « Pour des femmes habituées à être en contrôle d’elles-mêmes, le cri de l’accouchement est souvent le premier qu’elles émettent depuis qu’elles sont ‘’grandes’’.  Ce cri qui permet d’évacuer des tas d’années et d’expériences refoulée.  Et si la péridurale permettait de refréner ces cris ? »[3] 

    Par la suite, Badinter discrédite les doulas.  En note 2 de la page 51, on peut lire : « Femme actuelle, février 2008.  Le tout [les services d’une doula] pour une rémunération qui tournait autour de 500 euros en 2007 ».  Alors, là, il faut que Madame Badinter  m'explique ce qu'elle a voulu signifier avec l'unique référence de tout son livre à une question financière.  A-t-elle souhaité laisser entendre, mine de rien, que les doulas ne visaient qu’à « extorquer des sous », n’avaient d’autres ambitions que celle de se faire payer ?  Parce que franchement, je ne vois pas du tout le lien, ni en quoi l’allusion à la rémunération des doulas apporte quelque chose aux propos de l’auteur.  Déjà qu’une certaine émission a insinué des amalgames entre doulas et sectes… Un peu de sérieux, svp.

    Personnellement, une doula, je n’en vois pas l’utilité.  Mais, c’est parce que nos sages-femmes ont parfaitement rempli le rôle de soutien.  Dans certains pays comme aux Pays-Bas, les sages-femmes sont aussi débordées que les gynécologues ici.  Dans ce cas, la doula peut contribuer à libérer un espace de paroles.  Mais lorsque les sages-femmes remplissent déjà ce rôle, je ne vois pas bien ce qu’apporte la doula à côté de la sage-femme.  Peut-être que pour une femme suivie par un gynécologue, s’adjoindre l’appui d’une doula peut être précieux.  Bref, je suis plutôt sceptique sur la naissance de ce nouveau métier, et pour ma part, privilégierait de mettre à l’honneur celui des sages-femmes. Ceci dit, tant mieux si cela marche, tant que c’est pour une meilleure prise en compte de la femme qui accouche et de l’homme qui devient père.

    Je ne comprends pas Elisabeth Badinter qui semble avoir très bien cerné ce que des personnes comme moi qui accouchent à domicile, en maison de naissance, dans les salles « natures » des hôpitaux reprochent à l’hypermédicalisation, « le pouvoir médical et scientifique », « l’individualisme et le consumérisme moderne »[4].  Ne dénonce-t-elle pas ces déviances, Badinter ?   N’est-elle pas d’accord ?  Soit, si elle n’est pas d’accord, les personnes qui partagent des opinions dans ce sens ne mériteraient-elles pas, malgré son désaccord, qu’on leur offre des alternatives à cette hypermédicalisation, à ce pouvoir médical et scientifique, etc. ?

    Dans le même registre, Badinter dénonce le discours ambiant qui tendrait à faire coïncider maternité et ascétisme.  Elle s’explique.  Tout le monde aujourd’hui ose dire qu’il convient de ne plus boire ni fumer (ni activement ni passivement) pendant la grossesse.  Mon dieu, est-ce cela, l’ascétisme de Madame Badinter ?  Ne plus boire ni fumer ?  Elle ironise :

    « Gare à celle qui aura bu une coupe de champagne à un anniversaire !  Il est en effet recommandé aux femmes enceintes de s’abstenir de toute consommation d’alcool dès le début de la grossesse et pendant toute sa durée ». (p. 82)

    Oui, je perçois l’ironie.  Mais quoi ? Badinter défend-elle le droit  (c’est fou, comme ce mot « droit », est conjugué à toutes les sauces !) de la femme enceinte de boire et fumer comme bon lui semble ? 

    Selon elle, « Dieu et le bébé sont seuls assez puissants pour mettre fin à la vie mondaine » (p. 83).  Parce qu’entretenir une vie mondaine doit se résumer à : boire et fumer ?  Il me vient une image : la gauche caviar[5].   

    En ce qui concerne les couches lavables, Badinter comprend bien l’enjeu écologique puisqu’elle explique la tonne de déchets qu’un enfant en couches jetables produits de zéro à trente mois, « lesquels mettraient deux à cinq siècles à se dégrader » (p. 57).  Mais non contente de dénoncer ce « massacre écologique » comme elle dit (p. 57), elle ne prône pas du tout les couches lavables.  Dans une interview, elle dit que les femmes devraient faire pression pour que soient créés des couches biodégradables.  Oui, clairement, il ne devrait y avoir sur le marché que des couches biodégradables.  Et à côté de cela, des couches lavables qui sont, à terme, plus économiques, que les couches jetables.  Et qui resteront plus écologiques aussi. 

    Ceci dit, la crainte de Badinter pour le lavable vient de son analyse selon laquelle les pro-allaitement, pro-couches lavables défendent une vision machiste de la société :

    « Seul un partage des rôles parentaux dès la naissance du bébé pourrait mettre un frein à cette tendance. [jusque là, tout à fait d’accord.  J’applaudis, approuve, signe, fais une ovation.  Wouah, quelle idée nouvelle que celle-là !!! ]  Or c’est le chemin inverse que nous prenons au nom du bien-être de l’enfant. Les plus machistes des hommes peuvent se réjouir : la fin de leur domination n’est pas pour demain. Ils ont gagné leur guerre souterraine sans prendre les armes, sans même dire un mot.  Les tenants du maternalisme s’en sont chargés".  (p. 136)

    Je ne vois pas du tout en quoi ce que prônent les « maternalistes » serait machistes.  La preuve qu’une analyse à partir de magazines et de coupures de presse ne peut aboutir  à une réflexion sérieuse.  De tout ce que j’ai lu et entendu avec les autres parents, j’en retiens cet appel à une meilleure redistribution des tâches.  Du fait que la femme est enceinte, l’homme doit prendre en charge plus de besognes ménagères.  Le fait que la femme allaite entraîne également un surcroît de travail pour l’homme qui, du coup, est responsable de l’intendance. 

    En général, celles qui défendent un maternage « proximal » sont partisanes pour donner une place plus importante au père.  Cela, elle n’en parle pas, Elisabeth Badinter.  Il s’agit d’accorder un rôle aussi important au papa qui pouponne, différemment, mais (presque) autant que la maman.  Je connais bien l’une ou l’autre situation où l’équilibre mère-père n’est pas du tout assuré.  Mais en majorité, c’est plutôt l’inverse : les pères sont très très impliqués dans le « maternage » et les tâches ménagères.

    Par ailleurs, Badinter aime à écrire que les « naturalistes » omettent complètement l’ambivalence que peut connaître une femme (nouvellement) mère.  Elle l’écrit à maintes reprises (exemple, p. 96 ).  Or, rien n’est moins faux. S’il est bien un concept dont les auteurs favorables aux grossesses, maternages « alternatifs »[6] mettent en avant, c’est cette ambivalence, légitime, qui gagne chaque femme (et homme) qui devient parent.

    Le dernier chapitre est consacré à l’histoire de la maternité en France. Au XVIIIème siècle, la femme française (aristocrate ou bourgeoise, bien sûr, et Badinter le sait, il s’agit de la majorité des femmes françaises du XVIIIème siècle) est « la femme la plus libre du monde » (p. 198).  Libre, c’est-à-dire « émancipée » (p. 199).  Libre et émancipée dans quel sens ?  Mais voyons, de se débarrasser de leur enfant :

    « Peu à peu, se débarrasser de son enfant [auprès d’une « nourrice mercenaire », je cite] devint une marque de distinction sociale ».  (p. 197)   

    « [Ce phénomène] s’explique aussi par le désir des femmes de se définir en tant que telles et de s’émanciper (je souligne) d’une fonction maternelle dont personne ne leur savait vraiment gré.  Au XVIIIè siècle, libérée des fardeaux propres à la condition féminine commune, la Française des classes les plus favorisées est avec l’Anglaise la femme la plus libre au monde ». (p. 198)

    « Nos aïeules du siècle des Lumières nous ont légué ce modèle peu commun d’une femme émancipée, déchargée des soucis du maternage et dont l’identité ne se résume pas à la maternité » (p. 199).

    Super, la vision de la maternité et de l'enfant réduits à des fardeaux!

    Enfin, s’il est une chose que Badinter dénonce, c’est la culpabilisation que crée(rait) le courant naturaliste.  Sur point, je dirais que c’est aux femmes de faire preuve de discernement dans les discours qu’elles reçoivent. 

    Illustration.

    Je racontais à une maman que pour une de nos premières sorties en amoureux après la naissance de notre enfant, nous nous étions offert une sortie au cinéma.  Et pour être certains de nous changer les idées, nous avions choisi comme film : Babies.  Les images sont magnifiques.  Je racontais à la maman que dans une des scènes, on voit un bébé africain pleurer.  Il est en train de marcher à côté de sa maman.  Comme réponse, sa mère se penche pour lui donner le sein.  Réaction de mon interlocutrice : « ah, bon ?  L’enfant noir pleurait ?  Dans le concept du continuum, l’auteure prétend que les bébés qui sont continuellement portés (entendez, les bébés dans les tribus traditionnels) ne pleurent pas ». 

    Alors, un peu de sens critique.  Un peu de distance.  (surtout avec un livre comme Le concept du continuum, dans lequel on est en plein dans le mythe du bon sauvage).

    De même, des livres comme Un enfant heureux de Margot Sunderland qui critique le fait de laisser ne serait-ce que quelques secondes son nourrisson pleurer, ont clairement immiscé en moi un sentiment de culpabilité, jusqu’à ce que je récupère mon esprit critique, et ai décidé de creuser la question.  Sur le co-dodo, le HIN (pour les non initiés : hygiène naturel infantile), voyez les études telles que les Pratiques de maternage chez les Kotokoli du Togo et les Mossi de Haute-Volta.

    En conclusion

    Badinter accuse les naturalistes d’user de « l’argument d’autorité dans toute sa splendeur ».  (p. 65).  Je lui retourne ce reproche.  Il ne suffit pas de s’appeler Badinter pour énoncer des propos censés.  Il ne suffit pas de lire quelques livres, quelques revues pour femmes pour savoir de quoi l’on parle. 

    Et non, comme l’écrit avec justesse Badinter, « l’amour ne va jamais de soi, même celui de la mère à l’égard des enfants, lesquels, devenus adultes, n’ont rien à rendre à leurs parents déficients ».  Là où je ne la suis pas, c’est lorsqu’elle débute ce constat par cette affirmation : « Contrairement  à ce qu’on [les naturalistes, j’imagine] veut nous faire croire ».  J’ai l’impression de ne pas avoir lu les mêmes auteurs que Badinter…alors que les noms qu’elle cite me sont très familiers.

    Tout le monde du maternage « proximal » se fait tirer au bazooka : Brazelton, la Leche League, Odent, Antier, etc.   Et toutes les idées que ces auteurs défendent y passent avec. L’auteur pèche par ignorance, par manque de discernement et d’esprit critique.  A force de vouloir imposer sa vision du féminisme, sous prétexte de démontrer qu’il existe une multitude de façon d’être mère (et femme) -là-dessus, tout le monde est d’accord,- Badinter veut imposer sa manière de voir, critiquant tout qui ne pense pas comme elle.  Prôner un retour à la « nature », du moins, je préfère formuler les choses différemment : remettre au goût du jour la physiologie de la femme, me paraît salutaire dans un monde où la technicité technologique et scientifique explique à la mère quand il est de bon ton de pousser pour sortir son bébé, quand il est pertinent de nourrir son enfant, et dans quelle proportion, comment il convient de faire dormir son nourrisson, etc.  Redonner un rôle actif à la femme dans le processus de la grossesse en lui expliquant les tenants et aboutissants des tests prénataux, en lui donnant l’occasion de défendre un projet de naissance, en lui assurant qu’elle peut se faire confiance pour prendre soin de son bébé, cela ne me paraît pas insensé.  Que du contraire.

    Et si pour Badinter, « les tenants de la maternité idéale (à leurs yeux) [déjà, il est faux et idiot de prétendre que certains défendent une maternité idéale] en tirent les conséquences avant qu’il ne soit trop tard » (p. 204).  Alors, Madame Badinter, trop tard pour quoi ?  Parce que les femmes cesseront de faire des enfants.  Et alors ?  Vous croyez vraiment que la grève du ventre se répandra à l’ensemble des sociétés ?  Et si la baisse de la natalité, dans les pays industrialisés, n’était pas une si mauvaise chose, au final ?  Tous les décroissants, tous ceux qui osent poser la question de la pertinence de la religion de la croissance, à un moment ou un autre, abordent ce sujet délicat que constitue la natalité…

    Alors, verdict.  Vous voulez savoir si je recommande la lecture de ce livre? Si vous désirez participer au débat, ne pas laisser des personnes parler de vous, de votre combat féministe,  sans contrepoids à ce qu'elles disent : oui, lisez-le pour pouvoir le critiquer.  Par contre, si vous souhaitez apprendre des propos intéressants, pertinents et bien argumentés : non.  Laissez passer.  Il n’y a rien à voir.¤

    PS: voici un article d'une féministe scientifique qui répond à Badinter (je ne l'ai pas encore lu)

     PS [10-11-2011]: Ces derniers jours, j'ai re-parcouru Il n'y a pas de parent parfait de Filliozat.  Elle y parle très très bien du burn-out des mères (ou pères) au foyer.  Je recommande la lecture de ce livre que l'on peut consulter et re-consulter au gré de ses envies ou nécessités du moment.

    PS3:  [2011-12-07] Badinter, Publicis, les pubs sexistes, Nestlé et Pampers


    [1] Marie Darrieussecq, Bébé, 2002 ; Nathalie Azoulai, Mère agitée, 2002 ; Eliette Abécassis, Un heureux événement, 2005 ; Pascale Kramer, L’Implacable Brutalité du réveil, 2009.

    [2] E. Abécassis, Un heureux événement, pp. 78-79, cité par Badinter, pp. 128-129.

    [3] Pascale Pontoreau, Des enfants, en avoir ou pas, Ed. de l’Homme, Canada, 2003, p. 53, cité par Badinter, p. 54.

    [4] « De part et d’autre, on luttait contre la médicalisation outrancière de la maternité et l’on prônait l’accouchement naturel et l’allaitement ».  p. 98.

    [5] Elisabeth Badinter, femme de Robert Badinter, homme socialiste pour qui j’ai une profonde admiration parce qu’il a aboli la peine de mort malgré l’opposition du peuple français.  C’est un exemple frappant qui pose la question de la démocratie.  Jusqu’où tenir compte de l’avis du peuple ?  Et que faire quand celui-ci défend une position critiquable ? 

    [6]  alternatifs, car minoritaire à ce que fait la majorité, on est donc loin de la pensée naturaliste dominante dénoncée par Badinter ; je suis encore vue par certains collègues et voisins comme la bobo qui ne fait pas comme les autres…


    5 commentaires
  • Albert OGIEN, Sandra LAUGIER, Pourquoi désobéir en démocratie ?, La Découverte, coll. « textes à l'appui », 2010.

    Pour l'instant, j'adore.

    Edit du 30 mars 2016 : je confirme, ce livre est un must qui continue encore à me marquer, 5 ans plus tard. Je pense qu'il s'agit d'un livre qui me marquera à vie. Il mérite un compte-rendu, et, pour cela, une relecture. (dans ma liste to-do).

    [2011-09-13] Albert OGIEN, Sandra LAUGIER, Pourquoi désobéir en démocratie ? [2010]


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